Les enfants de la République n’ont pas de couleur, pas d’ethnie, pas d’origine, pas de communauté, leur âme n’appartient à personne.
Ils sont les enfants au sein d’une famille, ils sont les enfants dans les bras protecteurs de la République.
Les larmes de ceux qui les pleurent ce soir appellent en nous-même celles que nous aurions versées pour nos propres enfants si le hasard et la folie avaient par malheur frappé à notre porte.
L’avenir dira sans doute quel est le chemin qui a mené un homme à perdre son humanité en versant gratuitement le sang, mais je doute que son histoire soit autre chose qu’une suite d’échecs et de renoncements, et je ne crois pas que nous y trouvions un quelconque motif de soulagement ou d’apaisement.
Cet homme a tué. Nous sommes fautifs de ne pas avoir pu l’en empêcher.
Fautifs pour certains d’avoir cultivé jusqu’à l’ivresse la haine de l’autre.
Fautifs pour d’autres d’avoir transformé ce discours de haine en discours politique cultivant l’exclusion, l’ostracisme, la catégorisation, la différence, en désignant tour à tour la couleur, l’ethnie, l’origine, la communauté, la religion, en un mot la différence, comme source des maux, source du mal.
Fautifs enfin pour tous de ne pas s’être assez révoltés contre cette idéologie, ce discours.
Fautifs de croire qu’il n’y a pas de conséquences, de liens entre la violence ordinaire des mots et l’impact des balles. Chaque jour des milliers de balles faites d’idées malsaines sont tirées, certaines se sont changées en plomb au petit matin.
Qu’au moins ces enfants ne soient pas morts en vain. Montrez et regardez ces petits corps sans vie ! Que nos yeux voient le résultat de notre impuissance !
Ils sont morts parce que nous avons renoncé à les défendre en ne défendant pas assez nos valeurs, notre foi en la vie, la solidarité entre les hommes, la fraternité et l’amour.
Ils sont morts parce que nous nous sommes habitués à l’inacceptable.
Je ne peux ce soir qu’écrire ces quelques mots et envoyer mes condoléances aux parents de ces enfants. C’est bien peu, bien trop peu.