3 réflexions sur « Affaire Dreyfus Strauss-Kahn : gestuelle et discours de N. Diallo »
Je reprends ici un échange intéressant (car contradictoire et argumenté) fait sur lepost.fr
————– commentaire —————-
Grady SATENS le 29/07/2011 à 01:29
Fonder son analyse sur une telle bipartition du cerveau n’est pas vraiment le signe d’une absolue rigueur !
Ainsi, on aimerait bien savoir pourquoi le fait que les yeux soient levés vers la droite signifierait qu’elle cherche « une fantaisie, et non un fait », et pourquoi cela ne signifierait pas plutôt, par exemple, qu’elle serait dans l’émotion (et donc, dans la sincérité) et non dans le calcul (c’est-à-dire dans le mensonge) !
Et puis l’analyse qui est faite du « oui-non » qu’elle répond à la question de la prostitution est un summum de nullité, en terme de compréhension d’autrui: le « oui » qu’elle fait de la tête vient de ce qu’elle sait qu’on lui pose cette question parce qu’elle a déjà nié, par son avocat, être une prostituée ; elle ne fait donc par là que confirmer soutenir la position qu’elle sait être celle que tout le monde s’attend à la voir soutenir, et qui est « I’m not » (de même que ce que tout un chacun fait ou a tendance à faire, lorsqu’on lui pose une question afin qu’il confirme un démenti : un « oui-non » qui signifie simplement « c’est exact qu’il est faux que… »).
Le succès de la pseudoscience qu’on voit ici à l’oeuvre est, je trouve, assez inquiétant, et c’est à mon sens d’un même geste qu’on doit critiquer toute théorie économique qui, dans sa dimension normative, oublierait de faire de la justice une fin, et qu’on doit lutter contre la propagation de l’irrationalité (qui, par ailleurs, finit toujours par refluer sur la réflexion politique de façon a compliquer considérablement le devenir-rationnel de toute discussion).
Mais je ne doute pas que vous soyez du côté de la raison, et que, si vous avez proposé cette vidéo à la réflexion, c’était surtout pour montrer l’inconsistance d’une autre interprétation des signes corporels de N. Diallo, qui concluait plutôt, avec le même sérieux, à sa sincérité.
——- réponse Bloggy Bag le 29/07/2011 à 09:22 ————–
J’ai relayé l’analyse d’un professionnel dont le métier est d’interpréter le langage corporel, en particulier pour détecter les mensonges.
Je note votre avis sur les sciences que l’on qualifie généralement de molle, il n’est ni nouveau ni original et je note au passage que malgré cette critique vous n’hésitez pas vous-même à y aller de votre interprétation avec encore moins de rationalité que l’intervenant de cette vidéo car contrairement à lui vous ne dites pas sur quoi vous fondez votre analyse (« le oui qu’elle fait de la tête vient de »).
Enfin je pense et j’espère effectivement être du côté de la raison, et si j’ai posté cette analyse c’est d’abord pour que tout un chacun se pose la question de la sincérité de la représentation théâtrale qui nous est donnée à voir (et même à consommer jusqu’à l’indigestion). Comme j’ai dû déjà l’écrire 10 fois, les seules choses avérées dans cette histoire sont qu’une plainte a été déposée, que la majorité des éléments relatés dans les premiers jours se sont révélés faux, que la plaignante a menti au procureur et que beaucoup de gens autour de cette affaire ont des intérêts qui n’ont pas grand chose à voir avec la justice.
Pour ce qui est de la culpabilité ou de l’innocence, il faudra attendre que le procureur rende ses conclusions sur la véracité possible des éléments du dossier et ensuite si cette véracité est possible, qu’un jury se prononce.
Le combat actuel de la défense consiste à essayer de démontrer ou au moins à faire croire que N. Diallo n’a pas menti sur tout.
———– commentaire ——————
Grady SATENS le 30/07/2011 à 00:38
Je crains que vous ne confondiez les pseudosciences avec les sciences humaines : celles-ci ont un objet plus difficile à théoriser avec précision que celui des sciences dites dures, tandis que celles-là contreviennent à la scientificité dans leur démarche même.
