Dominique de Villepin aux primaires du PS ?

Il semble que la droite « traditionnelle » a un gros coup de mou idéologique.

Entre l’attelage Sarkozy-Guéant-Buisson qui tire à droite toute derrière la blonde crinière de la fille à papa Le Pen, la troupe centriste désireuse de se retrouver autour du chaleureux foyer trop longtemps délaissé et Dominique de Villepin à la limite de tenter une OPA sur le front de gauche, on comprend que l’électeur de droite soit plus que perplexe devant le spectacle offert.

Je voudrais quand même revenir au fond et c’est la proposition de Dominique de Villepin sur un revenu citoyen qui m’en donne l’occasion. Il faut d’abord savoir que cette proposition n’est pas en elle-même nouvelle et sous une forme ou une autre elle a été déjà avancée aussi bien à droite (pour des raisons libérales ou de charité) qu’à gauche.


Conférence de presse de Dominique de Villepin au… par publicsenat

Les sociaux-démocrates en particulier en ont discuté (entre autres sur le blog de Pierre Moscovici) en l’appelant Revenu de Citoyenneté (RdC), ou (pour ma part) pointant le fait qu’un revenu correspondait plutôt à la rémunération d’un travail, Allocation Citoyenne Unverselle (ACU).

L’ACU était la réponse à différents problèmes :
1) le système actuel est trop complexe et cela s’agrave
2) le système actuel est palliatif et ne réussit pas à résoudre le problème de la misère et du déclassement
3) le système actuel est trop coûteux et cela ne s’améliore pas

Il se plaçait également dans une perspective politique est idéologique
1) la gauche et les socialistes n’acceptent pas la misère comme une fatalité
2) nous n’acceptons ni le laisser-faire ni la charité
3) pour être pleinement citoyen il faut être libéré a minima des contingences de survie, être éduqué, informé, libre de circuler, …
4) la CMU, le RSA, l’école gratuite, les tarifs sociaux de l’énergie, la gratuité partiel des transports, … sont des mesures dont un grand nombre a déjà été mise en place, sous l’impulsion de la gauche principalement, elles vont dans le bon sens, l’ACU se plaçant dans leur continuité.

Enfin, le système doit impérativement être économiquement viable, et simplifier effectivement le système, il doit être universel c’est à dire attaché sans condition à tout citoyen Français sans distinction.

Les échanges sur le sujet ont été longs et divers, mais en synthèse, une des solutions possibles était de supprimer absolument tout le système actuel (y compris les retraites, allocations familiales, indemnités chômages, …) pour les remplacer par un système unique, l’ACU associant une allocation en euro et des prestations en nature (une part d’électricité gratuite par exemple), le tout étant imposé à l’impôt sur le revenu (c’est universel et ceux qui n’en n’ont pas besoin le redonne par l’IRPP).
Autant dire que nous avons envisagé quelque chose d’assez radical…

Cette mesure n’a pas été retenue et il faut plus la considérer comme une utopie qui doit guider l’esprit des réformes que comme quelque chose d’applicable à court ou moyen terme. Il faut en garder les principes à l’esprit, certains éléments, il faut oser être audacieux et fixer la limite entre le possible que l’on peut dépasser et le délire démagogique.
Arrivé au pouvoir, nous devrons être de bons gestionnaires, mais nous devrons être plus que cela : l’époque que nous vivons est une période de ruptures, nous devons montrer aux Français que nous voyons loin, que nous sommes audacieux, que nous savons prendre des risques, mais que nous ne ferons pas n’importe quoi.

Le socle du programme PS est sérieux. Le candidat qui se l’appropriera devra le dépasser, savoir faire rêver, savoir donner confiance, savoir bousculer les conservatismes, savoir être rigoureux, savoir être innovateur, savoir quelle est la frontière entre le possible et l’illusion.

 

Le socle du programme socialiste


Depuis des mois, deux visions s’affrontaient au sein du PS pour le déroulement de l’avant-campagne des primaires.

La première, s’appuyant sur le fonctionnement de la Vème République, avançait qu’il était nécessaire de désigner un chef rapidement, et que sous la direction de ce chef, le parti devait mettre au point un programme.La seconde, largement défendue par les sociaux-démocrates, défendait au contraire l’idée qu’il fallait d’abord améliorer le fonctionnement du parti, puis travailler sur des propositions pour enfin trouver un chef qui pourrait reprendre ce texte, l’incarner, le développer avec ses qualités et sa vision.

