Entreprises,métiers, collectivités : quelles adaptations face à la révolution numérique ?

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Criage et tri sélectif

guerilla-poubelle-photo-50efe919ba6c9Comme pour tous les habitants en Iroise, cette année a été celle d’un changement visible, d’une révolution urbaine colorée : j’ai reçu il y a quelques semaines ma poubelle jaune qui a rejoint harmonieusement sa compagne verte au coin de la maison.

Ce ballet coloré est aussi l’occasion pour les ardents partisans des collectifs anti-tout de trouver en cette grise fin d’année une occasion de donner de la voix et de la pétition revendicative. En effet, pour ceux qui seraient très récemment revenus de vacances ou qui souffriraient de dyschromatopsie, la règle est maintenant d’alterner chaque semaine la jolie poubelle jaune toute neuve avec la non-moins jolie mais plus vieille poubelle verte.

Certes, il faut désormais maîtriser sa production de déchets, jongler entre le recyclable sans le verre, le verre qu’il faut toujours amener au point de recyclage, les déchets ordinaires et pour leurs heureux prioritaires, avec le bac à compostage. Alors oui c’est un peu plus compliqué qu’avant, et oui, les déchets peuvent rester jusqu’à 2 semaines dans leur bac. Mais cela vaut-il un début de révolution avec ou sans bonnet rouge ?

Dans la recherche de rationalisation de ce mouvement est apparu l’argument idiosynchratique censé renverser cette déferlante jaune : ici on mange des crustacés et 15 jours dans la poubelle, cela ne va pas le faire (ailleurs sans doute aurait-on eu recours au fumet du reblochon ou au reste de rollmops).

Que chacun se rassure, emballé correctement dans son sac, les déchets ne causeront ni Tchernobyl olfactif, ni épidémie de choléra et les éventuels accidents devraient pouvoir être gérés par les municipalités concernées. Tout changement de ce type génère son lot de soucis, mais généralement cela se résout correctement au final.

Je m’interroge par rapport à cette histoire à l’état de notre société où tout changement, petit ou grand, est prétexte à partir en campagne. Est-ce l’expression d’un symptôme à l’échelle de l’individu du malêtre face à de réels changements, aussi globaux que particulièrement profonds ? Est-ce une perte de repère de ce qui importe vraiment ? Est-ce l’état d’esprit de Français devenus acariâtres et qui cacheraient un abattement quotidien un peu lâche par quelques éclats collectifs ?

ilotplastique-350x250Il y a de vrais combats à mener. De vrais défis à relever. Un monde à inventer. Oui il y matière à se battre, à se révolter, à contester, à bâtir différemment.

Mais de grâce, n’usons pas notre force sur des problèmes de poubelle de ce genre !

Un thème (central ?) pour la future campagne municipale

imageVoici une vidéo du site Acteur Public sur une table ronde « Le numérique, un challenge démocratique pour les territoires ».

Ceux qui pensent encore que le numérique est un élément mineur du débat démocratique ont sans doute intérêt à envisager de faire autre chose que de la politique…

L’écho des taxes

imagesLe gouvernement a mis de côté l’écotaxe, ce projet initié par l’UMP sous la houlette de Jean-Louis Borloo après le grenelle de l’environnement. Je ne sais pas si l’euthanasie est proche mais il serait bon d’éviter l’acharnement thérapeutique… En tout cas, il est plus que judicieux d’avoir arrêté les frais car le niveau de violence était monté au-delà du raisonnable et le mouvement assez largement partagé il me semble, commençait à être parasité par des aspects indépendantistes plutôt radicaux et des appels à la casse.

Cette histoire est révélatrice de bien des choses.

D’abord, et comme le ministre de l’économie Pierre Moscovici l’avait déjà relevé pendant l’été, nous sommes arrivés à un niveau de pression fiscale maximale. Les Français, bon gré mal gré ont accepté de payer pour les carences passées mais il n’est plus envisageable d’en demander plus, et il me semble même souhaitable de commencer à sérieusement réfléchir au calendrier de retour à une pression fiscale plus soutenable. On peut voir que les efforts consentis n’ont pas été vains, mais on voit aussi que la situation budgétaire n’est pas encore assainie. Reste-t-il des marges de manœuvre pour diminuer la dépense ? On veut nous faire croire « qu’à l’évidence c’est oui« , mais lorsque je vois nos gendarmes réduire leur présence sur le terrain parce que leurs véhicules sont usés voire tout simplement que le budget carburant est épuisé, j’ai des doutes. Je craints qu’il ne faille songer à vendre une partie des meubles mais aussi, plus problématique encore, songer à diminuer certains salaires ou indemnités, si possible les plus hauts puisqu’en bas de l’échelle on a déjà atteint le seuil des travailleurs pauvres et que le stade d’après c’est la misère.

