La manif anti-tout contre un monde où tout devient possible

La manif anti-tout semble avoir eu un succès limité et le mouvement qui stagnait ne semble pas devoir reprendre de l’ampleur en l’état. Les politiques conservateurs (quand ils ne sont pas réactionnaires) ont du mal à donner une cohérence à leur présence au sein de ces manifestants des différents refus de l’époque.

L’abrogation future du mariage n’étant pas réaliste (comment démarier les gens ?), certains proposent des pirouettes sémantiques en guise de cache sexe : on garde le texte et on change le nom. Ceux-là n’ont sans doute pas compris l’origine et la profondeur du malaise des manifestants.

Ce combat étant à l’évidence perdu, les anti-tout se raccrochent maintenant à la PMA et à la GPA. Ces deux sujets sont de natures différentes.

La Procréation Médicalement Assistée en elle-même ne pourra pas être remise en question, à part peut-être par quelques fondamentalistes, et elle n’est pas remise en cause sur son principe. Il s’agit d’un acte médical justifié et positif. Ce que veulent les contestataires, c’est la limiter aux couples mariés selon la définition religieuse du terme. Cette revendication n’est pas acceptable sur le principe, et serait non applicable en pratique.

Sur le principe, la définition Républicaine du mariage prime sur tout autre. Le mariage impliquant la filiation, aucune discrimination n’est recevable, et simple citoyen ou ministre, il faudra bien finir par être cohérent. Quant à la pratique, à moins d’obliger les gens à fournir une sextape comme preuve de légalité lors de la déclaration de naissance, je vois mal comment vérifier la légalité du « bon » usage d’une PMA.

La Gestation Par Autrui est d’une nature différente car contrairement à l’autorisation sans restriction de la PMA qui n’est qu’un constat de ce qui existe aujourd’hui (eh oui la Terre n’est pas plate !), la GPA pose la question de la re-définition de la filiation physiologique. Cette question ne peut plus être passée sous silence, ni restreinte. Voici pourquoi.

Aujourd’hui, un enfant peut déjà avoir 2 pères et 3 mères. Un père « ADN », un père légal, une mère « ADN », une mère « gestatrice » et une mère légale. Certains voulaient interdire la possibilité d’avoir une mère « gestatrice » qui ne serait ni la mère « ADN » ni la mère légale. Ceci n’était déjà pas vraiment possible puisque la GPA étant reconnue dans certains pays, la loi française ne peut empêcher la naissance de ces enfants, sans avoir pour autant le courage de les reconnaître clairement et définitivement.

19681885Ce n’était déjà pas simple, mais depuis la semaine dernière, nous avons basculé dans un autre monde avec la naissance d’un enfant né d’une mère qui avait subit une greffe d’utérus. La greffe fonctionnelle d’utérus change tout car tôt ou tard on aboutira à une greffe fonctionnelle sur un homme (père « gestateur »). Ce qui était un thème cocasse de film tournera alors à une vraie crise existentielle.

Nous sommes construits sur le stéréotype homme / femme qui était justifié par la façon dont nous sommes conçus et dont nous naissons. Il existe des espèces où le changement de « fonction sexuelle » est un processus normal. Ce n’est (n’était ?) pas le cas de l’Homme. Les avancées médicales sont sur le point de détruire ce stéréotype structurant.

Nous sommes décidément à une époque où les certitudes les plus absolues volent en éclat. Personnellement, je n’ai pas de problème pour accepter le mariage dans sa définition républicaine actuelle. Je n’ai pas de problème pour étendre la PMA à qui le demande et à qui donne des garanties d’avenir pour l’enfant à naître. Je n’ai pas non plus de problème quant à la GPA du moment que la loi règle la question de la marchandisation du corps humain. Mais je ne sais que dire de la dernière évolution qui est en train d’arriver.

Je ne partage pas le refus des anti-tout. Je conçois cependant que certains ne puissent accepter tous ces changements qui explosent à ce point les repères qui nous construisent. Nous ne pouvons pas leur reprocher d’exprimer leurs peurs et leurs refus. Par contre, l’indigence politique de la droite sur ce problème, et la faiblesse de la réflexion et de la vision que l’on rencontre parfois à gauche est beaucoup plus préjudiciable. Si ce problème n’est pas correctement géré, il aboutira à des affrontements violents car une société ne peut s’accommoder d’un écart si grand en son sein.

