Caricature de nos défauts

Il n’aura échappé à personne que quelques dessins publiés peuvent faire couler beaucoup d’encre et encore plus de salive. Que d’emphase et d’envolées tour à tour lyriques, compassées, haineuses ou exaltées ! Et pourquoi tant de bruit et de fureur mon dieu (prennez celui qui vous convient, ou tout un panthéon et même un concept philosophique et athée si cela vous va mieux) ?

Dans ce débat, qui en fait n’en n’est pas franchement un, chacun semble vouloir monter à la tribune pour crier au monde et à la cantonade, sa vérité universelle et inaliénable. Le problème n’est alors pas tant que chacun affirme ses convictions que de nous faire croire qu’il s’agit là d’un échange, et que chacun doit faire un effort pour arriver à un compromis, à un ménagement des susceptibilités, à une hypothétique harmonie tolérante. N’y aurait-il pas là une croyance qui heurte mes propres convictions ?Ces domaines de convictions intimes sont par nature absolus et tranchés, inconciliables ; lorsque l’on se déclare croyant ou non croyant, on ne peut pas l’être à moitié et l’affirmation marquée des convictions d’un camp, heurtera nécessairement celles de l’autre. L’intelligence ne consiste pas ici à argumenter sans fin sa position ou à se confondre en mièvres excuses faussement consensuelles, mais de s’en remettre, en silence, à la loi et à ses principes. Dans nos sociétés, nous avons gagné la liberté de nous exprimer et de publier ce que bon nous semble. Dans nos sociétés, nous avons gagné la liberté de demander des réparations si nous nous sentons victime d’un préjudice. Dans nos sociétés, c’est la loi qui tranche les conflits. Pas les éructations médiatiques.Alors oui, tous ceux qui ont publié des caricatures ont eu raison de le faire. Et oui, tout ceux qui s’estiment blessés par ces caricatures ont raison de demander réparation. Mais tout ceux qui font de l’affaire un sujet d’agitation, de rejet de l’autre et de basse manoeuvre politique, sont à renvoyer dans la basse court des révolutionnaires stériles et des apprentis fascistes.Je ne prétends pas que notre système républicain, démocratique et laïque soit l’aboutissement ultime des espoirs politiques de toute société, mais la démocratie donne à chacun les moyens de l’expression, avec ses excès possibles, et la laïcité cherche à trouver un équilibre entre croyance et non croyance (la laïcité n’est pas l’expression du camp de l’athéisme comme on cherche trop souvent à nous le faire croire, mais la recherche de l’équilibre du maximum d’expression des convictions de chacun dans le respect de celles de l’autre). En fait, ce qui pêche le plus dans cette affaire, c’est bien la république, trop faible pour rappeler les principes, en partie parce que ses propres dérives passées et présentes ont mis à mal ces mêmes principes, tout particulièrement sur la séparation des pouvoirs et du rôle de la justice.
Si notre république avait été plus saine et plus forte, tout ceci n’aurait eu de véritable retentissement que dans tous ces pays où un gouvernement oppresseur cherche à détourner le regard du peuple, de ses propres insuffisances vers la haine classique de l’étranger. Mais cela n’a pas été le cas. Peut-être n’est-il pas trop tard ?

Le congrès du PS expliqué aux enfants pour qu’ils l’expliquent à leurs parents

On lit vraiment tout, et principalement n’importe quoi sur la préparation du congrès socialiste de l’automne.

Chaque communiqué, chaque action, chaque déclaration, chaque silence semble devoir générer son flot d’explications, explications qui se résument en fait à un pot pourri de lieux communs sur fond de photos surannées prises au temps de Jospin, voire Mitterrand lorsque cela ne remonte pas à Jaurès ou Marx…

Qu’en est-il vraiment ? Il n’aura échappé à personne (ou pas à grand monde), que le PS a pris une pâtée quasi historique à la dernière présidentielle. Cette élection en forme d’acte de décès entérinait ce que les socialistes auraient dû acter depuis longtemps : l’idéologie de gauche de la fin du XXème siècle était arrivé à un tel point d’obsolescence qu’elle a été incapable de trouver une majorité alors même que l’électorat cherchait à élire un président de gauche.

Nous en sommes donc là : la mort étant avérée, il faut publier l’acte de décès pour pouvoir donner naissance à un nouvel espoir, héritier du socialisme et de la social-démocratie.