Les tenants de la première solution sont partis très tôt (en décembre) ou un peu plus récemment, mais avant que le socle du programme PS soit connu. Force est de constater que ceux qui sont partis en décembre n’ont pas percé et ne pèsent pas sur le débat, quant à Hollande parti en dernier pour ce premier groupe, un peu plus d’une semaine après le souffle commence déjà à manquer.
La ligne défendue par les sociaux-démocrates semblait donc être la bonne. Mieux que cela, un récent sondage montre que les Français ont accueilli très favorablement ce socle de programme : ils l’approuvent à 70% ce qui tient carrément du plébiscite !

Voilà donc un motif de satisfaction qui nous conforte dans notre vision de cette future présidentielle.

Mais revenons rapidement sur les points de ce programme.

D’abord, j’ai lu les commentaires UMP avec un certain amusement. Ils ont essayé de jouer sur tous les clichés sans se rendre compte à quel point certains arguments tenaient du comique vu la situation. Essayer de faire croire que les socialistes ne savent pas gérer le pays tient de la farce tant la comparaison avec la période 1997-2002 (et surtout 1997-99) avec la période UMP depuis 2002 tient de la gifle cinglante.

Sur le contenu lui-même de ce programme, je dois avouer mon ravissement lorsque j’ai lu le premier chapitre et le tire du premier paragraphe « Le changement climatique, l’explosion démographique et la fièvre énergétique mettent en jeu l’avenir de la planète » : voilà qui nous renvoie directement à 3 des 4 thématiques que j’avais abordées il y a quelques mois dans le texte du dormeur,  texte qui lui-même était l’évolution d’un texte de… 2006. Voilà qui montre au moins que le PS est bien une communauté d’idées et que le débat n’est pas un vain mot. Il ne manque donc à ces 3 thématiques (climat, énergie, démographie) que le 4ème sur la dématérialisation, bouleversement sans doute encore trop récent pour être clairement compris. J’espère pouvoir à l’avenir apporter ma petite pierre à l’édifice sur ce sujet plus que perturbant pour nos identités. Mais revenons aux temps présents.

J’ai déjà donné ces derniers jours, indirectement, mon avis sur le point 26 du programme qui concerne l’évolution de la définition du mariage aux yeux de la République. La notion de mariage sous toutes ses formes (mariage républicain, pacs, …) doit évoluer dans le sens d’une reconnaissance moins discriminatoire de la cellule familiale et, point qui m’est sans doute plus personnel, centré autour d’un couple ayant un projet d’enfants. C’est cela qui aux yeux de la République justifie que l’on s’oblige à légiférer sur cette sphère privée. Quelle que soit la nature du couple, quelle que soit la nature du projet d’enfants, si les deux sont réunis alors l’État doit protéger ce couple et ce projet dans un intérêt mutuel et bien compris.

Quoi d’autres ? Je ne m’appesantirai pas sur les évolutions fiscales, domaine très technique mais elles sont à l’évidence plus que nécessaires. Je me contenterai juste, par prudence, de suggérer une manière de faire pour éviter le travail de sape des lobbyistes. Dès le premier mois de la législature, faisons passer une loi qui annule dans leur intégralité l’ensemble des niches fiscales à la date du 30 septembre 2013 : il restera alors un peu plus d’un an pour rebâtir le système fiscal et au lieu de devoir résister à ceux qui veulent empêcher le changement, nous pourrons travailler avec eux sereinement sur des lois qui quoi qu’il arrive seront forcément nouvelles… Et oui au point 8, utilisons des mécanismes de TVA modulables pour orienter la consommation dans le sens voulu (et revoyons cette modulation chaque année pour éviter le problème de l’éco-taxe des voitures qui n’est pas budgétairement neutre).

Point 4 sur les emplois aidés. Très bien mais là aussi soyons malins. Certaines de nos administrations sont obsolètes dans leur fonctionnement autant que dans leurs objectifs de services publics. Servons-nous de ces emplois jeunes pour construire les nouveaux services administratifs de zéro, nouveaux services qui remplaceront au fur et à mesure du temps d’autres devenus sans objet.

Oui au point 10 sur une sortie raisonnée du nucléaire. A nouveau je vous renvoie à un texte de 2006 qui décrivait un mécanisme lent mais réaliste. Si l’on doit construire de nouvelles centrales nucléaires, arrêtons-en plus qu’on n’en construit.