La révolte des intouchables

anne_franckLes lycéens sont descendus dans la rue crier leur refus et leur rejet des politiques sécuritaires qui les frappent. Je n’imaginais pas devoir, à nouveau, m’associer à une lutte de ce type, en particulier avec un gouvernement de gauche.

Peu importe la situation de leurs parents ou les circonstances de leur présence en France, une société qui ne protège pas ses enfants est une société en perdition, une société qui cannibalise son avenir et piétine ses racines.

Mais je dois bien avouer que ce n’est pas hélas surprenant, si ce n’est sur le côté tardif de la révolte.

Nous sommes une société où statistiquement il vaut mieux être à la retraite pour bien vivre qu’être dans l’âge mûr et pire encore à l’entrée de l’âge adulte.

Nous sommes dans une société qui fait payer l’incurie pluri-décénale du non-financement des retraites aux enfants et surtout petits enfants des retraités, tout en continuant à augmenter le problème pour préserver la situation de ces derniers.

Nous sommes dans une société qui a tellement dévalorisé son modèle qu’il est objectivement plus intéressant pour un jeune de ne pas faire d’études longues et de commencer à vivoter le plus tôt possible dans l’espoir de finir par décrocher un vrai travail.

Nous sommes dans une société qui vole les 10 premières années de la vie d’adulte des jeunes générations parce qu’on ne leur offre plus assez d’emplois, parce que les politiques rentières ont rendu inaccessibles ou peu s’en faut le logement, parce que l’on fait plus d’efforts pour sauver les avantages acquis que pour rendre accessible la première marche d’une vie autonome d’adulte.

Nous sommes dans une société de vieux reclus qui sont tellement obsédés par la perte fantasmée de leur magot que nous trouvons normales et salutaires les politiques policières qui expulsent une lycéenne qui ne demandait que la chance d’apprendre pour prendre sa place dans le développement du pays.

Lorsque l’on expulse ces enfants de l’immigration, c’est Boris Cyrulnik que l’on expulse, c’est George Charpak que l’on expulse, c’est Marie Curie que l’on expulse, c’est l’âme et les valeurs de Marianne que l’on expulse.


Des milliers de lycéens dans la rue contre les… par leparisien

L’iroise et le mariage pour tous

Jean-Luc Bleunven, le député de la troisième circonscription du Finistère (Brest rural), organisait vendredi soir un débat sur le mariage pour tous. Soirée extrêmement intéressante où le public venu nombreux a pu librement interagir avec les intervenants sur un vrai sujet de société. Nous étions loin de la politique spectacle où certain pérorent sur les petits pains pour cacher l’indigence de leur message politique.

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Les échanges ont dans l’ensemble été d’une excellente tenue, voire parfois d’une vraie profondeur politique, que les arguments aillent dans le sens de la loi ou non. Qu’en retenir en synthèse pour ce post ?

D’abord que le mariage pour tous, dans ses aspects ne touchant pas à la filiation, ne pose pas tant de problème d’acceptation que cela. Bien sûr qu’il trouble certains, bien sur qu’il change des aspects que certains voulaient voir comme immuables, mais on sent bien que chacun s’attend à ce que la loi passe et que cette loi sera au final acceptée sans trop de douleur.

En fait, la difficulté est liée à l’enfant. Certes il serait plus simple de traiter le statut de l’enfant au sein du mariage indépendamment de ce dernier, mais personne ne serait dupe. La question de l’enfant est consubstantielle à celle du mariage et trois éléments sont à soumettre à la réflexion avec une large ouverture d’esprit et une réelle volonté d’écoute, en donnant tout le temps nécessaire au temps :

  • l’adoption
  • la procréation médicalement assitée
  • et enfin toutes les techniques médicales qui au-delà de la  PMA permettent de mettre au monde un enfant.

En évitant aussi bien les fantasmes que la science fiction, la question de la naissance est un sujet qui touche les fondements de notre société. Finalement, le plus grand intérêt du débat actuel sur le mariage pour tous est de tous nous interroger sur ce que nous sommes en regard de ce qu’il est possible de faire. Il faut acter des avancées scientifiques du XXème siècle et prendre la mesure de ce que cela signifie pour tout un chacun. Que nous aimions cela ou pas, la civilisation de ce début de millénaire est très éloignée de celle d’il y a ne serait-ce que 50 ans. Pourtant, jusqu’ici nous avons feint de l’ignorer, comme si l’évolution technique et scientifique s’étaient limitée au frigo et à l’ordinateur.