On ne doit pas non plus faire l’économie d’une réforme complète de la fiscalité. Je crois me souvenir que c’était dans le programme pour lequel j’ai voté. Pataquès pour pataquès, il faut s’y mettre et lancer le grand chambardement pour le budget 2014.

Mais il n’y a pas qu’une simple histoire de taxe ici. La situation économique en Bretagne est belle et bien spécifique mais elle pourrait aussi être emblématique. Des erreurs stratégiques ont été commises dans l’industrie agro-alimentaires, avec des responsabilités qui semblent largement partagées entre les dirigeants de certaines entreprises et un système de financement national et européen qui aboutit à une impasse. Comme dans le même temps on doit gérer (pour ne pas dire improviser) une transition énergétique sur fond d’impératif climatique, on aboutit à de la casse sociale et à des réactions de révolte. L’agro-alimentaire va mal, les transports vont mal, la situation sociale est très mauvaise, l’État devenu faible ne répond plus aux attentes : que l’on soit rustre ou cultivé, quand c’est amer il faut cracher !

Le rôle des élus est donc il me semble de recoller les pots cassés, de fédérer les acteurs et de co-bâtir un plan global de sortie de crise. Si certains pensent s’en sortir seuls ils périront seuls, si l’État croit qu’il peut tout qu’il regarde la santé des services publics. Les Bretons savent travailler ensemble, ce n’est pas en pleine tempête qu’il faut se disperser.

Enfin, un an et demi est passé depuis l’élection de François Hollande. Le bilan n’est pas en lui-même catastrophique mais il est loin des attentes des Français. Il me semble nécessaire de réfléchir à une nouvelle étape, avec une équipe resserrée et cohérente soudée autour d’objectifs réaffirmés. Notre programme contenait de bonnes choses, certaines ont été mises en œuvre, mais on attend toujours par exemple que la facture soit présentée à la finance, notre ennemi commun ai-je entendu. Ces gauchistes d’américains ont bien réussi à faire condamner JP Morgan pour l’affaire des subprimes (5,1 millard de dollar). Après avoir sauvé le système bancaire, j’attends toujours que ces financiers qui ont semé ruine et malheur participent à la réparation des dégâts causés par leur cupidité.

La révolte gronde et le bruit est arrivé à Matignon, tant mieux. Maintenant on a le choix entre tout casser ou bâtir du neuf et du solide. Je ne crois pas au renoncement, je ne crois pas à la décadence, je ne crois pas que l’autre est mon ennemi. Je crois qu’il faut du courage et des convictions et je crois que nous serons nombreux sur le pont.

La mondialisation ne converge pas vers une société unique

Global_Corp_Control_470x260J’étais cette semaine à Brest pour une conférence donnée par Emmanuel Todd. Le sujet était en substance de voir si le phénomène de mondialisation que nous vivons va conduire à une convergence des sociétés mondiales vers un modèle unique.

Tout d’abord, Emmanuel Todd a rappelé que ce n’était pas la première fois que nous subissions un mouvement de mondialisation. Le début du XXème siècle était déjà dans ce mouvement (avec d’autres mécanismes qu’aujourd’hui). Or ce mouvement n’a non seulement pas abouti à une convergence des modèle, mais au contraire a abouti à une exacerbation des différences qui, mal maîtrisées, ont fini en guerre mondiale.

Todd analyse la nature des sociétés à partir de trois grands marqueurs : la natalité, l’alphabétisation et la structure familiale (dans une moindre mesure, le vieillissement de la population intervient également dans le sens d’un frein ou d’un accélérateur des changements). Or ce qui semble expliquer fondamentalement les choix de société c’est le modèle familial.

Si l’on constate bien une convergence mondiale vers une famille type (duo parental dont le niveau d’éducation est en hausse, fécondité aux alentours de 2 enfants / couple), la nature des relations au sein de cette famille reste profondément différente.

