Cette victoire des régionales 2010 gardera sans doute longtemps une place particulière dans l’histoire de la gauche, car elle rend possible la suite.
Le chemin de la refondation sera long car il dépasse largement le simple cadre d’un dépoussiérage :
- La prise en compte d’un monde fini et vivant dans notre corpus idéologique va très probablement remettre en cause la notion de propriété, aidé en cela par le bouleversement technico-économique découlant de la dématérialisation, révolution silencieuse en cours.
- La notion de liberté risque fort d’être impactée par une autre frontière, non plus entre individus, mais entre sociétés et écosystèmes.
- Quant au capitalisme, il va très probablement se redéfinir car arrivant au bout de son cycle de progrès continu par amélioration de la performance, il ne va sans doute pas se détruire comme l’avait prévu Marx, mais rebondir sur une redéfinition du capital, non plus matériel et financier, mais très probablement immatériel là-aussi et informationnel.
- Et notre modèle de société ? Nous sommes nombreux à pressentir que le travail en tant que valeur est également en train d’évoluer, sans doute vers l’idée de travail en tant qu’identité sociale “utilitaire” (je suis utile à la société) et que cela ouvre donc la porte à la réflexion sur la nature et la source des revenus, en particulier l’allocation citoyenne universelle qui a été largement discutée sur le blog de Pierre Moscovici. Mais ceci ne sera pas nécessairement voulu car une rupture de ce genre s’impose d’elle-même ou n’a pas lieu. Faut-il encore s’y préparer pour ne pas risquer une rupture catastrophique.
Saurons-nous initier ces thématiques aux assises de la refondation ? Oserons-nous questionner nos certitudes et notre confort ? Comprenons-nous assez que le temps des espoirs creux ou des réformettes est derrière nous et que nous devons affronter un avenir absolument terrifiant certes, mais cependant moins que l’immobilisme qui condamnerait non seulement nos chimères, mais sans doute également notre société.
Cette belle bataille des régionales doit nous conforter dans notre capacité commune à aller de l’avant, à croire en notre destin et nos capacités à tout surmonter.
Derrière cet avenir terrifiant il y a la plus belle des utopies, le meilleur de nous même. Entre les deux, des hommes et des femmes de bonne volonté, notre courage, nos convictions, nos compétences, et aujourd’hui, notre enthousiasme.
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“Nous sommes nombreux à pressentir que le travail en tant que valeur est également en train d’évoluer.”
Cela fait fait un moment déjà que je pense qu’à partir du moment où pour un même travail, on ne perçoit pas le même salaire, c’est qu’en fait il n’a aucune valeur. 🙂
Comment by Catherine — 27 March 2010 @ 5:48 am