Il y a un an, nous étions dans l’entre deux tours de l’élection présidentielle. Beaucoup de choses ont été faites en un an. Cette semaine a d’ailleurs vu l’aboutissement d’une des grandes réformes sociétales avec le mariage pour tous, et pourtant mon sentiment est que l’essentiel n’a pas encore été atteint.
Les dégâts cumulés de 10 ans de gouvernement de droite et de presque quatre ans de crise financière puis économique n’ont pas été réparés. À peine la dégradation a-t-elle été endiguée. Dans de telles conditions, il n’est pas étonnant que les Français ne se satisfassent pas de l’action gouvernementale.
Que faire alors pour les mois à venir ? Au-delà des incantions plus ou moins intéressées, il semble clair qu’un nouveau train de mesures s’impose, à la fois pour redonner un peu de souffle à des Français dont certains sont à la limite de l’apoplexie mais aussi pour adapter notre pays, enfin, aux bouleversements extraordinairement profonds qui nous touchent. Si nos politiques ont un peu de mal à en comprendre la nature, les difficultés fiscales pourraient bien les amener à sortir des modèles de sciences-po et de l’ENA pour ouvrir les yeux sur le nouveau monde qui se construit sous nos yeux.
Comme je le disais il y a quelques temps, dans une économie de la connaissance, il est inefficace de taxer des biens matériels dont la valeur monétaire chute. Dans une économie dématérialisée, il est inefficace de taxer les flux matériels. Dans une économie basée sur des mécanismes de gratuité, il est inefficace de taxer la valeur ajoutée. Dans une économie où l’on rompt avec le modèle énergétique, il est inefficace à terme de taxer le modèle que l’on abandonne. Dans une économie où l’homme cherche à maîtriser son empreinte sur les écosystèmes il est inefficace de taxer des éléments qui ne prennent pas en compte cette empreinte (si le carbone est un élément de cette empreinte, alors le carbone doit être un coût pour ceux qui le gaspillent et un revenu pour ceux qui en font le meilleur usage). Dans une économie où l’individu acquiert des capacités jusque-là réservées aux producteurs de la vieille économie, il est inefficace de continuer à baser la majorité de ses revenus fiscaux sur un modèle qui s’étiole.
Société et économie de la connaissance, société et économie numérique, société et économie en équilibre avec les écosystèmes, société et économie post-pétrole, société et économie des nouveaux individus et acteurs économiques, rien ne ressemble à ce qu’un gouvernement a pu connaître. Il est temps d’être aussi audacieux en ce domaine que nous l’avons été pour le mariage pour tous.