Rien qu’en Europe, on trouve par exemple des types familiaux français et anglais qui sont plutôt proches mais qui diffèrent toutefois sur des relations plus libérales outre-manche et plus égalitaires en France. Ce qui explique selon Todd que les modèles économiques soient plutôt de nature très libérales au Royaume Uni et que nous restions si attachés à l’égalité en France.

Les Allemands eux (comme les Japonais) fonctionnent sur un modèle naturellement inégalitaire où prime le respect de l’ordre établi, parfois même selon un mode très martial. Là aussi, on ne manquera pas de se souvenir de l’attitude actuelle de l’Allemagne dans la crise européenne, attitude dure sans grande considération pour les plus faibles.

Enfin, il reste dans le monde beaucoup de sociétés marquées par des liens familiaux fondés sur le cousinage qui rendent très difficiles l’ouverture vers l’extérieur.

On remarque donc que le fait économique et la marche vers la mondialisation ne sont pas les éléments structurants de nos sociétés.  Ce n’est pas parce que nous échangeons et consommons les mêmes produits que cela nous définit. En ce sens, la mondialisation n’est pas une menace identitaire. Ce pourrait être même le contraire puisque cela rend finalement plus visible le modèle du voisin et nous incite à réaffirmer notre identité… comme cela avait été le cas au début du XXème siècle. Todd semble penser qu’en fait, cette réaffirmation identitaire est un facteur de performance. Il est vrai que l’exemple de l’Allemagne qui justement a récemment fait sa révolution identitaire grâce à l’accident historique de la réunification fait partie des gagnants de la mondialisation tout en affirmant clairement sa différence identitaire.

La mondialisation est un facteur économique important, mais elle ne change pas notre identité. Nous sommes Français (et Bretons et citoyens d’Iroise pour ce qui me concerne) de part notre histoire collective et notre construction familiale. L’affirmation de cette identité n’est pas un archaïsme qui serait économiquement ridicule. Elle est une affirmation nécessaire aux chemins que nous pouvons tracer pour l’avenir, aux actions que l’on peut collectivement mener.

2013-09-17 18.09.15

 

Rêverie d’été

Il m’est arrivé un truc pas banal. Je somnolais dernièrement dans mon jardin, bercé par la brise d’été et, peut-être suite à une conséquence inattendue du changement climatique ou alors simplement à cause d’une perturbation cosmo-tellurique dont les terres bretonnes ont le secret, j’ai eu l’impression de soudainement me retrouver en un tout autre lieu, en un tout autre temps.

sum_adorantImaginez mon étonnement : revêtu d’une sorte de toge de lin, je me retrouvais à participer à une docte assemblée où siégeaient des hommes à la capillarité très frisotante. Je compris bien vite qu’il s’agissait d’une réunion du PS (Parti Sumérien) qui se penchait sur un sujet fort déconcertant.

Un orateur qui semblait passablement agité s’adressait à l’assemblée et à son radieux président Gilgamesh (on parlait alors plutôt de roi de la cité, mi-homme mi-dieu…). Il tentait de défendre une idée totalement nouvelle, à savoir l’utilisation de symboles en forme de bâtonnet pour stocker de l’information dans l’argile.

C’est merveilleux disait-il, la connaissance ne sera plus tributaire de la fiabilité de la mémoire des hommes, on pourra la graver dans l’argile, la dupliquer et ainsi propager le savoir au plus grand nombre. Jamais l’homme n’aura été aussi savant dans toute son histoire ! On pourrait même oser imaginer des lieux où serait déposé cette fantastique somme de savoir. Et je rêve du jour où en plus d’accéder à la connaissance, un outil nous aidera à mieux réfléchir !

Mieux encore, on pourra stocker tellement d’informations, que nous serons en mesure d’élargir notre vision du temps, de développer de façon merveilleuse notre production de poteries et conclure par écrit des accords avec d’autres cités distantes de plusieurs collines !

Nos lois pourront être écrites pour être mieux appliquées en tout lieu, elles seront en détail connues de tous.

Et combien d’autres merveilles seront-elles permises par une telle invention !

J’observais cependant du coin de l’œil une partie de l’assemblée qui ne semblait guère goûter cet enthousiasme.

Fariboles & rêveries de gamin ! répondit un chevelu échevelé. Le savoir ne peut et ne doit être conservé que dans l’esprit des érudits de la cité.

L’outil ne peut supplanter l’homme, il en est ainsi depuis l’origine des temps.

