Fier(e)s Détresses Ô Socialistes !

Jeudi, vendredi au plus tard, on débranche le respirateur artificiel pour voir si le malade passe à trépas ou s’il ressuscite.

Comme prévu, restent en course une candidate colorée de social-démocratie (Martine Aubry), un candidat de la gauche radicale (Benoît Hamon) et la candidate du prolongement de la présidentielle 2007 (Ségolène Royal).

Comme prévu, on discute des personnes, de l’âge du capitaine (haro sur les vieux et assimilés !) et on fait le maximum de mousse pour être bien sûr d’exacerber le cerveau limbique et d’endormir le néocortex. Tant pis, je vais essayer d’argumenter un peu entre deux communiqués de presse.

D’abord, petit retour sur la motion A et l’attitude de Bertrand Delanoë. Après une première hésitation pendant laquelle il n’a pas voulu prendre position, il a finalement choisi de soutenir Martine Aubry. Réaction indignée dans le camp Royaliste avec une accusation de déshonneur, rien de moins. Dans les faits, l’indignation est proportionnelle au report de voix espéré et perdu, cela ne trompe personne. Quant au déshonneur, l’argument ne manque pas de sel. Un leader représentant une motion qui a fait un quart des voix du PS pouvait-il se retrancher dans son bureau en laissant couler le bateau ? Bien sûr que non. Bertrand Delanoë avait deux choix : présenter sa candidature (il en avait autant la légitimité que les trois autres) ou, au nom de ceux qu’il représente et après concertation, indiquer vers qui se reportait son vote. Sa candidature ne permettant pas d’éclairer le PS, il en a pris acte et a renoncé à ses ambitions avec dignité justement. L’honneur lui a ensuite commandé de choisir un camp.

Ce choix était-il surprenant ? Si on s’attache deux secondes aux motivations politiques et idéologiques, il est plus que logique. Les sociaux-démocrates se sont répartis dans deux motions (trois à l’origine avec la contribution de Pierre Moscovici). Par quel errement de pensée ou inconstance  aurait-il pu demander autre chose que la réunion d’un courant politique qui par ailleurs a fait un énorme travail de réflexion depuis 2007 (cf. les textes de socialisme et démocratie). Certes la motion A rassemblait au-delà de ce seul courant, mais la refondation social-démocrate en était bien la colonne vertébrale. En fait, ce choix est l’un des rares choix valables sur le fond : si l’on veut (enfin !) refonder le vieux PS, si on veut le mettre en phase avec les attentes de la société française, si l’on veut bâtir un programme politique sur la réflexion et la compétence, cela ne peut se faire qu’autour d’une approche social-démocrate refondée telle que nous la défendons. Par ailleurs, un de nos outils principal est le dialogue débouchant sur un contrat : bigre, que le PS en aurait besoin à l’heure où le césarisme menace le PS !

Et Hamon dans tout cela ? Difficile de savoir ce que fera la gauche radicale. Suivre Mélanchon dans une aventure autonome ? Accepter d’être minoritaire dans une refondation socdem ? Manger son chapeau et voter centre-droit avec Royal ? J’éviterai tout pronostic pour l’instant.

Alors que voter ? En ce qui me concernent, je privilégie le choix sur le fond en mettant en avant la bannière social-démocrate et je ferai fi du contexte et de l’environnement qui parasite la candidature de Martine Aubry. Arrêtons d’ergoter : je vote socdem, elle rassemble les socdems, assumons !

Petite remarque en guise de conclusion clin d’œil : pourquoi un post dont le titre est “Fier(e)s Détresses Ô Socialistes”. Parce que c’est tout bonnement le nom du site de soutien de la candidature de Ségolène Royal ( http://www.FiersDetresOcialistes.org ) !

