Citation du jour

krugmanÀ propos de la crise de 2008

La macroéconomie a au mieux été spectaculairement inutile, au pire carrément nuisible »

Paul Krugman, prix Nobel d’économie, The Economist, 16 juillet 2009

Ne le répétez pas, il y a plein de gens qui passeraient pour des rigolos…

L’écho des taxes

imagesLe gouvernement a mis de côté l’écotaxe, ce projet initié par l’UMP sous la houlette de Jean-Louis Borloo après le grenelle de l’environnement. Je ne sais pas si l’euthanasie est proche mais il serait bon d’éviter l’acharnement thérapeutique… En tout cas, il est plus que judicieux d’avoir arrêté les frais car le niveau de violence était monté au-delà du raisonnable et le mouvement assez largement partagé il me semble, commençait à être parasité par des aspects indépendantistes plutôt radicaux et des appels à la casse.

Cette histoire est révélatrice de bien des choses.

D’abord, et comme le ministre de l’économie Pierre Moscovici l’avait déjà relevé pendant l’été, nous sommes arrivés à un niveau de pression fiscale maximale. Les Français, bon gré mal gré ont accepté de payer pour les carences passées mais il n’est plus envisageable d’en demander plus, et il me semble même souhaitable de commencer à sérieusement réfléchir au calendrier de retour à une pression fiscale plus soutenable. On peut voir que les efforts consentis n’ont pas été vains, mais on voit aussi que la situation budgétaire n’est pas encore assainie. Reste-t-il des marges de manœuvre pour diminuer la dépense ? On veut nous faire croire « qu’à l’évidence c’est oui« , mais lorsque je vois nos gendarmes réduire leur présence sur le terrain parce que leurs véhicules sont usés voire tout simplement que le budget carburant est épuisé, j’ai des doutes. Je craints qu’il ne faille songer à vendre une partie des meubles mais aussi, plus problématique encore, songer à diminuer certains salaires ou indemnités, si possible les plus hauts puisqu’en bas de l’échelle on a déjà atteint le seuil des travailleurs pauvres et que le stade d’après c’est la misère.

On ne doit pas non plus faire l’économie d’une réforme complète de la fiscalité. Je crois me souvenir que c’était dans le programme pour lequel j’ai voté. Pataquès pour pataquès, il faut s’y mettre et lancer le grand chambardement pour le budget 2014.

Mais il n’y a pas qu’une simple histoire de taxe ici. La situation économique en Bretagne est belle et bien spécifique mais elle pourrait aussi être emblématique. Des erreurs stratégiques ont été commises dans l’industrie agro-alimentaires, avec des responsabilités qui semblent largement partagées entre les dirigeants de certaines entreprises et un système de financement national et européen qui aboutit à une impasse. Comme dans le même temps on doit gérer (pour ne pas dire improviser) une transition énergétique sur fond d’impératif climatique, on aboutit à de la casse sociale et à des réactions de révolte. L’agro-alimentaire va mal, les transports vont mal, la situation sociale est très mauvaise, l’État devenu faible ne répond plus aux attentes : que l’on soit rustre ou cultivé, quand c’est amer il faut cracher !

Le rôle des élus est donc il me semble de recoller les pots cassés, de fédérer les acteurs et de co-bâtir un plan global de sortie de crise. Si certains pensent s’en sortir seuls ils périront seuls, si l’État croit qu’il peut tout qu’il regarde la santé des services publics. Les Bretons savent travailler ensemble, ce n’est pas en pleine tempête qu’il faut se disperser.

Enfin, un an et demi est passé depuis l’élection de François Hollande. Le bilan n’est pas en lui-même catastrophique mais il est loin des attentes des Français. Il me semble nécessaire de réfléchir à une nouvelle étape, avec une équipe resserrée et cohérente soudée autour d’objectifs réaffirmés. Notre programme contenait de bonnes choses, certaines ont été mises en œuvre, mais on attend toujours par exemple que la facture soit présentée à la finance, notre ennemi commun ai-je entendu. Ces gauchistes d’américains ont bien réussi à faire condamner JP Morgan pour l’affaire des subprimes (5,1 millard de dollar). Après avoir sauvé le système bancaire, j’attends toujours que ces financiers qui ont semé ruine et malheur participent à la réparation des dégâts causés par leur cupidité.

