Pour le premier tour de scrutin de la présidentielle du 22 avril 2007, j’ai décidé de faire mieux que les autres en matière de résultats : je vais vous donner un sondage sorti des urnes avant même que le premier votant ne se soit levé !
Eh oui, plus fort que Morandini ou Birenbaum qui ont décidé de publier des estimations dès qu’il y aura des tendances fiables (donc inversement proportionnelles au carré du logarithme du pifomètre).
Plus fort aussi que la traditionnelle fuite Suisse, pas celle des capitaux mais plutôt celle de la presse et des médias de nos voisins:
– La presse suisse
– La radio helvète
– La TSR
Je ne fais donc qu’accélérer le grand débat médiatico-sondagier de cette dernière semaine : faut-il ou pas publier les sondages jusqu’au dernier moment, c’est à dire à la clôture des bureaux de vote ?
Les suisses, non soumis à la loi électorale française, répondent amusés “bien sûr” puisqu’il s’agit de liberté, sinon du devoir d’information qui va de pair avec la démocratie. Une presse libre et sans entrave, voila effectivement un argument de poids, dommage que ce soit en helvétie…
Côté France, cela s’agite sous couvert là aussi de liberté d’information et avec l’argument difficilement parable que du moment que l’on peut avoir l’information ailleurs qu’en France, on voit mal pourquoi seuls certains électeurs, premiers intéressés, en seraient privés !
J’aurais tendance à me ranger du côté du pragmatisme : du moment où l’on ne peut arrêter la diffusion de l’information, information consubstantielle à la démocratie de façon générale, il est idiot de l’interdire. Voire, en l’interdisant, on crée une classe de citoyens qui savent, et une classe qui ne savent pas. Et cela, c’est inégalitaire et anti-démocratique.
Agoravox a d’ailleurs publié un article amusant sur le sujet avec en ligne de fond notre loi électorale qui entraîne une situation d’inconstitutionnalité de l’élection.
Et finalement, le vrai problème des sondages, ne serait-il pas qu’en l’absence de vision politique entraînant l’adhésion des électeurs, on se retrouve face à une absence de raison de voter et que ces mêmes électeurs se rabattent sur un pile ou face faussement argumenté. Face à une vraie réponse à l’urgence des réformes, il n’est nul besoin d’une pile de sondage : un SDF à qui un candidat proposerait enfin un programme volontariste de construction et d’attribution de logements n’ira pas lire dans les sondages pour qui il veut voter. Mais si on lui parle drapeau et mesures fiscales alors il est bien obligé de chercher une trace de vérité dans la mousse des sondages… ou dans un non radical.
Ah oui, au fait, le résultat de mon sondage sorti des urnes pas encore remplies (enfin, j’espère) :
– A. Laguiller : 18,5 % au bénéfice de la « persévérance »
– F. Bayrou : 17% au bénéfice de « il est impossible de se fâcher avec un centriste »
– J. Lepen : 14% au bénéfice de « on m’a diabolisé »
– N. Sarkozy : 13,5% au bénéfice de « décidément, c’est pas possible avec lui »
– M-S. Royal : 13,5% au bénéfice de « c’est une femme et y a kelle ki peut battre Sarko »
– Pour les autres, on cherche les bulletins, résultat final vers 22h dimanche soir.