Quand je serai président : une ébauche de programme, partie I

Choisir sa société.

Je propose de partir de la pyramide de Maslow pour définir ce choix. Cette pyramide, bien que discutable sur certains points, a le mérite d’être simple et compréhensible pour le commun des mortels et elle fournit une grille de lecture suffisante pour notre propos.

1) Quels sont les besoins fondamentaux sur lesquels chaque citoyen est en droit d’attendre satisfaction de la part de son pays ? A ce jour, notre constitution ne garantit pas un droit minimal ni à la nourriture, ni à l’hébergement, elle donne quelques garanties de soins, au mineurs en particuliers, et est très vague quant à ce qui touche à la vie et à la mort. Elle ignore le droit d’accès à l’énergie.
Tous ces éléments ne sont pas complètement écartés mais ils sont généralement traités par le biais de prestations financières. On répond par l’argent à des besoins très humainement primaires, ce qui au final déshumanise et rend vide de sens ces prestations dont la justification finit invariablement en arguties de gestionnaires.
Je propose donc de garantir constitutionnellement le droit à une ration alimentaire minimale,
le droit à quelques mètres carrés chauffés et entretenus, le droit à un ensemble de soins préventifs définis ainsi qu’aux soins d’urgence, et le droit à un accès minimal à l’énergie (sous forme de quotas d’électricité ou de titre de transport par exemple). Suivant sa sensibilité politique, chacun pourra placer le curseur de ce qu’il définit comme absolument nécessaire, mais je ne conçois pas que notre société puisque continuer à ne pas définir un seuil minimal.
La définition et les droits à la vie et à la mort sont plus complexes à statuer constitutionnellement, mais rien n’empêche que cette même constitution ouvre ce débat et demande que la société progresse pour pouvoir y donner une réponse. Si nous ne sommes pas assez mûrs pour répondre à une question aussi fondamentale, une nation digne de se nom doit au moins avoir le courage d’affronter son ignorance.

2) Quels sont les besoins de sécurité sur lesquels chaque citoyen est en droit d’attendre satisfaction ?
Là doivent être définis les équilibres entre prévention, action policière, justice pour la partie
crimes et délits, mais également formation tout au long de la vie, protection sociale de l’individu permettant de garantir que chaque citoyen conserve une place au sein de notre société. L’insécurité me semble être le ressenti douloureux d’un écart entre un individu qui s’isole et un univers qui lui échappe et lui apparaît hostile.
Nos lois doivent garantir l’arrimage de chaque citoyen à la nation. Là également, chacun pourra fixer les mécanismes d’arrivage en fonction de sa sensibilité politique.

3) Quels sont les éléments qui identifient l’appartenance au groupe France ? En clair, qu’est-ce qui fait de chacun un citoyen, qu’est-ce que la majorité, qu’est-ce que le mariage, en quoi les relations avec les autres citoyens européens sont particulières ? Ces éléments sont classiquement mieux définis que les éléments précédents mais ils sont largement remis en cause. Une évolution ne peut être le seul fait des spécialistes comme l’a montré le rejet de constitution européenne.

4) Quels sont les éléments qui permettent à chaque citoyen de s’accomplir au sein de notre société, en particulier sur le plan politique ? Nous devons restaurer des mécanismes d’ascenseur social et sortir l’élite politique de sa stricte enclave aristocratique adoubée par notre système de grandes écoles à vocation politique. La république doit à la fois restaurer la diversité et choisir son personnel politique non pas à travers les hasards carriéristes mais sur des critères de compétences choisies par la nation.

De la réponse à ces questions doit décliner un choix assumé de société puis gravé dans la constitution et la loi.
La constitution ne doit plus être une simple définition organique de l’administration du pouvoir politique.
Au fil du temps, la Vème république a perdu son âme et son élan ; les citoyens doivent lui redonner cette âme et cet élan.

Quand je serai président : analyse

M’étant réuni avec moi-même, j’ai décidé d’être candidat à la candidature. Mais n’étant pas acoquiné avec des journalistes, j’en suis réduit aux analyses et à la proposition d’idées. Donc, concitoyen mon futur électeur, commençons par quelques analyses.

Choisir sa société.

Il est faux de dire que la France est un pays d’hyper protection (chaque hiver, elle laisse mourir des gens qu’elle peut facilement sauver) aussi bien que c’est un pays d’archaïsme économique (nos entreprises sont de grands prédateurs sur la scène économique mondiale). Par contre, la France manque d’une vision claire et volontaire de ce qu’elle met en œuvre pour ses protections sociales en particulier et ses grands choix stratégiques en général, et a surtout perdu la dynamique offerte par une vision, un objectif commun. Les choix de société ont été effectués par empilement de strates, souvent par la force du combat (reconstruction après guerre autant que luttes syndicales). Or par conservatisme, aucune de ces strates ne peut être remise en cause, ce qui complique de plus en plus chaque avancée.

