Guerres de civilisations : piège à cons !

Je ne souhaitais pas particulièrement faire un post sur la nième stupidité provocatrice de Guéant en matière de fantasme de domination d’un peuple sur les autres. Mais bon, puisque cela s’emballe un peu dans le plat de choucroute sarkozyste, je m’y colle (je m’interroge au passage pour savoir si la choucroute est, du point de vue civilisateur, supérieure au Kig ar Farz ou au Potjevleesch).

D’abord, nous avons tous compris que cette saillie avait deux buts : absorber une partie du discours de LePen fille et couvrir médiatiquement les nouveaux résultats économiques catastrophiques du commerce extérieur.

On connaissait « la droite c’est la dette », « la droite c’est le chômage », « la droite c’est l’insécurité », on a maintenant aussi la preuve que « la droite c’est le déficit commercial » (on notera sur le graphique ci-contre, qu’en 2002 lorsque nous avons donné les clés de la maison France, nous étions positifs). On comprend que Sarkozy hésite à être officiellement candidat…

Mais revenons à nos moutons civilisateurs et de façon concrète. Après tout, madame Michu tentée de voter pour l’icône présentable du FN, ou aux législatives pour un(e) brave candidat(e) UMP local(e), peut s’interroger au moment de servir le pot au feu (version relativiste des plats sus-nommés en introduction) si les civilisations, ou plutôt la nôtre, ou plutôt la sienne, est oui ou non supérieure aux autres, ce qui serait fort réconfortant à l’heure où le bateau coule. Quant à sombrer, autant que ce soit dans le luxueux Titanique que sur un boat people !

Et soyons encore plus précis. Moi qui habite au bout du bout de la Bretagne, je m’interroge avec angoisse pour savoir où classer la civilisation Celtes par rapport aux autres (pour les lecteurs moins supérieurs à madame Michu, le raisonnement est applicable en remplaçant Celtes par Occitans, Bourguignons, Savoyards, Flamands, Créoles, etc, et même plus anciens si vous le voulez). Or donc, quid des Celtes ? Sont-ils plus supérieurs que les autres ? Affectivement, pour madame Michu, forcément puisque c’est une part de son identité culturelle, et sans doute cache-t-elle sous son col un triskel aux vertus magiques. Bon point pour le tribun Guéant qui touche ainsi madame Michu alors que ces fichus socialos ne sauraient pas lui parler. Oui, mais l’angoisse ne saisit-elle pas madame Michu entre l’os à moelle et le far aux pruneaux (d’Agen) : les Celtes avaient une culture plutôt orale et n’étaient pas de grands bâtisseurs contrairement à ces Africains qui ont bâti des pyramides ou ces Indochinois qui ont bâti des temples dans la jungle. Or la supériorité dans l’esprit guéanesque se mesure aussi à la hauteur des édifices édifiés (sans talonnette) et à la longueur des étagères de bibliothèques (latines ou helléniques si possible). Elle se mesure aux guerres gagnées, elle se mesure a ce qui a été (r)écrits dans les livres d’histoire (avec l’appui de lois mémorielles si nécessaire). Finalement, dans cette mauvaise soupe culturelle promue par l’UMP, la supériorité est relative au jugement du pouvoir en place avec pour seul critère l’utilisation vicieuse de l’émotion des gens et leur ignorance plus ou moins grande des cultures montrées du doigt (car en fait de civilisation, c’est plutôt de culture qu’il s’agit).

Allez demander aux candidats à la députation qui vont sillonner les circonscriptions en quoi la culture/civilisation locale est supérieure ou pas à celles d’à côté. Ce devrait être intéressant et vous pourrez mesurer au passage la profondeur de leur propre culture et l’horizon des valeurs qu’ils défendent. Je défends aux côtés de mes camarades socialistes une vision universaliste (et pas relativiste monsieur Guéant, quelle inculture !) de nos valeurs. Permettez-moi ici de rappeler l’article II de la déclaration de principes du parti socialiste :

Article 2

L’égalité est au cœur de notre idéal. Cette quête n’a de sens que par et pour les libertés. Égalité et Liberté sont indissociables. Aux injustices et aux violences du monde, l’idée socialiste oppose un engagement pour une humanité libre, juste, solidaire et respectueuse de la nature. Elle porte un message universel, dès lors qu’il s’agit de défendre les droits fondamentaux de chacun et de tous. Pour les socialistes, ces objectifs ne peuvent être atteints à partir du fonctionnement spontané de l’économie et de la société.
La redistribution permanente des ressources et des richesses est nécessaire pour donner une réalité à l’égalité des droits, offrir à chacun les chances de conduire sa vie, et réduire les écarts de conditions.

Les cultures sont diverses et nous les respectons car nous respectons chacun et chacune. Mais les valeurs portées par les dirigeants ou les leaders politiques ne sont pas équivalentes et, politiquement, nous en combattons certaines. Même si avec l’exemple de Nicolas Sarkozy et de ses soutiens nous pourrions en douter, la grandeur d’un peuple ne se mesure pas à l’aune de ses dirigeants. L’inculture d’un dirigeant ne dit rien de la richesse de son peuple. Les échecs d’un président ne disent rien des ambitions, de la créativité, de l’envie d’aller de l’avant des citoyens. Le combat de la gauche en général et des socialistes en particulier est de diffuser la connaissance, de défendre des valeurs que nous considérons universelles, de permettre l’émancipation des hommes et des femmes pour leur permettre d’être des citoyens responsables et décisionnaires de leur avenir.

Il n’y a pas de races ou de civilisations supérieures, mais il y a des idées qui décidément doivent être combattues sans relâche.