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L’économie « de reconstruction » : utopie économique
Le plein-emploi représente une situation économique optimale sur bien des points. Le problème est que cette situation optimale est loin d’être la plus courante et que nos sociétés occidentales actuelles se trouvent plus dans une situation de marché mature avec une démographie qui non seulement participe moins à la production, mais va dans le sens d’une moindre consommation (à l’exception des soins liés à l’âge). La situation serait nettement meilleure avec un pays jeune en phase de (re)construction.
Or, si l’on regarde positivement les défis qui se posent à nous, il est possible de retourner ces défis en opportunités.
Le risque climatique, les défis écologiques et énergétiques nous obligent à repenser notre urbanisme. Une part de nos problèmes sociaux et de notre inefficacité socio-économique provient des erreurs passées d’urbanisme et des phénomènes de ghettoïsation qui se sont greffés, les populations de ces ghettos étant par ailleurs jeunes. Enfin, en nombre d’endroits, nous sommes en situation de pénurie de logements et probablement avec de grandes tensions sur l’énergie si la demande électrique devait se développer rapidement.
Nous avons là les éléments nécessaires pour lancer un programme d’économie de reconstruction : dit autrement, si nous étions dans une situation où une partie de nos villes étaient en ruine, nous aurions là les ingrédients de plusieurs décennies d’expansion économique et de plein-emploi. Détruisons donc les infrastructures déficientes qui, comme l’ont montré les dernières catastrophes climatiques, sont de toute façon en partie condamnée pour nous lancer dans un programme de reconquête de notre urbanisme, en tirant cette fois toutes les leçons du passé et en y associant les laisser-pour-compte de notre société.
Retissons avec la construction de ces villes ou de ces nouveaux quartiers un tissu social et économique, intégrons-y les impératifs de moindre impact sur les écosystèmes, encourageons-y une économie maîtrisée des services. On trouve dans cette idée de reconstruction d’un nouvel urbaniste une renaissance des idées utopiques de la gauche, modernisées en réponse aux défis qui se posent à nous. On retrouve le rôle de l’État qui oriente les choix d’avenir, qui donne l’impulsion et encadre, mais laisse une vraie chance à chacun de prendre en main son destin.
L’économie qui touche à l’évolution structurelle de la société doit être orientée et encadrée par l’intérêt collectif, elle ne peut être laissée aux hasards de l’histoire ou du marché. Jusqu’au jour où nous jugerons achevée notre œuvre, nous devons mener une politique économique de reconstruction continue guidée par l’utopie d’une société structurellement la plus efficiente possible.
Conclusion
Notre quête est celle du bonheur, elle s’inscrit dans un destin collectif démocratiquement décidé.
L’État, expression multiforme, opérationnelle et collective de la citoyenneté, ne doit en aucune façon se substituer à chacun de nous pour cette quête : sa mission est de coordonner les efforts communs qui permettront dans le cadre d’un destin commun, cohérent et maîtrisé, à chaque citoyen d’aboutir autant que faire se peut dans cette quête tout au long de sa vie.
L’État ne peut pas empêcher les accidents de parcours personnels ou collectifs, mais il se doit de les prévenir, et d’intervenir à chaque fois que de tels accidents surviennent.
Proclamer l’égalité de tous s’accompagne de la correction des inégalités individuelles, qu’elles soient sociales, économique, culturelles. C’est le sens même de l’assurance : elle implique et s’applique à tous mais n’est utilisée que lorsque l’accident survient.
Nous devons être libre et acteur de notre bonheur, solidaire en cas de malheur, et gestionnaire responsable des risques. La recherche du bonheur d’aujourd’hui ne doit pas menacer l’évolution pérenne de la société, y compris en sa qualité d’acteur des écosystèmes.
Pour réaliser notre destin, notre horizon doit être guidé par trois utopies :
- l’utopie de l’État assureur
- l’utopie de la citoyenneté fractale
- l’utopie de l’économie de perpétuelle reconstruction