L’homme a changé, mais pas ses repères moraux. Il est temps de redéfinir qui nous sommes.

Douleur

Les enfants de la République n’ont pas de couleur, pas d’ethnie, pas d’origine, pas de communauté, leur âme n’appartient à personne.

Ils sont les enfants au sein d’une famille, ils sont les enfants dans les bras protecteurs de la République.

Les larmes de ceux qui les pleurent ce soir appellent en nous-même celles que nous aurions versées pour nos propres enfants si le hasard et la folie avaient par malheur frappé à notre porte.

L’avenir dira sans doute quel est le chemin qui a mené un homme à perdre son humanité en versant gratuitement le sang, mais je doute que son histoire soit autre chose qu’une suite d’échecs et de renoncements, et je ne crois pas que nous y trouvions un quelconque motif de soulagement ou d’apaisement.

Cet homme a tué. Nous sommes fautifs de ne pas avoir pu l’en empêcher.

Fautifs pour certains d’avoir cultivé jusqu’à l’ivresse la haine de l’autre.

Fautifs pour d’autres d’avoir transformé ce discours de haine en discours politique cultivant l’exclusion, l’ostracisme, la catégorisation, la différence, en désignant tour à tour la couleur, l’ethnie, l’origine, la communauté, la religion, en un mot la différence, comme source des maux, source du mal.

Fautifs enfin pour tous de ne pas s’être assez révoltés contre cette idéologie, ce discours.

Fautifs de croire qu’il n’y a pas de conséquences, de liens entre la violence ordinaire des mots et l’impact des balles. Chaque jour des milliers de balles faites d’idées malsaines sont tirées, certaines se sont changées en plomb au petit matin.

Qu’au moins ces enfants ne soient pas morts en vain. Montrez et regardez ces petits corps sans vie ! Que nos yeux voient le résultat de notre impuissance !

Ils sont morts parce que nous avons renoncé à les défendre en ne défendant pas assez nos valeurs, notre foi en la vie, la solidarité entre les hommes, la fraternité et l’amour.

Ils sont morts parce que nous nous sommes habitués à l’inacceptable.

Je ne peux ce soir qu’écrire ces quelques mots et envoyer mes condoléances aux parents de ces enfants. C’est bien peu, bien trop peu.

Connecto, ergo sum

Que les puristes me pardonnent ce latinisme de cuisine qui me permet d’introduire un post sur un sujet qui me préoccupe depuis longtemps, mais dont je n’arrivais pas à exprimer la substantifique moelle.

Ce sujet, assez important pour que je le place à côté des trois défis que je juge les plus critiques pour notre avenir (rupture climatique, rupture énergétique et bascule démographique) est celui de la dématérialisation, ou dit autrement de la transformation de notre monde en monde numérique. Que le monde devienne chaque jour un peu plus numérique est un constat que tout un chacun a fait et peut encore faire à chaque instant (la preuve vous êtes en train de me lire). De part mes activités professionnelles, je sais pertinemment que la compréhension de ce qui se passe est très inégale et très imparfaite, et j’ai pu mesurer dernièrement l’étendue de cette imperfection lorsque les représentants des candidats à la primaires socialistes sont venus nous expliquer la vision politique des différents concurrents. Parmi eux il y avait en particulier Axel Kahn que j’ai interpelé sur ce thème du numérique justement. Peut-être sa réponse aurait-elle méritée d’être précisée, mais ce qui m’a stupéfait ce jour-là, c’est que même pour lui le défit de la numérisation du monde était surtout la résultante d’un changement d’outils que nous devions nous approprier, et guère plus.

Or j’affirme avec force qu’il s’agit infiniment plus que d’un problème d’outils, voire même d’usage : c’est entre autre un séisme philosophique radical, une explosion de nos certitudes qui peut se résumer ainsi :

Tout individu normalement constitué a au moins trois certitudes philosophiques sur la vie, la mort et ce qu’il est :

  • à moins d’un accident, nous sommes construits pour prolonger le souffle de vie que nous avons nous-même reçu
  • nous sommes mortels
  • nous existons en tant qu’individu pensant (cogito ergo sum, je pense donc je suis)

La numérisation du monde ne change pas fondamentalement la première affirmation (qui est par contre perturbée par la médecine, la génétique et la loi : que l’on se rappelle qu’une personne peut aujourd’hui être liée à trois mères et deux pères).

