Le congrès du PS expliqué aux enfants pour qu’ils l’expliquent à leurs parents

On lit vraiment tout, et principalement n’importe quoi sur la préparation du congrès socialiste de l’automne.

Chaque communiqué, chaque action, chaque déclaration, chaque silence semble devoir générer son flot d’explications, explications qui se résument en fait à un pot pourri de lieux communs sur fond de photos surannées prises au temps de Jospin, voire Mitterrand lorsque cela ne remonte pas à Jaurès ou Marx…

Qu’en est-il vraiment ? Il n’aura échappé à personne (ou pas à grand monde), que le PS a pris une pâtée quasi historique à la dernière présidentielle. Cette élection en forme d’acte de décès entérinait ce que les socialistes auraient dû acter depuis longtemps : l’idéologie de gauche de la fin du XXème siècle était arrivée à un tel point d’obsolescence qu’elle a été incapable de trouver une majorité alors même que l’électorat cherchait à élire un président de gauche.

Nous en sommes donc là : la mort étant avérée, il faut publier l’acte de décès pour pouvoir donner naissance à un nouvel espoir, héritier du socialisme et de la social-démocratie.  C’est finalement la façon la plus claire de présenter les enjeux du congrès de Reims.

Y-a-t-il pourtant encore des gens pour nier la mort du vieux PS ? Pas vraiment. Même l’aile “radicale et historique” du PS (Emmanuelli, Mélanchon, …) cherche une inspiration nouvelle, souvent du côté des expériences sud-américaines pour revivifier le PS. La démarche est intéressante mais a peu de chances d’être audible tant elle est en décalage avec les urgences et avec l’époque. Personne de responsable n’a envie d’être le Besancenot du PS.

Quoi d’autre alors ? En fait, il se dégage trois axes stratégiques avec des colorations politiques plus ou moins précises, même si elles se réclament toutes plus ou moins de la social-démocratie.

Le premier axe est celui des présidentiables calqués sur la seule réalité qui reste à la Vème République : être calife dans le palais de la Pompadour. C’est le choix du couple Delanoë-Royal. Avantage de cet axe, comme il est calqué sur le fonctionnement de la Vème République, il bénéficie à plein de la machine médiatique qui va de pair, et donc la machine à communiquer fonctionne largement en surexposant ce fameux duel que tous attendent. Mon œil… Inconvénient majeur, comme ni Delanoë ni Royal n’ont une majorité à eux seuls, loin s’en faut, il leur faut trouver des alliances au sein du PS, or le PS est beaucoup de choses, mais surement pas une écurie présidentielle. Pas un militant n’ignore que le parti risque d’être ingérable avec un présidentiable à sa tête, et que ceci n’empêchera pas en plus les autres de faire acte de candidature le moment venu.

Deuxième axe, celui des courants mené par la candidature de Martine Aubry. L’avantage est ici de tenir compte de la réalité historique du PS qui est un parti de courants et d’équilibres plus ou moins subtils. L’inconvénient est sans doute de ne pas tenir compte de la réalité historique qui se construit et qui remet justement en cause le fonctionnement passé. Par ailleurs, chaque courant étant représenté par une personnalité forte, cela complique l’indispensable refonte idéologique et cela menace le besoin d’efficacité. Cet axe a une chance de trouver une majorité, mais des trois solutions, c’est peut-être celle qui aurait le plus de mal à procéder à une refonte radicale du PS.

Troisième et dernier axe représenté par Moscovici, Montebourg et maintenant Valls/Collomb/Guerini, celui de la démarche en marge de la technostructure, de la méthode et de la refonte idéologique d’abord. L’inconvénient majeur de cette approche est que cela ne ressemble à rien de connu au PS (ou ailleurs d’ailleurs), que ce choix est défendu par des personnalités de poids mais qui ne sont pas les grands ténors nationaux (les fameux éléphants), que c’est un choix qui remet de facto en cause le fonctionnement et la hiérarchie du parti avec des exercices de démocratie directe via internet. L’avantage principal à mes yeux est que la colonne vertébrale est ici constituée par les travaux de refonte idéologique entamés lors de l’échec à la présidentielle, donc exempts de colorations personnelles et forcément en phase avec les nouveaux défis et les attentes des français. C’est l’axe des outsiders, une sorte de révolution silencieuse militante, et c’est aussi celui qui progresse en ce moment avec le rapprochement des contributeurs des textes “besoin de gauche” et “la ligne claire”.

Alors que va-t-il se passer ? Malgré le soutien médiatique pour le premier choix, j’hésite entre la ligne des courants et celle de la révolution silencieuse des militants ; je suis favorable à cette dernière mais je ne suis pas encore convaincu que tous les cadres du PS ont bien compris à quel niveau d’urgence en étaient arrivés et le PS, et la France. Ils pourraient être tentés de se limiter à des réformes nécessaires là où il faut des réformes radicales.

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