15 November 2008

Pendant que les congressistes se battent, faisons un peu de politique

Filed under: Politique — Bloggy Bag @ 3:42 pm

Dans un sondage d’opinion récent, 45% des Français jugeaient le parti socialiste proche de leurs préoccupations et 32% lui trouvaient des dirigeants de qualité. Belle entrée en matière pour un congrès qui n’arrive plus à se définir autrement que par des personnes. Manifestement, pour sortir gagnant du congrès de Reims aux yeux des français, mieux vaut ne pas y être…

En marge de cette agitation, je voudrais revenir sur la social-démocratie. Ces derniers temps, certains se sont évertués à nous expliquer que c’était une idéologie dépassée qui ne marchaient plus en Europe en général, et en France en particulier. Comme parmi eux, certains nous avaient v(e)anté les mérites de cette même social-démocratie à la mode scandinave, on pourra méditer sur la versalité et l’honnêteté de certaines personnalités.

Mais qu’en est-il au fond ? En fait, la social-démocratie, en particulier à la française, est effectivement une idéologie qui a eu ses heures de gloire mais qui est à la recherche d’un second souffle. Par ailleurs, la France est historiquement un pays qui a échoué jusqu’ici à mettre en place un gouvernement ouvertement social démocrate, la seule expérience probante fut celle du gouvernement Jospin qui a quand même un des plus beau palmarès de résultats économiques de la Vème République, rien de moins.Mais ce gouvernement fut largement entravé par la cohabitation. C’est pourquoi, l’une des conclusion du manifeste de socialisme & démocratie publié à La Rochelle en 2007 était qu’il fallait dépasser ce stade et que nous devions fonder une nouvelle idéologie héritière et du socialisme et de la social-démocratie. Nos tribuns aux discours de circonstances avaient manifestement oublié d’aller lire le fruit de notre travail collectif.

Pourquoi la social-démocratie n’a-t-elle jamais pu prendre racine en France ? Les raisons sont diverses, mais on pourra retenir que l’esprit jacobin français et la Vème République laissent peu de place au dialogue direct entre partenaires sociaux (l’Etat français aime imposer par la loi), que les représentants de la social-démocratie se sont régulièrement heurtés à des conservatismes (Michel Rocard avec François Mitterrand, Jacques Delors avec le PS, Lionel Jospin encore avec le PS et aujourd’hui Dominique Strauss-Kahn avec le PS toujours qui l’a rejeté en 2006 pour une aventure qui s’est terminée de façon plus que prévisible). Enfin, en France les partenaires sociaux sont structurellement faibles en dehors de quelques secteurs économiques et qui plus est peu attractifs. L’une des idées est d’ailleurs de redéfinir leur rôle et d’élargir leur “offre de services” de façon à ce que les salariés aient intérêts à adhérer à un syndicat en dehors du seul cadre conflictuel. Enfin, on notera que si la nature démocratique est bien dans l’esprit français, le caractère réformiste de la social-démocratie (à la fois non révolutionnaire et non conservateur) est peu dans les habitudes nationales où l’on hésite toujours entre tout casser et ne rien changer.
La crise actuelle de la gauche était-elle lié à une éventuelle (j’aimerais écrire probable tant c’est le sens de l’histoire) mutation social-démocrate du PS ? Globalement non. A part la gauche radicale qui ne voit pas dans la social-démocratie un chemin d’avenir, il y a peu d’objections de fond quant à une refondation sur ce socle. Le problème actuel du PS est d’abord un problème de perte de repère, de conservatisme et de peur du changement, de problèmes recuits impossibles à digérer. A l’arrivée, certains en viennent à espérer en un(e) “césar” qui sauvera les meubles par la magie de sa seule aura.

Finalement, on peut dire ce que l’on veut de la social-démocratie, il n’en reste pas moins que c’est l’un des rares systèmes idéologiques que l’on se risque encore à citer en exemple après les chutes successives du communisme et du néo-libéralisme. Alors évidemment que dans une époque telle que la notre, tout système économique et politique est à repenser, parce que les repères économiques, énergétiques, politiques et bientôt climatiques ayant explosé, ils rendent caducs des réflexions dont certaines ont largement plus d’un siècle. Mais ce qui ne change pas, c’est que la réflexion collective, la négociation et le contrat, la souplesse et le pragmatisme éclairé sont les outils qui portent notre avenir.

Dans le passé, lorsqu’un peuple s’en est remis au génie illuminé d’un seul, cela a toujours mal fini. Évitons-nous cette peine.

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