La numérisation du monde change par contre totalement notre rapport à la mort : il est possible (voire de plus en plus certain) de continuer à exister numériquement en tant qu’individu numérique agissant après sa mort physique, il est possible de naître, de mourir et de ressusciter numériquement avec le même niveau de charge émotionnelle que dans la vie physique.

Enfin, l’individu numérique peut parfaitement avoir plusieurs identités et existences distinctes (sans être pour autant schizophrène), et contrairement au monde physique, l’individu numérique n’existe que par les canaux numériques qui le relient aux autres êtres numériques. L’être physique individualisé se distingue dans le monde numérique d’un être numérique multiple doué d’ubiquité qui n’existe que par ses relations avec les autres.

Alors non, le problème numérique ne se résume pas à un problème d’appropriation des outils. J’espère en avoir donné ici l’intuition via trois affirmations d’ordre philosophique, mais cela aurait pu être tout aussi bien un questionnement éthique, légal, sociologique, économique ou encore politique. Qui peut porter ce questionnement à la connaissance des décideurs de ce monde ? Quelles réponses satisfaisantes donner ?

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Sources de réflexions :

Mais pourquoi la République refuse-t-elle à ces enfants le droit d’exister ?!

Ceux qui lisent régulièrement mes écrits savent que j’ai une sensibilité particulière pour toutes les questions touchant au droit de la vie et de la mort, en encore plus particulièrement aux droits touchant aux enfants.

L’actualité du jour me donne l’occasion, plutôt triste et très irritante à vrai dire, d’y revenir.

J’ai déjà évoqué le combat de Sylvie et Dominique Mennesson pour donner à leurs jumelles une identité aux yeux de la loi de la République. Ces enfants, nées aux États-Unis d’une chaîne d’amour, de solidarité et de bonté se voient refuser le droit d’avoir une existence légale en France parce que la GPA (Gestation Pour Autrui) n’y est pas reconnue. Le couple se bat maintenant depuis plus de 10 ans pour devenir une famille « normale » aux yeux de la loi et espérait aujourd’hui voir la Cours de cassation reconnaître officiellement l’existence des deux petites filles.

En vain.

Au nom de l’Etat, la justice a refusé une fois encore à ces enfants le droit d’exister officiellement jugeant « contraire à l’ordre public, la décision étrangère qui comporte des dispositions heurtant des principes essentiels du droit français« , et ceci alors même que le ministère public était favorable à leur reconnaissance. C’est un non-sens total, un aveuglement, un acharnement, qui plus est en violation des conventions internationales sur le sujet. L’affaire devrait donc maintenant être portée auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.

Peut-être est-ce un mal pour un bien futur, mais ce jugement est rendu la même semaine où le parti socialiste publie le socle du futur programme à la présidentielle. Le thème de la famille y est abordé dans le sens de son évolution. Il me paraît important de donner une plus grande ambition encore à cette proposition, en mettant le projet d’enfant au cœur de cette réforme. Un État n’a pas d’avenir s’il ne favorise pas le projet d’enfant d’un couple quel qu’il soit, et quel que soit le moyen de son arrivée au sein de ce couple (du moment où il n’y a de préjudice pour personne).

Par ce post, j’apporte une fois encore, mon soutien à Sylvie et Dominique en leur demandant d’embrasser leurs petites filles de ma part. La loi finira forcément par reconnaître la vie et l’amour.

Un enfant, la vie, un vrai sujet pour les présidentielles 2012


On oublie trop souvent que la politique n’a de sens que parce qu’elle traite des problèmes des femmes et des hommes.

À mille lieues de la stérile agitation du « kan c’est ki l’y va ? », loin des postures destinées à présenter son meilleur profil au JT de 20h, loin des bouffées furieuses sur des positions archaïques, un petit enfant s’est invité à l’agora de nos superficiels échanges. Umut-Talha (c’est le nom de l’enfant né fin janvier) est une double bénédiction pour ses parents, à la fois par la joie qui étreint tout parent mais aussi parce qu’il représente, grâce au don de sang de son cordon ombilical, un espoir de guérison pour ses 2 frère et sœur atteint d’une maladie génétique rare.

