Présidentielle 2012 : analyse à la mi-temps

Tous les candidats sont en lice depuis plusieurs semaines, ils ont eu le temps de dévoiler leur stratégie et leurs principales orientations et idées programmatiques.  L’élection n’est pas jouée, mais on peut déjà faire un bilan et un certain nombre de constats.

Les gagnants

Les socialistes ont incontestablement gagné une première bataille sur eux-même. Ce parti qui a failli exploser après 2007 fait aujourd’hui plaisir à voir et à être vu. La mobilisation interne est exemplaire et nos déplacements tant en meeting que sur les marchés sont accueillis très favorablement. Les Finistériens pour ne citer qu’eux, sont manifestement impatients de voter Hollande à la présidentielle, et Richard Ferrand, Chantal Guittet, Gilbert Le Bris, Patricia Adam, Marylise Lebranchu, Annick Le Loc’h et Jean-Jacques Urvoas à la législative. Il ne manque plus qu’une candidature PS en Iroise aux législatives sur la 3ème circonscription pour que le tableau soit parfait !

Autre gagnant, le Frond de Gauche qui a réussi à rassembler la gauche radicale. Il restera à Jean-Luc Mélenchon à construire quelque chose sur la durée en évitant les écueils de certaines dérives et à trouver sa place dans une politique gouvernementale de gauche.

Les perdants

En plus de ceux qui ont jeté l’éponge à gauche (Chevenement) comme à droite (Borloo, Boutin, Morin, Nihous), il y a deux grandes victimes de cette première partie de campagne : la gauche « révolutionnaire » (Arthaud, Poutou qui n’arrivent pas à remplacer Besancenot) et EELV.

L’échec de la gauche révolutionnaire montre clairement, une fois encore, que les Français n’attendent pas le grand soir qui casse tout, mais bien une politique menée par une équipe qui sait où elle va.

Le cas d’EELV est particulièrement singulier puisque les circonstances actuelles (bascule climatique, rupture énergétique, …) auraient dû les aider à capitaliser sur leurs positions. Mais les Français ne les suivent pas, et à l’évidence font même confiance aux autres partis pour mettre en place une politique environnementale cohérente en phase avec leurs attentes et les exigences de l’économie. Le PS en particulier qui a fait l’effort de sa remise en question sur le sujet apparaît plus crédible en matière de politique économique, sociale et environnementale que les écologistes.

Suite à maintes erreurs électorales, à un positionnement politique non approuvé par les Français, à des difficultés financières qui vont être aggravées par cette campagne, l’avenir de ce parti est posé et il risque fort de redevenir ce que finalement il est profondément, une fédération d’associations qui défendent des causes environnementales.

Reste le cas Sarkozy et celui de l’UMP. Quel étrange bonhomme ! Depuis le début de son mandat, il aura vraiment fait tout et n’importe quoi, et depuis ce début de campagne, dit et promis tout et n’importe quoi. Son dernier éclat en date par la voix de son « collaborateur » François Fillon est particulièrement consternant puisqu’il prétend dire à chacun et chacune ce qu’il est politiquement « bon » de mettre dans l’assiette familiale pour résoudre un non-problème d’abattage. On comprend que beaucoup dans les cabinets ministériels ont commencé à chercher un point de chute pour le début de l’été : ils ont bien analysés les sondages et compris que puisque le croisement des courbes d’intention de vote ne s’est pas effectué depuis 15 jours, un vent de sauve-qui-peut s’était levé à l’UMP. Il est d’ailleurs tout à fait incroyable que le staff UMP ait lui-même affirmé qu’il fallait que ces courbes se soient croisées dans les jours suivants la déclaration d’entrée en campagne de Sarkozy sinon c’était « foutu » !

Conclusion

Le combat ne sera terminé qu’au début de l’été, lorsque les Français auront envoyé une majorité PS à l’assemblée nationale. Or ce combat n’est pas du tout gagné actuellement. Sarkozy est mal parti, mais d’une part il n’est pas encore battu et d’autre part le niveau électoral de l’UMP est sans doute supérieur à celui de son calamiteux chef. Nous devons mener de front les deux batailles, avec comme priorité l’élection de François Hollande, mais aussi avec l’idée d’un nécessaire prolongement pour élire une majorité législative PS-PRG. La boucle initiée avec les primaires sera alors bouclée.

