Choix énergétiques en réponse aux menaces de rupture La question des choix énergétiques à court terme n’est plus une simple question d’équilibre géopolitique ou un exercice de projection sur l’avenir. Le risque de rupture énergétique liée à la fin annoncée de l’ère du pétrole menace directement notre place de grand de ce monde, quant au risque de rupture climatique, il fait peser une menace directe sur notre existence en tant que nation. Que l’histoire de Rapa Nui (île de Paques) nous serve d’avertissement d’autant plus nécessaire que notre mémoire ne gardant pas la trace d’événements similaires, nous les considérons comme impossible. Des choix énergétiques rapides peuvent annuler complètement la menace liée à la fin de l’ère pétrolière, diminuer (trop faiblement cependant) les effets d’un basculement climatique et surtout, augmenter considérablement nos possibilités de survie.
Comment ? D’abord, et à l’évidence, en accélérant largement la substitution du pétrole par des huiles ou alcool agricoles. L’aide à la réorientation des cultures vers le colza, le tournesol, la canne à sucre, la betterave, le palmier à huile, … permettrait, sur l’intégralité du territoire, de passer d’aides à la surproduction subventionnée à des aides à des cultures en sous-production (et qui le resteront longtemps), pour le plus grand bien de notre commerce extérieur et celui des agriculteurs du tiers monde. Ces bio-carburants sont utilisables pour les transports et le chauffage domestique avec un faible coût d’adaptation.
Libérons immédiatement ce marché des contraintes légales actuelles et engageons les moyens de l’état dans la création de nouvelles entreprises là où le marché seul ne résout pas le problème. La gestion volontariste de la bascule énergétique gère en même temps des problèmes écologiques, économiques et sociaux. Ceci ne règle cependant que le problème de bascule énergétique.
La menace climatique est une hypothèque, entre autres, sur nos moyens de production d’énergie, fortement centralisés et en nombre relativement faible. Des inondations massives, par exemple, pourraient parfaitement mettre durablement hors service nombre de centrales, et sans électricité, un pays moderne n’est rien. La solution ici est de s’engager à marche forcée dans une réduction de la consommation électrique d’une part, et de promouvoir massivement les mini installations domestiques indépendantes.
L’objectif à court terme, doit être que chaque habitation ou immeuble soit en mesure d’assurer son autonomie vitale (éclairage, réfrigérateur, 15° de chauffage, mini appareils domestiques pour les particuliers par exemple). La technologie actuelle (éoliennes, panneaux photovoltaïques, capteurs solaires, pompe à chaleur, moyens d’isolation, …) permet d’ores et déjà de s’approcher de cet objectif. Une accélération de la recherche et une forte volonté politique doivent permettre de faire le reste. Les industries ne pouvant adopter la même voie doivent être protégées par des travaux préventifs partout où cela est possible (une évaluation des dommages doit être préventivement établie en fonction de scénarios climatologiques). Des infrastructures de communication résistant à ces dommages climatiques doivent impérativement être déployées. En assurant l’autonomie énergétique plus les communications en cas de désastre, nous préservons notre capacité de réaction et de rebond. Un système robuste et réparti de production d’énergie abondante aurait d’autres vertus : avantage concurrentiel très important sur le territoire national, indépendance accrue, bénéfices sociaux distribuables aux plus faibles. C’est enfin un objectif visible pour fédérer et motiver les équipes de chercheurs.
Les menaces sont identifiées, les solutions existent, mais le plus grand risque demeure notre difficulté à croire que ce qui n’est jamais arrivé puisse arriver. Mais des événements visibles comme Katrina ou moins visibles comme le déplacement des éco-systèmes montrent que cela est déjà en train d’arriver. Ici aussi, le ciel peut nous tomber sur la tête et il nous faudra plus que le spectacle politique habituel pour résoudre les problèmes.