Pierre Moscovici : Les primaires auront-elles le candidat qu’on n’attend pas ?


Arnaud Montebourg, Emmanuel Valls, Ségolène Royal sont partis en campagne il y a déjà de très nombreux mois et force est de constater que ces candidatures prématurées n’ont pas déclenché une vague d’enthousiasme et de soutien.

François Hollande est parti depuis moins longtemps mais sa campagne ayant mieux été préparée, en particulier en renforçant les liens internes qu’il maîtrisait par ailleurs bien grâce à sa longévité à la tête du PS, il bénéficie actuellement d’un avantage en ce début officiel de campagne.

Martine Aubry a su respecter le calendrier décidé, et ayant bénéficié de l’improbable empêchement de DSK et de sa position de 1ère secrétaire, elle se présente aujourd’hui au niveau de FH, à un souffle derrière lui.

Est-ce terminé ? Le casting est-il complet et surtout satisfaisant ? Le plateau présenté nous prépare un combat entre (ex)premiers secrétaires du PS, ce qui est certes un gage de légitimité interne mais n’est pas exactement une promesse de réformes radicales, d’originalité, d’ouverture à l’innovation. Peut-être sauront-ils le faire, mais nos deux favoris vont devoir « se faire du mal ».
L’autre difficulté qui vaut pour tous les candidats déclarés et d’apparaître pour des candidatures « moi-je« , certes tout à fait dans l’esprit du combat de la Vème République, mais peu en phase avec un espoir collectif, une solidarité de groupe, le dessein d’un avenir commun.

« Soyons dès lors clairs : je ne crains pas, par ma candidature, de provoquer la désunion, puisque le pluralisme existe. Ma préoccupation est ailleurs : a-t-elle un sens, peut-elle éclairer le débat ? (PM) »

Est-ce une malédiction de la Vème République ? Les Français doivent-ils se résigner à choisir entre d’honnêtes mais ternes travailleurs là où la situation nécessite tout à la fois compétence, imagination, innovation, transgression, panache, et un quelque chose de « différent », un effet Obama où un cadre du parti prend de l’épaisseur au fil de la campagne, conteste la partition écrite par avance et renverse l’ordre établi. Cela me semble toujours possible, et à mon sens, si un tel candidat émerge, il sera issu des troupes de socialisme & démocratie, reprenant la force des idées sociales et économiques de Dominique Strauss-Kahn et porté par l’esprit collectif qui nous anime.
Nous pouvons contester la logique de la Vème République qui a permis la catastrophique élection de Nicolas Sarkozy, entraînant l’accélération du déclin de la France. Nous contestons la fatalité du choix de l’honnête médiocrité faute de mieux. Notre espoir va au-delà de ce qui est écrit d’avance. Pierre Moscovici a demandé notre avis, la réunion prévue par notre courant aura lieu finalement mercredi à Paris, et il a indiqué sur son blog qu’il annoncerait sa décision jeudi.

« il est essentiel à mes yeux que le groupe que j’anime et continuerai à animer quoi qu’il arrive fasse un choix éclairé, que nous prenions position ensemble, si possible unanimement, à défaut de façon très majoritaire, afin de peser puissamment sur les échéances à venir. (PM) »

Pierre Moscovici est-il le candidat que la paresseuse logique actuelle n’attend pas ? Rendez-vous mercredi pour la dernière consultation collective et jeudi pour le savoir.

Deux semaines de réflexion

Plus que quelques jours avant l’ouverture officielle de la campagne des primaires du parti socialiste. Cela vaut bien le temps d’arrêter le temps et de prendre un peu de hauteur.

L’année écoulée n’a pas été inutile, très loin de là. La meilleure preuve selon moi en est le texte du socle programmatique du PS. Nous avons été capable de produire un texte clair, dans lequel chaque personne de gauche (et peut-être un peu au-delà) peut se reconnaître, dans lequel nous retrouvons à la fois une voie vers des outils politiques neufs, comme la réutilisation d’éléments qui ont permis les succès de 1997-2002 et qui sont toujours d’actualité. Les socialistes sont cohérents et politiquement crédibles et les Français ne s’y trompent pas me semble-t-il.

