Ces derniers temps, alors que je ramais pour faire progresser l’idée que les régions voire les collectivités locales en général pourraient elles aussi combattre efficacement la crise financière et de confiance des subprimes (par le biais de relais de trésorerie auprès des PME sur quelques semaines), je me suis vu opposer un certains nombres d’arguments, certains assez prévisibles, d’autres assez étonnants.
Dans les prévisibles on trouve l’objection sur la difficulté qu’il y aurait pour les régions à agir rapidement et de façon souple sur des finances privées, en relais des banques qui s’annoncent frileuses, sinon cloitrées dans leurs coffres forts. Il est exact que les fonctionnaires régionaux n’ont, pour la plupart, jamais eu à décider rapidement en fonction d’éléments financiers ne relevant que du secteur privé, et que la prise de risque nécessaire à la gestion d’une telle crise leur est très étrangère. Pourtant, à crise exceptionnelle, réponse exceptionnelle, et je pense qu’en l’absence prévisible d’actions pertinentes et préventives du pouvoir central, une telle implication des régions représenterait une ligne défensive efficace car au plus près des difficultés des PME, qui plus est, dans la droite ligne des actions faites à un autre niveau par le FMI et les banques centrales. On verra bien.
Côté étonnement, il y tout simplement un argument de déni : notre économie est déconnectée de l’économie américaine, nos fondamentaux sont solides, rien ne se passera ! En sommes, après la ligne bleue des vosges qui avait arrêté les radiations, nous devrions nous reposer sur la crête flamboyante des monts d’Arets bretons pour stopper le tsunami venant d’Amérique. Une telle volonté de nier la réalité (en l’occurrence la difficulté croissante qu’il y a à obtenir des prêts pour les PME autant que pour les particuliers) me parait tout simplement surréaliste. Elle n’est hélas pas sans rappeler le déni qui freine la mise en place de mesures efficaces contre le réchauffement climatique, pas sans rappeler l’immobilisme médusés de ceux qui ne voient pas arriver la fin de l’ère du pétrole en tant qu’énergie abondante et souple.
Qu’en conclure ? Finalement, le plus grave n’est pas le problème lui-même, mais l’incapacité qui semble avoir été développée de comprendre un risque, de l’assimiler et d’agir. Il est normal de rencontrer des crises, comme il est normal de les affronter. Or nous sortons d’une époque où il fallait choisir entre le credo “l’état peut tout pour vous” et le credo “ne faites rien, le marché s’occupe de tout”. Non, la solution réside dans notre capacité à entreprendre collectivement les actions nécessaires pour résoudre un problème réel et potentiellement mortel. Le danger ne doit pas nous paralyser, le péril ne doit pas nous conduire à nier et la réalité, et nos capacités à nous surpasser dans une période exceptionnelle.