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Le changement c’est maintenant, rejoignez-nous sur notre réseau social en Iroise :

Sarkozy veut offrir une breloque plaquée or à Marianne

Comme internet est cruel : on ne peut pas dire une imbécilité sans que cela soit stocké dans un coin et avec les moteurs de recherche, c’est trop facile de le retrouver. Dans hadopi 27, il faudra que l’ump pense à glisser un paragraphe pour résoudre ce problème.

En l’occurrence il est intéressant de retrouver les anciennes déclarations, à l’heure où notre virtuose de la finance nous a concocté une nouvelle communication sur le thème « c’est moi ki gère le mieux les sous de notre bon pays« , et s’est fendu d’un courrier iconoclaste à nos parlementaires (c’est plus cher que le mail mais le papier à entête c’est classieux) dans lequel il explique combien il serait important d’ajouter un article de plus à la constitution pour interdire les déficits. Quoi de plus vertueux ? Contrairement à ces vilains socialos, not’ bon sarko est préoccupé des deniers de la France… (Le vrai message à faire passer est là pour ceux qui par quelque égarement croiraient encore en la sincérité de parole élyséenne.)

Oubliées donc les dépenses très symboliques à son profit (son augmentation de salaire de 140%, air sarko one à 176 millions pour parader sur le tarmac), oubliées les presque 10 années de gouvernement UMP où le déficit s’est creusé de façon forte de 2002 à 2008 (eh oui la crise n’explique pas tout !) pour plonger de façon vertigineuse depuis, oubliées les déclaration de Guaino qui déclarait début 2008 que « les critères de Maastricht, qui prévoient un déficit sous les 3% du PIB ne sont plus la priorité », oublié le discours sarkozyste du congrès de versailles où ce dernier déclamait sans rire son discours sur la bonne et la mauvaise dette. Qu’on se le dise, à partir d’aujourd’hui (enfin de demain ou un peu après), les déficits c’est interdit, promis juré on n’en fera plus.

Oubliés aussi les résultats plus que solides des socialistes entre 1997 et 2002.

En plus d’être profondément cynique et manipulatrice, cette idée ne tient tout simplement pas la route et on peut bien l’écrire dans la constitution (certains États l’on fait), ce n’est pas elle qui décrète la vertu des gouvernements et on sait parfaitement qu’en cas de force majeure, elle sera mise de côté (on se retrouve alors dans une situation du style des États Unis où les démocrates et les républicains jouent une partie de poker menteur pour pouvoir changer les limites actuelles).

Le simple bon sens et une gestion raisonnée et raisonnable des deniers publics voudrait que l’on applique, de soi-même, une règle de gestion plus simple et moins clinquante : en période faste on génère un peu d’excédent (au plus 3% du PIB par exemple) pour réduire son endettement, en période compliquée on accepte de créer du déficit pour amortir la crise et faire de la relance keynésienne. De cette règle, chacun peut en fonction de sa sensibilité politique bouger le curseur, et il me semble que c’est acceptable par tous sans avoir recours à l’agitation et aux discours plaqué or de Sarkozy et de son gouvernement UMP.

L’or, relique sacrée, rend fou, mais son éclat dans la bouche du futur candidat ne trompera personne, il ne s’agit que d’une opération de com’ low cost.

NB : selon les chiffres de l’INSEE, la dette s’établit à 84.5% à la fin du T1 2011.
Vous trouverez ici une réponse du député Jean-Jacques Urvoas.

14 juillet : plus d’artifices que de feu


Nicolas Sarkozy avait choisi de profiter du 14 juillet pour gonfler son torse si peu présidentiel.
Une visite à nos troupes en Afghanistan suivie de la martiale parade annuelle aurait dû donner quelque épaisseur à la construction de la nouvelle image Sarkozyste, pondérée, sérieuse, à la tâche, et faire oublier l’agitation stérile, le clinquant, la « blagounette » déplacée lors de sa dernière visite en Afghanistan, le tapis rouge déployé aux pieds de nos nouveaux « amis » dictateurs, les peu recommandables Kadhafi et Assad hier choyés aujourd’hui bombardés.