Et qu’arriverait-il si chacun devenait savant et était libéré des saines contraintes du labeur ? Car nulle doute que votre invention en changeant la façon d’échanger et de travailler aurait de graves répercutions sur notre économie et notre société.

Lorsqu’ils sont libérés des contraintes de leurs besoins fondamentaux, lorsqu’ils ont acquis la connaissance, lorsqu’ils peuvent échanger autant qu’ils le veulent, les peuples rejettent l’ordre établi pour en demander un meilleur.

Hérésie, blasphème, qu’on lui coupe la tête !

C’est alors qu’une prune trop mure m’est tombée sur le nez et m’a sorti de mon rêve. Après m’être débarbouillé, je me suis précipité sur mon ordinateur pour vous narrer mon aventure.

Ah, n’est-il pas merveilleux de disposer de toutes ces ressources numériques (dont beaucoup sont gratuites ce qui les rend accessibles à tous ?

N’est-il pas extraordinaire d’avoir un moyen de produire et de partager si facilement la connaissance ? Sans compter qu’aujourd’hui, la résolution de nombres de problèmes est devenu facile avec l’aide de l’espace numérique alors qu’ils auraient pu rester insolubles sans !

Quelle chance ont nos enfants de pouvoir se dire que tout le savoir qu’ils n’auront pu acquérir à l’école est à portée de main. Quelles merveilleuses opportunités ont nos entrepreneurs de voir s’ouvrir un espace économique au-delà de l’horizon.

Et en plus, contrairement à ma rêvasserie sumérienne, notre élite est maintenant prête à accompagner le changement. Enfin je crois.

Il n’y a pas que le(s) sexe(s) dans la vie !

intersexuation
intersexuation

Voilà qui risque encore de plonger Christine Boutin dans une vague de protestations outrées : en Allemagne il sera bientôt possible de n’être légalement ni homme, ni femme, mais du type  » intersexué « .

Diantre, l’austère Angela aurait-elle succombé à une quelconque machination de joyeux lobbys complotant contre l’avenir de l’humanité ? À moins qu’il ne s’agisse d’un effet à retardement d’une substance dopante dont les sportifs de l’Est avaient jadis le secret (à l’ouest on était clean).

Que nenni, pas plus qu’il ne s’agit d’une « légalisation » de la théorie du genre (théorie étant un grand mot d’ailleurs). En fait, cette loi cherche moins à tenir compte de facteurs psychologiques qui entraînent parfois des écarts entre son corps et son ressenti que de cas biologiques, génétiques & physiologiques bien étudiables.

Comme je le rappelais dernièrement lors d’une réunion, je ne sais personnellement pas définir de façon précise & définitive ce qu’est un homme ou une femme et j’attends que quelqu’un puisse le faire de façon claire et objective (j’ai eu droit à quelques regards amusés). Si dans l’immense majorité des cas, tous les éléments « discriminants » homme/femme sont clairs, dans un certain nombre d’autres cela ne l’est pas, et choisir dans un sens ou un autre relève de l’arbitraire. C’est par exemple le cas d’environ 5000 nouveaux nés en Europe (200 en France) chaque année qui sont génétiquement féminins (XX) mais hormonalement masculins (d’autres variantes existent).

Les facteurs génétiques, physiologiques, physiques, psychiques ne sont pas toujours clairs et concordants. Fixer un sexe à la naissance et/ou le rendre immuable est une simplification administrative certes, mais plus encore une violence contre les personnes et une négation de la réalité. Il est donc sage pour la loi, d’admettre l’ambiguïté et l’évolutivité dans un cadre réfléchi et contrôlé.

Il faut aussi se méfier des lois trop définitives et coercitives, même (surtout) lorsqu’elles partent d’un bon principe comme l’égalité (ici des sexes). Je pense en particulier à la parité où à force de vouloir bien faire on prend le risque d’en faire trop et trop mal. La population d’élus et le corps électoral doivent être représentatifs de la population et lorsque les choses n’arrivent pas à avancer d’elles-même, il faut savoir être incitatif voire directif. Cependant, lorsque l’on introduit des éléments discriminatoires (au sens de « action de séparer, de distinguer deux ou plusieurs êtres ou choses à partir de certains critères ou caractères distinctifs »), on s’expose aussi à l’arbitraire et à l’injustice. Prudence et réflexion sont plus que nécessaires…

Nul doute qu’après l’Allemagne, la question de l’intersexuation va se poser en France car elle s’impose dans les faits. Mais quand à réfléchir sur ces questions, prenons soin d’élargir la réflexion et de clarifier les principes. Si l’on devait voter des lois obligeant à la stricte parité électorale, on s’expose à refuser le droit d’être élu à des personnes intersexuées ou transsexuelles. Je n’approuverais pas une telle situation. Il faut trouver une solution.