Ravissement à nouveau lorsque je vois repris l’idée de l’encadrement de l’écart des rémunérations (j’ai bien écrit rémunération et pas salaire !). L’idée est très ancienne (certains l’attribuent à  Henri Ford) mais nous l’avons débattue il y a déjà pas mal de temps. Voilà une mesure qui n’empêche en rien de donner les rémunérations que l’on veut au sein d’une entreprise mais qui évite les dérives qui tiennent parfois plus du détournement de fond ou d’abus de bien sociaux qu’autre chose. J’affirme haut et fort que personne au sein d’une même entreprise en vaut 10000 fois plus que le salarié en CDI le moins rémunéré ! L’écart est sans doute négociable, mais quoi qu’il en soit, il doit être débattu au sein des entreprises !

Le point 12 sur les loyers ne me semble pas être la bonne approche. Oui, les loyers (parisiens surtout) sont à un niveau qui ne correspond pas aux possibilités des foyers. Mais le problème est d’abord un problème de pénurie. Il faut déployer une politique plus qu’ambitieuse de reconstruction, et coupler cette politique avec la résolution des problèmes écologiques et sociaux. Il faut créer ex-nihilo des quartiers, des villages, des petites villes, en associant à la constructions les futurs habitants et les futurs acteurs économiques pour ne pas refaire les erreurs des méga-projets de villes nouvelles. C’est là aussi l’objet d’une déjà vieille réflexion.

Point 16 sur les retraites : pour moi c’est un point foireux car on laisse croire aux Français que l’on discute d’une retraite pleine et entière, ce qui n’est pas le cas. Par ailleurs, c’est le système lui-même qui doit être repensé. Je plaide pour un âge de retraite pleine et entière fixé par rapport à l’espérance de vie en bonne santé (un peu plus de 63 ans actuellement). Si quelqu’un veut et peut partir avant, tant mieux, qu’on l’y autorise avec la décote avenante (et mettons-la à 50 ans si on le veut). Mais soyons honnêtes et clairs sur le sujet.

Le chapitre sur l’égalité réelle défendue depuis très longtemps par les sociaux-démocrates est important, mais il appartiendra au futur candidat du PS de prendre à bras le corps ce difficile chantier. Il faudra innover et dépasser le possible pour que cela dépasse les déclarations d’intentions et les approches habituelles qui n’ont pas réussi à résoudre les problèmes de déclassement sociaux.

En conclusion, je trouve que ce socle de programme est une bonne chose et que sa publication renforce l’approche du PS pour la future présidentielle et invalide la position caricaturale de la droite en pleine déconfiture organisationnelle et idéologique. Nous devons continuer sereinement sur cette voie et choisir d’ici quelques mois le candidat qui nous représentera. Le candidat pressenti pour les sociaux-démocrate reste Dominique Strauss-Kahn, mais qu’il ne précipite pas son entrée dans la campagne. Qu’il finisse son travail gigantesque au FMI, en attendant nous continuerons notre travail de militant, travail que manifestement, anonymes ou élus, nous n’avons pas trop mal mené.

Rois de l’embrouille, politique de gribouille

La récente résurgence de l’affaire Tapie / Crédit Lyonnais nous a offert un bel exemple du naufrage actuel de certains politiques .

Reprenons un peu le fil de cette histoire avant d’en venir à la bobardesque manœuvre de la semaine.

Au tout début du n-ième rebondissement de cette longue, très très longue histoire, il y a un rapport de la Cour des Comptes qui met en accusation un haut fonctionnaire de Bercy qui par ailleurs avait agi sur ordre du ministre de l’économie, Christine Lagarde, dans l’affaire qui opposait Tapie à l’État dans l’affaire du Crédit Lyonnais.
Craignant peut-être que cela ne finisse sous le tapis, les socialistes s’emparent de l’affaire et demandent que la justice s’intéresse à tous les protagonistes de cette nouvelle affaire, ce qui inclut la ministre.

Une fois encore l’UMP se retrouve dans la panade avec un début de scandale qui pourrait en rappeler d’autres encore chauds. Nous attendrons donc la suite dans l’espoir qu’effectivement l’enquête, si elle devait pouvoir démarrer, éclaircice tout cela, mais en attendant, que ne voit-on poindre à l’horizon ? Une jolie tentative d’enfumage avec comme ligne mélodique « mais l’affaire du Lyonnais, c’est la faute à la gauche » et mieux encore, n’ayons peur de rien, « c’est la faute à Strauss-Kahn » on a une lettre qui le prouve !