La blague de Nicolas Sarkozy à l'hommage funèbre… par Raoul3B

Mais voilà, Nicolas Sarkozy n’est pas que catastrophique du point de vue international et incompétent économiquement, car en dehors de sa capacité à comploter politiquement, il rate tout ce qu’il fait. En allant en Afghanistan peu avant notre fête nationale, il offrait une tribune médiatique inespérée aux talibans qui ne se sont pas privés de capter l’attention en appliquant les tristement efficaces méthodes mises au point en Irak, attentat suicide ciblé pour avoir l’effet médiatique maximum. Résultat, cinq de nos soldats morts le lendemain de son passage, un sixième le surlendemain. Le plan com’ s’en est retrouvé perturbé, et ce ne sont pas les pauvres décisions annoncées (augmenter la sécurité des militaires sur place, comme si les casernes afghanes étaient jusque là gardées comme des camps scouts) qui répareront les dégâts. Il est bien difficile d’écrire avec la retenue nécessaire due à la douleur des familles…

Suite à cet événement, la question de notre présence là-bas se repose. Il y a 10 ans, on pouvait trouver des raisons valables d’intervenir, en sachant cependant qu’il était illusoire de prétendre gagner une guerre. La légitimité et l’objectif étaient autre : intervenir massivement et sans faiblesse pour détruire un futur état terroriste. Ce qui fut fait. Mais dix ans plus tard, il est plus que difficile de voir nos soldats mourir. Certains ont dit qu’ils étaient morts pour rien. Si leur mort peut paraître effectivement absurde et évitable, leur engagement pour la France et ses valeurs ne permet pas de prétendre que ce fut pour rien. Eux ont fait leur travail et leur devoir dans l’intérêt de la France et des Français. Il n’en reste pas moins que nous devons maintenant quitter ce pays dans des délais brefs et compatibles avec la sécurité de nos troupes et de nos alliés. L’Afghanistan doit recouvrer sa souveraineté pleine et entière et assumer son destin. Nous pouvons les aider s’ils le demandent, comme un pays amis s’ils le souhaitent, mais le temps n’est plus à l’engagement guerrier de la France.

Ce 14 juillet ne fut pas seulement triste parce qu’endeuillé, il nous a rappelé que dernière la fierté de nos troupes défilant se trouvait un homme qui n’a jamais réussi à être à la hauteur de la charge et de l’honneur qui lui étaient confiés. Qu’il dégage !

Sarkozy et le désert des Tartar(in)s


Figurez-vous que je me suis fait avoir.

Je m’étais dit benoitement que j’allais attendre un peu pour faire un petit billet sur notre sommité élyséenne, histoire de faire une synthèse sur ce qui avait été écrit de ce qu’il avait dit à sa conférence de presse. Après Jaurès et Guy Mocquet, notre touriste de l’histoire littéraire était semble-t-il devenu depuis lundi un social-démocrate convaincu, un défenseur de la régulation à deux doigts de présenter sa candidature aux primaires socialistes, pourfendant ainsi tous ces socialistes qui décidément seraient bien trop à droite à son goût.

Fébrile, je me décide à faire ma petite revue d’e-presse, demandant à l’oracle google ce que la toile pensait de la parole révélée lundi à la face du monde. Et me voici bien marri : sur les plus de 12000 résultats d’actualité, l’oracle nous renvoie en première page :
* du Sarko flic (affaire Laeticia, la récidive)
* du Sarko juge (loi sur les conflits d’intérêts – là il faut vraiment être frappé d’un Alzheimer violent pour avoir oublié Woerth)
* ouf en 3ème sujet, du Sarko pourfendeur de spéculateur capitaliste (il n’a pas été bon lundi sur ce coup là mais au moins il reste un petit quelque chose)
* du Sarko piraté chez Facebook (fichus internautes, vivement Adopi III, IV et V !)
* du Sarko tunisien (faisons voir notre savoir-faire en matière de recollage de pots cassés)
* et une future communication de Sarko en février.

En somme, 3 jours après une intervention archi-vendue, de Sarkozy icône étincelante du monde il ne reste plus grand chose sur la toile. Dommage, moi qui me réjouissait de faire un comparatif avec son futur adversaire probable à la présidentielle, c’est à l’eau.