 

 

 

Eau amère… une fois encore

innondationLes terribles images diffusées ces derniers jours après les inondations cataclysmiques du sud-ouest m’ont tristement renvoyé à trois posts que j’avais faits sur le changement climatique il y a déjà plusieurs années :

Aux inondations, on peut ajouter la même semaine les violents greleépisodes orageux accompagnés de grêle, conséquence d’une différence de 20°C entre Brest où il pleuvait et Strasbourg sous la canicule.

J’avoue être très triste en tant que citoyen et las en tant que militant. Si les scientifiques se doivent d’être prudents en matière de prédiction de l’évolution du climat, leurs modèles se sont bien améliorés depuis les premiers travaux du GIEC. Si on ne peut pas décrire avec certitude comment sera notre monde avec ce changement climatique, prévoir des épisodes météorologiques plus extrêmes dans leur fréquence et leur intensité ne relève pas de la divination mystique mais bien de la responsabilité politique.

hollande-inondation_scalewidth_961Nous en voyons l’illustration directe dans les Pyrénées : la fonte des neiges, les inondations ne sont pas nouvelles ou même rares, mais elles sont ici hors norme. Il en était de même des tempêtes Klaus ou Xynthia et il en sera de même à l’avenir, et ceci de façon certaine. On ne peut pas empêcher ces catastrophes, mais on peut en prévenir les conséquences. Il faut à la fois apprendre à redevenir humble face à la puissance des tempêtes mais aussi courageux pour se prémunir des conséquences humaines.

Même si cela n’a aucune chance d’être populaire, il faut évacuer les zones inondables et submersibles à risque, et détruire les habitations de ces secteurs. À défaut, il est nécessaire de mettre en place des plans d’évacuation en redoutant le jour où le climat viendra à bout de notre résistance au changement et de notre lâcheté à le mener.

Il est également nécessaire de progresser rapidement sur l’ingénierie climatique et ouvrir un débat sur le fait de savoir si oui ou non nous devons agir directement sur notre atmosphère : captage de CO2, augmentation artificielle de la nébulosité, dissémination de fer dans les océans, … beaucoup de pistes sont possibles, on ignore si elles sont souhaitables mais il est temps de regarder nos problèmes en face.

Je vous renvoie enfin sur deux de mes textes où cette question de la rupture climatique est traitée :

Dans quelques mois nous allons entrer en campagne, nous allons choisir nos nouvelles équipes municipales, intercommunales et dans la foulée nos députés européens, une partie de nos conseillers départementaux et nos sénateurs. À chacun de nous de poser aux candidats les questions importantes, à chacun de nous de choisir nos élus sur ce qui compte vraiment pour notre avenir et celui de nos enfants.

Hautes-Pyrénées : au cœur des vallées dévastées par lasemainedespy

 

Il y a des semaines comme cela…

Menu de la semaine

imgresPrenez une dose de Guéant à la sauce enquête préliminaire pour une histoire de rémunération en liquide (240 000€ tout de même !) qu’il avait lui-même interdite il y a quelques années, un soupçon de Cahuzac pour rallonger la sauce avec une nouvelle histoire de liste d’exilés fiscaux, pimentez d’un Tapie me revoila avec un air de « je porte la poisse » qui vient d’embarquer Stéphane Richard, et liez le tout par un reportage intéressant de France 2 sur « l’optimisation fiscale » (poétique euphémisme…), vous aurez alors le menu (un tantinet écœurant) de la semaine.

Certains en tireront peut-être la définitive conclusion que décidément il n’y a pas de salut autour de l’homo politicus ou que seule l’ignorance et l’aveuglement peuvent vous apporter sérénité et béatitude.

Pour ma part, cela me conforte dans l’idée que pour lutter contre les faiblesses humaines en générale et la corruption en particulier, il faut être du genre marathonien et s’appuyer sur les maigres progrès qui se présentent et ne pas s’arrêter sur les désillusions qui s’accumulent.

