Analyse critique de la connerie : de la déliquance au sécuritaire

UMP national socialisme

Cet été, l’équipe de com’ du gouvernement Sarkofillon a semble-t-il décidé d’occuper le terrain en ressortant un dossier pourtant plus usé qu’une vieille espadrille : la sécurité.

La chanson est charmante : ces socialistes mâtinés de national-socialisme (rien que cela), ces incapables angéliques qui pérorent et n’agissent jamais (communiqué du 11.8.2010 de D. Paillé), alors que nous à l’UMP on est bons, on défend les Français (les vrais), on agit (même si c’est pour arrêter des dizaines de types devant les caméras et les relâcher le lendemain vu que l’on n’a rien contre eux), bla bla bla, bla bla bla. Je pense que d’ici la fin de l’été nous aurons droit à l’annonce d’une nième loi sécuritaire dont le francicide Sarkozy a le secret, et qui viendra compléter utilement la loi de déchéance de nationalité qui a peu de chance de passer à moins d’une reddition parlementaire vichyssoise (méfions-nous tout de même !).

Mais revenons aux bases du problème en quelques questions.

  1. La France a-t-elle des problèmes de délinquance, en particulier de délinquance des jeunes ? Oui, c’est une évidence.
  2. Les lois sécuritaires dont Sarkozy nous abreuve tous les trois ou quatre mois ont-elles donné des résultats ? A l’évidence non puisqu’il ressent le besoin de continuer à en générer de nouvelles en montant crescendo dans la privation de libertés et de droits (alors même que la loi annoncée sur la nationalité est en conflit direct avec l’article 15 de la déclaration universelle des droits de l’homme).
  3. La gauche est-elle permissive, angélique, criminogène, contre l’honnête citoyen et pour les voyous ? Non, tout acte délinquant ou criminel doit être condamné et réparé sans faillir ni faiblir. Mais cela mérite que l’on s’y arrête 2mn pour expliquer un tant soit peu les fondements de notre position.

Le traitement réfléchi de la sécurité mêle au moins deux éléments forts et clivant droite / gauche dans l’approche que l’on peut avoir d’une société :

  1. le rapport à l’ordre
  2. le rapport à la responsabilité groupe / individu

L’homme de droite a généralement un rapport à l’ordre très marqué : la déviance à la norme n’est pas tolérable, l’ordre doit être respecté avec une composante judiciaire et policière puissante (on remarquera au passage chez Sarkozy un fort attachement à la police et une défiance tout aussi forte envers la justice).
Concernant la responsabilité, chacun est supposé éclairé et comptable de ses actes : même si les conditions sont défavorables, le délinquant disposant de son libre-arbitre pouvait choisir le bien ou le mal, s’il dévie il doit en assumer l’entière responsabilité, le “bon citoyen” n’ayant aucune responsabilité soutient totalement les actions allant dans le sens de l’ordre qui par ailleurs le protègent.

L’homme de gauche a un rapport à l’ordre moins marqué, la liberté s’accommodant plus difficilement de la norme sociale, et le citoyen émancipé se retrouvant quelque peu étouffé dans un univers normatif trop contraignant. Les relations avec le groupe sont choisies, non subies.
Concernant la responsabilité, chacun est contraint par son environnement et lorsque quelqu’un se retrouve dans un environnement criminogène, l’individu seul ne peut pas être comptable de tout : la société a sa part de responsabilité.

Il est à noter que ces deux positions sont présentées de façon simplifiée et ne représentent pas la complexité qui construit effectivement chacun de nous.

A partir de là, il est aisé de comprendre qu’une position de droite est plus facile à défendre qu’une position de gauche : pour la droite, un délinquant = une sanction sans nuance = la préservation de la quiétude de tout un chacun, alors que pour la gauche, la sanction est nécessaire mais nous questionnons la part de responsabilité de monsieur tout-le-monde. Avons-nous fait ce qu’il fallait pour éviter que le délit ne soit commis ? Ce qui aboutit à la question de l’équilibre entre prévention et répression. Réprimer est facile et visible (satisfaisant ?), prévenir est long, non visible, aux résultats éternellement remis en question.

Les discussions autour des “shooting rooms” illustrent d’ailleurs parfaitement ce débat. Roselyne Bachelot vient de se faire sévèrement recadré pour avoir voulu tester en France ces lieux où les toxicomanes (donc délinquants aux yeux de l’ordre) peuvent venir prendre leur drogue. Les intérêts sont pourtant là : disparition des seringues dans la nature, possible encadrement psychologique et médical des toxicomanes, diminution du trafic de drogue et de la délinquance liée. La société s’occupe d’un problème de façon préventive. Certes, mais du point de vue de l’homme de droite, c’est un délinquant, il est libre et comptable de ses choix, la société n’a pas à faire autre chose qu’à le ramener de force dans le droit chemin : l’aider à se droguer est inacceptable même si de facto, cela permet de traiter nombre de problèmes de sécurité et de santé.

La gauche n’aime pas l’approche sécuritaire (voire militaire ce qui est le degré au-dessus) des problèmes sociaux, non pas parce qu’elle est tolérante vis-à-vis de la délinquance, qu’elle a une vision angélique des solutions, mais parce qu’objectivement, les problèmes de sécurité sont un tout incluant éducation (l’école), prévention (l’assistance sociale et judiciaire) et répression (police et justice). Ces trois éléments doivent être adressés de façon globale et cohérente. Lorsque ce n’est pas le cas et que l’on se focalise sur le sécuritaire, c’est l’échec assuré même dans les expériences d’encadrement militaire qui finissent invariablement par échouer, où la volonté de prévention est traitée de façon coercitive et normative (ce qui est en soit un paradoxe puisque le rejet de l’autorité est censé être traité par un renforcement de l’autorité)

La société, en créant des situations qui désespèrent les jeunes parce qu’objectivement ils n’ont pas d’avenir, doit également travailler sur elle-même. “L’honnête citoyen” ne peut pas se contenter d’avoir peur devant sa télé, mais doit encourager les efforts pour recréer les conditions d’un avenir pour tout-un-chacun. Quelqu’un qui n’a pas d’avenir a toutes les raisons de se révolter : ce n’est pas une idée laxiste, mais un constat de bon sens. Les réflexions sur la politique de la petite enfance menées par les sociaux démocrates vont dans ce sens : comment peut-on rebattre structurellement les cartes attribuées à la naissance, cartes qui vous condamnent parfois dès votre première heure de vie à entrer sur la voie de la délinquance. Cette voie nouvelle doit être explorée et proposée aux Français en 2012.

Une réflexion sur « Analyse critique de la connerie : de la déliquance au sécuritaire »

  1. 1.

    Je suis entièrement d’accord avec cet article, que je trouve excellent.
    Je suis quelque surprise par le silence des dirigeants de l’Union Européenne. Naïvement, peut-être, l’Europe reste pour moi les Lumières, l’”abolitionnisme, les droits humains…

    Comment by Micheline Potignon — 18 August 2010 @ 1:11 pm

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