Un enfant, la vie, un vrai sujet pour les présidentielles 2012


On oublie trop souvent que la politique n’a de sens que parce qu’elle traite des problèmes des femmes et des hommes.

À mille lieues de la stérile agitation du « kan c’est ki l’y va ? », loin des postures destinées à présenter son meilleur profil au JT de 20h, loin des bouffées furieuses sur des positions archaïques, un petit enfant s’est invité à l’agora de nos superficiels échanges. Umut-Talha (c’est le nom de l’enfant né fin janvier) est une double bénédiction pour ses parents, à la fois par la joie qui étreint tout parent mais aussi parce qu’il représente, grâce au don de sang de son cordon ombilical, un espoir de guérison pour ses 2 frère et sœur atteint d’une maladie génétique rare.

Cet heureux événement se limiterait à la sphère familiale si naturellement la prouesse médicale et scientifique qui a présidé à sa naissance ne venait sortir notre réflexion de son auto-alimentation nombrilisme pré-électorale.
J’ai déjà par le passé traité (modestement) plusieurs fois le thème du droit de la vie et j’avais exprimé mon opinion vis-à-vis des possibilités nouvelles de filiations offertes par les progrès médicaux : je pense qu’il faut une législation qui favorise les projets d’enfants de couples qui ont une démarche sincère et généreuse du moment qu’il n’y a pas de préjudices induits.

Ici, la situation est un peu différente, mais sur le fond, les mêmes mécanismes rhétoriques s’affrontent et il me semble que la conclusion sera similaire.

Les opposants à ces pratiques médicales nous opposent des arguments d’eugénisme et de « chosification » de l’enfant. Il est vrai que le grand benêt qui a inventé le mot bébé-médicament s’est surpassé, mais user du mot eugénisme me semble tout à fait disproportionné et décalé : doit-on aussi l’utiliser à l’encontre de quelqu’un qui choisirait son partenaire en fonction de son phénotype ou ses performances intellectuelles ?
Ces personnes qui avancent ici ces arguments, l’auraient-ils toujours fait si ces mêmes parents n’avaient pas eu recours à la médecine pour concevoir leur bébé, mais l’aurait fait de façon « classique » dans le même espoir de guérir leurs autres enfants et de donner à nouveau la vie ?
Quant à la « chosification », c’est idiot : nos lois et notre morale républicaine sont très claires sur le sujet. L’homme, dans son ensemble ou en partie ne peut faire l’objet d’une transaction financière, il ne peut appartenir à qui que ce soit. L’homme n’est ni une chose ni une marchandise, son intégrité, sa liberté ne peuvent être aliénées.
Je peux concevoir que l’on soit opposé à un besoin d’évolution aussi fort de la loi sous l’impulsion du progrès scientifique et médical, pour des raisons philosophiques ou religieuses, peut-être aussi politiques car il y a là source d’un vrai clivage, mais que l’on nous épargne les faux-semblants.

Le don de la vie est une bénédiction, le don non-létal d’une partie de soi est un acte de grande générosité. La loi doit encadrer ces aspects délicats de la vie, et lorsqu’il y a doute, que l’on soit juge en fonction du bien réel apporté et pas d’un mal qui n’est ici que rhétorique.

PS : pour ceux qui ne connaissent pas le livre, je vous conseille « Interdits d’enfants : le témoignage unique de parents ayant eu recours à une mère porteuse », de Sylvie et Dominique Mennesson (que je salue au passage) aux Éditions Michalon.

Une réflexion sur « Un enfant, la vie, un vrai sujet pour les présidentielles 2012 »

  1. Et pour une bonne part issues de travaux d investigation et de recherche des etudiants de l equipe pedagogique et des intervenants de Sciencescom l ecole de la communication…………..

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *