Alors que nous attaquons la dernière période de la pause estivale, il se dégage une impression de pause dans la crise que nous affrontons, un peu semblable à ce que nous pouvions ressentir à Noël dernier où les familles, bien que conscientes de l’avenir assez sombre, voulaient s’offrir de jolies fêtes quand même. Sans doute une preuve d’optimisme et de combativité trop mal valorisée à une époque où le crédo politique est trop souvent la gestion au jour le jour et le renoncement à agir avec force et volonté aujourd’hui, en espérant que cela ira mieux tout seul demain.
Les jours sombres, nous en avons eu une première vague, essentiellement financière et économique. Le monde financier a failli s’effondrer comme en 1929, mais cette fois, les acteurs majeurs du monde ont su correctement réagir en se coordonnant a minima et surtout en intervenant massivement sur leur économie comme l’ont fait les États Unis et la Chine. Quant aux entreprises, industrielles en particulier, elles ont vu s’effondrer leurs commandes mais ont pour une bonne part, réussi à résister à cet effondrement. Cependant, le défi pour elles est maintenant de construire leur avenir à très court terme. L’industrie automobile est un vrai cas d’école et un incroyable révélateur de capitaines d’industrie.
En effet, sans grand risque de se tromper, les dirigeants qui se contenteront de gérer au mieux leur exploitation sans réorienter activement leur modèle économique feront rapidement partie des cadavres. En juin dernier, GM et Crysler ont été mis au tapis en un mois par un pic du prix du pétrole. Aujourd’hui, le prix est revenu à un prix acceptable (aux environs de 70$), pourtant ceux qui croient encore au vieux modèle énergétique sont en grand danger. L’électricité qui n’était considérée que comme un gadget de salon, est maintenant plus que l’avenir de l’automobile. Le haut de gamme a déjà vu débarquer des modèles viables (Tesla Motor, société américaine), et à l’autre bout, les vélos et scooters électriques sont des réalités abordables. Si Bolloré réussit son passage à une production industrielle ou si un des grands acteurs actuels produit rapidement une voiture électrique de moyenne gamme viable, l’affaire sera pliée, même s’il restera encore pour un temps des moteurs à pétrole, pétrole dont il sera intéressant de voir l’évolution du marché. Étonnant marché, stratégique et source de conflits hier et aujourd’hui encore, mais menacé de perdre un de ses débouchés majeurs, l’énergie. La bataille sur le lithium est peut-être d’ailleurs annonciateur de l’évolution en cours. Accrochez-vous, cela va secouer.
Mais revenons à notre cyclone. Nos concitoyens prennent cet été une salutaire respiration avant l’arrivée de la deuxième partie de la tempête, celle qui va faire de grands dégâts sociaux cette fois. Jusqu’ici, ce sont les emplois précaires (CDD, intérim) qui ont été principalement touchés et nous n’avons vu que les premiers plans sociaux. Mais le dur de la crise sociale arrive, parce que certaines sociétés devront faire remonter leur productivité (donc, avec une production en berne, faire baisser le nombre de salariés) et aussi, surtout, parce qu’une réorientation stratégique implique une réorientation des compétences. Un gouvernement responsable se serait déjà préparé à intervenir pour accompagner cette mutation, pour aider aussi bien les entreprises que les salariés dans cette phase critique. Mais nous avons le gouvernement Sarkozy, alors il ne faut pas attendre grand-chose d’autre que des paroles à la cantonade.
Et le PS dans tout cela. Il est sans doute aussi impuissant que les Français à infléchir la politique gouvernementale, mais étant au cœur du changement, de sa propre refondation, menacé pour sa survie même, il est particulièrement concerné et en phase avec l’époque. Alors comme pour les Français, j’espère que la respiration estivale au cœur du cyclone aura été l’occasion de se préparer avec lucidité, conviction, avec force, à la formidable bataille qui va commencer.
Nous en sortirons tous vainqueur.