Les progrès ici sont de deux ordres : d’abord la justice avance, cahin-caha certes, mais finalement à un rythme presque supersonique par rapport aux dernières années. L’autre élément de satisfaction est que la corruption du système et des hommes n’est pas celle de tous les systèmes et de tous les hommes. Nombre d’acteurs forcés de ce système commencent à se rebeller et c’est bien pourquoi ces listes apparaissent. Il faut beaucoup de courage et de force morale pour oser dénoncer puis se battre alors qu’il serait plus simple et confortable de passivement y contribuer. À chacun de nous de se demander si autour de lui il ne voit pas aussi des choses inacceptables, et si c’est le cas s’il n’est pas temps de ne plus les accepter. La corruption, lorsqu’elle est à ce point généralisée, ne perdure que grâce à la complicité passive de ceux qui renoncent à la combattre lorsqu’ils en ont l’occasion. Facile à dire certes, oui, mais certains le font et ils n’avaient pas a priori le profil de vengeur ou de sauveteur de l’humanité.

Du point de vue politique cette fois, comment avancer ?

D’abord pour ce qui est du cas Richard, il est nécessaire d’étendre la jurisprudence politique qui veut que l’on démissionne lorsqu’on est mis en examen. Stéphane Richard n’a certes pas un mandat politique mais en qualité d’ex directeur de cabinet de Christine Lagarde il ne peut s’exonérer de ce passé. Sa nomination à France Télécom-Orange a nécessairement une composante politique et par ailleurs l’État n’est pas un actionnaire comme les autres dans l’histoire. Si on mélange affaires et politiques alors la règle la plus contraignante doit s’appliquer, Stéphane Richard doit se mettre en retrait de FT.

Au-delà, puisqu’à l’évidence les très mauvaises habitudes et le passif sont des freins douloureux pour retrouver une République et un système politique où la vertu et l’intérêt général sont la règle, il faut accélérer le renouvellement du personnel politique et la mise en place de règles de transparence d’abord, de contrôle ensuite. Le renouvellement peut être accéléré par une loi de non-cumul des mandats : cette loi est un engagement pris avec les Français en 2012, il doit être mis en place. Quant à la transparence, elle commence par la publication des revenus et dans une certaine mesure du patrimoine des candidats & élus.

Le temps des choix et des actes est venu.

Jean Jaurès On peut discuter du périmètre et des modalités, mais en aucun cas du principe et du fait que cela doit s’appliquer systématiquement pour toutes les futures élections.

Ne pas le faire reviendrait à se déclarer ouvertement corrompu.

Ne pas le dénoncer reviendrait à accepter ouvertement la corruption.

Le mode d’emploi perdu de l’emploi

450px-Pericles_Pio-Clementino_Inv269_n3J’étais invité à participer jeudi à une réflexion sur l’emploi mais n’ayant pas de don d’ubiquité dans le monde physique, je profite des possibilités du numérique pour d’une certaine façon être à mes deux rendez-vous tout en partageant largement certains points de ce difficile problème.

La plus grande difficulté est sans doute d’éviter d’enfoncer les portes ouvertes ou de se noyer dans des poncifs un peu trop faciles. Par facilité, nous aimerions que le chômage soit d’abord la faute de l’autre, que cet autre s’appelle d’un côté mondialisation, finance, libéralisme ou de l’autre archéo-communisme, étatisme et autres mots en isme qui essaient de cacher notre impuissance derrière le cache-sexe de l’emphase.

En Europe, un regard détaché est amené à constater au moins les éléments suivants :

  • contrairement à l’époque souvent regrettée des 30 glorieuses, nous sommes dans la grande majorité des pays européens dans une économie mature, pas une économie de (re)construction
  • contrairement à tout ce que nous avons pu connaître dans le passé, le niveau général d’éducation est pour beaucoup de métiers plus que suffisant et le diplômé n’est plus une rareté sur le marché du travail
  • le travail n’est plus une valeur monolithique qui unissait le revenu nécessaire à la subsistance de la famille et un statut social « honorable ». L’évolution sociale a bien souvent abouti à créer des emplois vidés de leur sens tout en déformant l’échelle des salaires de façon de plus en plus écœurante.

Dit autrement,

  • un jeune diplômé arrivant sur le marché du travail à une valeur très inférieure à ce qu’elle aurait pu être quelques décennies plus tôt,
  • qu’en l’état nos sociétés « repues » n’ont que peu de goût pour se dépasser et lui offrir un espace pour construire un monde nouveau
  • et qu’au contraire le modèle « valeur travail » qui lui est proposé est celui du non-sens cupide ou misérable en fonction du côté où il tombera.

