Dominique Strauss-Kahn

L’actualité du jour est la nouvelle accusation contre DSK. Après la campagne de dénigrement menée ces dernières semaines, nous voici devant une situation où la retenue, la présomption d’innocence et l’intégrité de chacun vont sans doute est très certainement mis à mal.

En l’état, personne n’est à même de dire s’il s’agit d’une accusation infondée ou pas. En tout état de cause, DSK a décidé de plaider non coupable.

Politiquement, cela ne change pas non plus nos convictions social-démocrates ni notre volonté de porter une candidature qui comme prévu sera soit celle de Dominique, soit celle de Martine.

L’homme est la mesure de toute chose


La pensée complète de Protagoras étant d’ailleurs «L’homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont, du fait qu’elles sont ; de celles qui ne sont pas, du fait qu’elles ne sont pas». Je crois qu’il aurait bien des sujets de réflexion à propos de l’effervescence mêlant les délires et fantasmes de ces deux dernières semaines.

Est-ce l’image (fut-elle volée) qui est devenue la mesure des choses ?

Est-ce la capacité à générer du marketing viral à partir de cette image qui est sur le point de devenir un message politique ?

 

En elle-même l’image en question (la Porsche) répond aux éléments symboliques de la réussite : la voiture de sport, un couple souriant et dynamique dans une des plus belles capitales du monde.
Mais cette image a été déconstruite : d’abord elle a été fallacieusement enrobée avec le parfum du secret (c’est une image de paparazzi, non « officielle », volée donc plus vraie que vraie, etc). Le secret, fut-il créé par un story telling murement réfléchi, est forcément plus vrai que la vérité dans un monde où depuis X Files on sait que la vérité est ailleurs. Mulder est devenu plus fort que Protagoras !

Puis l’image a été marketée pour répondre à un segment de marché bien précis : les adversaires de DSK à gauche. Les derniers marxistes d’abord et par extension tous ceux qui réduisent la politique à un choix de personne. L’image symbole de réussite a alors été racontée comme l’image de la richesse, l’argent devenant une valeur (négative), la nouvelle mesure de la chose. C’était d’autant plus facile à ancrer dans les esprits que cette mise en scène avait aussi pour but de relativiser l’image bien présente du bling bling qui colle à la peau de Nicolas Sarkozy. Puisque dans son cas, l’argent est affichée comme une valeur, toute personne ayant de l’argent doit forcément partager ces valeurs. Les amis (mêmes valeurs) de mes ennemis (« contre-valeur ») étant mes ennemis, le virus pouvait être libéré ! Voilà au moins un sophisme dont Protagoras aurait pu sourire…

A l’arrivée, internet appuyé (timidement) par quelques média est devenu le lieu d’une caricature de combat politique : l’argent devenant le marqueur universel de l’e-idéologie politique. Le combat n’est plus celui d’un choix entre marxisme, social-démocratie refondée ou libéralisme échevelé (ou autre chose), mais un choix entre ceux qui ont ou pas de l’argent. Étrange combat d’ailleurs où l’on se préserve bien de situer une frontière et où l’on interdit de facto à tout un chacun d’améliorer sa condition sous peine de passer dans le camp honni d’en face.

Et bien je refuse ce diktat du niveau zéro de la pensée. Non l’argent (ou ses supplétifs) n’est pas la mesure de la chose politique et encore moins de toute chose. Les valeurs de mon combat restent celle de la liberté, de la vérité, de la recherche du bonheur et du progrès par la réforme, de l’égalité de la société et de l’équité entre citoyens, de la solidarité qui construit un avenir commun.
Je ne combats pas Nicolas Sarkozy à cause de son compte en banque, mais à cause des dégâts que son comportement de Rastignac a infligé à la fonction présidentielle et à la France. De Gaulle l’économe ne dédaignait pas la DS décapotable car l’image est flatteuse pour la fonction. Pompidou avait sa Porsche et l’on se souvient du chassé croisé entre la XM de Mitterrand et la CX de Chirac. Hélas avec Sarkozy nous sommes passé au yacht de l’homme d’affaires, au clinquant du show biz. La question n’est ici pas celle du coût de ce qui est vu dans l’image, mais du ressenti de chaque Français. On peut être fier de la DS de De Gaulle, on ne voit pas bien comment être fier de l’image de Sarkozy sur le Yacht de quelqu’un qui a des intérêts économiques personnels à l’accueillir. La grande majorité des Français accepterait de passer un week-end au volant d’une voiture de sport, et cette même majorité ne se sentirait pas à sa place sur le bateau d’un riche homme d’affaires (sans d’ailleurs en vouloir à ce dernier, s’il a réussi tant mieux pour lui, mais que l’image du Président des Français ne soit pas ostensiblement liée à des intérêts particuliers).