Calomniez, calomniez, il en restera bien quelque chose d’utile sur le tas fumant de fumier !

Du coup, bonheur non feint de certains qui osent encore se prétendre à gauche, une nouvelle opération de bobardisation peut être menée puisque l’affamateur des peuples, celui qui forcément n’est pas de gôche, l’ami de Bildeberg et des extra-terrestres ne peut qu’être coupable de ce dont l’accuse une droite aux abois.

Oui, sauf qu’une rapide vérification menée par le site dskvraifaux.fr donne une toute autre vision de l’histoire, preuve à l’appui cette fois.

Dans la fameuse lettre de 1999 brandie par l’UMP comme la flamme étincelante de leur trouillardise, Dominique Strauss-Kahn ne fait que préciser, en tant que ministre de l’Économie et des Finances, la garantie de l’État sur le passif de la banque en 1999 lors de sa cession.

Vous en doutez ? Et bien voici le facsimilé :

Vous trouverez plus de détails sur le site dskvraifaux.

Une fois encore certains sont prêts à n’importe quelle manœuvre pour se disculper ou entacher l’honneur et la probité de leurs adversaires. Pauvre République, pauvre France.

Mais pourquoi la République refuse-t-elle à ces enfants le droit d’exister ?!

Ceux qui lisent régulièrement mes écrits savent que j’ai une sensibilité particulière pour toutes les questions touchant au droit de la vie et de la mort, en encore plus particulièrement aux droits touchant aux enfants.

L’actualité du jour me donne l’occasion, plutôt triste et très irritante à vrai dire, d’y revenir.

J’ai déjà évoqué le combat de Sylvie et Dominique Mennesson pour donner à leurs jumelles une identité aux yeux de la loi de la République. Ces enfants, nées aux États-Unis d’une chaîne d’amour, de solidarité et de bonté se voient refuser le droit d’avoir une existence légale en France parce que la GPA (Gestation Pour Autrui) n’y est pas reconnue. Le couple se bat maintenant depuis plus de 10 ans pour devenir une famille « normale » aux yeux de la loi et espérait aujourd’hui voir la Cours de cassation reconnaître officiellement l’existence des deux petites filles.

En vain.

Au nom de l’Etat, la justice a refusé une fois encore à ces enfants le droit d’exister officiellement jugeant « contraire à l’ordre public, la décision étrangère qui comporte des dispositions heurtant des principes essentiels du droit français« , et ceci alors même que le ministère public était favorable à leur reconnaissance. C’est un non-sens total, un aveuglement, un acharnement, qui plus est en violation des conventions internationales sur le sujet. L’affaire devrait donc maintenant être portée auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.

Peut-être est-ce un mal pour un bien futur, mais ce jugement est rendu la même semaine où le parti socialiste publie le socle du futur programme à la présidentielle. Le thème de la famille y est abordé dans le sens de son évolution. Il me paraît important de donner une plus grande ambition encore à cette proposition, en mettant le projet d’enfant au cœur de cette réforme. Un État n’a pas d’avenir s’il ne favorise pas le projet d’enfant d’un couple quel qu’il soit, et quel que soit le moyen de son arrivée au sein de ce couple (du moment où il n’y a de préjudice pour personne).

Par ce post, j’apporte une fois encore, mon soutien à Sylvie et Dominique en leur demandant d’embrasser leurs petites filles de ma part. La loi finira forcément par reconnaître la vie et l’amour.

DSK vrai faux : l’analyse de Matthieu Aron sur France Info

Vraie manipulation, désinformation volontaire ou accidentelle, complot imaginaire, opération de déstabilisation économique ou simple canular, Le vrai et le faux décrypte les ressorts d’une rumeur. Comment naît-elle, pourquoi le public y croit-il, à qui profite-t-elle ?

Dans son billet du samedi 2 avril (13h47) de sa chronique « Le vrai du faux« , Matthieu Aron décortique le site dskvraifaux.fr.

Primaires 2011 : Portraits croisés

Sans surprise, François Hollande s’est lancé dans la campagne d’investiture du Parti Socialiste.

Cette déclaration de candidature me semble d’une nature un peu différente de celles d’Arnaud Montebourg, Emannuel Valls ou Ségolène Royal dans le sens où même si elle intervient bien trop tôt par rapport à un calendrier « raisonnable », Hollande se déclare plusieurs mois après le trio et surtout, il dispose d’un certain nombre d’atouts qui pourraient effectivement faire de lui un compétiteur de Dominique Strauss-Kahn. Voici qui me donne donc l’occasion de faire des portraits croisés.

