La révolte des intouchables

anne_franckLes lycéens sont descendus dans la rue crier leur refus et leur rejet des politiques sécuritaires qui les frappent. Je n’imaginais pas devoir, à nouveau, m’associer à une lutte de ce type, en particulier avec un gouvernement de gauche.

Peu importe la situation de leurs parents ou les circonstances de leur présence en France, une société qui ne protège pas ses enfants est une société en perdition, une société qui cannibalise son avenir et piétine ses racines.

Mais je dois bien avouer que ce n’est pas hélas surprenant, si ce n’est sur le côté tardif de la révolte.

Nous sommes une société où statistiquement il vaut mieux être à la retraite pour bien vivre qu’être dans l’âge mûr et pire encore à l’entrée de l’âge adulte.

Nous sommes dans une société qui fait payer l’incurie pluri-décénale du non-financement des retraites aux enfants et surtout petits enfants des retraités, tout en continuant à augmenter le problème pour préserver la situation de ces derniers.

Nous sommes dans une société qui a tellement dévalorisé son modèle qu’il est objectivement plus intéressant pour un jeune de ne pas faire d’études longues et de commencer à vivoter le plus tôt possible dans l’espoir de finir par décrocher un vrai travail.

Nous sommes dans une société qui vole les 10 premières années de la vie d’adulte des jeunes générations parce qu’on ne leur offre plus assez d’emplois, parce que les politiques rentières ont rendu inaccessibles ou peu s’en faut le logement, parce que l’on fait plus d’efforts pour sauver les avantages acquis que pour rendre accessible la première marche d’une vie autonome d’adulte.

Nous sommes dans une société de vieux reclus qui sont tellement obsédés par la perte fantasmée de leur magot que nous trouvons normales et salutaires les politiques policières qui expulsent une lycéenne qui ne demandait que la chance d’apprendre pour prendre sa place dans le développement du pays.

Lorsque l’on expulse ces enfants de l’immigration, c’est Boris Cyrulnik que l’on expulse, c’est George Charpak que l’on expulse, c’est Marie Curie que l’on expulse, c’est l’âme et les valeurs de Marianne que l’on expulse.


Des milliers de lycéens dans la rue contre les… par leparisien

Une réflexion sur « La révolte des intouchables »

  1. Hollande a fini par choisir une position qui me semble moins pire que ce les réactions ne le disent.
    Cette situation était foireuse parce que le droit entrait de plein fouet avec l’impérieuse nécessité de protéger les enfants, y compris contre la violence de l’État.

    Au final, le droit est respecté puisque le problème de l’illégalité de la présence sur le sol français est résolu. Mais, par une acrobatie qui vaut ce qu’elle vaut, la France accepte d’accueillir les enfants pour qu’ils terminent leurs études.

    Aurait-on pu faire mieux ? Peut-être et en tout cas il aurait évidemment été préférable d’arriver à une meilleure solution car si celle-ci respecte l’impérieuse nécessité de protection et la liberté de choix, il n’a échappé à personne qu’être séparé de sa famille n’est pas idéal et qu’à ce jour, les conditions de vie en France ne sont pas claires.

    Je crois qu’il faut se servir de cette histoire pour réfléchir à une solution plus claire et durable : doit-on imaginer une sorte de statut de pupille de la République pour certains enfants étrangers ? Sur quels critères ? Si oui, seraient-il accueillis en internat ou dans des familles d’accueil ?

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