Je combats aussi la politique UMP pour ses échecs (que cette histoire vient obligeamment remettre au second plan). Croissance, dette, chômage, désespérance, voilà des motifs de combats. Voilà la cible (et que l’on nous évite l’argument de la crise, le mal était déjà là bien avant 2008 : l’ump est au pouvoir depuis presque 10 ans, la crise a bon dos !). Quelques exemples :

La dette française (source wikipedia) :
(c) creative commons : Gedefr pour la version actuelle, MaCRoEco pour la version initiale

Taux de chômage en France (sources Google, données Eurostat) :

PIB en euro courant (sources http://www.france-inflation.com/evolution_pib_france.php)

Évolution de la pauvreté en France (en pourcentage du salaire médian, sources observatoire de la pauvreté) :

On notera l’état de la France lorsque la gauche a cédé le pouvoir à la droite UMP en 2002 et l’état en 2007, juste avant la crise.

Conclusion

Le bruit autour de l’image de Dominique Strauss-Kahn présage mal de l’évolution du débat démocratique sur internet. Les médias traditionnels n’ont pas que des qualités mais ils sont comptables de leurs erreurs et par conséquent les rédactions, même lorsqu’elles sont partisanes, tombent rarement dans la calomnie ou l’hystérie. Il n’en n’est pas de même d’internet ou tout un chacun peut publier et n’a pas forcément le recul et la maturité pour éviter les phénomènes d’auto-intoxication : il est si facile de prendre pour argent comptant quelque chose que l’on voudrait être vrai.

La faute ultime n’est cependant pas celle des quelques individus transformés en activistes aveugles, mais bien celle des groupes constitués qui jouent avec le marketing viral pour répandre rumeurs et calomnies. Le site dskvraifaux.fr a décortiqué l’origine de cette affaire : honte à ceux qui ont tenté de manipuler le débat démocratique ! Pas plus que l’argent, la préservation d’une situation personnelle, fut-elle présidentielle, n’est la mesure de toute chose. Je crois en la démocratie et c’est pourquoi je continuerai à combattre ceux qui veulent la pervertir.

 

 

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Le buzz contre l’information

Semaine instructive. Le monde médiatique a eu cette semaine deux raisons de s’intéresser à Dominique Strauss-Kahn.

La première est bien sûr le « scoop » dont la mèche a été allumée par le sémillant Brice Hortefeux, scoop sous la forme d’une photo de paparazzi montrant Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair à côté de la Porsche Panaméra d’un proche du couple. Il semble clair que le but de la manip’ était de jouer sur l’image de la richesse censée rendre incompatible tout engagement de gauche, vieux procès fait naguère à Léon Gambetta, Léon Blum, Pierre Mendès France et tant d’autres. L’UMP a allumé la polémique et a vite reçu le renfort d’une certaine gauche décidément obsédée par l’argent en tant que valeur (même si c’est pour eux une valeur négative, cela ne vaut guère mieux que la conception de l’argent en tant que valeur positive).