L’idée d’une telle spécialisation des hémisphères du cerveau est sujette à caution. Mais peu importe, manifestement, pour certains : il s’agira toujours d’un fondement assez solide, dès lors qu’il y a là de quoi édifier une théorie possiblement lucrative de l’analyse des gestes.
Mais admettons. Toutefois, pourquoi cela voudrait-il dire que lever les yeux du côté droit pour réfléchir consiste à chercher quelque chose qui se trouve dans le côté droit du cerveau, notamment quand on vient d’admettre que la partie du corps contrôlée est à l’opposé de la partie du cerveau qui le contrôle ? Serait-ce que nous avons conscience de cette inversion et, donc, de quelle partie du cerveau contrôle quelle partie du corps ? Ou bien que le cerveau projette son contenu au dessus de lui, ce qui nous obligerait à lever les yeux pour le scruter ? On voit combien tout cela est aventureux et ne repose que sur des associations franchement triviales (« quand on réfléchit, on lève parfois les yeux ; or le cerveau se situe derrière et un peu au-dessus des yeux ; par conséquent – c’est évident ! -, on lève les yeux comme pour regarder dans le cerveau »).
Grady SATENS le 30/07/2011 à 00:41
Mais admettons encore. Ce que tendent à montrer les recherches, c’est que le cerveau droit est plutôt impliqué dans la vision et le traitement global de l’information, et que le cerveau gauche est plutôt impliqué dans l’audition et le traitement séquentiel de l’information. De là à soutenir que l’un est dédié à l’imagination et l’autre aux faits, c’est faire preuve du même genre de raisonnements que celui explicité plus haut. Ainsi, si tant est que lever les yeux d’un côté consiste à repêcher une information dans la partie du cerveau qui se trouve de ce même côté, alors, selon ce qu’on peut dire aujourd’hui de la répartition dans le cerveau du travail cognitif, rien ne permettrait de dire qu’il s’agit plutôt d’un mensonge que d’un souvenir visuel.
Bref, nous avons-là un bel exemple de pseudoscience (qui consiste à construire et chercher à vérifier une théorie en occultant tout ce qui peut l’infirmer).
Grady SATENS le 30/07/2011 à 00:52
Mais cela ne veut pas dire que toute interprétation de la gestuelle soit du même ordre. Je puis, en effet, dire d’un visage qu’il exprime la joie sans que cela relève du délire, car je ne fais alors que constater le fait que ce visage exprime ce que, habituellement, nous nommons joie : il n’y a pas d’autre sens à utiliser un mot qu’en rapport avec ce que l’on a appris de son usage dans l’espace public du langage (et si l’incertitude demeure quant au fait de savoir si c’est une joie réelle ou simulée, la question ne peut en tout cas pas être tranchée par quelqu’un qui, d’autorité, poserait que telle expression signifierait que la joie est réelle ou simulée). En d’autres termes, ce jugement est valide, car il se fonde sur des critères qui permettent une évaluation publique de son contenu : quelqu’un ne peut décréter dans son coin, pour nous l’apprendre, que telle ou telle manifestation exprime ou non la joie, la tristesse, la sincérité, le mensonge, et tous les autres états et actions intérieurs, car connaître le sens de ces mots dans ce contexte, c’est précisément déjà connaître la manifestation de ce qu’ils désignent, ou bien c’est qu’on ne connaît pas leur signification. Bref, à quelqu’un qui est déjà entré dans le langage, il est absurde de lui décrypter la gestuelle d’un individu pour lui apprendre, contre ce qu’il sait déjà intuitivement, ce que pense ou ressent cet individu, si c’est à partir d’un critère qu’il ne peut évaluer : soit on est en présence d’une description qui, certes, est plus précise que ce que d’autres ont eu le temps de faire, mais dont chacun peut apprécier la vérité, soit il s’agit d’un non-sens.
Grady SATENS le 30/07/2011 à 00:52
Certes, on peut imaginer que s’ajouterait à cette base commune – celle sur le fond de laquelle il y a un sens à identifier une intériorité à partir de son expression physique – un critère scientifique : tel geste serait indéniablement lié à tel état mental alors qu’usuellement, il paraîtrait à tous complètement insignifiant (par exemple, se frotter les yeux signifierait qu’on pense à son enfance). Mais ce serait une bien étrange chose que tel état mental particulier se traduise chez tous (et donc chez moi) systématiquement par une même expression physique, sans que je puisse en même temps identifier que celle-ci, en autrui, soit la traduction de ce même état mental : cela n’est possible que si cela dénote des processus mentaux inconscients, de sorte que je puisse ignorer ce lien physico-mental autant en moi qu’en autrui. Mais il faut encore que ce soit un critère déterminé scientifiquement, ce qui n’est vraiment pas ce sur quoi se fonde notre interprète, comme on l’a vu plus haut.