La révolte gronde et le bruit est arrivé à Matignon, tant mieux. Maintenant on a le choix entre tout casser ou bâtir du neuf et du solide. Je ne crois pas au renoncement, je ne crois pas à la décadence, je ne crois pas que l’autre est mon ennemi. Je crois qu’il faut du courage et des convictions et je crois que nous serons nombreux sur le pont.

Pas content

Ecoutez-nous !Le ciel d’Iroise a beau être bleu en cette fin de semaine, je suis d’humeur ronchonneuse.

Et ce ne sont pas les condamnations de justice de la semaine qui me chagrinent. La justice passe sans entrave et je tiens à rassurer nos concitoyens. Avoir un gouvernement de gauche n’induit pas de protection et de traitement de faveur pour la droite : leurs élus qui auront fauté d’une façon ou d’une autre auront eux aussi droit à leur procès en bonne et due forme. Même si en face on semble avoir plus de mal à avouer ses fautes, il est de l’intérêt de tous les Français que la probité soit garantie à gauche, mais aussi à droite. Aidons donc l’opposition dans cette tâche difficile…

Non ce qui m’énerve c’est la reculade sur l’encadrement des salaires du privé. Et comprenons-nous bien là aussi. Il ne s’agit pas d’un réflexe paléo-gauchiste mais bien d’une position réfléchie dans l’intérêt général. Les dérives constatées sur les plus hauts salaires sont tout à la fois indécentes, injustifiables et scandaleuses.

Tout d’abord, en matière de rémunération (ce qui inclut plus que le salaire), je suis contre l’idée de plafonner le montant lui-même. Dans une audace libérale débridée, je défends l’idée de salaires les plus hauts possibles. Gagner un million d’euro par an ? Merveilleux ! Oui mais à une petite condition : puisque l’on parle de rémunération en entreprise et que les rémunérations distribuées sont le fruit du travail de tous, ce fruit doit être équitablement réparti. Si celui ou celle qui gagne le plus a 1 million alors cela doit vouloir dire que tous les salariés à temps plein touchent au moins 100 000 € (et comme je suis socdem, je suis prêt à discuter de l’échelle pour trouver un compromis).

Ne pas avoir d’encadrement des rémunérations et permettre le versement de sommes exorbitantes ressemble de plus en plus à du détournement de fonds légalisé. Et si cela ne peut pas être géré rationnellement par un encadrement réfléchi alors cela finira forcément au tribunal un jour ou l’autre. Dans un système de conseils d’administration incestueux, dans un système qui couillonne les actionnaires minoritaires (souvent avec leur bénédiction), dans un système qui a démontré une aliénation dramatique du sens moral et de l’intérêt général, il est inacceptable de s’en remettre à de vagues engagements. Voilà pour l’indécence et le scandale.

Mais en plus, cela est injustifiable. Il est faux et largement démontré comme tel par l’économie comportementale, de prétendre qu’une forte rémunération est nécessaire pour récompenser la performance des hauts dirigeants. C’est même très exactement le contraire : l’incitation financière rend idiot (cf. la vidéo ci-dessous).

Lorsque le cerveau humain doit prendre une décision, contrairement à ce que nous aimerions croire (ou que le libéralisme voudrait le faire croire), une décision est rarement rationnelle, logique, objective. Il en est de même pour la fixation du montant des rémunérations. Dans ce cas, notre cerveau va naturellement chercher un « ancrage » et va s’ancrer vers ce qui le séduit, ici les plus hauts salaires existants. C’est ce mécanisme qu’il faut casser avec l’encadrement salarial, car au lieu de creuser l’écart de rémunération au détriment des plus bas salaires, l’encadrement par rapport aux plus basses rémunérations permettra de tirer tout le monde vers le haut. Si le patron progresse, alors il entraîne tout le monde avec lui et du coup il sera vu positivement comme une locomotive au lieu d’apparaître comme celui qui fait main basse sur les fruits du travail de tous !