Mais chose intéressante, si l’histoire a fait beaucoup de bruit, je ne suis pas sûr qu’elle été si négative pour DSK :

  • d’abord parce que les leaders de la gauche ne sont pas tombés dans ce piège déjà mille fois utilisés et certains même telle Ségolène Royal ont appelé leurs militants à ne pas aider l’UMP dans sa tentative de manipulation.
  • ensuite parce que l’UMP s’est trompé de symbole. Certes une Porsche cela évoque la richesse, mais la voiture de sport est d’abord dans l’imaginaire collectif des Français un symbole de réussite, un rêve que l’on peut toucher du doigt car même si rares sont les Français ayant les moyens de ce payer ce genre de bolide, c’est un rêve réalisable le temps d’une ballade. Cette image de DSK est d’abord celle de la réussite et ne remet pas en cause son engagement à gauche.
  • enfin, l’UMP cherchait également à relativiser le bling bling de Nicolas Sarkozy, mais là aussi, c’est à mon sens raté. Ce qui est reproché à Nicolas Sarkozy c’est son amour ostentatoire de la richesse sur des choses qui ne plaisent pas au Français. Une victoire aux élections cela se fête dans la convivialité d’une bonne bouffe entre amis et militants, pas au Fouquet’s. Les montres hors de prix c’est un truc aussi inutilement has been que clinquant. Le salaire que l’on s’augmente de 140% avec nos impôts est un trait de caractère à la Rastignac, sans grandeur. En comparaison, le vroum vroum de cette image de Dominique Strauss-Kahn est certes peu modeste, mais elle est l’image de la réussite sociale d’un couple. Entre le bling bling et le vroum vroum, il me semble que le coeur des Français penchera vers DSK.

Voilà donc pour la première actualité dont tout le monde ou presque a entendu parler. Mais quelle est donc la seconde me direz-vous ?

La seconde est un article du prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, qui fut un critique plutôt acerbe des institutions comme le FMI. Et que nous dit ce Nobel cette semaine ? Il nous explique comment DSK a changé le FMI en profondeur. Quelques extraits :

« La crise a démontré que des marchés libres et sans entrave ne sont ni efficients, ni stables. De même, ils ne sont pas nécessairement performants pour fixer les prix (voyez la bulle immobilière), y compris les taux de change (…).

L’Islande a démontré que répondre à la crise en imposant des contrôles de capitaux peut aider les petits pays à limiter son impact. Et la politique non conventionnelle de « quantitative easing » (QEII) de la Réserve Fédérale américaine a inévitablement signifié la mort de l’idéologie des marchés sans entrave : l’argent va là où les marchés pensent que les rendements sont les plus élevés. (…).

L’afflux d’argent dans les marchés émergents provoqué par la politique des Etats-Unis a convaincu les ministres des finances et gouverneurs de banque centrale, y compris ceux qui y sont idéologiquement opposés, de la nécessité d’intervenir. (…).

Le FMI a finalement établi un lien entre inégalité et instabilité

(…)

Pour les progressistes, ces réalités épouvantables font partie de la litanie habituelle de frustration et d’outrage justifié. La nouveauté est que le FMI a rejoint le choeur. Pour reprendre les mots par lesquels Strauss-Kahn a conclu son discours devant la Brookings Institution quelques jours avant la réunion récente du Fonds : « En fin de compte, l’emploi et l’équité sont des éléments de stabilité économique et de prospérité, de stabilité politique et de paix. Cela est au coeur du mandat du FMI. Cela doit être placé au coeur de l’agenda politique. »

Strauss-Kahn se révèle être un leader sagace du FMI (…)« 

Ceci me rappelle une autre intervention, celle de Stéphane Hessel au début de l’année dans un entretien à Rue89 :

« Je souhaite qu’aux législatives qui vont suivre l’élection présidentielle de 2012, plusieurs partis de gauche travaillent ensemble : communistes, verts, socialistes, et même des candidats du centre républicain. Mais attention : il ne faut pas qu’ils présentent quatre candidats différents à l’élection présidentielle. Je ne vois que deux candidats possibles en l’état actuel : Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn.

Rue89 : Mais Dominique Strauss-Kahn dirige le FMI, qui fait partie des institutions que vous dénoncez…

DSK a pris le FMI à un moment où il fallait le dénoncer, mais il est en train de le transformer assez utilement. On ne sait pas encore bien tout ce que DSK a fait. Par exemple, le FMI ne fait plus d’ajustements structurels, c’est un progrès.

Personnellement, je préfèrerais Martine Aubry : je la considère comme plus énergiquement de gauche ; mais je sais, pour le connaître, que Strauss-Kahn est aussi un homme de gauche. S’il devient Président, il réformera l’économie française selon les même lignes que celles qu’il a soutenues du temps de Jospin ou de Rocard.