La mondialisation, la crise etc… n’arrangent pas les choses mais elles ne sont pas à mon sens la racine du problème. Si l’on regarde les statistiques un peu vite, on peut penser que tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne:

Mais en fait, les pays européens comme l’Allemagne ou dans une moindre mesure l’Angleterre qui arrivent à un taux de chômage « gérable » le font en grande partie en maltraitant la valeur travail à travers la précarité et des bas salaires plus qu’indécents.

Bien d’autres paramètres interviennent dans l’équation et ce post n’a aucunement la prétention d’être exhaustif et de postuler pour le Nobel d’économie. Mais si j’ai retenu ces paramètres, c’est à la fois pour leur importance structurelle et parce que l’on peut agir sur eux.

  1. Nous nous devons d’être honnête avec les jeunes générations et arrêter de leur faire croire aux vertus magiques des diplômes. L’éducation est indispensable dans l’exercice d’un métier, elle peut être un idéal (surtout lorsque l’on est socialiste) mais elle n’est plus un ticket pour avoir une place réservée dans un des wagons de la société.
  2. Nous nous devons de permettre à ces jeunes générations de construire un avenir qui nous échappe et qui potentiellement menace le confort établi au profit des générations qui ont jusque là verrouillé la société française.
  3. Nous nous devons de redéfinir ensemble la valeur travail et accepter que le statut et le moyen de gagner sa vie soient dissociés, que la hiérarchie sociale actuelle soit revue et que l’échelle des rémunérations soit reconstruite dans le sens de la décence et de l’équité de chacun.

Sur le point 1) nous sommes dans un état proche du déni catastrophique.

Sur le point 2) les changements extraordinaires que nous vivons actuellement devraient permettre d’abattre toutes les murailles qu’il faut (d’une certaine façon les contrats intergénérationnels mis en place par le gouvernement vont dans ce sens).

Enfin sur le point 3) la tâche est complexe mais des progrès ont déjà été enregistrés avec l’encadrement des salaires pour ce qui est du secteur public et malgré ce qui a pu être retranscrit par la presse, le chantier n’est pas clos pour le secteur privé. On en jugera par cette déclaration de P. Moscovici fin mai au parlement :

Vous m’interrogez sur les mesures que le gouvernement entend prendre – ou a déjà pris – concernant les rémunérations des dirigeants de nos grandes entreprises.  Je veux être sur ce dossier extrêmement clair. Nous n’avons renoncé à rien. Ni à agir. Ni à légiférer si c’est nécessaire. Je partage le désarroi de nos concitoyens qui voient certains patrons s’octroyer des rémunérations indécentes – y compris lorsque leur entreprise est  en difficulté – alors même que l’ensemble de la communauté  nationale souffre de la crise.

La société française (et au-delà l’Europe) est riche. Elle peut permettre à tous ses citoyens de vivre dignement et d’accéder aux revenus nécessaires à une vie décente. Mais nous devons accepter l’idée que ces revenus ne sont plus nécessairement et définitivement issus du travail tel que nos sociétés l’on connu jusqu’ici. La place que chacun peut avoir dans la société à travers ce qu’il produit et ses revenus sont devenus deux choses différentes.

Parallèlement, notre société est pauvre d’avenir. Nous sommes des arthritiques peureux, sans ambition pour nous-même, mais ce qui est plus grave, sans ambition pour nos enfants autre que la reproduction d’un modèle qui les exclut ! Cette jeunesse n’est pas veule, elle est ce que nous l’obligeons à être.

Enfin, il faut en finir avec l’éloge de la cupidité. Nous devons en finir non pas parce que c’est la crise et qu’il faut punir ceux qui nous y ont largement plongé, mais parce que dans ce nouveau monde qui change sous nos yeux, nous ne devons pas retrouver le pire de l’ancien. Les changements en court sont immenses et peu de gens aiment fondamentalement le changement. Il est plus que temps de faire naître aux yeux de tous  la promesse de ce monde qui se transforme. Il est plus que temps de laisser ce vieux monde qui nous est devenu insupportable. Beaucoup d’outils du changement sont déjà là : les nouvelles possibilités énergétiques, le numérique, les impératifs climatiques. Il ne reste plus qu’à se mobiliser et à bâtir un nouveau monde avec ces outils, à inventer le mode d’emploi des talents et des forces qu’il y a en nous et autour de nous.