Cet heureux événement se limiterait à la sphère familiale si naturellement la prouesse médicale et scientifique qui a présidé à sa naissance ne venait sortir notre réflexion de son auto-alimentation nombrilisme pré-électorale.
J’ai déjà par le passé traité (modestement) plusieurs fois le thème du droit de la vie et j’avais exprimé mon opinion vis-à-vis des possibilités nouvelles de filiations offertes par les progrès médicaux : je pense qu’il faut une législation qui favorise les projets d’enfants de couples qui ont une démarche sincère et généreuse du moment qu’il n’y a pas de préjudices induits.

Ici, la situation est un peu différente, mais sur le fond, les mêmes mécanismes rhétoriques s’affrontent et il me semble que la conclusion sera similaire.

Les opposants à ces pratiques médicales nous opposent des arguments d’eugénisme et de « chosification » de l’enfant. Il est vrai que le grand benêt qui a inventé le mot bébé-médicament s’est surpassé, mais user du mot eugénisme me semble tout à fait disproportionné et décalé : doit-on aussi l’utiliser à l’encontre de quelqu’un qui choisirait son partenaire en fonction de son phénotype ou ses performances intellectuelles ?
Ces personnes qui avancent ici ces arguments, l’auraient-ils toujours fait si ces mêmes parents n’avaient pas eu recours à la médecine pour concevoir leur bébé, mais l’aurait fait de façon « classique » dans le même espoir de guérir leurs autres enfants et de donner à nouveau la vie ?
Quant à la « chosification », c’est idiot : nos lois et notre morale républicaine sont très claires sur le sujet. L’homme, dans son ensemble ou en partie ne peut faire l’objet d’une transaction financière, il ne peut appartenir à qui que ce soit. L’homme n’est ni une chose ni une marchandise, son intégrité, sa liberté ne peuvent être aliénées.
Je peux concevoir que l’on soit opposé à un besoin d’évolution aussi fort de la loi sous l’impulsion du progrès scientifique et médical, pour des raisons philosophiques ou religieuses, peut-être aussi politiques car il y a là source d’un vrai clivage, mais que l’on nous épargne les faux-semblants.

Le don de la vie est une bénédiction, le don non-létal d’une partie de soi est un acte de grande générosité. La loi doit encadrer ces aspects délicats de la vie, et lorsqu’il y a doute, que l’on soit juge en fonction du bien réel apporté et pas d’un mal qui n’est ici que rhétorique.

PS : pour ceux qui ne connaissent pas le livre, je vous conseille « Interdits d’enfants : le témoignage unique de parents ayant eu recours à une mère porteuse », de Sylvie et Dominique Mennesson (que je salue au passage) aux Éditions Michalon.

Cruauté mentale

Je suis absolument révolté contre les propos de Nicolas Sarkozy voulant faire porter aux enfants du CM2 le poids du souvenir de crimes commis il y a plus de cinquante ans.

Jamais je ne pourrai accepter que mes filles aient à assumer la charge psychologique destructrice que serait une identification à une petite victime des crimes nazis.

Un tel cours ne serait ni enseigner l’histoire, ses faits, son contexte, ses conséquences, ni répondre dignement au devoir de mémoire. Il ne ferait que revenir sur un deuil douloureux et long et le prolonger ad vitam eternam à travers des enfants dont la plupart risquent d’être profondément bouleversés voire perturbés par le récit d’enfants arrachés à leur petit monde, entassés dans des camps, rationnés en nourriture et en soin, enfournés dans des bétaillères, glacés par le froid, séparés de leur famille, assistant parfois aux exécutions des fuyards, terrorisés par les chiens et les gardes, écœurés par l’odeur des camps, agonisant dans les vapeurs de ziclon B.

Propos excessifs ? Non, propos d’un père qui a compris la charge émotionnelle d’une simple chanson comme celle de Goldman (Comme toi) ou d’un film comme le Choix de Sophie. En tant qu’adulte et citoyen, je peux faire façe à cette charge émotionnelle et la prendre à mon compte pour me souvenir de ne jamais faillir devant la barbarie et le fascisme, en tant que père, je sais les dégâts que pourrait faire cette même charge émotionnelle sur de jeunes enfants ; et les propos que j’ai lu ou entendu aujourd’hui venant de pédopsychiatres me confortent dans mon devoir de protection de mes enfants, de tous les enfants.

Si cette décision devait être prise, elle ne serait purement et simplement qu’un acte de cruauté mentale envers ces enfants, acte perpétré au nom même de tous ceux dont on prétend honorer la mémoire. Ce serait une infamie, un crime.