Le système actuel est celui du divorce cupide au sein de l’entreprise. Le système de l’encadrement des revenus sera celui de l’équipe qui partage équitablement les fruits du travail. Aussi bien du point de vue moral qu’économique ou managérial, il faut faire passer la loi sur l’encadrement des rémunérations.

Il faut en finir avec le discours schizophrène sur l’entreprise et cela commence par ce qui est le plus scandaleusement visible : la rémunérations des (quelques) patrons de grandes entreprises. À l’égal des traders qui ont construit le naufrage de 2008 par pure cupidité, l’image de ces patrons salit tous les dirigeants d’entreprise (dont certains ne se paient même plus en ce moment pour essayer de sauver leur entreprise et leurs salariés !) et humilie les salariés.

Une loi qui arrimerait les bas salaires au plus haut revenu d’une société est une loi qui construirait une solidarité de destin au sein des entreprises. Nous avons tous besoin d’une telle loi.

Comment s’accorder sur la façon d’être d’accord (ou pas)

emploiL’accord sur la compétitivité emploi signé en janvier dernier arrive au parlement, ce qui génère des remous à gauche. L’objet de ce post n’est pas d’en discuter sur le fond, cela me semble un peu technique pour m’y aventurer dans un post internet, mais de prendre un peu de recul par rapport à ce que les réactions autour de cet accord révèlent.

Tout d’abord, il s’agit d’un compromis, ce qui signifie que les différentes parties concèdent des choses pour en obtenir d’autres. En soit c’est inhabituel dans un pays où la façon normale de « discuter » est de montrer ses muscles et ensuite de ne pas hésiter à s’en servir. C’est aussi en franche rupture par rapport aux dernières années où l’UMP considérait le dialogue social comme un show dont la conclusion était écrite par avance par le gouvernement. La vraie négociation et le compromis me semblent une bonne façon de faire, le chemin raisonnable entre le diktat et la révolution.

Le compromis est-il bon ? Équilibré ? Ceux qui le contestent ne le pensent pas mais les arguments qu’ils avancent sont au minimum excessifs (fin du CDI, machine à fabriquer du chômage, précarisation accrue des femmes, ..). Or ce qui est excessif a une furieuse tendance à être vain et à ôter toute crédibilité à une cause même lorsqu’elle pourrait être juste.

Le compromis est-il légitime ? C’est un point d’argumentation que j’ai entendu dernièrement : les signataires du compromis ne seraient pas représentatifs d’une majorité de salariés. La légitimité syndicale est un terrain glissant que mes camarades feraient bien de pratiquer avec prudence. Nous savons parfaitement que les organismes paritaires ont beaucoup de mal à trouver un mécanisme qui permet d’avoir des représentants effectivement représentatifs du monde du travail. Ceci vaut d’ailleurs aussi bien pour les salariés, les indépendants et les dirigeants. Bonnes ou mauvaises, les règles sont ce qu’elles sont, on peut discuter pour en changer, mais en attendant on les applique.

Un compromis entre organisations sociales & patronales peut-il avoir force de loi ? En effet, la question se pose car on demande aux parlementaires d’accepter l’accord en l’état et de ne pas le modifier. Voilà une vraie question de fond, une vraie réflexion à avoir sur le fonctionnement de notre République. Dans les discussions en cours sur l’acte III de la décentralisation, on se pose la question du rééquilibrage des pouvoirs, de la manière de prendre une décision au bon niveau de compétence et de connaissance. Mais n’est-ce pas ce qui est tenté ici ? Les députés ont-ils une compétence et une connaissance supérieure du monde du travail à celles des organisations syndicales & patronales ? Y-a-t-il un sens à demander à ces organisations de se mettre d’accord sur des textes si ces textes sont détricotés ensuite ? A contrario, la force du suffrage universelle qui soutient l’action des députés n’est-elle contrariée si les députés ne servent que de chambre d’enregistrement ? Il me semble qu’il manque un principe clair de fonctionnement dans cette histoire : le parlement doit fixer le cadre de la loi, et dans ce cadre, les acteurs sociaux doivent avoir la place pour trouver des compromis. Peut-être est-ce le cas, mais l’image renvoyée par les échanges autour de l’accord compétitivité emploi n’est pas la bonne.

