Il y a quelques jours, en feuillant quelques livres de ma bibliothèque, je suis retombé sur un très vieux texte (plus de 130 ans) du chef sioux Sitting Bull. En le relisant, je me suis fait la réflexion qu’il était d’une étonnante modernité, voire d’une incroyable actualité.
Voici ce texte.
“Voyez, mes frères, le printemps est venu ; la terre a reçu l’étreinte du soleil, et nous verrons bientôt les fruits de cet amour !
Chaque graine s’éveille et de même chaque animal prend vie. C’est à ce mystérieux pouvoir que nous devons nous aussi notre existence ; c’est pourquoi nous concédons à nos voisins, même à nos voisins animaux, le même droit qu’à nous d’habiter cette terre.
Pourtant, écoutez-moi, vous tous, nous avons maintenant affaire à une autre race – petite et faible quand nos pères l’ont rencontrée pour la première fois, mais aujourd’hui grande et arrogante. Assez étrangement, ils ont dans l’idée de cultiver le sol et l’amour de posséder est chez eux une maladie. Ces gens-là ont établi beaucoup de règles que les riches peuvent briser mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la terre, pour leur propre usage et se barricadent contre leurs voisins ; ils la défigurent avec leurs constructions et leurs ordures. Cette nation est pareille à un torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage.
Nous ne pouvons vivre côte à côte.”
Si l’on écarte le lien religieux des indiens avec la nature dont nous ne comprenons que difficilement le sens aujourd’hui, comment ne pas être frappé avec ce que nous vivons ?
Sont-ce les paroles d’un écologiste portant un regard nostalgique sur une nature qu’il voit de dérégler à cause de l’industrialisation destructrice des hommes ?
Sont-ce les paroles d’un homme de la rue portant un jugement sur les banquiers de la finance jouant au casino le sort de millions de personnes ?
Non, juste les paroles du chef d’une nation d’hommes libres, chef inquiet de voir son monde au bord de la destruction. Depuis, nation qui a effectivement succombé sous les excès d’autres hommes trop avides, trop imprévoyants. Trop ignorants aussi.
Et nous, de quel côté sommes-nous ?