Cette année aura aussi été illustrée par la folie de notre système politique, folie tout entière incarnée par le destin DSK. DSK c’est l’homme qui aurait dû sauver la gauche en 2007 et nous éviter Sarkozy, c’est l’homme qui en réformant le FMI a sans doute évité le pire au monde en 2008, c’est l’homme qui n’a pas cessé d’être désigné comme le diable par tous ceux qui voyaient en lui l’adversaire à abattre en 2012, l’homme qui depuis son empêchement n’est plus en mesure de cacher la « légèreté » de ceux-là même qui prétendaient lui barrer le chemin, ces impatients qui voulaient parler avant le début de la campagne, se plaignant de ceux qui respectent le calendrier fixé collectivement. Peut-on espérer pour la suite que la leçon a été comprise, que l’on se battra pour demander plus et mieux à ceux qui sont en place, que la critique sera factuelle et argumentée et non le fruit d’un effet de manche ou d’une hystérie, que le débat portera sur des idées et les moyens de les réaliser et non la capacité à être invité au 20h ? Peut-on l’espérer ?

Dominique était le leader naturel des sociaux-démocrates, mais la socdem ne se limite pas à DSK, et ne se définit pas juste par rapport à lui. Si sans Royal il n’y a plus de royaliste, sans Hollande de hollandais, DSK ou pas les socdems sont toujours une communauté d’idées, une façon de voir et de faire de la politique, des outils et une vision d’avenir. Reste donc à voir ce que nous allons faire…

De part le pacte de Marrakech, Martine Aubry a naturellement hérité du flambeau socdem. Mais qu’en a-t-elle fait ? Il y a quelques semaines j’avais écrit un post où j’exprimais mon attente vis-à-vis de Martine, lui demandant « de réunir les forces social-démocrates pour décider ensemble de l’avenir. Qu’elle écoute ce qu’ont à dire Pierre Moscovici, Gérard Collomb, Michel Destot, Michèle Sabban, Jean-Jacques Urvoas, Marisol Touraine et tous les autres dont la liste est trop longue pour être complétée ici !« . Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? Pourquoi n’a-t-elle pas cherché à parler aux militants sociaux-démocrates ? Cela n’est pas bien, cela n’est pas acceptable.

Si ce n’est pas Martine, sera-ce François ? L’homme ordinaire (au passage quelle est l’andouille qui veut faire croire que les Français attendent un homme ordinaire à la présidence alors que le navire est en pleine tempête !) qui se revendique social-démocrate. Soit, de la social-démocratie il pratique largement le dialogue et la négociation (mais un peu trop consensus mou à mon sens), cependant en 2007 il n’a en rien favorisé cette voie, bien au contraire, au Mans il me semble qu’il avait promis des choses qu’il n’a pas tenues, son parcours à la tête du PS n’a pas révélé chez lui un réformateur radical, très loin de là. Par ailleurs lui non plus n’a pas cherché à parler aux militants socdems. Pourquoi ce silence ? Parce que ces « cons de socdem finissent toujours par signer ?« . Là non plus, ce n’est ni bien ni acceptable.

Quid des autres candidats déclarés ? Royal est l’antithèse de notre façon de faire de la politique, Montebourg serait prometteur, il a fait un bout de chemin avec Besoin de Gauche, mais il est par trop « désarticulé ». Quant à Valls, il est trop souvent dans l’excès.

À ce jour, nous n’avons aucune raison de faire un choix si ce n’est le devoir d’en faire un d’ici l’automne. Je sais que certains de mes camarades pensent encore possible un retour de Dominique au cas où un complot était démontré, mais je crois foncièrement qu’il faut être fidèle à nos idées (qui sont également celles de Dominique) et considérer que nous devons construire notre destin, qu’avec DSK cela aurait été parfait mais qu’avec quelqu’un d’autre issu de nos rangs ce sera très bien, que nous gagnerons collectivement si nous soutenons une personnalité qui nous ressemble et incarne nos idées. 2012 est une élection pour les sociaux-démocrates, elle ne nous échappera pas, nous ne voterons pas par dépit ou par défaut, nous voterons pour nos idées parce que la refondation social-démocrate, ce « flux libéral dans un tuyau marxiste » est la seule voie qui ne soit entachée pas les échecs épouvantables du marxisme et du libéralisme débridé, parce que c’est le bon équilibre entre trop d’État et pas assez d’État, entre égalité de tous et équité de chacun, entre économie et social, entre passion et raison.

