Michel Rocard était cette semaine à Brest pour une conférence sur l’Arctique.
J’en ai retenu l’idée principale que cette région était devenu un imbroglio juridique international suite au changement climatique en cours.
Le changement climatique d’abord contesté sur sa réalité, puis sur ses causes, provoque de façon spectaculaire une diminution de la surface de la banquise en Arctique et à moyen terme une dislocation prévisible de cette même banquise (vers 2050).
Pour la faune, l’adaptation semble devoir être celle de la migration. Les ours polaires pourraient avoir une chance de survivre en migrant vers les terres et en s’adaptant à un nouvel environnement (par eux-même ou par croisement de l’espèce avec des ours bruns), les poissons remontent vers le nord au fur et à mesure du réchauffement de l’eau.
Pour l’homme aussi, ou plutôt son commerce, ce réchauffement sonne l’heure des grands mouvements. L’ouverture des routes maritimes du pôle sont un enjeu majeur car c’est beaucoup plus court pour une large part des échanges de passer par le pôle plutôt que par Panama ou Suez. Là où cela se complique, c’est que ces routes maritimes seront sous responsabilité des pays frontaliers alors qu’il y a très peu de ports permettant d’assurer la sécurité imposées par les traités internationaux. Au premier accident, ce sera la catastrophe à tout point de vue.
Ce problème de route maritime se couple avec celui de revendications territoriales liées en grande partie à la richesse du sous-sol du plateau continental. Jusqu’ici, on ne s’était guère préoccupé de savoir qui avait des droits sur quoi. Or avec la libération des glaces, les ressources halieutiques ainsi que celles du sous-sol deviennent accessibles et très tentantes…
On regrettera hélas, que contrairement à ce qui s’est passé pour l’Antarctique qui est devenu un havre de paix et de sagesse mondiale, l’Arctique est déjà lui une source majeure de frictions. Et comme les revendications territoriales et l’exploitation de la zone ont déjà largement précédé les accords et le droit, il n’y a presque aucune chance que cette région soit gérée avec sagesse. L’histoire risque fort de retenir que les premières conséquences du changement climatique furent géopolitiques.