Les hommes.

François Hollande c’est le quinqua de service, fils de bonne famille de province, avec un parcours de bon élève qui l’amènera à sortir 7ème de la célèbre promotion Voltaire de l’ENA (où l’on trouve en autres Renaud Donnedieu de Vabres, Jean-Pierre Jouyet, Ségolène Royal, Michel Sapin, Dominique de Villepin). Son engagement Mitterrandien précoce lui permet d’entamer une carrière professionnelle politique on ne peut plus classique en France : c’est un pur produit de l’énarquie ; en dehors de la politique il a exercé quelques temps dans le cabinet d’avocats de son ami Jean-Pierre Mignard et a été professeur d’économie pendant 3 ans à l’IEP. François Hollande n’est à ce jour pas marié même s’il a eu quatre enfants.

Dominique Strauss-Kahn, de cinq an son aîné, a des origines plus mélangées. Fils d’un conseiller juridique militant socialiste et d’une journaliste russo-tunisienne, son enfance a été celle des Français d’Afrique du Nord (Maroc) jusqu’au tremblement de terre d’Agadir de 1960 qui obligea la famille à revenir en France après un passage à Monaco. Son doctorat d’économie fait de lui un personnage atypique au sein de la classe politique française, ce qui pourrait d’ailleurs bien expliquer l’origine de certaines frictions. Marié en 3ème noce à Anne Sinclair, il a quatre enfants.

On ne manquera pas de remarquer que le parcours des deux hommes est très différents. Plutôt marqué France classique et bourgeoise pour FH et plus France active et nomade pour DSK. A contrario, si les deux hommes semblent assez attachés à la famille pour avoir eu quatre enfants, c’est Dominique Strauss-Kahn qui montre un attachement à l’institution du mariage alors que François Hollande n’a manifestement jamais réussi à s’y résoudre.

La carrière

La carrière professionnelle de François Hollande c’est surtout et d’abord le PS. Actuellement conseiller général et député, il n’a jamais exercé de charges ministérielles, ce qui ressemble à un drôle de pied de nez de l’histoire. Sous Mitterrand, il n’accède qu’à des postes de directeur de cabinet, son parcours électoral et sa jeunesse l’empêchant sans doute de prétendre à mieux à l’époque. Occasion manquée. Premier secrétaire du PS à la fin des années 90, il n’a pas participé au gouvernement Jospin. Occasion manquée. Enfin, lorsqu’en 2006 il se sent prêt à se lancer dans la présidentielle, Ségolène Royal lui grille la politesse, leurs relations complexes l’empêchant de concourir contre elle. Occasion manquée. Hollande n’appartient pas vraiment à un courant du PS, il fait plutôt partie de ce que j’appelle les « légitimistes » du PS, plutôt « trans-courant », ceux pour qui l’histoire, la culture et la structure du parti représentent un ensemble suffisant pour définir une politique basée sur le consensus, fut-il « mou ». Il a été 1er secrétaire du PS de 1997 à 2008.

Le parcours politique de Dominique Strauss-Kahn est à l’image du bonhomme : vif, plutôt inédit, fait de catastrophes et de rebonds brillants. Professeur d’économie (HEC, ENA, Standford, …), avocat d’affaires, ministre, et bien sûr actuel directeur du FMI, ce parcours a de quoi désorienter plus d’un conservateur. Fondateur du courant socialisme & démocratie, animateur de plusieurs groupes de réflexion politique, il incarne la vision d’une gauche qui rompt définitivement avec le marxisme tout en introduisant avec force les impératifs sociaux dans une économie de marché régulée. Alors que ses détracteurs français font de lui un social-traitre il est cocasse de se souvenir que ses détracteurs américains qui voulaient l’empêcher de prendre la présidence du FMI faisaient de lui « a socialist » (ce qui dans la pensée néo-libérale américaine se traduit par « sale gauchiste »). En 1999, victime d’une plainte très politique, il démissionne pour protéger le gouvernement Jospin. La justice l’innocentera quelques années plus tard, relevant même le vide du dossier de l’accusation.

Il existe donc une assez nette différence entre la carrière des deux hommes, plus « classique fleuve tranquille » chez Hollande, plus « torrent tumultueux et flamboyant » chez Strauss-Kahn.