Tout s’y prétait pourtant :
* le G20 où il y a quelques mois il a snobé l’ouverture et où DSK s’est retrouvé de facto le réprésentant le plus en vue de la France
* la politique internationale où Sarko vola naguère au secours de la victoire de Poutine, obligea la République à faire la révérence à Kadhafi ou Assad ou encore transforma l’idée d’un projet Euro-Méditerranée (idée piquée à DSK -p 260 de la Flamme et la Cendre chez Grasset) en un aimable jamborée, en face des louanges adressées à DSK (rassurez-vous, elles ne viennent pas de France et encore moins de la gauche radicale, ouf !)
* l’économie (mais là c’est de toute façon trop facile) où lundi Sarko reprend à son compte l’idée de la taxe Tobin qui par nature n’est pas applicable alors que Strauss-Kahn innove en proposant un système d’assurance sur le risque qui, s’il était décidé, serait lui très facilement mis en place et très difficile à contourner (contrairement à la taxe Tobin)
* la fiscalité, monument entre tous des échecs Sarkozy qui aurait bien été inspiré de récupérer le rapport fait par DSK en 2006
* le social tristement illustré par le début de septennat où le gouvernement SarkoFillon a arrêté de lutter contre le chômage (la démographie et le marché enfin libéré allant « régler » le problème tout seul) en opposition à la volonté du président du FMI de mener de front les problèmes sociaux et économiques

Avouez qu’une comparaison argumentée de la nouvelle « vision » du Sarkozy 2011 avec la vision de DSK dont les fondamentaux n’ont pas varié depuis son passage à Bercy (sinon avant), cela aurait eu de la gueule.
Mais faute d’un adversaire solide à l’Elysée, nous nous en remettrons à l’actualité à Washington en attendant l’été.

Tiens, la France a déjà changé de président !

Notre ventilateur élyséen vient de gratifier le monde d’un acte manqué fort révélateur. Figurez-vous que le sommet du G20 qui est en train de s’ouvrir en ce moment même, s’ouvre sans le grand homme.

Faut-il y voir un effet secondaire gaulliste, personnage auquel il a essayé, sans rire, de s’idendifier ces derniers temps ?

Faut-il y voir le plaisir de faire quelques tours et détours avec son tout nouveau Air-Sarko-Zéro avant d’aller en Corée ?

Ou finalement, considère-t-il qu’il s’est déjà auto-remanié et qu’il n’est plus à la tête du pays (pour peu qu’il y ait jamais vraiment été) ?

En tout cas, les Coréens qui nous attendent pour nous transmettre la présidence du G20 sont quelque peu chagrinés par la légèreté du Top Gun Elyséen.

Bah, tout cela n’est pas bien grave, DSK est lui bien sur place, il est au courant des affaires du monde, comprend quels en sont les problèmes, et cela sera une bonne occasion pour les chefs d’Etat présent de prendre un peu d’avance en l’appelant Mister Président Strauss-Kahn.

Lorsque Sarkozy renouvelle les séries comiques de l’été

Comme c’est l’été, la télé nous a offert hier soir une de ses éternelles redifusions mais avec une évolution en forme de parodie politique de la filmographie de Louis de Funès et des comédies bien françaises.

Le film

Commençons par le décor inspiré à l’évidence de cette scène de la cage aux folles où la salle à manger kitch et olé olé a été remplacée pour l’occasion de la venue de Galabru (notable et politicien) par un décor on ne peut plus monacal. Qu’on se le dise, le moment se voulait grave et profond.

Le jeu d’acteur

Pour le film lui-même, il faut bien avouer que le scénario était convenu mais que l’acteur s’est employé à nous montrer tout son talent :

D’abord touché, sombre, soucieux, presque triste sur l’affaire Bettencourt / Woerth. Ah quelle belle envolée tout de même lorsqu’il réitère sa confiance à Eric Worth, homme honnête et compétent. Quelle sollicitude lorsqu’il lui conseille, juste un conseil pas un reproche ni même un ordre, de mettre fin à ce petit problème de conflit d’intérêts. On attend avec impatience le jour où Sarkozy réitèrera ce même conseil en direction d’Alain Marleix, secrétaire d’Etat à l’intérieur et aux collectivités, en charge de la nouvelle carte électorale et accessoirement secrétaire national de l’UMP en charge des élections, ou encore d’un certain Nicolas, à la fois président de tous les Français et accessoirement président de l’UMP.

L’instant tragique

Et puis il y a aussi l’indignation limite colère pour défendre Liliane et s’emporter contre ceux qui n’aiment pas l’argent.