La crise actuelle est la conséquence d’un dysfonctionnement profond de la finance, une perte de repères et de contrôle. Mais si la crise dure, c’est parce nous ne sommes pas structurellement prêts à rebondir, à relancer la machine, à recréer des emplois. Une évolution est nécessaire et elle ne peut pas être cosmétique. Cet accord a été établi pour aller dans ce sens. Je défends le chemin du compromis, de la négociation apaisée. Pour cela il faut changer à la fois les mœurs, les usages et peut-être améliorer le cadre législatif pour que chacun ait un cadre clair d’action. Même si tout n’est pas parfait actuellement, loin de là, le gouvernement Ayrault engage des moyens qui rompent avec le passé, qui ouvrent la discussion, qui donnent un autre horizon que « on n’y peut rien ». Ce sera long et difficile, mais en attendant je ne vois aucune raison de croire que cela échouera et qu’il faut faire chauffer les chaudrons de la révolution. La gauche doit savoir être vigilante, comme avec le mariage pour tous hier, ou encore avec le non-cumul des mandats aujourd’hui, mais elle doit aussi mettre toute son énergie pour faire avancer le pédalo…

Collectif Rooselvelt 2012 pour un new deal à la française !

  • Stéphane HESSEL
    écrivain
  • Cynthia FLEURY
    philosophe
  • Curtis ROOSEVELT
    petit-fils de Franklin D. Roosevelt
  • Patrick DOUTRELIGNE
    délégué général de la Fondation Abbé Pierre
  • Bruno GACCIO
    scénariste et producteur
  • Élisabeth BOYER
    ex SG du Parti Radical de Gauche
  • Djamel BENSALAH
    réalisateur et scénariste
  • Jean-Marc ROIRANT
    SG de la Ligue de l’Enseignement
  • Éric PIOLLE
    co-Prés. du groupe EELV CR Rhône Alpes
  • Gérard PELLETIER
    ex Prés. de l’Assoc. Nale des maires ruraux
  • Sophie BERLIN
    éditrice
  • Génération Précaire
    collectif
  • Olivier BERRUYER
    actuaire
  • Caroline FOUREST
    essayiste
  • Alain GRANDJEAN
    économiste
  • Jean-Paul CHIDIAC
    membre du Conseil national du PS
  • Philippe LAMBERTS
    porte-parole du Parti Vert européen
  • Aurélie TROUVÉ
    coprésidente d’Attac France
  • Jean ROUSSEAU
    président d’Emmaüs International
  • Christophe DELTOMBE
    président d’Emmaüs France
  • Jean-Michel CLEMENT
    député de la Vienne
  • Arnaud MONTEBOURG
    a signé étant député
  • Susan GEORGE
    écrivaine
  • Edgar MORIN
    philosophe
  • Roland GORI
    psychanalyste, init. de l’Appel des Appels
  • Patrick VIVERET
    philosophe
  • Jean-Pierre RAFFIN
    ex Prés. de France Nature Environnement
  • Michel ROCARD
    ancien Premier ministre français
  • Emmanuel POILANE
    directeur Fondation Danielle Mitterrand
  • Jean GADREY
    économiste
  • Colette GROS
    membre du Conseil national du PS
  • Gaël GIRAUD
    École d’Économie de Paris
  • Gilbert MITTERRAND
    Prés. Fondation Danielle Mitterrand
  • Eric FAVEY
    SG adj de la Ligue de l’Enseignement
  • Geneviève GAILLARD
    députée des Deux-Sèvres
  • Jérôme LAMBERT
    député des Charentes
  • Jean-Paul DELEAGE
    directeur de la revue Ecologie & Politique
  • Claire DEBEAUCHE
    VP de l’asso. Femmes et Elues de la Manche
  • Jean-Maurice DEHOUSSE
    ex Ministre-président de la région wallonne
  • Jean-Patrick GILLE
    député d’Indre-et-Loire
  • Sam KARMANN
    acteur et réalisateur
  • Bernard DAURENSAN
    ancien DG du Crédit Mutuel Océan
  • Razzy HAMMADI
    député de Seine-Saint-Denis
  • Jean DANIEL
    fondateur du Nouvel Observateur
  • Pierre LARROUTUROU
    économiste
  • Dominique MEDA
    philosophe et sociologue
  • Claude ALPHANDERY
    économiste
  • Patrick PELLOUX
    médecin urgentiste
  • Joël DECAILLON
    ancien SGA de la Conf. europ. des syndicats
  • Frédérique RIGAL
    ancienne Présidente de La Vie Nouvelle
  • Lilian THURAM
    ancien footballeur international
  • Christian FEVRET
    fondateur des Inrockuptibles
  • Patrick VIVERGE
    Conseiller général du Jura – Front de Gauche
  • Cyril DION
    directeur de Colibris
  • William BOURDON
    avocat
  • Geneviève ANCEL
    Dialogues en Humanité
  • Thierry MARCHAL-BECK
    président du MJS
  • Fiammetta VENNER
    essayiste
  • Robert CASTEL
    sociologue
  • Global & Local
    association de sensibilisation des élus au DD
  • René PASSET
    économiste
  • Serge PAUGAM
    sociologue
  • Corine MARIENNEAU
    bassiste du groupe Téléphone
  • MNCP
    Mouvement Nat. des Chômeurs et Précaires
  • Jean LAUNAY
    député du Lot
  • Jean-Marc AYRAULT
    a signé étant député

