En partant en vacances, je ne m’imaginais pas revenir dans un contexte marqué par les bruits de bottes valsant grotesquement sur une musique internationale peu glorieuse.
Les lois internationales, les valeurs démocratiques et l’image que nous voulons donner à la France sur la scène internationale nous poussent à réagir à l’utilisation à grande échelle de gaz de combat en Syrie, qui plus est contre la population.
Comme le régime syrien est plus que fortement soupçonné et que pour cette fois les faits semblent bien être ce qu’ils paraissent être, nous sommes en face d’un crime de guerre perpétré par un criminel clairement identifié.
Comment dans ce cas ne pas réagir, ne pas aller au-delà de protestations de pures formes sans s’humilier et perdre la face, ou pire, prendre fait & cause pour un régime criminel ? Nombre de pays ont choisi la voie de la honte silencieuse, le Royaume Uni a de façon incompréhensible entaché son image et l’Amérique prend le risque de s’échouer sur les récifs de sa politique interne.
Dans ce triste tableau international, la France se retrouve bien seule (comme au Mali tient donc) pour défendre le droit internationale et essayer de limiter les souffrances du peuple syrien. Certains en profitent pour se gausser, tourner cela en ridicule et chercher à polémiquer.
Le ridicule dans le fait de se retrouver isolé dans cette histoire concerne ceux qui sont absents, pas la France. La Syrie tient une grande place dans l’histoire Méditerranéenne et Européenne, voire l’histoire occidentale. C’est la terre des Amorrites, très ancienne civilisation, c’est aussi le chemin de Damas de Saint Paul pour la chrétienté, c’est la civilisation qu’on découvert les croisés, c’est le protectorat français, et bien d’autres choses encore. La Syrie fait partie de l’histoire Européenne, elle mérite plus d’attention des Européens qu’un voile plus ou moins pudique destiné à protéger sa très bourgeoise tranquillité. L’année prochaine nous entrerons en campagne pour les élections européennes mais si l’Europe est incapable d’être forte et coercitive sur un tel événement, il serait plus décent de compléter son album pokemon plutôt que de prétendre défendre un projet politique européen lors de cette élection !
Le ridicule est également en voie d’impacter Obama qui a toutes les raisons d’agir, en a les moyens mais qui se trouve mis à mal par la soupe politique américano-américaine et réussit au passage à être indélicat avec le seul allié qui se révèle fiable dans cette histoire : la France. John Kerry a opportunément rappelé que la France était son « oldest allies « . Alors oui, nous sommes bien un pays ami des États Unis, mais l’indélicatesse et les hésitations américaines sur la Syrie ajoutées à l’affaire Prism d’il y a quelques semaines nous poussent à nous demander si les américains sont toujours les nôtres, hélas… Espérons qu’ils retrouveront le sens de la droiture et ne perdront pas celui de l’honneur eux aussi.
Autre question, celle du débat ou non au parlement. La guerre n’est pas exactement un exercice démocratique et c’est sans doute pourquoi notre constitution sort ce cas de l’exercice démocratique. Le rythme et les conditions de la guerre ne sont pas conciliables avec celui du parlement. Ceci dit, puisque du côté rythme une éventuelle intervention en Syrie est déjà hors du chemin le plus efficace, il me semble que l’on peut et que l’on doit engager un tel débat, exposer solennellement les faits et les preuves, définir une position claire et entendre les objections éventuelles du parlement. Faut-il voter pour autant ? À mon sens non. Pour une action de guerre, la responsabilité incombe seule au chef de l’État et des armées, elle ne peut se diluer. Là est bien la dureté de la charge. Chef de l’État n’est pas un job sympa permettant de vivre dans les ors de la République, c’est une responsabilité qui vous amène parfois à décider de la vie ou de la mort des hommes, de la souffrance des peuples. Les parlementaires ont été élus pour voter des lois, pas pour assumer les actes liés à une guerre.