L’acteur est ici très bon mais on s’étonnera que le scénariste ait été si peu crédible : je pense qu’il doit s’agir d’un scénariste américain qui ne comprend pas très bien la culture judéo-chrétienne…

Excellent également le coup de mamie Liliane payant une montagne d’impôts : des millons chaque mois (en fait moins de 20% de son revenu semble-t-il). Par contre on ne peut qu’être choqué par cette scène où l’acteur affirme une fois de plus sa détestation de la famille en jugeant anormal, presque indécent, de bénéfier à la fois de l’allocation logement et d’une demi part d’IRPP.

La meilleure blague

Ma scène préférée restera sans doute celle où, dans une réplique digne d’Audiard, Nico nous fait ce merveilleux lapsus au début du film à propos de Courroye en mélangeant les fonctions de juge et de procureur. Décidément, il a bien fait d’arrêter d’être avocat (mais il aurait dû choisir autre chose que président…).

On ne vantera jamais assez le comique de situation !

Les faiblesses du scénario

La scène nous expliquant les raisons de la panade économique actuelle me semble un peu trop cliché et ne convaincra que les spectateurs peu cinéphiles : on y apprend que tous nos maux économiques ont un nom : les 35h (malgré les 8 ans que l’UMP est au pouvoir tout de même…). Le scénario trop court manque ici terriblement de crédibilité.

Même problème lorsque Sarkozy se présente à la fois comme celui qui a imposé contre vents et marée le maintien de l’ISF et celui qui tiendra jusqu’au bout pour maintenir le bouclier fiscal (dont la justification est l’existence d’un ISF supposé confiscatoire). Ce n’est ni cohérent ni crédible.

Un nouvel opus ?

Pour la suite, je suggèrerai un peu plus de glamour et plus d’action et de musique : c’est l’été après tout et il faut bien oublier un temps les mois calamiteux que nous venons de vivre !

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Vous trouverez [ ici ] et [ ici ] quelques critiques sur l’incohérence du scénario.

Bataille pour la succession de Sarkozy : Copé 1 – D2V 1

Comme je l’avais évoqué dans mon post précédent, la bataille pour le leadership de l’UMP a commencé.

C’est François Copé qui a dégainé le premier en infligeant un camouflet à Eric Woerth et au gouvernement en rejetant sa loi sur le dialogue social dans les TPE.

Ce matin, c’est au tour de Dominique de Villepin de poser des banderilles à France Info :

– Il appelle à la résolution du problème de conflit d’intérêts d’Eric Woerth, rappelant s’il en était encore besoin que les responsabilités de trésorier d’un parti politique sont incompatibles avec un exercice ministériel (on notera à ce sujet l’absence de réaction du gouvernement, ce qui laisse penser à un sérieux aveu de faiblesse). Il en profite au passage pour tacler Nicolas Sarkozy en jugeant qu’il n’était pas sain et normal de se comporter ouvertement comme un chef de parti lorsque l’on est Président de la République.

– Deuxième élément en direction à la fois de Nicolas Sarkozy et de François Copé, il évoque un malaise au sein des parlementaires UMP et ne rejette pas l’idée de la constitution d’un groupe Villepiniste.

– Enfin, il continue de régler ses comptes en dénonçant à mots à peine couverts la “proximité” des pouvoirs politiques et judiciaires dans l’affaire Bettencourt à travers les liens entre Nicolas Sarkozy et le procureur de la République.

Le parlement semble donc être le champ de bataille de la conquête de l’UMP, et pour l’heure, avec un gouvernement en déconfiture les troupes encore fidèles à Nicolas Sarkozy semblent être réduites au rang de spectateur, à moins qu’elles n’aient tout simplement disparues…

Voici l’interview de D2V sur France Info :

D2V France Info

Dissolution, Démission, Elections anticipées

FranceBruno Roger-Petit a publié un post émettant trois hypothèses suite à la dislocation en vol de l’Airbus Sarkozy : dissolution de l’assemblée nationale, démission de Sarkozy, élections présidentielles anticipées. Comme ma réponse est un peu longue, je la publie sous la forme d’un nouveau post.

Dissolution de l’AN : c’est un coup possible (à la Chirac) que j’avais envisagé il y a déjà plusieurs mois chez Moscovici. L’idée est de perdre (assurément) la nouvelle législative pour se refaire une santé à travers une cohabition. Le problème étant pour Sarko un peu plus complexe puisqu’il s’agirait d’une double cohabitation : avec le PS mais aussi avec son parti qu’il a largement entrainé dans le trou, déçu et pire encore ici, totalement discrédité. Il faudrait dans l’absolu pour que cela marche un gouvernement d’union nationale et réussir in fine a apparaître comme le sauveur. Plus que délicat pour qui a tout raté depuis 2007.

Démission de Sarko : depuis le départ une telle hypothèse se pose (du moins je me la pose depuis 2007 et n’est-ce pas Léotard qui a écrit “cela va mal finir” ?), elle devient plus crédible mais Sarko n’est pas là pour la grandeur ou un dessein pour la France. Ce qui l’intéresse c’est lui, il sait qu’il n’a plus vraiment de chance d’être réélu, il fera tout pour rester à l’Elysée, quitte à ne plus gouverner.

Élection anticipée : même si j’avais tord pour la démission de Nicolas Sarkozy, elle n’interviendrait qu’au bout de plusieurs mois de bataille (pour l’heure, aucune instruction judiciaire n’est ouverte sur les effets collatéraux de l’affaire Bettencourt), voire une bonne année. Or l’élection présidentielle n’est plus très éloignée et l’on pourrait sans doute à quelques mois près, conserver le calendrier prévu.

Politiquement, quels en seraient les impacts ?

Clairement cela signifierait une purge sanglante au sein de l’UMP avec une lutte entre Copé et D2V pour le leadership du parti. Il n’est cependant pas certain que l’UMP y survivrait et il est plus probable qu’un de ses partis satellites récupère la mise.

Pour le PS, cela simplifierait un de ses problèmes techniques qui est celui de l’organisation d’une primaire qui comme je l’ai montré, souffre d’un vice intrinsèque qui est celui de l’impossiblité de garantir l’équité des candidatures. Lâche soulagement…

Enfin, point finalement le plus important au regard de l’histoire, cela signifierait un marqueur important de la lente agonie de la Vème République dont les principes fondateurs ont perdu de leur force, et ici de leur probité, à force d’être tordus, amendés, contournés. Que manque-t-il aujourd’hui à cette Vème République ? Un vrai contre-pouvoir moral, le regard sévère de la probité et de l’intérêt général, la hauteur et le recul garants de la grandeur et de l’honneur de la France.

Retraites : le gouvernement Sarkofillon joue de la vuvuzela aux Français

Vuvuzela umpLe gouvernement Sarkofillion a annoncé ce matin par la bouche d’Eric Woerth ses décisions en matière de retraite. Pas grand chose de fondamentalement neuf par rapport à ce qui était pressenti, en synthèse un volet pour augmenter les prélèvements et un volet administratif pour ajuster le moment où l’on entre dans la case retraite.

Une chose m’agace suprêmement : si le volet des prélèvements sera applicable dès l’an prochain, la majorité du dispositif prendra effet en… 2018.

Huit ans, soit une décision UMP qui ne sera ni appliquée pendant le mandat Sarkozyste, ni pendant le mandat suivant.

Huit ans d’attente pour résoudre un problème calamiteux aujourd’hui.

Une décision prise sur la situation connue d’aujourd’hui pour une situation que l’on ne connaît pas dans huit ans (car le problème est initialement démographique mais ne se résume pas à cela !).

Sarkofillon prétend décider de la politique d’un gouvernement en place dans huit ans alors qu’il n’arrive pas à donner le début d’une décision efficace pour aujourd’hui. Cela tient de la fuite en avant à la vitesse de la lumière !

Je trouve cela d’une irresponsabilité sans nom ! Depuis 2002 et jusqu’à il y a peu, l’UMP nous expliquait que tout allait bien et que les déficits avaient du bon. Mais à force d’irresponsabilités et surtout suite à une sanction-avertissement des marchés qui se sont acharnés sur la Grèce parce que c’était l’élément faible du troupeau européen, Sarkozy semble avoir été saisi d’un doute, donc il décide de prendre des mesures pour… 2018.

En l’état, la seule question à se poser est donc : qui l’UMP va-t-elle ruiner par cette inepte non-décision ?

Pour mémoire, voici deux petits films qui expliquent la position du PS : http://bloggy-bag.fr/presse/video.html