Il y a eu en France une gauche qui a fait des choses, je pense au RMI, à la couverture médicale universelle… Et elle peut en faire demain davantage.« 

Voilà deux actualités de la semaine. Il me semble que l’ordre d’importance n’est pas en phase avec l’intérêt réel et que cela méritait un article pour remettre les choses en perspective.

Plaidoyer pour un nouvel urbanisme


Depuis longtemps j’utilise régulièrement une petite loi universelle personnelle qui dit que lorsque l’on a un problème qui semble impossible à résoudre, il faut essayer de trouver un autre problème à résoudre et chercher une solution pour les deux en même temps (je suis preneur d’une référence si quelqu’un a déjà découvert cette vérité profonde avant moi…).

Et bien cela tombe bien en ce moment puisque le futur président de la République française aura à résoudre une équation impossible qui inclut la relance de l’économie, le sauvetage des finances, la bascule énergétique (d’abord pétrole ensuite nucléaire), le changement climatique (pas sûr que nous en restions longtemps à la douce langueur d’un printemps hors norme) et bien sûr nos rééquilibrages démographiques.

Donc, côté problèmes impossibles nous sommes servis.

En plus de ma petite loi universelle personnelle, j’avais co-écrit il y a déjà bien longtemps un texte intitulé « Le O.U.I. de la Social-Démocratie française : Outils – Utopies – Idéologie« . L’idée de ce texte un peu méthodologique était d’avoir un énoncé politique qui permette à la fois de dire où l’on va (l’utopie) et comment on y a (les outils).

Et bien je crois que pour résoudre nos problèmes insolubles, il existe un outil puissant, outil que Dominique Strauss-Kahn avait mis à son programme lors des primaires de 2006 (mais beaucoup trop timidement à mon sens). Cet outil c’est l’urbanisme, ou plutôt la création ex-nihilo d’un nouvel urbanisme capable à la fois de prendre en compte les impératifs de basculement énergétique (nouveaux modes de consommations énergétique, mais aussi nouveaux modes de production), capable de prévenir les effets catastrophiques du changement climatique (souvenez-vous de Xynthia), capable aussi de retisser les liens sociétaux si distendus, capable enfin de relancer de façon coordonnée l’économie (de façon rentable dans le temps qui plus est !). J’avais décrit plus précisément l’intérêt de cette approche dans le texte « Des villages pour le XXIème siècle : Reconstruire une France solidaire répondant aux défits« , mais que ce soit à travers la construction de villages ou simplement de nouveaux quartiers, l’outil me semble extraordinairement puissant et bel et bien en mesure de résoudre les plus graves de nos problèmes.

C’est de plus un outil simple à comprendre, un outil qui s’ancre dans l’histoire de nos sociétés (connaissez-vous les quartiers castor ou des gens comme Robert Owen ?), c’est un moyen fantastique pour associer les citoyens à la mise en œuvre d’un changement politique majeur, c’est un moyen de gérer au mieux le risque futur lié aux changements climatiques et c’est un moyen fantastique de construire les infrastructures de la société du XXIème siècle.

Nous tenons-là à mon sens l’outil de la construction d’un destin commun et solidaire, l’outil d’un État qui intervient quand il faut où il faut, qui donne le cap et l’impulsion, qui permet aux citoyens de participer activement et librement à la construction de cet avenir. Voilà un outil que les sociaux-démocrates ont dans leur besace : il est temps de l’offrir à tous les Français !

Recomposition du paysage politique avant 2012


2007 fut une élection de la personnalisation politique allant souvent jusqu’à la peopolisation comme support principal du discours, quitte à occulter le contenu de ce discours.

Tout indique qu’il en sera très différemment pour 2012.

