Grèce, Espagne, Italie, Royaume Uni, Islande, pays de l’Est, Turquie, Irak/Syrie et maintenant États Unis.
Toutes ces zones du monde dont la liste n’est hélas pas exhaustive, ont en commun d’avoir fait d’étranges choix de gouvernement depuis quelques mois ou au plus quelques années. Il y a bien sûr une énorme différence entre le proto-état Daesh et le parti pirate en Islande, mais dans tous les cas ces pays ont évolué vers des choix politiques qui à l’évidence ne vont pas dans le sens de solutions pouvant rationnellement permettre de construire l’avenir de façon sereine.
Les peuples semblent vouloir choisir ou a minima accepter des gouvernements souvent brutaux du moment que cela marque une cassure avec leur présent.
Certes, il s’agit dans tous les cas de se débarrasser d’une classe politique jugée illégitime, une classe politique qui au fil du temps semble s’être changée en aristocratie de plus en plus fermée. Mais pas seulement.
Le pari de cette classe dirigeante était sans doute que les progrès, objectifs, qu’ils apportaient à leur peuple seraient suffisants pour les maintenir au pouvoir. Et ces progrès ne sont ni nuls ni négligeables. L’espérance de vie planétaire a largement augmentée (+6 ans ces 12 dernières années), grâce à internet il n’est plus impossible d’avoir un accès universel à la connaissance, le développement économique a enrichi de plus en plus de peuples, et la liste pourrait encore être longue.
Alors pourquoi rejeter si brutalement un personnel politique certes impopulaire mais loin d’être inefficace ?
Plusieurs éléments sont évidents :
- il y a eu progrès certes, mais en même temps explosion des écarts inégalitaires
- l’accès universel à l’information et la connaissance va de pair avec une plus grande autonomie d’analyse et donc de choix
- l’écart entre le discours markettée et la réalité vécue et perçue au quotidien a atteint un tel point qu’elle tend à devenir une crise schizophrénique
Mais à mon sens, il y a encore au moins un autre élément extrêmement puissant qui est le vrai déclencheur de ces choix destructeurs de gouvernants. Les peuples comprennent ou perçoivent parfaitement que le monde dans lequel ils ont vécu jusqu’ici est au mieux en train de mourir et très probablement déjà mort. Il ne s’agit pas là d’une évolution conceptuelle mais d’une réalité très triviale et sensible.
Dans un monde d’hyperconnectivité, la notion de vie privée et probablement d’individu disparaît. Personne n’a jamais vécu quelque chose de semblable.
Dans ce mode de biologie avancée, un enfant ne nait plus de deux parents mais potentiellement de 6 (deux parents légaux, une mère porteuse et potentiellement trois parents génétiques). Ceci en attendant qu’une greffe d’utérus puisse être fonctionnelle chez un « homme ».
Dans ce monde à la technologie triomphante, les champions d’échec et de go sont des machines, tout comme les meilleurs spécialistes diagnosticiens. Et ces intelligences greffées sur des robots sont maintenant en train de rendre réel ce qui n’était que science-fiction. La bonne vieille bagnole qui gonflait d’orgueil James Dean n’existera plus dans quelques années.
Dans ce monde au climat vacillant, on ne produira bientôt plus le même vin à Bordeaux et les blés de la Beauce seront bientôt remplacés par des orangers.
Et la liste pourrait être encore longue…
Que ce soit conscient ou pas, l’homme de la rue sait que le monde de demain n’est pas celui qu’il connait et il constate que les gouvernements actuels sont incapables de lui parler de cet avenir. Comment dans ce cas ne pas choisir ceux qui au moins lui disent qu’ils ont un projet pour demain, même lorsque c’est à l’évidence peu crédible. Peu crédible c’est toujours mieux que rien du tout !
Et en France ? Comme partout ailleurs, on se convint qu’aux futures élections cela sera comme d’habitude et que les discours extrémistes, excluants, violents, obscurantistes autant que complètement stupides ne passeront pas. Pas chez nous, pas ici ! Mais en quoi proposons-nous une alternative différente de ce qui s’est passé ailleurs ? En quoi Juppé / Sarkozy, Hollande ou autres Macron sont-ils différents d’Hillary Clinton ?
Battre le clan Le Pen aux futures élections est simple et plutôt facile. Il suffit juste de présenter des candidats inattendus (à défaut d’être neufs) et de dire comment on va construire ce monde qui de toute façon changera de gré ou de force.
Il faut parler survie climatique.
Il faut parler survie de l’individu et de sa vie privée.
Il faut parler place des personnes dans un monde du travail où la machine et l’IA le surpasse.
Il faut faire ensemble les choix de l’avenir d’Homo Sapiens.
Il faut dire que l’on va ensemble affronter l’avenir et qu’on ne laissera tomber personne.
Il faut avouer que personne ne sait comment construire ce demain, mais qu’avec le courage, l’intelligence, le profond sens de l’intérêt commun on a une chance de réussir. Il n’y a pas de retour en arrière possible, autant se donner toutes les chances en commençant par ne pas choisir le crépuscule mais en recherchant où se lève le soleil.