Grady SATENS le 30/07/2011 à 00:54
Par contre, la lecture que je livre du « oui-non » n’est pas de cet ordre, précisément du fait que je ne fais pas appel à un critère que je pose d’autorité en le soustrayant à la critique par l’habillage scientifique que je lui donne, mais que je me fonde uniquement sur les critères usuels de reconnaissance de l’affirmation et de la dénégation, soit, sur ce que tout un chacun qui comprend ces notions peut confirmer ou infirmer (l’idée que lorsqu’on vous offre de confirmer une dénégation, ou que vous supposez que votre interlocuteur attend un « non » de votre part en vous posant une question, vous confirmez de la tête et dites « non » pour répondre à la question explicite). C’est peut-être faux (ce qui m’étonnerait, au vu du nombre de fois où j’ai pu constater cela), mais c’est en tous cas ce que chacun peut évaluer à la réflexion. C’est donc la lecture que j’en fais qui est au contraire plus rationnelle, car la rationalité n’est pas fonction des raisons que l’on donne de sa démarche, mais de la vérité de celles sur lesquelles on la fonde.
L’astrologue aussi est un professionnel, dont le métier est de deviner l’avenir. Cela ne justifie pas, pour autant, qu’on accorde à ses divinations un quelconque crédit.
————- ma réponse ——————–
Voilà des commentaires qui ont le mérite d’être réfléchis et argumentés, et que je trouve pour ma part intéressant.
Je ne m’aventurerai pas à répondre sur le fond puisque j’estime ne pas en avoir les compétences, je me contenterai de faire remarquer que la personne qui donne ici son analyse est psychothérapeute et psychanalyse (activités appartenant par excellente à des domaines scientifiques mous et sujet à polémique) et qu’il a développé une partie de son activité professionnelle autour de « l’art de mentir » et de détecter les mensonges.
Ne connaissant pas la réputation et la solidité scientifique de cette personne, j’éviterai de conclure soit au génie soit au charlatanisme. Nous pouvons tous par contre constater que sa démarche est rationnelle : il donne sa grille d’analyse (que l’on peut discuter mais c’est par nature un élément qui détermine une démarche scientifique) et ensuite son analyse des images, chacun pouvant constater de lui-même.
La pertinence des outils peut être discutée mais on ne peut pas lui faire a priori un procès en malhonnêté.
Mais le fond de mon propos n’est pas là.
Depuis le début de cette affaire on nous assène des vérités qui se révèlent médiatiquement fabriquées et trop souvent fausses (reprenez les articles de presse des 1ers jours !). La tournée médiatique actuelle de N. Diallo et de son avocat est toujours de cette même veine. A ces vérités médiatiques que l’on veut nous faire consommer, à une histoire racontée dans une interview fait par des pros, j’oppose ici une analyse, discutable (ce que vous faite) mais argumentée et réfléchie.
Là est mon propos : réfléchissez par vous-même, rechercher des éléments factuels, des grilles d’analyses, raisonnez, émancipez-vous, fondez votre conviction. La démocratie n’a de sens que par rapport à des citoyens instruits et éclairés, ce qui est encore plus vrai depuis l’arrivée d’internet, média planétaire et instantané.
Apprenez à détecter les manipulations possibles, protégez votre liberté !
L’avocat de N. Diallo a lancé un appel à témoin (de plus) à propos d’un supposé harcèlement de DSK sur les lignes d’Air France.
Manifestement, une gesticulation de plus pour essayer de consolider un dossier trop faible.
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Je reprends ici un échange intéressant (car contradictoire et argumenté) fait sur lepost.fr
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Grady SATENS le 29/07/2011 à 01:29
Fonder son analyse sur une telle bipartition du cerveau n’est pas vraiment le signe d’une absolue rigueur !