D’abord parce que les acteurs de 2007 sont manifestement en grande difficulté. Nicolas Sarkozy se trouve dans la situation d’assumer sinon de défendre un bilan où il a échoué sur tout (et ce n’est pas la seule faute à la crise de 2008). Ségolène Royal partie très tôt a déjà dû changer deux fois de tactique et ne semble plus en mesure que de se battre pour les places d’honneur avec Arnaud Montebourg. Quant à François Bayrou, il n’apparaît pas en état de rééditer son parcours de 2007. La future présidentielle ne se présente donc absolument pas comme la revanche de la précédente. J’ajouterais même, qu’au-delà des apparences et des sondages qui montrent depuis des mois Dominique Strauss-Kahn comme le candidat plébiscité par les Français quelle que soit la situation, cette élection se jouera certes sur le nom du candidat, ses capacités, son bilan, sa vision, mais aussi sur des éléments politiques et idéologiques vraiment collectifs et partagés. C’est une équipe qui fera la différence en 2012, pas une personnalité.

Certes, mais encore ? Peut-on caractériser et simplifier la présentation de la situation avec quelques grands sujets habituels ? Économie, social, chômage, mondialisation, immigration, (in)sécurité, … Peut-être mais c’est une voie tarte à la crème qui n’éclaire pas forcément grand chose. Peut-être peut-on aborder les choses d’une façon plus indirecte en regardant les mouvements des différents groupes politiques pour comprendre vers quoi convergent les choses. C’est l’objet de ce post.

En 2007 la situation était assez classique :

  • Une gauche radicale (de gouvernement) où le PC essayait encore d’exister, contesté par une gauche encore plus radicale représentée par les alter-mondialistes.
  • Des écologistes toujours aussi brouillons.
  • Un PS idéologiquement figé par François Hollande qui se choisit une candidate à la fois iconoclaste dans son discours et totalement dans le moule du PS en se qui concerne sa carrière politique (énarque et baronne locale).
  • Une partie du centre qui tente de s’émanciper de la droite sans toute fois oser aller au bout de sa démarche et le reste solidement arrimé au navire UMP.
  • Un UMP qui se choisit un chef bonapartise dont la seule originalité politique et d’introduire la triangulation dans son discours (inclure des thématiques du camp adverse pour se placer « ailleurs »).
  • Un FN espérant rééditer son hold-up de 2002 mais n’apportant rien de neuf, voire paraissant sérieusement usé.

Or la situation en 2011 n’est absolument plus celle-là.

Tout d’abord, l’acte de décès du PC sera officialisé avec l’absence d’un candidat choisi par le parti. Cela se fait dans l’indifférence, mais cela tourne bel et bien une sacrée page d’histoire ! Jean-Luc Mélanchon qui représentera sans doute la gauche radicale ne représente pas, il me semble, un courant visant à imposer la révolution marxiste comme le PC.

Côté écologistes, c’est toujours aussi confus mais on note une forte évolution. Ceux qui étaient naguère présentés comme des verts au cœur bien rouge sont en train de sacrément évoluer vers le centre. Eva Joly est tout de même une notable digne représente de l’État bien policé où l’on applique et respecte la loi, ce qui n’a rien de scandaleux mais n’est tout de même pas très compatible avec les appels répétés à la désobéissance civile des faucheurs OGM et autres adeptes de la contestation forte et spectaculaire. Quant à Nicolas Hulot, son parcours politique a quand même bien démarré à droite. Si l’on ajoute le très international DCB on est loin de la défense de son potager bio. Les écologistes font donc mouvement vers le centre : est-ce conscient et volontaire, assumé ? La suite le dira.

Passons aux socialistes. Là, le changement est faiblement visible mais quand même puissant. Qu’on se le dise, le PS sous l’impulsion des sociaux démocrates n’est plus marxiste, ni de loin ni de près. Le procès en ultra-libéralisme qui nous est souvent fait n’est en réalité que le faux-nez du refus de cette rupture avec le marxisme. Ce n’est pas parce que nous voulons négocier les règles d’un marché libre mais régulé que nous tombons dans le piège des plus échevelés des libéraux. Nous défendons une voie raisonnable entre un laissez-faire qui a mené nombre de pays à la catastrophe et la collectivisation des moyens de production qui a mené nombre d’autres à une catastrophe tout aussi grande. Et que cela soit clair, le PS n’est pas un parti replié sur ses clochers, mais un parti qui là aussi veut peser sur la définition des règles internationales, et qui de fait choisit de défendre l’idée d’organismes supra-nationaux de régulation, et d’y participer. Être socialiste en 2012 ce sera bien cela : renvoi dos à dos du marxisme et de l’ultra-libéralisme, volonté de tenir sa place devant les instances internationales, travail de réforme sur nous-même. On regrettera tout de même que les candidats déclarés actuels soient si peu audacieux. Sur la situation méditerranéenne par exemple, ils ont bien du mal à aller plus loin que les banalités et ne prennent pas le risque de s’engager dans la définition d’un vrai projet Euro-Méditerranéen. Pour le coup, Dominique Strauss-Kahn muet par nécessité, réussit à apporter plus de propositions que nos candidats déclarés à qui l’on tend le micro. On se reportera à son livre « 365 jours, lutter contre le renoncement » ou encore à son discours d’Alger pour imaginer quelles seront ses propositions dans quelques semaines. Quoi qu’on en pense, le PS a bien quitté les terres marxistes pour étendre son influence au centre, devenant de plus en plus un parti social-démocrate de centre-gauche.