Toutes nos avancées sociales n’ont pas permis à l’état de garantir a minima des éléments de survie aussi basiques qu’une ration alimentaire minimale, un abris ou l’accès à un niveau minimal d’énergie. Toutes ces avancées ne réussissent pas à annihiler le fatalisme générationnels des familles condamnées à vivre en marge d’une société opulente. L’espoir d’une croissance économique permettant de gommer tous les problèmes est un leurre autant qu’un aveu d’impuissance : certains meurent en France à cause de nos choix tacites et non assumés, aucunement parce que l’économie va plus ou moins mal. L’économie est un outil permettant de dégager des moyens, rien d’autre.

Parce que, crispés sur nos verrous, nous refusons de négocier des renoncements contre des avancées, parce que nous nous focalisons sur l’outils et non le but, nous les condamnons à mort.

Mouvement et Verrous

Le mouvement : la réforme se fait difficilement à petits pas et par demi-mesures, et encore moins en France qui ne connaît par grand chose entre le conservatisme (avec sa variante “l’évolution oui mais pas ça et pour les autres”) et les évolutions par rupture violente. Or quoi qu’il arrive, moins on change et plus il est nécessaire de changer à cause de l’écart croissant avec un point de stabilité (nos sociétés ne sont pas des isolats adiabatiques). Mais rien ne changera si les français ne participent pas à un fort mouvement collectif ou si un accident externe ne détruit pas de facto les verrous.

Les verrous structurels

En plus d’une classique résistance psychologique au changement, la France s’est dotée d’institutions qui verrouillent intellectuellement les possibilités de changement (contrairement à d’autres sociétés qui ont des institutions laissant la place à l’interprétation, donc à l’évolution de la pensée institutionnelle). Nos administrations ont été conçues pour être stables (ce qui est raisonnable) et les élites formées pour les conduire ont été éduquées et sont mises dans des situations personnelles qui les obligent à toujours orienter leurs choix vers la stabilité, ou au mieux une évolution cosmétique (ce qui ne permet pas une analyse objective et détachée, mais génère une aristocratie adhérent à la fameuse “pensée unique”). Cette déformation de l’esprit a également été étendue au secteur privé pour ce qui est des grandes entreprises ou des média, Sciences Po plus encore que l’ENA semble en être la source. A un niveau moindre, l’école de la république a rendu “évidente” la nécessité de stabilité en toute circonstance. Intellectuellement, le français est formaté pour être stable, alors qu’émotionnellement il est plutôt “soupe au lait”. Enfin, dernière composante, le monde universitaire normalement vivier de l’hétérodoxie potentielle est lui aussi verrouillé soit par les grandes administrations de recherche, soit par le schéma de carrière proposé aux éléments prometteurs.

Au final, la stabilité souhaitable pour un état, aboutit à un questionnement quasi permanent (le français conteste “par nature”), rejeté jusqu’à l’instant de la prochaine rupture. La France ne connaît ni mouvement long et soutenu d’évolution structurelle, ni stabilité, juste des crises de rupture.

La menace des ruptures subies

Beaucoup plus que les guerres ouvertes ou larvées (terrorisme), ce qui nous menace aujourd’hui (dans le sens : ce qui peut nous faire basculer définitivement et de façon non voulue vers “autre chose”) ce sont

1) la rupture énergétique (fin de l’ère du pétrole) et

2) une rupture climatique.

1) La rupture énergétique est la plus facile à négocier car anticipable et pouvant être progressivement résolue à moyen terme (moins de 10 ans probablement) par des sources palliatives et une baisse des besoins énergétiques. Le plus grand danger est de ne pas anticiper à temps à cause d’une trop grande confiance en soi ou pire, dans les données fournies par les états ou les sociétés pétrolières. En la matière, il faut adopter un raisonnement probabiliste : tous les acteurs pétroliers ont intérêt à gonfler les chiffres de leur stock et tous les consommateurs ont psychologiquement intérêt à se rassurer. Il est prudent et logique de croire dans ce contexte à la fin rapide de l’ère pétrolière. En l’absence d’une solution de remplacement, notre société changerait fortement d’aspect, principalement par “l’allongement” considérable des distances de transport des biens et des personnes.

2) La rupture climatique (modification profonde des saisons, disparition des écosystèmes, augmentation du nombre et de l’intensité des événements météorologiques catastrophiques, …) elle, ne peut être qu’atténuée dans ses effets sur notre société (nous ne pourrions lutter contre des “moussons cévenoles” qui transformeraient le Languedoc Roussillon en marais ni contre un plongeons précoce du Gulf Stream, ni contre une hausse forte et rapide du niveau des océans) mais nous pouvons apporter des mesures de protection préalables aux populations et industries concernées. Une rupture climatique non anticipée aboutirait probablement à des mouvements migratoires et des désordres sociaux catastrophiques. Cette fois, c’est l’identité même de la société française qui serait impactée.