Il reste quelques jours de réflexion, mais d’ores et déjà j’appelle de mes vœux une candidature authentiquement social-démocrate, héritière de notre histoire socialiste, tournée vers l’avenir, prête à porter le projet qui reconstruira la France.

 

A mes amis sociaux-démocrates III

Après quelques jours, chacun a pu reprendre ses esprits. Du coup, le petit train de la pré-campagne des primaires a pu repartir.

Lorsque les militants PS attendaient (ou redoutaient suivant les cas) la déclaration de candidature de DSK, le paysage politique de gauche s’était peu ou prou organisée entre les tenants d’une réforme social-démocrate marquée et largement illustrée par la réforme keynésienne qui avait pu être menée au FMI et les tenants d’une ligne qui a défaut d’être claire s’opposait à la première.

DSK étant empêché de se déclarer à court terme, on aurait pu s’attendre à ce que l’audace soit à l’ordre du jour. Hélas, le PS est en train de s’approcher d’un débat bipolaire entre l’ancien premier secrétaire et la première secrétaire en titre. Si ce devait être le cas, autant dire que les primaires ne vont pas passionner les Français car la cuisine interne leur est tout  la fois incompréhensible et indifférente.

Pire que cela, l’adoubement mou de Largarde par Martine Aubry et François Hollande est une faute. Nos députés se sont battus pour que les accusations portées par les organes de contrôle de l’État ne finissent pas aux oubliettes et ils sont désavoués, mais en plus le PS apparaît comme le parti qui accepte sans sourciller la mise à mort des réformes  keynésiennes du FMI, ouvrant ainsi largement les portes des pillards qui se pressent déjà sur le corps moribond de la Grèce. Plutôt que de reprendre l’erreur de stratégie de Royal en 2006 en partant en voyage avec l’illusion de se forger une stature internationale, Hollande ferait mieux d’être en France et de défendre avec force les principes d’une politique internationale en accord avec nos idéaux.

Reste l’espoir et le temps de reconstituer une vraie voie qui sort le PS de son « grumeau » et qui annonce effectivement l’ère des réformes radicales dans un monde où les dangers mortels cognent à la porte. C’est bien là que doivent intervenir les sociaux-démocrates. Avec ou sans Dominique, nous sommes prêts à changer et le parti et la France. Nous savons que nos outils sont efficaces, que notre analyse est la bonne. Nous devons changer l’État providence en État assurance. Nous devons tuer à la fois le libéralisme débridé des marchés et le marxisme. Nous devons construire les conditions d’un avenir collectif, commun et égalitaire qui respecte l’équité entre les individus. Nous devons fixer nos objectifs en fonction des défis gigantesques en face de nous : sortir du désastre économique et social de la sarkozie, affronter la rupture énergétique, la rupture climatique, la bascule démographique et l’accélération de la dématérialisation.

J’invite une fois encore Martine Aubry qui a hérité du flambeau socdem dans les conditions que l’on sait a réunir les forces social-démocrates pour décider ensemble de l’avenir. Qu’elle écoute ce qu’ont à dire Pierre Moscovici, Gérard Collomb, Michel Destot, Michèle Sabban, Jean-Jacques Urvoas, Marisol Touraine et tous les autres dont la liste est trop longue pour être complétée ici ! Les troupes sarkozystes ont mis en route une machine qui nécessitera bien plus que d’être candidat par hasard et parce que l’on croit que c’est notre tour. En 2012, nous aurons subit 10 ans d’une longue maladie qui a fait de la France l’ombre d’elle-même, et le système des partis politiques actuel est partie prenante de cette maladie.