Quid du centre ? C’est bien là que les mouvement sont les plus importants en nombre, quitte à ressembler à un mouvement brownien. François Bayrou occupe toujours le centre gauche, Dominique de Villepin sous couvert d’un gaullisme social procède à un violent écart de la droite modérée à la gauche bien marquée, Jean-Louis Borloo se détache de l’UMP faisant mine de regagner les confortables terres de l’ancienne UDF accompagné par le Nouveau Centre aux contours indécis. Quant aux démocrates chrétiens version Christine Boutin, ils marquent leur singularité, ou plutôt une défiance de plus en plus marquée envers l’UMP sarkozyste. Réussiront-ils à s’unir et à trouver une cohérence ? En tout cas tout ce petit monde a glissé vers la gauche et s’est démarqué de la droite UMP.

L’UMP sous l’impulsion de MM. Guéant, Gaino et autres Buisson et sous la direction de Nicolas Sarkozy a lui choisi le parcours inverse, se lançant dans une course effrénée vers l’extrême droite. S’agit-il comme en 2007 d’une tentative de triangulation ? Je ne le crois pas car cette droitisation dure est fondamentalement une envie d’une partie des membres de l’UMP. Pas les modérés, pas non plus les libéraux (à moins qu’ils ne partagent soudain l’envie de fermer les frontières comme l’a proposé dernièrement Sarkozy avec son attaque contre Schengen), mais les plus conservateurs pour qui tout passe par l’imposition d’un ordre strict et des mesures autoritaires voire liberticides. Pour l’heure, il me semble que les cadres de l’UMP pensent toujours qu’ils ont une chance de s’en sortir seul, mais au fur et à mesure de l’avancée de la campagne, l’idée d’une alliance formelle avec le FN va s’imposer et il n’est pas exclus que dans l’espoir de l’emporter sur le fil en 2012, Nicolas Sarkozy finisse par franchir le Rubicon.

Le FN enfin. Relooké, d’jeunisé, le parti a quand même bien du mal à faire semblant de ne plus cautionner ses admirations fascistes et une vision musclée de l’ordre. La tentative de glisser (un tout petit peu) vers la gauche pour se rapprocher de l’UMP est un peu risquée : elle peut amener le FN au gouvernement dans une alliance avec l’UMP, mais elle laisse la place à une séparation avec les plus radicaux du FN. Actuellement donné présent au 2nd tour de 2012, l’histoire de ce parti est loin d’être écrit pour cette élection.

Depuis 2007, le PS a évolué dans le bon sens et choisi le bon positionnement pour 2012, au centre gauche, à nouveau collectif, volontaire, ouvert à l’échange et à la différence, sûr de sa vision tout en acceptant de négocier le compromis lorsqu »il est constructif et fort, radicalement réformateur, ayant dépassé le mitterrandisme pour se tourner vers l’avenir. Ce PS est en phase avec les attentes des Français. Dans les mois qui viennent, il conviendra d’aller au-delà des attentes et de montrer quelle est la voie pour sortir du chaos économique sarkozyste, pour redonner à la France sa place internationale, pour reprendre le chemin du progrès, pour retrouver le sourire et la confiance pour l’avenir.

Nous sommes prêts pour le possible, préparons-nous avec enthousiasme à dépasser le possible.