Grève, réforme, social : la France cul par dessus tête

La contestation se maintient à un niveau vigoureux. Le mot d’ordre est toujours de remettre à plat la pseudo-réforme sarkozienne, mais fondamentalement, est-ce vraiment ce qui fait descendre les gens dans la rue ?

Depuis le départ, tout est bizarre dans cette affaire. D’abord l’objet initial (réformer pour pérenniser le système) n’est contesté par personne (ou peu s’en faut). Il y avait donc matière à vraiment mettre en place un processus de changement qui aboutisse sans drame. Or quelle méthode nous a-t-elle été imposée ? Un calendrier et des décisions globalement figées, des réunions à sens unique où l’on demande aux partenaires sociaux de préciser les points sur lesquels on va leur expliquer pourquoi ils ont tort. Programme étrange dès le départ.

Mais au-delà, le gouvernement UMP a réussi tout à la fois à dire qu’il imposait des choses non négociables tout en mettant en place une situation où l’on est certain que ces choses seront remises en cause, par non pas une mais deux élections présidentielles (2012 et 2017).
En clair, quoi qu’il se décide ou pas d’ici la fin de l’année, les retraites et au-delà les impacts démographiques et économiques sur notre société, seront au menu de la prochaine présidentielle et peut-être de la suivante.

C’est une imbécilité méthodologique autant qu’un crime social commis par le gouvernement UMP.

Il est plus qu’évident qu’il faudra donner une réponse, un espoir, un élan à tous ces jeunes qui ont raison de descendre dans la rue, non pour la réforme des retraites, mais tout simplement pour leur place dans la société ! Leur problème n’est pas de savoir s’ils bénéficieront du régime actuel (la réponse est non), mais quelle place nous leur faisons, quelle est la valeur de leurs qualifications, quel espace nous leur laissons pour fonder une famille, pour construire leur vie ?

Concernant la vie au travail de chacun, là aussi il faut donner une réponse claire aux angoisses. Que faire d’une société où l’on entre au mieux dans une vie professionnelle stable vers 25 ans et qu’à partir de 40, on se retrouve souvent “cramé” et non ré-employable si par malheur on perd son emploi. 15 ans de vie professionnelle cela fait un peu court lorsque les textes annoncent à minima 40 ans de cotisations pleines !

Alors oui l’âge de la retraite est un sujet, et bien sûr il faut (enfin) atteindre un équilibre financier. Mais franchement, si les 60 ans c’est bon pour mobiliser les gens dans la rue, combien parmi eux croient que le maintient de ce symbole suffira à remettre la société du travail à l’endroit. Oublions deux minutes les symboles et reposons les principes :

* on n’envoie pas des gens travailler lorsque la machine ne suit plus, et c’est pourquoi il faut considérer l’espérance de vie en bonne santé comme repère de la réforme pour le départ effectif (63.1 ans en 2007)

* la retraite n’est pas un acquis social, mais un pacte de solidarité entre générations, à la fois comme un remerciement des efforts consentis et comme le choix de permettre à chacun de vivre dignement même lorsqu’il n’est plus en mesure de gagner sa vie

* ce pacte de solidarité ne se limite pas à la génération qui part actuellement, mais elle inclut forcément les classes d’âges les plus jeunes sans oublier ceux sur qui repose actuellement le système

* enfin, un système dont la situation financière ne fait que se dégrader est un système mort, sans avenir, suicidaire, et quelque part immoral vis-à-vis de qui nous serons à l’avenir

A mon sens, au-delà de la revendication et de la contestation d’un gouvernement qui fait déjà ses cartons, la rue est en train de nous poser les questions auxquelles nous devons répondre d’ici 2012. Avec courage et clarté.

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