Bruno Roger-Petit a publié un post émettant trois hypothèses suite à la dislocation en vol de l’Airbus Sarkozy : dissolution de l’assemblée nationale, démission de Sarkozy, élections présidentielles anticipées. Comme ma réponse est un peu longue, je la publie sous la forme d’un nouveau post.
Dissolution de l’AN : c’est un coup possible (à la Chirac) que j’avais envisagé il y a déjà plusieurs mois chez Moscovici. L’idée est de perdre (assurément) la nouvelle législative pour se refaire une santé à travers une cohabition. Le problème étant pour Sarko un peu plus complexe puisqu’il s’agirait d’une double cohabitation : avec le PS mais aussi avec son parti qu’il a largement entrainé dans le trou, déçu et pire encore ici, totalement discrédité. Il faudrait dans l’absolu pour que cela marche un gouvernement d’union nationale et réussir in fine a apparaître comme le sauveur. Plus que délicat pour qui a tout raté depuis 2007.
Démission de Sarko : depuis le départ une telle hypothèse se pose (du moins je me la pose depuis 2007 et n’est-ce pas Léotard qui a écrit “cela va mal finir” ?), elle devient plus crédible mais Sarko n’est pas là pour la grandeur ou un dessein pour la France. Ce qui l’intéresse c’est lui, il sait qu’il n’a plus vraiment de chance d’être réélu, il fera tout pour rester à l’Elysée, quitte à ne plus gouverner.
Élection anticipée : même si j’avais tord pour la démission de Nicolas Sarkozy, elle n’interviendrait qu’au bout de plusieurs mois de bataille (pour l’heure, aucune instruction judiciaire n’est ouverte sur les effets collatéraux de l’affaire Bettencourt), voire une bonne année. Or l’élection présidentielle n’est plus très éloignée et l’on pourrait sans doute à quelques mois près, conserver le calendrier prévu.
Politiquement, quels en seraient les impacts ?
Clairement cela signifierait une purge sanglante au sein de l’UMP avec une lutte entre Copé et D2V pour le leadership du parti. Il n’est cependant pas certain que l’UMP y survivrait et il est plus probable qu’un de ses partis satellites récupère la mise.
Pour le PS, cela simplifierait un de ses problèmes techniques qui est celui de l’organisation d’une primaire qui comme je l’ai montré, souffre d’un vice intrinsèque qui est celui de l’impossiblité de garantir l’équité des candidatures. Lâche soulagement…
Enfin, point finalement le plus important au regard de l’histoire, cela signifierait un marqueur important de la lente agonie de la Vème République dont les principes fondateurs ont perdu de leur force, et ici de leur probité, à force d’être tordus, amendés, contournés. Que manque-t-il aujourd’hui à cette Vème République ? Un vrai contre-pouvoir moral, le regard sévère de la probité et de l’intérêt général, la hauteur et le recul garants de la grandeur et de l’honneur de la France.