Je promets de publier quelques pistes de solutions avant mon deuxième mandat…

Caricature de nos défauts

Il n’aura échappé à personne que quelques dessins publiés peuvent faire couler beaucoup d’encre et encore plus de salive. Que d’emphase et d’envolées tour à tour lyriques, compassées, haineuses ou exaltées ! Et pourquoi tant de bruit et de fureur mon dieu (prennez celui qui vous convient, ou tout un panthéon et même un concept philosophique et athée si cela vous va mieux) ?

Dans ce débat, qui en fait n’en n’est pas franchement un, chacun semble vouloir monter à la tribune pour crier au monde et à la cantonade, sa vérité universelle et inaliénable. Le problème n’est alors pas tant que chacun affirme ses convictions que de nous faire croire qu’il s’agit là d’un échange, et que chacun doit faire un effort pour arriver à un compromis, à un ménagement des susceptibilités, à une hypothétique harmonie tolérante. N’y aurait-il pas là une croyance qui heurte mes propres convictions ?Ces domaines de convictions intimes sont par nature absolus et tranchés, inconciliables ; lorsque l’on se déclare croyant ou non croyant, on ne peut pas l’être à moitié et l’affirmation marquée des convictions d’un camp, heurtera nécessairement celles de l’autre. L’intelligence ne consiste pas ici à argumenter sans fin sa position ou à se confondre en mièvres excuses faussement consensuelles, mais de s’en remettre, en silence, à la loi et à ses principes. Dans nos sociétés, nous avons gagné la liberté de nous exprimer et de publier ce que bon nous semble. Dans nos sociétés, nous avons gagné la liberté de demander des réparations si nous nous sentons victime d’un préjudice. Dans nos sociétés, c’est la loi qui tranche les conflits. Pas les éructations médiatiques.Alors oui, tous ceux qui ont publié des caricatures ont eu raison de le faire. Et oui, tout ceux qui s’estiment blessés par ces caricatures ont raison de demander réparation. Mais tout ceux qui font de l’affaire un sujet d’agitation, de rejet de l’autre et de basse manoeuvre politique, sont à renvoyer dans la basse court des révolutionnaires stériles et des apprentis fascistes.Je ne prétends pas que notre système républicain, démocratique et laïque soit l’aboutissement ultime des espoirs politiques de toute société, mais la démocratie donne à chacun les moyens de l’expression, avec ses excès possibles, et la laïcité cherche à trouver un équilibre entre croyance et non croyance (la laïcité n’est pas l’expression du camp de l’athéisme comme on cherche trop souvent à nous le faire croire, mais la recherche de l’équilibre du maximum d’expression des convictions de chacun dans le respect de celles de l’autre). En fait, ce qui pêche le plus dans cette affaire, c’est bien la république, trop faible pour rappeler les principes, en partie parce que ses propres dérives passées et présentes ont mis à mal ces mêmes principes, tout particulièrement sur la séparation des pouvoirs et du rôle de la justice.
Si notre république avait été plus saine et plus forte, tout ceci n’aurait eu de véritable retentissement que dans tous ces pays où un gouvernement oppresseur cherche à détourner le regard du peuple, de ses propres insuffisances vers la haine classique de l’étranger. Mais cela n’a pas été le cas. Peut-être n’est-il pas trop tard ?

Le congrès du PS expliqué aux enfants pour qu’ils l’expliquent à leurs parents

On lit vraiment tout, et principalement n’importe quoi sur la préparation du congrès socialiste de l’automne.

Chaque communiqué, chaque action, chaque déclaration, chaque silence semble devoir générer son flot d’explications, explications qui se résument en fait à un pot pourri de lieux communs sur fond de photos surannées prises au temps de Jospin, voire Mitterrand lorsque cela ne remonte pas à Jaurès ou Marx…

Qu’en est-il vraiment ? Il n’aura échappé à personne (ou pas à grand monde), que le PS a pris une pâtée quasi historique à la dernière présidentielle. Cette élection en forme d’acte de décès entérinait ce que les socialistes auraient dû acter depuis longtemps : l’idéologie de gauche de la fin du XXème siècle était arrivé à un tel point d’obsolescence qu’elle a été incapable de trouver une majorité alors même que l’électorat cherchait à élire un président de gauche.

Nous en sommes donc là : la mort étant avérée, il faut publier l’acte de décès pour pouvoir donner naissance à un nouvel espoir, héritier du socialisme et de la social-démocratie.