Il reste un an, ce qui est très long et je ne pense vraiment pas que dans 6 mois le paysage politique ressemblera beaucoup à celui d’aujourd’hui. Faisons confiance aux forces et talents de notre parti ! Faisons confiance à l’expression démocratique au sein de notre parti ! Acceptons a priori et créons les conditions de l’émergence d’un porte-drapeau en dehors des normes RH du parti parce que la situation est en dehors des normes. Que les cadres lisses du parti deviennent les effrontés qui osent monter sur le char et défier l’ordre agonisant !

Plus que jamais l’époque n’est pas celle de l’homme ordinaire, les défis sont trop grands, les dangers trop pressants. Le navire France a besoin d’un capitaine et d’un équipage d’exception. Nous constatons chaque jour que cela ne se trouve pas à droite, mais la gauche saura-t-elle offrir cet équipage à notre pays ?

A mes amis sociaux-démocrates, II

Passé le temps de l’incrédulité et de la stupeur, vient petit à petit celui de la reprise de notre combat politique.

Je veux d’abord m’adresser à ceux dont j’ai lu le désarroi dans leurs posts ou commentaires, désarroi qui allait jusqu’à vouloir renoncer à participer à voter en 2012. Les idées et les actions concrètes de Dominique Strauss-Kahn ont servi à la fois de terreau et de socle à notre combat pour une réforme profonde et radicale des idées de la gauche, pour un redressement victorieux de la France, et ces idées sont toujours là, bien vivantes, bien actuelles. L’œuvre dépasse toujours l’artiste et je crois que ce serait faire injure à nos combats, quelque part à ce que nous sommes, que de déserter le champ de bataille alors que le combat est juste devant nous, et que nous avons toutes les chances de reporter cette bataille. Même si Dominique venait à être empêcher de nous rejoindre à temps. Lorsqu’il est parti à Washington en 2007, nous n’avons pas abandonné, nous avons produit les travaux du manifeste de socialisme et démocratie, nous avons tissé des liens sur internet, nous avons travaillé à la promotion de nos idées, ce qui a abouti entre autre à la nouvelle déclaration de principes du Parti Socialiste.
Et même si ce qui arrive aujourd’hui semble surréaliste, c’est un scénario qui était prévu (par Dominique lui-même) à un instant prévisible. Nous redoutions de prendre un missile, nous l’avons pris, et alors ?

Que faire ? D’abord, je crois, respecter la parole donnée, même si les militants n’ont pas été consultés dans le pacte DSK / Aubry. Mais à circonstances exceptionnelle, réaction adaptée. Martine est aujourd’hui certes dépositaire du mandat social-démocrate, mais il serait tout à fait souhaitable qu’elle réunisse les sociaux-démocrates et repose la question de ce mandat. Il ne faut pas prendre le risque que la force militante des socdems se diluent dans différentes voies à cause de divergences secondaires.
J’ignore par ailleurs quel est son état d’esprit et si l’on pouvait prévoir l’affaire de Dominique, on peut aussi prévoir que les forces de destruction qui ciblaient DSK vont se porter à très court terme sur elle. La France politique est dans un état très malsain, et le web dévoile sans fard des comportements et des idéologies d’une noirceur et d’une vilénie abjectes.

Il me semble plus que nécessaire de trouver la meilleure solution, d’entendre, vraiment, ce qu’ont à apporter des personnalités comme Pierre Moscovici ou Gérard Collomb, ou quiconque a sincèrement des arguments à faire valoir. En 2012 nous porterons un candidat socdem à la présidence. La seule chose vraiment certaine est que nous n’en connaissons pas à ce jour le nom, mais nos idées sont les bonnes, nous avons démontré qu’elles fonctionnaient.

La situation est exceptionnelle, tant mieux, c’est ainsi que se découvrent les personnalités d’exception. Osons défier le destin, allons arracher 2012 contre vents et marées, contre toutes les tempêtes et les obstacles rencontrés sur notre chemin.

