Mouvement et Verrous : l’expérience du recuit simulé
La mise en mouvement d’une société verrouillée est un vrai défi : elle ne peux se faire que par l’adhésion des citoyens qui sont a priori contre toute évolution. Contrainte supplémentaire, ce conflit entre nécessité et volonté ne doit pas se régler à travers les soubresauts violents dont nous sommes coutumiers. Puisque nous ne pouvons ni réformer suffisamment l’existant, ni le brûler, il me semble préférable de construire en parallèle de l’existant une société redynamisée, en prenant garde toutefois de le faire de façon positive pour tous, et à travers l’adhésion libre des citoyens qui en ont la volonté et l’énergie. Si l’expérience réussi, elle entraînera l’adhésion de tous, si elle échoue, l’acquis n’aura pas été détruit.
Le message à passer est le suivant : soyons solidaires des efforts de ceux qui veulent progresser, mais ne détruisons pas l’existant avant d’avoir la certitude du mieux.
En pratique et si l’on prend l’exemple d’un des blocages les plus visibles de notre nation, la mission des services publiques doit systématiquement être redéfinie en fonction des besoins des citoyens : quels services rendent l’éducation nationale, l’armée, la culture, les collectivités territoriales, …, les entreprises publiques, la poste etc ? Clarifier le besoins et les objectifs est un préalable absolu. Pour une entité donnée, soit la redéfinition du besoin constitue une évolution mineure et un accompagnement collectif résoudra simplement le problème, soit il s’agit d’une refonte et dans ce cas, une nouvelle entité doit être bâtie en transférant progressivement les moyens, les compétences et les hommes volontaires.
Le pari étant qu’une fois la volonté collective actée contractuellement et le mouvement amorcée, les dénis définitifs de changement seront l’exception car ils n’auront plus de fondement.
Cette co-évolution n’est pas en elle-même nouvelle et c’est un mécanisme similaire qui a, par exemple, permis de passer “naturellement” les systèmes bancaires nationaux vers des banques aujourd’hui privées. Le but ici est d’ailleurs moins radical que ce passage public / privé : il s’agit de faire évoluer nos services publics avec des moyens adaptés : déverrouiller sans tout brûler.
En dehors de l’administration, la société elle-même doit être mise en mouvement pour recréer un brassage sociologique mais aussi économique. Ceci peut se faire via la création ex nihilo de villages (l’expérience des villes nouvelles a largement montré l’hérésie des grands projets flamboyants et la renaissance actuelle des villages désertés montre bien l’attachement de tous à cette richesse de nos campagnes). La cible prioritaire seraient les citoyens des actuelles banlieues et les objectifs affichés sont :
– rééquilibrer les banlieues en les allégeant d’une partie de leur population (diminution de la pression interne)
– redonner la possibilité d’un choix de vie et d’un nouveau départ à chaque citoyen volontaire
– créer un mouvement migratoire national interne vers des villages sociologiquement et économiquement viables
– recréer des encrages économiques locaux face à une sphère financière incontrôlable (la micro-économie d’un village n’est pas délocalisable)
– redonner accès à l’économie à des personnes aujourd’hui éjectées durablement d’un système qui rejette définitivement tous ceux qui n’ont pas un niveau de connaissance suffisant et accès à la monnaie électronique (transactions boursières en ligne, mais aussi commerce mondiale via e-bay par exemple, ou revenus via AdSens, etc…).
Ce mouvement d’émigration interne suppose un management très fort car il n’existe pas à ma connaissance d’essai de rééquilibrage de la société sur la base de critères de liberté de choix de vie individuel (les populations sont en général poussées à la migration par des contraintes extérieures fortes).
L’espoir est donc de proposer à chacun un avenir collectif meilleur, construit par les plus dynamiques dans le respect de l’existant.
Chacun pourra participer à cet avenir au moment où il se sentira prêt. Les citoyens ne doivent plus être placés dans une situation de verrou et l’évolution de la société ne doit plus être un cassus belli permanent.