Le bilan

Étant toujours passé à côté des postes ministériels, il est bien difficile de tirer un bilan d’actions menées par François Hollande au niveau national pour la France. On ne peut donc que se limiter à ses actions politiques pour le PS où il a tout de même exercé la plus haute charge, en « cohabitant » d’abord avec Lionel Jospin jusqu’en 2002, et totalement libre de ses choix de 2002 au congrès de Reims. On ne peut que constater l’absence de rénovation ou de refondation des idées socialistes après la mort de François Mitterrand (Hollande n’a pas su mener le PS au-delà du droit d’inventaire de Jospin). On ne peut que constater deux défaites cinglantes et à contre-courant aux présidentielles de 2002 et 2007. Et surtout, on ne peut que constater une défaite très personnelle dont il n’a pas souhaité tirer les conséquences, celle du référendum européen. Une bataille dans laquelle il s’est engagé et mis en avant sans pouvoir assoir son autorité de Premier secrétaire, et surtout bataille qui a laissé des traces très profondes de division au sein du PS, sensibles encore aujourd’hui et dont une partie fut la cause de l’échec du congrès de Reims, congrès raté de sa succession.  François Hollande a à son actif un certain nombre d’élections locales (en particulier les régionales 2004) largement gagnées par la gauche.

Le bilan de Dominique Strauss-Kahn est d’abord économique. Sa vision hétérodoxe par rapport à la vision classique du PS a permis d’obtenir de 1997 à 1999 des résultats plus que bons : déficits en baisse, pouvoir d’achat en hausse, chômage en baisse et nouveaux temps libre avec les 35h. L’entière gloire ne revient pas qu’à lui, mais ses qualités de manager d’équipe, ses connaissances, son intelligence et son dynamisme ont largement contribué aux succès de l’équipe Jospin. Son départ du gouvernement a d’ailleurs marqué une forte rupture pour les années qui ont suivi. En qualité de directeur du FMI, il a tout simplement réussi à réformer voire sauver une institution totalement discréditée à son arrivée. Réformes managériales internes, réorientation des choix stratégiques, ré-appropriation de l’institution par tous les pays, y compris et surtout les plus défavorisés, incontestablement, il restera un des grands directeurs de cette institution, ce qui lui donne aujourd’hui une reconnaissance internationale sans équivalent en France, y compris comparée à celle de Nicolas Sarkozy qui a tant abîmé l’image de notre pays.

Incontestablement, en ce début de campagne, François Hollande va devoir expliquer et défendre un bilan qui n’est guère flatteur. Quant à Dominique Strauss-Kahn dans quelques temps, sa tâche sera plutôt d’expliquer la cohérence de ses succès remis dans la perspective de sa politique future.

Conclusion

Il manque à ces portraits la définition des idées défendues pour 2012, la vision d’avenir, le programme. C’est normal, cela viendra lorsque la bataille sera vraiment engagée. Pour l’heure, il était important de mieux connaître les hommes et leur parcours.

LE PANEL ÉLECTORAL FRANÇAIS POUR 2010 VIENT DE SORTIR

Une récente étude sociologique réalisée auprès d’un échantillon de 2000 personnes, représentatif de l’ensemble du corps électoral et portant sur les interdépendances entre l’origine sociale, le niveau de formation et la situation professionnelle des électeurs français d’une part et leur appartenance politique d’autre part (Politest), réalisée par l’IHEI (Institut des hautes études internationales), avec le soutien du Ministaire de l’Intérieur et le concours de l’IFFOP, révèle que les personnes qui se sentent proches de Dominique Strauss-Kahn ont – en moyenne – un quotient intellectuel jusqu’à trois fois supérieur à celui des autres électeurs.

Sans surprise, les derniers de ce classement national, dévoilés par cette étude, sont les électeurs du Front National, précédés de peu par ceux de l’UMP. Le Politest a été imaginé par un groupe d’anciens étudiants de Sciences Po qui ont élaboré une grille d’analyse des positionnements politiques qui permet de distinguer la droite et la gauche, mais aussi la plupart des autres partis, en analysant ce qui fait que l’on se sente plus proche d’une tendance que d’une autre en fonction de ses origines, de sa culture et de son statut professionnel.

L’UMP et la démocratie 0.0

L’UMP prend décidément l’eau de toute part et ne sachant plus comment stopper l’hémorragie, le ministère des finances en est réduit à essayer de bloquer l’information venant du site dskvraifaux (information révélée par La Tribune) !