Ainsi, on aimerait bien savoir pourquoi le fait que les yeux soient levés vers la droite signifierait qu’elle cherche « une fantaisie, et non un fait », et pourquoi cela ne signifierait pas plutôt, par exemple, qu’elle serait dans l’émotion (et donc, dans la sincérité) et non dans le calcul (c’est-à-dire dans le mensonge) !
Et puis l’analyse qui est faite du « oui-non » qu’elle répond à la question de la prostitution est un summum de nullité, en terme de compréhension d’autrui: le « oui » qu’elle fait de la tête vient de ce qu’elle sait qu’on lui pose cette question parce qu’elle a déjà nié, par son avocat, être une prostituée ; elle ne fait donc par là que confirmer soutenir la position qu’elle sait être celle que tout le monde s’attend à la voir soutenir, et qui est « I’m not » (de même que ce que tout un chacun fait ou a tendance à faire, lorsqu’on lui pose une question afin qu’il confirme un démenti : un « oui-non » qui signifie simplement « c’est exact qu’il est faux que… »).
Le succès de la pseudoscience qu’on voit ici à l’oeuvre est, je trouve, assez inquiétant, et c’est à mon sens d’un même geste qu’on doit critiquer toute théorie économique qui, dans sa dimension normative, oublierait de faire de la justice une fin, et qu’on doit lutter contre la propagation de l’irrationalité (qui, par ailleurs, finit toujours par refluer sur la réflexion politique de façon a compliquer considérablement le devenir-rationnel de toute discussion).
Mais je ne doute pas que vous soyez du côté de la raison, et que, si vous avez proposé cette vidéo à la réflexion, c’était surtout pour montrer l’inconsistance d’une autre interprétation des signes corporels de N. Diallo, qui concluait plutôt, avec le même sérieux, à sa sincérité.
——- réponse Bloggy Bag le 29/07/2011 à 09:22 ————–
J’ai relayé l’analyse d’un professionnel dont le métier est d’interpréter le langage corporel, en particulier pour détecter les mensonges.
Je note votre avis sur les sciences que l’on qualifie généralement de molle, il n’est ni nouveau ni original et je note au passage que malgré cette critique vous n’hésitez pas vous-même à y aller de votre interprétation avec encore moins de rationalité que l’intervenant de cette vidéo car contrairement à lui vous ne dites pas sur quoi vous fondez votre analyse (« le oui qu’elle fait de la tête vient de »).
Enfin je pense et j’espère effectivement être du côté de la raison, et si j’ai posté cette analyse c’est d’abord pour que tout un chacun se pose la question de la sincérité de la représentation théâtrale qui nous est donnée à voir (et même à consommer jusqu’à l’indigestion). Comme j’ai dû déjà l’écrire 10 fois, les seules choses avérées dans cette histoire sont qu’une plainte a été déposée, que la majorité des éléments relatés dans les premiers jours se sont révélés faux, que la plaignante a menti au procureur et que beaucoup de gens autour de cette affaire ont des intérêts qui n’ont pas grand chose à voir avec la justice.
Pour ce qui est de la culpabilité ou de l’innocence, il faudra attendre que le procureur rende ses conclusions sur la véracité possible des éléments du dossier et ensuite si cette véracité est possible, qu’un jury se prononce.
Le combat actuel de la défense consiste à essayer de démontrer ou au moins à faire croire que N. Diallo n’a pas menti sur tout.
———– commentaire ——————
Grady SATENS le 30/07/2011 à 00:38
Je crains que vous ne confondiez les pseudosciences avec les sciences humaines : celles-ci ont un objet plus difficile à théoriser avec précision que celui des sciences dites dures, tandis que celles-là contreviennent à la scientificité dans leur démarche même.
L’idée d’une telle spécialisation des hémisphères du cerveau est sujette à caution. Mais peu importe, manifestement, pour certains : il s’agira toujours d’un fondement assez solide, dès lors qu’il y a là de quoi édifier une théorie possiblement lucrative de l’analyse des gestes.
