Déchéance

cyranoComme beaucoup d’entre vous, je trouve la fuite de Gérard Depardieu de l’autre côté de la frontière belge tout à fait lamentable, voire pathétique. Manifestement, nous avons là l’illustration du fait qu’entre l’homme et l’artiste, il y a un espace qui dépasse parfois le pic, le cap. Que dis-je, un cap,  c’est au-delà de la péninsule !

Il en est ainsi : l’artiste peut être brillant et l’homme très fade.

Mais ce post n’a pas été écrit pour philosopher sur les errements de l’âme humaine mais suite à la proposition saugrenue d’un député, hélas socialiste, visant à proposer une loi pour déchoir les fuyards fiscaux de leur nationalité. Je suis en désaccord complet avec ce genre de proposition, sur la forme et le fond.

Sur la forme, cela apparaît comme une proposition de circonstance liée à une actualité qui fait buzzer. Nous avons assez souffert de cette façon de faire la politique lors des 5 dernières années où l’UMP, Sarkozy en tête, montait au crachoir à chaque fois que l’agitation médiatique montait en neige. Une fois pour toutes, les lois ne se décident pas en réaction à l’actualité !

Sur le fond, c’est plus grave. La nationalité est consubstantielle à l’identité de l’individu, elle n’est pas contingente à quelque accident de parcours. Génial ou crétinesque, exemplaire ou sujet de honte, la République est bonne mère et accorde la même attention à tous ses enfants.

Et si l’image ne suffit pas, rappelons que la déchéance de nationalité n’est ni conforme à la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui en son article 8 stipule

La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires (…)

ni à la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui en son article 15 stipule

1. Tout individu a droit à une nationalité.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.

Ayons donc sur le cas des fuyards fiscaux en général et de Depardieu en particulier la grandeur et la noblesse qui sied aux citoyens de la République et ne nous abaissons pas au niveau de ses enfants égarés par  leur étroitesse d’esprit et  leur avidité.

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