N’ont-ils donc rien appris nos gouvernants après les révolutions Tunisiennes, Égyptiennes, la révolution Libyenne en cours, sans oublier le reste du moyen orient ? Ne savent-ils donc pas qu’à l’heure d’internet, on n’arrête plus la vérité d’un décret autoritaire ?

La vérité passera, elle triomphera du mensonge et de la censure, comme nous triompherons en 2012 de ce gouvernement Sarkozy-Fillon-Juppé-Guaino qui a tant abimé la France !

Combattons le mensonge sur internet en attendant de pouvoir le combattre dans les urnes en rejoignant le cercle des amis de DSK sur facebook.

En 2006 le courant social-démocrate était en avance d’une élection sur la vieille idéologie PS, il l’est toujours

Martine Aubry s’est déclarée ouverte à l’idée d’une politique qui tracerait une voie de sortie du nucléaire. Grande nouveauté au PS ? Retournement spectaculaire ? En fait non. Si en 2006, François Hollande alors 1er secrétaire avait bien voulu ouvrir les portes et fenêtres des idées, sans doute ce débat aurait-il eu lieu à l’époque sous l’impulsion des sociaux démocrates.

Voici quelques textes publiés à l’époque.

DANS LE LIVRE « 365 JOURS » (éditions Grasset & Fasquelle, 2006)

PAGES 218-219 (propositions lors des vœux à la presse en janvier 2006)

Axe n° 3 : Le développement durable

« Proposition 8 : Réussir le pari du postnucléaire.

Nous assistons actuellement à un accroissement de la dépendance énergétique. On l’a vu récemment avec la crise du gaz entre la Russie et l’Ukraine ou l’augmentation du prix du pétrole. Nous connaissons les difficultés du nucléaire dans un pays comme le nôtre. Pour y répondre, il faut consacrer un effort de recherche massif aux questions de l’énergie propre. La France a fait dans les années 1950 le pari du nucléaire et elle l’a réussi. Elle doit aujourd’hui faire le pari du postnucléaire et le réussir. »

PAGES 270-272 Mardi 13 septembre

« En Haute-Marne et dans la Meuse, référendum local sur la question des déchets nucléaires. Situé aux confins de la Haute-Marne et de la Meuse, le site de Bure doit accueillir un centre d’enfouissement des déchets nucléaires.

La presse nous apprend aujourd’hui que les riverains demandent un référendum local à ce sujet. Nous sommes là au croisement de plusieurs sujets de société très actuels, au premier rang desquels la demande croissante de « participation ». Avec l’élévation du niveau d’éducation et d’information et les possibilités de débat offertes par l’Internet, les citoyens se forgent de plus en plus leur propre avis sur les sujets qui les préoccupent ou qui touchent leur cadre de vie. Ils veulent prendre une part directe aux décisions. Notre système démocratique ne peut manifestement plus fonctionner sur le seul principe de la délégation.

La pratique du référendum local n’est pas forcément la bonne manière de répondre à cette attente légitime, car la question est trop souvent biaisée. Dans l’exemple de Bure, il me paraît clair que personne – même parmi ceux qui approuvent globalement le choix nucléaire de la France – ne dira qu’il veut accueillir des déchets radioactifs près de chez lui, si on lui pose la question sous cette forme ! Le conflit national entre intérêt individuel et intérêt général ne peut néanmoins plus être tranché par les seuls élus. Les Français ne l’entendent plus ainsi : nous devons introduire de nouveaux instruments de consultation pour permettre la nécessaire « appropriation citoyenne » des grands sujets de société.

Le nucléaire fait typiquement partie de ces domaines où les choix semblent parfois imposés par des instances scientifiques et industrielles situées hors d’un contrôle démocratique visible par les citoyens. En ce qui concerne par exemple les déchets radioactifs le Parlement a voté en 1991 une loi – la « loi Bataille », du nom d’un de mes collègues socialistes qui en était le rapporteur. Cette loi prévoyait une longue phase d’étude permettant à la fois d’analyser les conséquences de leur enfouissement en couches profondes et d’explorer d’autres techniques de traitement des déchets. Il n’est pas sûr que ce protocole ait été parfaitement respecté. Le Parlement doit en principe se prononcer l’an prochain : il faut s’attendre à un joli débat.