Soyons nombreux à les rejoindre, c’est  ici : http://roosevelt2012.fr/

Manifeste_collectif-Roosevelt2012

Le chômage sera ton juge !

La seule chose que Nicolas Sarkozy accepte de dire sur son bilan c’est que la crise explique tout est que c’est pire ailleurs.

Les dernières statistiques du chômage nous donnent l’occasion de montrer quelle est la vérité.

Oui, il y a pire ailleurs, la Grèce, l’Espagne. Mais si nous nous comparons aux grands pays qui sont à notre rang économique, qui sont nos partenaires au sein de l’Europe, non, non, mille fois non, nous ne faisons pas mieux que les autres !

Depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la France compte 747.000 chômeurs sans activité de plus en métropole (+35%), 1 million en comptant ceux travaillant à temps partiel.

La Réunion : après l’indignation, la rébellion

En pleine campagne présidentielle, Nicolas le bafouilleur du Fouquet’s enchaîne déclamations et incantations à qui veut l’entendre. Mais entre deux annonces contradictoires, il ne dit rien des émeutes qui se déroulent depuis plusieurs jours à La Réunion.

La crise économique est évidemment à l’origine de ce mouvement social, mais contrairement à la métropole, le mouvement est en train de prendre une tournure dramatique. Claude Guéant, fidèle serviteur de la sarkozye, voudrait nous faire croire qu’il ne s’agit là que d’un mouvement de quelques jeunes, s’insurgeant contre des violences «absolument inacceptables», violences qui ne «vont pas permettre de régler les problèmes». Sans blague…


Il est légitime de se demander pourquoi à La Réunion les conséquences de la crise sont arrivées à un niveau inacceptables, et pas sur le continent.

