Pause cinéphile de fin d’année

Avatar James CameronIl y a longtemps que je n’ai pas publié un billet sur l’art. Le film Avatar me donne l’occasion de finir l’année sur ce registre, sans pour autant que la politique soit bien loin.
Nous sommes allés voir le film d’abord pour la curiosité du 3D numérique (tout en gardant un souvenir nostalgique des antiques lunettes rouge/bleu permettant de reconstituer une troisième dimension bien souvent aussi improbable que les scénarios des films de l’époque) mais en redoutant quelque peu d’avoir à faire à une odyssée où les blaireaux de GI passent au lance-flamme tout ce qui bouge (et bien oui, espace + Seagourney cela renvoie un peu à petite tête et grosse gâchette).
Alors certes, dans Avatar, on trouve bien ces clichés vendeurs, mais on y trouve surtout bien d’autres choses, plus étonnantes, plus poétiques et même en filigrane, plus philosophiques et politique.

L’étonnant c’est d’abord l’incroyable beauté de la forêt de Pandora dans laquelle la 3D nous plonge de façon saisissante : ces plantes improbables dont on se prend à rêver en sortant du cinéma, et à espérer qu’un voyagiste aura mis cette destination dans la liste des sites incontournables à visiter avant de mourir après Venise, les volcans d’Hawaï et la grande barrière de corail. Flore luxuriante, féérique… mais faune manifestement féroce ! Je n’en dirai pas plus mais rien que pour les paysages de cette planète sœur de Gaïa que ne renierait pas James Lovelock, le film vaut le coup d’œil (enfin, des deux, c’est mieux pour le relief).

Et la philosophie alors ? Et la politique ? Bon, sur ces points, il y a la lecture simple du sauvage (genre tribu amazonienne mais en bleu) vivant en harmonie avec son monde versus la multinationale minière vivant en harmonie avec ses tractopelles XXL.
Il y a bien sûr de cela, la lutte entre un capitalisme militaire cynique et destructeur et un peuple ayant d’abord développé ses qualités spirituelles dans un monde où l’identité des individus se confond avec le groupe et l’environnement, avec un fort lien entre présent et passé sans vision particulière du future. On y retrouvera aussi sans doute quelques références au colonialisme où les bons sentiments aussi sincères soient-ils se trouvent en infériorité conflictuelle face à des incompréhensions et surtout à des intérêts sonnants et trébuchants et accessoirement à l’égo du chef blaireau.

Il y a aussi l’idée de Gaïa, super-organisme planétaire, mère nourricière et régulatrice de l’écosystème, de façon d’ailleurs assez féroce comme je l’ai écrit plus haut : la planète Pandora est loin d’un jardin d’Éden même si elle en a la beauté. C’est d’ailleurs un aspect intéressant du film qui a su en grande partie éviter de tomber dans une guimauve écologique facile. Dame nature n’est en rien une accoucheuse de civilisation, de culture et tant pis pour les faibles : vae victis ! Voilà un point intéressant à se souvenir, juste au cas où…

Il y a enfin, une dernière chose : l’essence de l’être, l’opposition entre âme (ou toute chose s’en rapprochant) et le corps. Finalement, n’est-ce pas là la question principale du film. Qui est le héros ? Un GI paralytique, la copie de son jumeau ou cet improbable avatar, enveloppe génétiquement bricolée ? Quelle est son essence ? L’héritage culturel de son humanité ou celui de ces indigènes bleus ? Quelque chose au-delà de la culture, au-delà de l’enveloppe corporelle ? Quelque cAvatar James Cameronhose d’universel entre amour et fraternité, recherche de la paix et de l’équilibre, de la justice et du respect de la différence ? Quelque chose derrière le refus de l’oppression, une quête de liberté.

La bande annonce.

Une réflexion sur « Pause cinéphile de fin d’année »

  1. 1.

    Entièrement d’accord avec vous, remarquable analyse fine et juste.

    Comment by Le Passant — 11 January 2010 @ 10:21 am

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