Chez les socialos, on sait que les vacances sont terminées lorsque que l’on s’agite du côté de Frangy. Il y a deux ans, la fête de la rose avait été teintée de course à la présidentielle et l’an dernier, placée sur le thème du rapprochement avec les refondateurs du parti. Si dans le premier cas, la recette du succès n’avait pas été trouvée dans la sauce barbecue, la fête avec les refondateurs a été elle beaucoup plus fructueuse puisqu’elle a entre autre permis de produire une contribution pour le congrès de Reims, le texte « Besoin de gauche » dont le premier signataire est Pierre Moscovici.
Depuis la présidentielle, Mosco a eu un parcourt qui mérite que l’on s’y attarde quelques minutes, entre un discours sur la merguez et un sur la méthode qui permettra de refaire du PS un parti de gouvernement et d’avenir.
Mosco ce fut longtemps le discret mais efficace ministre européen du gouvernement Jospin. Assez discret pour éviter que Chirac ne fasse une sortie dont il avait jadis le secret, assez efficace pour réussir à résoudre, au moins temporairement, les impossibles quadratures de la construction européenne.
Il fut aussi le moins discret critique de Mitterrand à une époque où la statue du commandeur fascinait encore Solférino, où la poussière du passé commençait à recouvrir lentement les capacités de réflexion, d’innovation, de contestation de l’ordre établi.
Puis à la défaite de Lionel Jospin en 2002, il a semblé se dissoudre dans l’assemblée européenne, comme pour se préserver de la gélatine bureaucratique qui se propageait au PS, impuissant à aider les réformateurs sociaux-démocrates qui tels Dominique Strauss-Kahn se sont heurtés au mur du déni socialiste, mur dressé par tous ceux qui par tactique, paresse, ou aveuglement, ont préféré le mirage d’un gauchisme éculé ou celui d’une fantasmagorie absurde, au courage d’une remise en question, d’un examen de conscience, d’une prise de responsabilité, et au final d’une indispensable refondation.
Les choses auraient pu lentement continuer à se dégrader pour aboutir à ce que Frangy ne soit plus qu’un pique-nique pour vieux militants aux souvenirs incertains si le destin n’avait pas pimenté la politique française. Le point d’inflexion qui a peut-être fait basculer la vie politique de Pierre est à situer dans le bref échange entre Laurent Fabius et Jean-Louis Borloo lorsque ce dernier s’est fait benoitement piégé avec la TVA sociale entre les deux tours de l’élection législative. Il faut se souvenir qu’à l’époque, la France avait voulu voter pour un président de gauche, mais s’était retrouvée piégée dans un combat médiatique Royal / Sarkozy. Ayant donné une large victoire à ce dernier, la législative aurait dû être triomphale si on ne lui avait pas rappelé, avec cette histoire de TVA, que Sarkozy n’était pas de gauche. Grace à une mobilisation militante crânement menée, nombre de sièges de députés qui revenaient mécaniquement à la droite ont été arrachés par la gauche, dont celui du pays de Montbéliard de Pierre Moscovici. Après un long combat de terrain, ce dernier bénéficiait enfin du coup de pouce récompensant ses efforts. La suite a été menée de main de maître et ne doit rien cette fois à la chance. Depuis le départ de DSK au FMI, il tient avec talent le rôle de la voix de la social-démocratie, et en tandem avec J-Ch. Cambadélis, il a su faire sien les travaux du manifeste social-démocrate, su écouter, innover en utilisant internet à bien escient, mais aussi su élargir l’audience de S&D et rassembler comme en témoigne aujourd’hui la dynamique rassemblant Montebourg, Collomb, Guérini, Valls et maintenant Aubry et Lebranchu.
En ce week-end d’été à Frangy, le mouvement de refondation social-démocrate est devenu une évidence pour l’avenir du parti socialiste et Pierre Moscovici a réussi l’étonnant pari d’exister au nom du collectif, de mettre en avant les travaux de réflexion issus à la fois des penseurs du PS et des militants, sans renier ses propres convictions. La marque d’un nouveau social-démocrate.
Je ne sais pas si Reims sera un succès, mais nous avons toutes les raisons de faire une belle fête dimanche.