Mais admettons. Toutefois, pourquoi cela voudrait-il dire que lever les yeux du côté droit pour réfléchir consiste à chercher quelque chose qui se trouve dans le côté droit du cerveau, notamment quand on vient d’admettre que la partie du corps contrôlée est à l’opposé de la partie du cerveau qui le contrôle ? Serait-ce que nous avons conscience de cette inversion et, donc, de quelle partie du cerveau contrôle quelle partie du corps ? Ou bien que le cerveau projette son contenu au dessus de lui, ce qui nous obligerait à lever les yeux pour le scruter ? On voit combien tout cela est aventureux et ne repose que sur des associations franchement triviales (« quand on réfléchit, on lève parfois les yeux ; or le cerveau se situe derrière et un peu au-dessus des yeux ; par conséquent – c’est évident ! -, on lève les yeux comme pour regarder dans le cerveau »).
Grady SATENS le 30/07/2011 à 00:41
Mais admettons encore. Ce que tendent à montrer les recherches, c’est que le cerveau droit est plutôt impliqué dans la vision et le traitement global de l’information, et que le cerveau gauche est plutôt impliqué dans l’audition et le traitement séquentiel de l’information. De là à soutenir que l’un est dédié à l’imagination et l’autre aux faits, c’est faire preuve du même genre de raisonnements que celui explicité plus haut. Ainsi, si tant est que lever les yeux d’un côté consiste à repêcher une information dans la partie du cerveau qui se trouve de ce même côté, alors, selon ce qu’on peut dire aujourd’hui de la répartition dans le cerveau du travail cognitif, rien ne permettrait de dire qu’il s’agit plutôt d’un mensonge que d’un souvenir visuel.
Bref, nous avons-là un bel exemple de pseudoscience (qui consiste à construire et chercher à vérifier une théorie en occultant tout ce qui peut l’infirmer).
Grady SATENS le 30/07/2011 à 00:52
Mais cela ne veut pas dire que toute interprétation de la gestuelle soit du même ordre. Je puis, en effet, dire d’un visage qu’il exprime la joie sans que cela relève du délire, car je ne fais alors que constater le fait que ce visage exprime ce que, habituellement, nous nommons joie : il n’y a pas d’autre sens à utiliser un mot qu’en rapport avec ce que l’on a appris de son usage dans l’espace public du langage (et si l’incertitude demeure quant au fait de savoir si c’est une joie réelle ou simulée, la question ne peut en tout cas pas être tranchée par quelqu’un qui, d’autorité, poserait que telle expression signifierait que la joie est réelle ou simulée). En d’autres termes, ce jugement est valide, car il se fonde sur des critères qui permettent une évaluation publique de son contenu : quelqu’un ne peut décréter dans son coin, pour nous l’apprendre, que telle ou telle manifestation exprime ou non la joie, la tristesse, la sincérité, le mensonge, et tous les autres états et actions intérieurs, car connaître le sens de ces mots dans ce contexte, c’est précisément déjà connaître la manifestation de ce qu’ils désignent, ou bien c’est qu’on ne connaît pas leur signification. Bref, à quelqu’un qui est déjà entré dans le langage, il est absurde de lui décrypter la gestuelle d’un individu pour lui apprendre, contre ce qu’il sait déjà intuitivement, ce que pense ou ressent cet individu, si c’est à partir d’un critère qu’il ne peut évaluer : soit on est en présence d’une description qui, certes, est plus précise que ce que d’autres ont eu le temps de faire, mais dont chacun peut apprécier la vérité, soit il s’agit d’un non-sens.
Grady SATENS le 30/07/2011 à 00:52
Certes, on peut imaginer que s’ajouterait à cette base commune – celle sur le fond de laquelle il y a un sens à identifier une intériorité à partir de son expression physique – un critère scientifique : tel geste serait indéniablement lié à tel état mental alors qu’usuellement, il paraîtrait à tous complètement insignifiant (par exemple, se frotter les yeux signifierait qu’on pense à son enfance). Mais ce serait une bien étrange chose que tel état mental particulier se traduise chez tous (et donc chez moi) systématiquement par une même expression physique, sans que je puisse en même temps identifier que celle-ci, en autrui, soit la traduction de ce même état mental : cela n’est possible que si cela dénote des processus mentaux inconscients, de sorte que je puisse ignorer ce lien physico-mental autant en moi qu’en autrui. Mais il faut encore que ce soit un critère déterminé scientifiquement, ce qui n’est vraiment pas ce sur quoi se fonde notre interprète, comme on l’a vu plus haut.
