La très distinguée Christine Lagarde s’est donc décidée à céder aux amicales pressions lui chantant les louanges de la direction du FMI. Y-a-t-il quelque chose à redire là-dessus, en particulier lorsqu’on est militant du PS ?
Oui est pas qu’un peu.
D’abord reconnaissons à Madame Lagarde un certain nombre de connaissances nécessaires à la bonne conduite des affaires de cette responsabilité. Ayant fait la majorité de sa carrière dans le cabinet d’affaires Baker & McKenzie on peut lui donner quittus de son expérience en matière d’audit et de montages financiers. Certes, mais là où cela commence à coincer c’est que même sans chercher à faire un procès d’intentions, il est plus que certain que les velléités keynésiennes de Dominique Strauss-Kahn vont rapidement rejoindre les oubliettes et que la doctrine du libéralisme financier débridé pourra faire son grand retour à Washington. Si c’est le cas, ce sera facile à savoir car les signes précurseurs seront ceux d’un ménage RH au sein du FMI. Nous aurons alors tout le loisir de pleurer sur les occasions perdues quand certains se féliciteront d’avoir combattu les réformes keynésiennes pour le plus grand bonheur des financiers.
Les compétences suffisent-elles ? Elles sont nécessaires mais pas suffisantes, du moins lorsqu’elles ne sont que techniques. Les capacités de négociation, de management, d’anticipation et de vision sont indispensables lorsque l’on est aux responsabilités, et je n’ai pas noté des moments flamboyants sur le sujet pour Christine Lagarde.
La probité est également à l’ordre du jour. Il est clair que le rôle de Lagarde dans l’affaire Tapie est tout sauf clair et anecdotique. Et ce n’est pas moi qui l’affirme mais le procureur près de la cours de cassation. Je n’oublie pas au passage le rôle joué par les parlementaires socialistes pour que l’affaire ne soit pas oubliée et je m’interroge plus que sérieusement sur la position actuelle du PS qui ne dénonce pas clairement cette candidature. Il y a des baffes qui se perdent ! La France ne peut pas se permettre d’être mise une deuxième fois en accusation au FMI, c’est inacceptable. Avis donc aux postulants à la primaire : si vous n’êtes pas fichus d’avoir une position de principe claire sur ce genre de situation, évitez de vous déclarer. La tactique électorale doit toujours s’effacer devant les principes.
Et sur les principes, je pense que certain en lisant le paragraphe précédent ont crié « présomption d’innocence ». Là aussi arrêtons les imbécilités. La présomption d’innocence est un principe de droit pour l’instruction, mais il est plus qu’évident que pour toute personnalité publique, cette présomption est socialement une bonne blague. Aux États-Unis, la police, le système judiciaire et la presse ont mis en scène la culpabilité de DSK et en France ce n’est guère mieux. Une personnalité politique n’a pas le droit d’être soupçonnée, c’est d’ailleurs l’une des immense faiblesses de nos démocraties à l’heure de la médiatisation universelle et instantanée. Ceci forge l’une des nécessités de refonte constitutionnelle : on ne peut pas continuer avec une organisation étatique issue du millénaire dernier. Dit autrement, un politique est obligé de démissionner dès qu’il est pris dans une procédure judiciaire, que cela soit juste ou pas. A DSK de démontrer son innocence mais il devait démissionner, au moins l’a-t-il fait rapidement. A CL de démontrer son innocence mais elle doit démissionner et surtout ne pas prendre le risque de devoir le faire une fois au FMI. A Georges Tron et tous ceux à venir de démontrer leur innocence, mais ils devront démissionner s’ils venaient à être mis en accusation suite à des éléments plausibles pour l’instruction.
Qu’on arrête de tortiller du popotin, notre vie politique moderne est ainsi, prenons-en acte et travaillons à améliorer les choses pour éviter les abus et autres manœuvres politiques foireuses.