La question du mariage

Ce 15 août est animé d’un débat en forme de prière catholique sur la question du mariage. L’église de France s’est en effet emparée de la question, voulant réfuter par avance la mise en œuvre de l’évolution législative prévue par le nouveau gouvernement en application du programme approuvé par les Français.

Mais pourquoi cette question provoque-t-elle tant de passion, et in fine, qu’est-ce que le mariage puisque le fond du problème est bien là ?

Si vous vous amusez à poser la question autour de vous, y compris au sein de votre propre couple, vous vous apercevrez vite qu’il n’y a pas une définition universelle du mariage, mais bien des définitions personnelles.

L’église catholique définit le mariage par rapport au sacrement, l’union d’un homme et d’une femme devant dieu.  De ce point de vue, il n’y a aucun sens à vouloir une évolution. Mais cette définition est loin d’être la seule, loin d’être majoritaire.

Le fondement du mariage contemporain est plutôt celui, très romantique, du prolongement du sentiment amoureux, supposé éternel au moment où il est scellé.

La définition bourgeoise du mariage est elle basée sur l’union des patrimoines et la préservation des biens matériels. On notera au passage que le PACS est en fait la version la plus moderne du mariage bourgeois lorsqu’on y réfléchit bien.

La définition du mariage de la noblesse vise elle à préserver le nom et l’histoire familiale.

Bien d’autres définitions sont possibles, comme la volonté de transmettre ses gènes, où encore ce que j’appelle le mariage « a contrario » (l’union libre) qui est un mariage se définissant comme un anti-mariage puisque qu’on ne scelle l’union dans aucun contrat mais sous la forme d’une libre acceptation sans autres contraintes que la volonté de rester ensemble.

Enfin, et sans avoir vraiment fait le tour complet des définitions possibles, on retiendra que la question de l’enfant est très souvent un point majeur qui scelle ou découle du mariage.

Certes, mais pourquoi diable l’État se mêle-t-il d’une question qui finalement pourrait n’être qu’un élément très personnel ne concernant que les mariés ? Parce que justement, l’État a un intérêt à donner sa propre définition du mariage, dans sa propre logique. À travers le mariage, la République voit un moyen de stabiliser le comportement des individus, à les rendre plus responsables, à les impliquer plus fortement dans la vie collective et surtout, à être l’élément qui va faire émerger les futurs citoyens éduqués, responsables et impliqués.

Le mariage est donc fondamental pour la République, il est nécessaire à sa survie, la question n’est pas que d’ordre privé. La définition républicaine pourrait donc être que c’est une union entre deux personnes, s’engageant formellement sur la durée et ayant un projet d’enfant. En contrepartie, l’État aidera les mariés à travers des lois ad hoc et des avantages fiscaux. On notera que cette définition est suffisamment large pour y inclure naturellement les couples homosexuels et traite sans soucis les versions transsexuelles (l’église catholique est bien empruntée avec les couples XX/XY transsexuels qui pourtant répondent à leur définition !).

Dernière question, celle du nombre. Pourquoi ne pas admettre des mariages polygames ou polyandres ? Si on ne prend que le strict point de vue rationnel, parce que ce type d’union n’aurait de sens qu’en cas de déséquilibre démographique persistant très marqué entre hommes et femmes. C’est le seul cas, où pour des raisons de stabilité sociale, on peut admettre un mariage étendu au-delà d’un couple, ce qui se produit très rarement.

Il est donc plus que temps que nos lois sur le mariage s’accordent enfin avec la raison et les aspirations des couples quelle que soit leur nature, cette réforme allant de pair avec celles des lois sur l’adoption et la procréation. La définition du mariage du point de vue de la République peut être différent des définitions personnelles que nous avons tous, elle ne s’y oppose cependant pas. Quelle que soit la loi de la République, cela ne changera en rien la raison pour laquelle chacun de nous s’est unit (ou pas) avec quelqu’un(e), par contre cela supprimera une source de souffrance pour certains couples et harmonisera la société.

Voilà une réforme au combien humaine et nécessaire.

Une réflexion sur « La question du mariage »

  1. Le droit de la famille (ici le mariage) n’est que l’articulation entre le droit de la vie (qu’est-ce que naître) et celui de la mort (qu’est-ce que mourir).

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