Grady SATENS le 30/07/2011 à 00:54
Par contre, la lecture que je livre du « oui-non » n’est pas de cet ordre, précisément du fait que je ne fais pas appel à un critère que je pose d’autorité en le soustrayant à la critique par l’habillage scientifique que je lui donne, mais que je me fonde uniquement sur les critères usuels de reconnaissance de l’affirmation et de la dénégation, soit, sur ce que tout un chacun qui comprend ces notions peut confirmer ou infirmer (l’idée que lorsqu’on vous offre de confirmer une dénégation, ou que vous supposez que votre interlocuteur attend un « non » de votre part en vous posant une question, vous confirmez de la tête et dites « non » pour répondre à la question explicite). C’est peut-être faux (ce qui m’étonnerait, au vu du nombre de fois où j’ai pu constater cela), mais c’est en tous cas ce que chacun peut évaluer à la réflexion. C’est donc la lecture que j’en fais qui est au contraire plus rationnelle, car la rationalité n’est pas fonction des raisons que l’on donne de sa démarche, mais de la vérité de celles sur lesquelles on la fonde.
L’astrologue aussi est un professionnel, dont le métier est de deviner l’avenir. Cela ne justifie pas, pour autant, qu’on accorde à ses divinations un quelconque crédit.
————- ma réponse ——————–
Voilà des commentaires qui ont le mérite d’être réfléchis et argumentés, et que je trouve pour ma part intéressant.
Je ne m’aventurerai pas à répondre sur le fond puisque j’estime ne pas en avoir les compétences, je me contenterai de faire remarquer que la personne qui donne ici son analyse est psychothérapeute et psychanalyse (activités appartenant par excellente à des domaines scientifiques mous et sujet à polémique) et qu’il a développé une partie de son activité professionnelle autour de « l’art de mentir » et de détecter les mensonges.
Ne connaissant pas la réputation et la solidité scientifique de cette personne, j’éviterai de conclure soit au génie soit au charlatanisme. Nous pouvons tous par contre constater que sa démarche est rationnelle : il donne sa grille d’analyse (que l’on peut discuter mais c’est par nature un élément qui détermine une démarche scientifique) et ensuite son analyse des images, chacun pouvant constater de lui-même.
La pertinence des outils peut être discutée mais on ne peut pas lui faire a priori un procès en malhonnêté.
Mais le fond de mon propos n’est pas là.
Depuis le début de cette affaire on nous assène des vérités qui se révèlent médiatiquement fabriquées et trop souvent fausses (reprenez les articles de presse des 1ers jours !). La tournée médiatique actuelle de N. Diallo et de son avocat est toujours de cette même veine. A ces vérités médiatiques que l’on veut nous faire consommer, à une histoire racontée dans une interview fait par des pros, j’oppose ici une analyse, discutable (ce que vous faite) mais argumentée et réfléchie.
Là est mon propos : réfléchissez par vous-même, rechercher des éléments factuels, des grilles d’analyses, raisonnez, émancipez-vous, fondez votre conviction. La démocratie n’a de sens que par rapport à des citoyens instruits et éclairés, ce qui est encore plus vrai depuis l’arrivée d’internet, média planétaire et instantané.
Apprenez à détecter les manipulations possibles, protégez votre liberté !
L’avocat de N. Diallo a lancé un appel à témoin (de plus) à propos d’un supposé harcèlement de DSK sur les lignes d’Air France.
Manifestement, une gesticulation de plus pour essayer de consolider un dossier trop faible.
Réponses des syndicats d’Air France : http://www.ladepeche.fr/article/2011/08/05/1141366-affaire-dsk-cherchez-l-hotesse-de-l-air.html
Réponse du porte-parole d’Air France : http://www.7sur7.be/7s7/fr/10316/Dominique-Strauss-Kahn/article/detail/1300855/2011/08/04/DSK-Air-France-n-a-pas-eu-vent-d-un-comportement-inapproprie.dhtml
Même le Figaro l’écrit ! http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/08/04/97001-20110804FILWWW00314-dsk-air-france-dement-toute-consigne.php
Autre analyse similaire :
http://www.francesoir.fr/actualite/justice/affaire-dsk-ce-que-leurs-gestes-disent-d-eux-125562.html