Il y a plusieurs raisons à cela. La crise est d’abord plus aiguë pour les départements et territoires d’outre-mer car du fait de leur isolement maritime, la vie est déjà habituellement plus chère, la République ayant toujours échoué à résoudre cet aspect économique particulier. Et naturellement, les conséquences de l’incurie de 10 années de gouvernement UMP dont 5 particulièrement catastrophiques sont ressenties de façon beaucoup plus dures : le taux de chômage élevé devient explosif (28.9% contre 9% en métropole, et en particulier un taux ahurissant de 53.5% pour les 15-24 ans !), la vie qui était difficile devient alors dramatique (taux de pauvreté de 49% à La Réunion contre 13% en métropole). Pendant que Nicolas Sarkozy bat la campagne en jouant l’illusionniste, sa politique a tout simplement fait entrer ce territoire français dans ce que l’on appelait jadis le tiers monde.

Un dernier élément aggrave la situation réunionnaise, à savoir le fait que la population est jeune (34.4% ont moins de 20 ans), et ce qui pour une société est une formidable promesse d’avenir et un atout économique, est ici un honteux gâchis explosif.

Je ne fais pas partie de ceux qui chantent à tout vent leur amour de la révolution, mais je sais parfaitement voir et comprendre les situations où entre le désespoir et la révolte, les citoyens qui refusent la fatalité et le joug du renoncement créent des barricades et y mettent le feu.

La situation réunionnaise peut-elle s’étendre ? Sans aucun doute. D’abord bien sûr aux territoires dont la situation économique et sociale et très proche de celle de La Réunion, mais également en métropole si la situation devait continuer à s’aggraver. Je l’ai écrit depuis maintenant plus d’un an : ce que l’on a vu en Tunisie, puis en Égypte, puis en Libye, puis en Syrie, ce que l’on voit par épisodes en Grèce, ne sont pas des éléments isolés de quelques États « exotiques ». Ces situations ont en commun des éléments démographiques, des éléments économiques et des éléments liés à la libéralisation des moyens de communication et d’association numériques. La démocratie retarde l’expression violente des peuples car elle porte en son sein la promesse de l’expression de chacun et chacune. Mais en Grèce l’Europe se comporte comme un colonisateur qui refuse l’expression populaire lorsqu’elle ne va pas dans son sens. C’est suicidaire et criminel.

Quant à la France, le cri « dégage » se fait de plus en plus fort, et s’il est envoyé aujourd’hui à l’endroit de celui qui a plongé notre pays dans le puits sans fond de ses erreurs, il est également envoyé comme un rappel impérieux à François Hollande et au PS. Nous ne sommes pas là pour gagner par défaut, mais bien pour redonner à la jeunesse un avenir, à l’économie sa vitalité, à la France sa place et son honneur. Pas une voix ne manquera, mais pas un candidat de notre camp ne doit manquer !

Économie : s’indigner certes, mais agir surtout

Le texte ci-dessous est le résumé d’un texte plus long que vous trouverez en [ cliquant ici ].

Bonne lecture (et que ceux qui le souhaitent n’hésitent pas à venir discuter sur facebook).
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Sauve-qui-peut
L’idéologie communiste a touché son terme avec l’effondrement du mur de Berlin. L’idéologie purement libérale a touché le sien avec l’effondrement de Lehman Brothers. Depuis les décideurs politiques ou économiques s’agitent en tous sens à la recherche d’un nouveau phare capable de les guider dans leurs décisions. La tentation du replis sur soi est-elle la solution ? Comment se guérir du dysfonctionnement de l’outil financier sans entraîner un effondrement total du système ? Comment restaurer la justice en punissant sans vindicte ceux qui ont eu un comportement délibérément pathogène voire délictueux vis-à-vis des peuples ?

Et in fine, quelles seront les bases d’une nouvelle économie au service des peuples, une économie à même de prendre en compte les défis climatiques, énergétiques, numériques et socio-démographiques ?

 

Protection ou protectionnisme ?

Personne ne peut construire quelque chose à long terme dans une anxiété et une peur constante du lendemain. Nous devons être rassurés sur la capacité de nous relever en cas d’erreur ou de chute. Aujourd’hui, les citoyens sont mis dans la situation de funambules accrochés à un fil usé dont la rupture ne fait guère de doute. Sous eux l’inconnu.

