Lors de la dernière présidentielle, les sarkozystes n’avaient pas de mots assez durs contre ces socialistes archaïques, inventeurs de tous les maux, les 35h en tête. Il fallait en finir avec l’économie dirigiste, les lourdeurs imposées par des gens qui par définition ne comprennent rien à l’économie.
Deux ans et deux crises (financière puis économique) plus tard (sans compter la crise énergétique miraculeusement suspendue “grâce” au gadin en cours), que reste-t-il de la pensée sarkozyste, celle qui nous promettait la rupture, une politique moderne en phase avec le monde ?
La révolution bolchévique a inventé le développement planifié où, à travers le gosplan, les esprits éclairés traçaient la voie des jours meilleurs. Le gouvernement Sarkozy n’a pas annoncé de gosplan mais vu l’obstination avec laquelle il persiste dans ses erreurs de choix et de prévisions, il semble plus qu’évident qu’il en a un. Que l’on en juge.
Un des axes économiques et sociaux était de faire la peau aux 35h annoncées comme ruineuses, inefficaces, handicapante pour les entreprises (déclarations d’ailleurs bêtement relayées par certains membres de la gauche tombant un peu vite dans la facilité intellectuelle). A coups de canif dans le code du travail et de défiscalisation, les 35h honnies ne sont plus aujourd’hui qu’une limite administrative et cela sans avoir compris qu’en période de croissance cette suppression était source d’injustices et en période de difficultés un accélérateur de chômage, ce que nous constatons hélas aujourd’hui.
Mais les entreprises s’en sont-elles débarrassées ? Non seulement elles ne l’ont pas fait, mais en plus elles en redécouvrent la vertu essentielle qui est d’être une formidable arme anti-crise et anti-licenciement. Cela tombe bien, vu que c’est un peu l’ambition initiale… Par libéralisme l’UMP a voulu tuer les 35h, par esprit néo-bolchevique le même UMP persiste dans sa politique planificatrice alors même que tout montre que leur gosplan mène dans le mur.
Autre exemple. Le plan du gosse Sarko nous promettait un avenir à 3% de croissance et pour appuyer la volonté du chef, Christine Lagarde n’a pas arrêté de nous annoncer des chiffres très au-dessus des prévisions du FMI par exemple et évidemment des résultats finaux. Encore aujourd’hui, le gosplan prévoit un “myrifique” -1,5% alors qu’en juin 2008 il prévoyait (après révision) +0,3% pour -0,2% à -0,5% en novembre 2008. A ce jour, et seulement quelques semaines après les dernières “estimations” du gouvernement Sarkozy, nous en sommes à une prévision de -2,9% d’acquis de (dé)croissance (pour que cela soit mieux, il faudrait non seulement que cela s’arrête dès aujourd’hui de descendre mais que cela reparte dans l’autre sens).
Le bolchévisme se caractérisait aussi par son sens de l’autoritarisme autiste : la police, les juges et bien sûr les individus (on ne parle pas de citoyens dans un tel monde) se devaient d’obéir au politburo qui était totalement sourd à la souffrance de la société. N’est-ce pas ce que l’on constate ces derniers jours : un Sarkozy accourant avec ses mesures règlementaires dans une école après une agression et le même qui envoie des messages de non-recevoir à deux millions de personnes dans la rue. Pour défendre les libertés publiques, le PS a du pain sur la planche.
Les faits condamnent le gouvernement Sarkozy et le parti qui le soutient. Mais est-ce suffisant ? Est-ce une fatalité ? Hier pays libéral, l’Amérique d’Obama appelle à l’action volontaire et concertée des Etats, tout comme le FMI hier fer de lance du libéralisme. Grace à leurs dirigeants, l’Amérique comme le FMI ont évolué. La France va-t-elle continuer à s’enfoncer à cause d’un aveuglement d’un autre âge, aveuglement d’ailleurs relayé au sommet de l’Europe, sommet où l’on retrouve des clones libéro-néo-bolchevik tel Berlusconi et Baroso ?
Le changement à la tête de la France peut et doit commencer par un changement à la tête de l’Europe. Tout nous y pousse.