Le début d’année semble commencer comme elle avait fini, dans un concert de casseroles tristement offert par l’orchestre dysphonique du palais de la Pompadour. Au tempo donné par le compteur de la dette, Nicolas Sarkozy et ses ministres nous donnent à mesurer toute l’étendue de leur incompétence.
Car il s’agit bien de cela.
Passe encore que la grande victoire sarkozyste à Copenhague ait été balayée d’un revers de manche par les représentants de l’autre monde, faute sans doute d’exemplarité, de consistance, de cohérence, mais aussi de conviction (comment penser qu’une menace mortelle pour les sociétés ait été rejetée pour une autre raison que le scepticisme face à sa gravité ?). Faute sans doute aussi d’avoir été à même de comprendre que les différences culturelles mondiales ne permettent pas d’apprécier un problème selon les mêmes critères.
Dans la même veine écologique, le KO infligé par le conseil constitutionnel sur la taxe carbone semble avoir ruiné la manœuvre populiste qui visait à verser ingénument un chèque fiscal quelques semaines avant d’aller voter : le bling bling de cette casserole a durablement terni le clinquant du précédant.
Avec le vaccin contre la grippe A, c’est la pharmacie de mère Ubu qui s’est jointe à l’orchestre. Certes, il était nécessaire de lancer une grande campagne de vaccination, mais il était aussi plus que probable que viser 100% de vaccination était coûteusement idiot : d’abord parce qu’une partie des français est devenue (hélas) réfractaire à l’idée même des vaccins, ensuite parce qu’il était évident qu’arrivant trop tard, une part non négligeable des français seraient « naturellement » vaccinée contre cette grippe après l’avoir… attrapé. Ensuite parce que l’on n’a pas besoin de vacciner 100% de la population pour stopper une pandémie. Au final, notre pharmacienne en chef en est à dealer ses doses non livrées et son surplus en stock ! Principe de précaution, principe à la con…
Mais dans ce concert, il y a aussi quelques solistes qui ont tenté de jouer de coûteuses partitions en solo, tel Alain Joyandet qui avec sa double casquette de ministre et de candidat aux régionales en Franche-Comté a cru faire fort en montant un coûteux plan-com autour du story telling de “deux pauvres bisontines arrachées aux infâmes geôles dominicaines”. Et ne reculant pas devant une noble cause, il va les aider à diriger une association de protection des jeunes contre la drogue ! Noble partition me direz-vous ? Certes, sauf que ce faisant il affiche ouvertement son mépris pour la justice dominicaine (la justice sarkozyste étant probablement infiniment supérieure) et accessoirement va un peu vite en besogne du point de vue moral. S’il n’y aurait pas eu grand chose à dire quant au transfert de ces jeunes filles en France, il est plus que douteux de conclure à l’innocence sans ré-instruire le procès. Ces personnes ont été acquittées (geste politique) et non innocentées (jugement) ; la raison de la présence de drogue dans leurs bagages reste un point à éclaircir. Malchance, complicité passive ou active ? Il me semble que l’affaire aurait dû être traitée avec moins de trompettes, d’autant plus que pendant que Joyandet transforme ces jeunes filles en égérie de la lutte anti-drogue, son gouvernement a plutôt tendant à tailler dans les crédits de la lutte anti-drogue.
Depuis 2007, le PS et les sociaux-démocrates en particulier ne cessent de dire que ce gouvernement ne tient pas la route, et de prédire que cela ne peut ne nous mener qu’à une situation catastrophique. Certains pourront croire au hasard, mais en trois ans, un minimum de recul doit permettre de comprendre que ce que nous annonçons ne se résume pas à une opposition pavlovienne.
Nicolas Sarkozy est la plus grande catastrophe institutionnelle qui soit arrivée à notre pays.
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“Ces personnes ont été acquittées (geste politique) et non innocentées (jugement)”
Erreur elles ont été grâciées et c’est encore pire au point de vue de la justice du pays en question. La même interrogation se pose quant au respect d’une justice étrangère dans le cas de Florence Casset au Mexique, il n’est pas étonnant dans cette perspective que les Français passent pour d’arrogants donneurs de leçon de par le monde quand on voit ces exepmles, un peu d’humilité ne serait pas superflue.
Comment by Le Passant — 11 January 2010 @ 10:06 am