Il ne fait guère de doute non plus que nous ne pouvons pas à court terme garantir un niveau de protection au niveau de ce que nous avons pu avoir il y a dix ans.
Je crois que nous pouvons remplacer une partie de l’argent que nous n’avons plus par des systèmes de solidarité directe qui ont largement montré leur valeur en d’autres temps. C’est déjà ce que font nombre d’associations et, en attendant de recouvrer son autonomie, l’État doit acter de son indigence et utiliser les moyens qui lui restent pour faciliter et contrôler l’organisation locale de la protection de tous.

De manière plus globale, certains plaident pour la ghettoïsation de notre économie. Cette pensée est issue d’un ancrage dans un monde où la frontière était physique et tangible, où ce que l’on produisait était d’abord matériel. Mais aujourd’hui, les NTIC ont remplacé les frontières géographiques par des frontières linguistiques ou technologies. Ces mêmes moyens de communication apportent des services marchands et la possibilité d’acquérir où bon nous semble sur la planète les biens que l’ont veut. Monter des frontières douanières avait un sens dans l’ancien monde non connecté, pas dans le nôtre.

Les règles d’une nouvelle économie
Si une nouvelle économie devait nous sortir de notre situation, peut-on en tracer quelques contours qui permettent au moins de réfléchir de façon nouvelle (désolé, je n’ai pas la prétention de pouvoir donner la solution à nos problèmes).

Des briques de qualités à faible coût

La première idée est de chercher les briques de base qui servent à construire cette économie et de contrôler au maximum leur coût et leur qualité. A minima, ces briques me semblent être :

  • l’énergie
  • l’information
  • les moyens permettant d’échanger les biens et services (en simplifié l’argent).

L’état doit donc agir et être en mesure de garantir que ces éléments seront toujours abondants et libres d’accès au tarif le plus bas possible. Des nationalisations sont nécessaires. Hors de ces éléments, la production et le commerce de biens et de services doivent se développer au sein d’un marché libre mais aux règles clairement établies et équitables.

Une économie associant biens, services et numérique

La deuxième idée part d’un double constat.

Le prix des biens physiques a décru de façon fantastique grâce aux caractéristiques du commerce mondialisé.
Le deuxième constat est qu’en économie numérique ce processus de baisse des coûts s’accentue jusqu’à introduire une entrée de gamme totalement et réellement gratuite (modèle dit freemium).

Ce double constat état fait, il est possible de construire une deuxième règle : l’économie que nous devons construire doit être une économie qui associe un ou plusieurs biens matériels à un service, le tout étant fortement lié à des mécanismes d’économie numérique (dont le freemium). Ce modèle économique a été baptisé « économie quaternaire » par Michèle Debonneuil je l’étends un peu ici en y accrochant des mécanismes d’économie numérique.
Une telle économie présente de très gros avantages :

  • elle continue d’utiliser les bénéfices apportés par la mondialisation, à savoir produire des biens de consommation à bas coût
  • elle associe des éléments non délocalisables à valeur ajoutée, à savoir la production de services
  • si en plus on réussit à introduire une entrée gratuite avec un modèle freemium, alors c’est l’économie marchande elle-même qui gère directement le problème de la pauvreté d’une partie de la société.

Faisabilité
La réalisation de la première règle ne dépend que de la volonté politique. La réalisation de la seconde est plus complexe car elle nécessite la participation d’entrepreneurs dont la culture est pour la grande majorité très éloignée d’un tel univers. Il en est de-même d’ailleurs pour la majorité des politiques.
Nous devons entrer dans un nouveau monde avec de nouvelles règles qui ne sont pas celles de l’ancien monde. C’est une opération intellectuellement et opérationnellement complexe, ce n’est ni naturel ni inné, cela s’apprend et doit être accompagné.

 

Conclusion

Il faut acter de la mort des modèles économiques et sociaux qui ont prévalu jusqu’au début de ce troisième millénaire.

Il est nécessaire et impératif que les États répondent au besoin de sécurité et de protection économique et sociale des citoyens mais, au moins temporairement suite à la faillite de l’ancien système financier, il faut réorganiser le système actuel vers plus de solidarité et d’entre-aide directe et moins d’allocation financière. L’État doit jouer un rôle plein et entier dans ce nouveau système et ne pas se retrancher derrière la charité privée.

Le recours au protectionnisme ou au malthusianisme économique n’a pas de sens.

Une nouvelle économie numérique peut être bâtie en alliant le volontarisme étatique et l’esprit entrepreneurial privé. Cette économie doit s’appuyer sur des briques fondamentales dont la qualité est garantie par le service public et le coût le plus faible possible : énergie, information et système financier.
Cette nouvelles économie numérique associe des biens à bas coût à des services à valeur ajoutée, le tout rendu cohérent et économiquement viable grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

Le passage à une telle économie doit être accéléré en déployant un plan d’alphabétisation numérique ambitieux.

Réserve fédérale US : un casse contre la démocratie de… 7770 milliards de dollars !

Le 28 novembre dernier, l’agence Bloomberg a publié un article qui aurait dû avoir un retentissement cataclysmique. Le silence qui s’en est en fait suivi est fort instructif…

Les faits.

Dans cet article Bloomberg révélait qu’à côté du plan Paulson officiel de la Fed (700 milliard de $), la banque centrale américaine ( la Fed) avaient mis en œuvre entre 2007 et 2009 un second plan hors de toutes procédures et de tous contrôles démocratiques. Ce second plan s’élève à 7 770 milliards de $US ! Pour donner un ordre d’idée, la dette publique de la France est de l’ordre de 2300 milliards de $.

L’information n’a pu être trouvée puis révélée qu’à l’issue d’un procès intenté par Bloomberg et Fox news contre la Fed et Clearing House (lobbyistes bancaires) pour obtenir la publication des comptes de ce plan jusque là secret.

Les principaux bénéficiaires de ce plan sont six des plus grosses banques américaines qui ont reçu 460 milliards de dollars de prêts de la Réserve fédérale (qui représente à peu près trois fois ce qui leur ont été versés avec par le plan Paulson) à un taux extraordinairement avantageux (0.01%).

 

L’analyse.

Depuis le printemps, la finance mondiale pilonne les États Européens, aidée en cela par la nouvelle gouvernance du FMI, l’impéritie coupable des gouvernements et le manque « d’impertinence » des médias. Il est vrai qu’aux États Unis Bloomberg et Fox ont dû aller jusqu’au procès pour faire leur enquête, mais ils ont eu le courage de faire leur job. On attend des médias français en particulier, qu’ils s’émancipent, osent, contestent au nom de la vérité, au nom de la démocratie.

À la lumière de l’affaire Fed, il apparaît clairement que ce pilonnage n’est qu’une opération de déstabilisation destinée à laisser aux EU le temps de les sauver du naufrage financier.

À la lumière de ces révélations, il apparaît clairement qu’une partie au moins du système financier ne tient plus que par des négociations d’arrière-court. En conséquence, la nationalisation des sociétés qui ont le plus fauté ou sont les plus fragiles, doit être actée dans les statuts puisqu’à l’évidence elle l’est dans les faits !

Il faut accepter d’annuler les remboursements des dettes des états les plus fragiles pour les 2 ou 3 années à venir.

Il faut accepter de ré-échelonner la dette des états solvables mais en difficulté.

Il faut accepter que les banques centrales des états reprennent le total contrôle de création monétaire et le rachat de créances.

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sources :

Petit instant pédagogique : dette et inflation

Voici trois petits films (d’origines très différentes) expliquant de façon simple quelques aspects des problèmes économiques actuels.

Le ton n’est pas neutre, mais les démarches sont intéressantes.

L’inflation :


L’inflation pour les nuls par la BCE par Dalz

La crise de la dette :

sources :

La dette publique :

sources: