Il n’y a pas que le(s) sexe(s) dans la vie !

intersexuation
intersexuation

Voilà qui risque encore de plonger Christine Boutin dans une vague de protestations outrées : en Allemagne il sera bientôt possible de n’être légalement ni homme, ni femme, mais du type  » intersexué « .

Diantre, l’austère Angela aurait-elle succombé à une quelconque machination de joyeux lobbys complotant contre l’avenir de l’humanité ? À moins qu’il ne s’agisse d’un effet à retardement d’une substance dopante dont les sportifs de l’Est avaient jadis le secret (à l’ouest on était clean).

Que nenni, pas plus qu’il ne s’agit d’une « légalisation » de la théorie du genre (théorie étant un grand mot d’ailleurs). En fait, cette loi cherche moins à tenir compte de facteurs psychologiques qui entraînent parfois des écarts entre son corps et son ressenti que de cas biologiques, génétiques & physiologiques bien étudiables.

Comme je le rappelais dernièrement lors d’une réunion, je ne sais personnellement pas définir de façon précise & définitive ce qu’est un homme ou une femme et j’attends que quelqu’un puisse le faire de façon claire et objective (j’ai eu droit à quelques regards amusés). Si dans l’immense majorité des cas, tous les éléments « discriminants » homme/femme sont clairs, dans un certain nombre d’autres cela ne l’est pas, et choisir dans un sens ou un autre relève de l’arbitraire. C’est par exemple le cas d’environ 5000 nouveaux nés en Europe (200 en France) chaque année qui sont génétiquement féminins (XX) mais hormonalement masculins (d’autres variantes existent).

Les facteurs génétiques, physiologiques, physiques, psychiques ne sont pas toujours clairs et concordants. Fixer un sexe à la naissance et/ou le rendre immuable est une simplification administrative certes, mais plus encore une violence contre les personnes et une négation de la réalité. Il est donc sage pour la loi, d’admettre l’ambiguïté et l’évolutivité dans un cadre réfléchi et contrôlé.

Il faut aussi se méfier des lois trop définitives et coercitives, même (surtout) lorsqu’elles partent d’un bon principe comme l’égalité (ici des sexes). Je pense en particulier à la parité où à force de vouloir bien faire on prend le risque d’en faire trop et trop mal. La population d’élus et le corps électoral doivent être représentatifs de la population et lorsque les choses n’arrivent pas à avancer d’elles-même, il faut savoir être incitatif voire directif. Cependant, lorsque l’on introduit des éléments discriminatoires (au sens de « action de séparer, de distinguer deux ou plusieurs êtres ou choses à partir de certains critères ou caractères distinctifs »), on s’expose aussi à l’arbitraire et à l’injustice. Prudence et réflexion sont plus que nécessaires…

Nul doute qu’après l’Allemagne, la question de l’intersexuation va se poser en France car elle s’impose dans les faits. Mais quand à réfléchir sur ces questions, prenons soin d’élargir la réflexion et de clarifier les principes. Si l’on devait voter des lois obligeant à la stricte parité électorale, on s’expose à refuser le droit d’être élu à des personnes intersexuées ou transsexuelles. Je n’approuverais pas une telle situation. Il faut trouver une solution.