L’autre question soulevée par cette affaire est bien évidemment celle de notre politique énergétique. Je suis convaincu que le choix du nucléaire a été bénéfique pour la France. Il a permis de réduire notre dépendance énergétique. Il serait parfaitement absurde de le remettre en cause du jour au lendemain. Mais je suis conscient de ce que le nucléaire ne résout pas à long terme le problème de l’accès aux ressources. Et, surtout, qu’il pose le problème épineux des déchets. Le projet Iter, qui démarre à Cadarache, permettra d’expérimenter l’utilisation d’un composé plus abondant et beaucoup moins nocif : l’hydrogène.

Mais je crois que nous devrons concentrer nos efforts des prochaines décennies sur l’ensemble des énergies propres et renouvelables. La France a réussi dans le domaine du nucléaire dès les années 1950. Elle devra réussir de la même manière dans les énergies nouvelles. Or nous sommes très en retard dans ce domaine. Je ne prendrai qu’un exemple : celui des piles à combustible qui, demain, alimenteront les moteurs électriques de nos voitures et de nos camions. C’est un enjeu décisif puisque les transports terrestres sont une des principales sources de pollution.

Que constate-t-on ? Que Toyota a pris une avance considérable avec ses voitures hybrides. Que les autres constructeurs japonais suivent. Que Peugeot continue à produire des voitures diesel. Que Renault a renvoyé le problème à Nissan ! C’est là que la détermination publique fait défaut. En France, dans ces domaines, il faut une incitation de l’Etat. »

PAGES 274-275 Vendredi 7 octobre

« Je participe à Dunkerque à un colloque sur la politique industrielle organisé en commun par Dominique Voynet et Michel Delebarre. Je veux convaincre, notamment les Verts, que l’on peut mener une politique industrielle respectueuse de l’environnement. Je veux aussi saisir l’occasion de montrer que je ne suis pas, comme certains l’imaginent parfois, un affreux « nucléocrate ».

Je ne suis évidemment pas devenu un croisé de l’antinucléaire. Je persiste à penser que la France a fait un bon choix dans les années 1950 et qu’elle continue d’en percevoir les dividendes. Je suis aussi convaincu que l’électricité d’origine nucléaire nous sera nécessaire longtemps encore. Pour beaucoup de militants Verts, cela suffirait à justifier mon excommunication. Je crois pourtant avec la même force que nous devons tout faire pour raccourcir la période pendant laquelle les réacteurs nucléaires que nous possédons nous seront encore indispensables en investissant massivement dans la recherche et le développement des énergies propres comme dans les économies d’énergie.

Dominique Voynet sait tout cela. Et c’est même pour cela qu’elle m’a invité à venir aujourd’hui. […] »

DANS UNE INTERVIEW A LIBERATION (2006)

« Le monopole privé est la pire des situations », itw au journal Libération du 7 septembre 2006 sur le projet de fusion GDF-Suez.

http://www.liberation.fr/evenement/010159722-le-monopole-prive-est-la-pire-des-situations

Et le nucléaire ?

« Il n’y a aucune raison pour que le sujet soit tabou. Nous avons un avantage en matière nucléaire que nous avons intérêt à maintenir. Sur ce sujet, je ne suis pas pour la politique de l’autruche, consistant à jouer à cache-cache avec les Verts. Il faut aller beaucoup plus loin dans la transparence, notamment sur la question lancinante des déchets et de la sécurité. »

Pourquoi la politique énergétique ne constitue-t-elle pas un sujet majeur du projet socialiste ?

« Je veux présenter aux socialistes d’abord, au pays ensuite, les grands problèmes que le président sera amené à traiter. Il y a des problèmes malheureusement traditionnels : l’emploi, le pouvoir d’achat, la solidarité. Mais il y a aussi de grands problèmes internationaux, parmi lesquels, les questions liées à l’après pétrole : l’épuisement de la ressource, son prix, ses conséquences environnementales, ainsi que ses conséquences géopolitiques notamment l’instabilité que crée la dépendance en hydrocarbures, et aussi le débat sur le nucléaire et les énergies renouvelables. La préparation de l’après pétrole me parait absolument décisive. Et cela relève du président de la République. »

Enfin, plus modestement vous trouverez d’autres références et un texte sur la place de l’écologie dans le renouveau social-démocrate créé écrit après notre échec de 2006.
En 2006, nous aurions pu être prêts, nous avions ce qu’il fallait pour gagner 2007. Souvenons-nous en pour préparer les mois qui viennent et l’élection de 2007.