Drôle de semaine en vérité que celle que nous venons de vivre. Après la démission mardi de Jérôme Cahuzac suite à l’ouverture d’une instruction judiciaire à son encore, c’était jeudi soir au tour de Nicolas Sarkozy d’être mis en examen cette fois pour abus de faiblesse à l’encontre de la milliardaire Liliane Bettencourt, dans le cadre d’une affaire de financement de sa campagne électorale.
Bien que concomitants et de nature judiciaire, les deux événements ne sont pas de la même portée.
L’affaire Cahuzac est détestable parce qu’elle ramène une fois encore le soupçon sur le personnel politique, et pas de chance sur ce coup là, sur une personnalité de gauche. Ceci étant dit, quel que soit leur engagement, les politiques ne sont a priori ni plus intègres ni plus pourris que le commun des mortels, ils doivent seulement faire face à plus d’occasions de se perdre alors qu’on attend d’eux plus de probité. Que la faute soit réelle ou non, la justice tranchera. Si au moins une chose positive doit être retenue de cet épisode, c’est que l’instruction judiciaire n’a semble-t-il pas subie d’entraves et que le principe qui veut qu’une personnalité politique démissionne de sa charge lorsqu’il est mis en examen, a été appliqué sans retard (ce qui n’était plus le cas avec le gouvernement précédent). Jérôme Cahuzac est maintenant redevenu un justiciable comme les autres, s’il est innocenté alors il aura tout loisir de revenir devant les électeurs, et dans le cas contraire il n’aura plus qu’à se faire oublier. Dura Lex, Sed Lex.
L’affaire Sarkozy est d’une nature qui me semble différente. Contrairement aux accusations précédentes qui portent en synthèse sur une potentielle immoralité et une avidité financière personnelle, les accusations contre Nicolas Sarkozy ont la double particularité de porter sur la possible manipulation d’une personne fragile et le détournement de la loi dans un but politique (les élections). En plus, l’accusation porte contre un ex président qui pouvait toujours prétendre à exercer un rôle (sans oublier un siège son conseil constitutionnel). Le précédent de Jacques Chirac existe, mais sa condamnation soldait une faute en qualité de maire de Paris et n’a eut finalement aucune conséquence politique. Là aussi, si l’on doit retenir une chose positive, c’est que la justice passe, et qu’elle passe même dans des délais qui ont un sens. Il reste à espérer que Nicolas Sarkozy se considère comme un justiciable comme les autres et qu’une fois l’émotion passée, ses amis politiques auront la sagesse de ne pas s’emparer du sujet pour monter une mauvaise mayonnaise qui n’a aucune chance de prendre. Si la justice reconnaît une faute, Nicolas Sarkozy sera condamné et il n’aura plus qu’à se faire oublier, dans le cas contraire il pourra être innocenté et retrouvera sa place à l’UMP. Dura Lex, Sed Lex.