A mes amis sociaux-démocrates

L’actualité new-yorkaise donne une étrange lecture de mon post de la semaine dernière « l’homme est la mesure de toute chose« . Il faut attendre la fin de la semaine pour pouvoir en dire un peu plus sur l’avenir de Dominique Strauss-Kahn, laisser le temps à ses avocats de rassembler les éléments de sa défense et entendre (enfin) sa version des faits.

En attendant la prochaine audience, je tiens à rappeler à tous que le combat des sociaux-démocrates est d’abord celui de l’idéal d’un monde plus juste construit par la réforme, un combat d’idées que Dominique a alimentées et mises en œuvre avec force et réussite. Or si DSK est aujourd’hui empêché d’agir politiquement, les idées et le combat demeurent et nous en sommes dépositaires. Ne laissons-pas cela se déliter, ce serait le trahir autant que nous trahir ! Si DSK est en mesure de revenir, il ne doit pas trouver un bâtiment déserté, et s’il ne l’est pas, ce serait lâcheté et injure que d’abandonner un combat mené au nom de l’avenir de la France et des Français.

A court terme, notre position ne doit pas changer : nous avons un pacte entre Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn, il doit être respecté plus que jamais. Je n’ignore pas évidemment les aspirations divergentes qui existent, mais les circonstances exceptionnelles doivent nous amener à une conduite plus qu’exemplaire. Si, et seulement si, Dominique n’est effectivement pas en mesure de reprendre sa place dans les toutes prochaines semaines, alors il appartiendra à Martine de réunir la famille social-démocrate, de présenter clairement sa position et de faciliter la présentation d’une candidature socdem à la primaire, candidature fondée sur la rationalité autant que sur l’envie de gagner cette élection.

Le travail de structuration effectué ces derniers mois représente un atout majeur pour gagner une élection qui ne s’annonce plus aussi simple. Il faut se souvenir que sans DSK, la gauche n’apparaît plus majoritaire actuellement : nous ne sommes plus favoris mais challengers.

Notre avenir est toujours entre nos mains, les Français attendent beaucoup de nous, faisons-leur savoir que nous sommes toujours là et que nous gagnerons le combat de 2012 pour eux.

Plaidoyer pour un nouvel urbanisme


Depuis longtemps j’utilise régulièrement une petite loi universelle personnelle qui dit que lorsque l’on a un problème qui semble impossible à résoudre, il faut essayer de trouver un autre problème à résoudre et chercher une solution pour les deux en même temps (je suis preneur d’une référence si quelqu’un a déjà découvert cette vérité profonde avant moi…).

Et bien cela tombe bien en ce moment puisque le futur président de la République française aura à résoudre une équation impossible qui inclut la relance de l’économie, le sauvetage des finances, la bascule énergétique (d’abord pétrole ensuite nucléaire), le changement climatique (pas sûr que nous en restions longtemps à la douce langueur d’un printemps hors norme) et bien sûr nos rééquilibrages démographiques.

Donc, côté problèmes impossibles nous sommes servis.

En plus de ma petite loi universelle personnelle, j’avais co-écrit il y a déjà bien longtemps un texte intitulé « Le O.U.I. de la Social-Démocratie française : Outils – Utopies – Idéologie« . L’idée de ce texte un peu méthodologique était d’avoir un énoncé politique qui permette à la fois de dire où l’on va (l’utopie) et comment on y a (les outils).

Et bien je crois que pour résoudre nos problèmes insolubles, il existe un outil puissant, outil que Dominique Strauss-Kahn avait mis à son programme lors des primaires de 2006 (mais beaucoup trop timidement à mon sens). Cet outil c’est l’urbanisme, ou plutôt la création ex-nihilo d’un nouvel urbanisme capable à la fois de prendre en compte les impératifs de basculement énergétique (nouveaux modes de consommations énergétique, mais aussi nouveaux modes de production), capable de prévenir les effets catastrophiques du changement climatique (souvenez-vous de Xynthia), capable aussi de retisser les liens sociétaux si distendus, capable enfin de relancer de façon coordonnée l’économie (de façon rentable dans le temps qui plus est !). J’avais décrit plus précisément l’intérêt de cette approche dans le texte « Des villages pour le XXIème siècle : Reconstruire une France solidaire répondant aux défits« , mais que ce soit à travers la construction de villages ou simplement de nouveaux quartiers, l’outil me semble extraordinairement puissant et bel et bien en mesure de résoudre les plus graves de nos problèmes.

C’est de plus un outil simple à comprendre, un outil qui s’ancre dans l’histoire de nos sociétés (connaissez-vous les quartiers castor ou des gens comme Robert Owen ?), c’est un moyen fantastique pour associer les citoyens à la mise en œuvre d’un changement politique majeur, c’est un moyen de gérer au mieux le risque futur lié aux changements climatiques et c’est un moyen fantastique de construire les infrastructures de la société du XXIème siècle.

Nous tenons-là à mon sens l’outil de la construction d’un destin commun et solidaire, l’outil d’un État qui intervient quand il faut où il faut, qui donne le cap et l’impulsion, qui permet aux citoyens de participer activement et librement à la construction de cet avenir. Voilà un outil que les sociaux-démocrates ont dans leur besace : il est temps de l’offrir à tous les Français !

En 2006 le courant social-démocrate était en avance d’une élection sur la vieille idéologie PS, il l’est toujours

Martine Aubry s’est déclarée ouverte à l’idée d’une politique qui tracerait une voie de sortie du nucléaire. Grande nouveauté au PS ? Retournement spectaculaire ? En fait non. Si en 2006, François Hollande alors 1er secrétaire avait bien voulu ouvrir les portes et fenêtres des idées, sans doute ce débat aurait-il eu lieu à l’époque sous l’impulsion des sociaux démocrates.

Voici quelques textes publiés à l’époque.

DANS LE LIVRE « 365 JOURS » (éditions Grasset & Fasquelle, 2006)

PAGES 218-219 (propositions lors des vœux à la presse en janvier 2006)

Axe n° 3 : Le développement durable

« Proposition 8 : Réussir le pari du postnucléaire.

Nous assistons actuellement à un accroissement de la dépendance énergétique. On l’a vu récemment avec la crise du gaz entre la Russie et l’Ukraine ou l’augmentation du prix du pétrole. Nous connaissons les difficultés du nucléaire dans un pays comme le nôtre. Pour y répondre, il faut consacrer un effort de recherche massif aux questions de l’énergie propre. La France a fait dans les années 1950 le pari du nucléaire et elle l’a réussi. Elle doit aujourd’hui faire le pari du postnucléaire et le réussir. »

PAGES 270-272 Mardi 13 septembre

« En Haute-Marne et dans la Meuse, référendum local sur la question des déchets nucléaires. Situé aux confins de la Haute-Marne et de la Meuse, le site de Bure doit accueillir un centre d’enfouissement des déchets nucléaires.

La presse nous apprend aujourd’hui que les riverains demandent un référendum local à ce sujet. Nous sommes là au croisement de plusieurs sujets de société très actuels, au premier rang desquels la demande croissante de « participation ». Avec l’élévation du niveau d’éducation et d’information et les possibilités de débat offertes par l’Internet, les citoyens se forgent de plus en plus leur propre avis sur les sujets qui les préoccupent ou qui touchent leur cadre de vie. Ils veulent prendre une part directe aux décisions. Notre système démocratique ne peut manifestement plus fonctionner sur le seul principe de la délégation.

La pratique du référendum local n’est pas forcément la bonne manière de répondre à cette attente légitime, car la question est trop souvent biaisée. Dans l’exemple de Bure, il me paraît clair que personne – même parmi ceux qui approuvent globalement le choix nucléaire de la France – ne dira qu’il veut accueillir des déchets radioactifs près de chez lui, si on lui pose la question sous cette forme ! Le conflit national entre intérêt individuel et intérêt général ne peut néanmoins plus être tranché par les seuls élus. Les Français ne l’entendent plus ainsi : nous devons introduire de nouveaux instruments de consultation pour permettre la nécessaire « appropriation citoyenne » des grands sujets de société.

Le nucléaire fait typiquement partie de ces domaines où les choix semblent parfois imposés par des instances scientifiques et industrielles situées hors d’un contrôle démocratique visible par les citoyens. En ce qui concerne par exemple les déchets radioactifs le Parlement a voté en 1991 une loi – la « loi Bataille », du nom d’un de mes collègues socialistes qui en était le rapporteur. Cette loi prévoyait une longue phase d’étude permettant à la fois d’analyser les conséquences de leur enfouissement en couches profondes et d’explorer d’autres techniques de traitement des déchets. Il n’est pas sûr que ce protocole ait été parfaitement respecté. Le Parlement doit en principe se prononcer l’an prochain : il faut s’attendre à un joli débat.

L’autre question soulevée par cette affaire est bien évidemment celle de notre politique énergétique. Je suis convaincu que le choix du nucléaire a été bénéfique pour la France. Il a permis de réduire notre dépendance énergétique. Il serait parfaitement absurde de le remettre en cause du jour au lendemain. Mais je suis conscient de ce que le nucléaire ne résout pas à long terme le problème de l’accès aux ressources. Et, surtout, qu’il pose le problème épineux des déchets. Le projet Iter, qui démarre à Cadarache, permettra d’expérimenter l’utilisation d’un composé plus abondant et beaucoup moins nocif : l’hydrogène.

Mais je crois que nous devrons concentrer nos efforts des prochaines décennies sur l’ensemble des énergies propres et renouvelables. La France a réussi dans le domaine du nucléaire dès les années 1950. Elle devra réussir de la même manière dans les énergies nouvelles. Or nous sommes très en retard dans ce domaine. Je ne prendrai qu’un exemple : celui des piles à combustible qui, demain, alimenteront les moteurs électriques de nos voitures et de nos camions. C’est un enjeu décisif puisque les transports terrestres sont une des principales sources de pollution.

Que constate-t-on ? Que Toyota a pris une avance considérable avec ses voitures hybrides. Que les autres constructeurs japonais suivent. Que Peugeot continue à produire des voitures diesel. Que Renault a renvoyé le problème à Nissan ! C’est là que la détermination publique fait défaut. En France, dans ces domaines, il faut une incitation de l’Etat. »

PAGES 274-275 Vendredi 7 octobre

« Je participe à Dunkerque à un colloque sur la politique industrielle organisé en commun par Dominique Voynet et Michel Delebarre. Je veux convaincre, notamment les Verts, que l’on peut mener une politique industrielle respectueuse de l’environnement. Je veux aussi saisir l’occasion de montrer que je ne suis pas, comme certains l’imaginent parfois, un affreux « nucléocrate ».

Je ne suis évidemment pas devenu un croisé de l’antinucléaire. Je persiste à penser que la France a fait un bon choix dans les années 1950 et qu’elle continue d’en percevoir les dividendes. Je suis aussi convaincu que l’électricité d’origine nucléaire nous sera nécessaire longtemps encore. Pour beaucoup de militants Verts, cela suffirait à justifier mon excommunication. Je crois pourtant avec la même force que nous devons tout faire pour raccourcir la période pendant laquelle les réacteurs nucléaires que nous possédons nous seront encore indispensables en investissant massivement dans la recherche et le développement des énergies propres comme dans les économies d’énergie.

Dominique Voynet sait tout cela. Et c’est même pour cela qu’elle m’a invité à venir aujourd’hui. […] »

DANS UNE INTERVIEW A LIBERATION (2006)

« Le monopole privé est la pire des situations », itw au journal Libération du 7 septembre 2006 sur le projet de fusion GDF-Suez.

http://www.liberation.fr/evenement/010159722-le-monopole-prive-est-la-pire-des-situations

Et le nucléaire ?

« Il n’y a aucune raison pour que le sujet soit tabou. Nous avons un avantage en matière nucléaire que nous avons intérêt à maintenir. Sur ce sujet, je ne suis pas pour la politique de l’autruche, consistant à jouer à cache-cache avec les Verts. Il faut aller beaucoup plus loin dans la transparence, notamment sur la question lancinante des déchets et de la sécurité. »

Pourquoi la politique énergétique ne constitue-t-elle pas un sujet majeur du projet socialiste ?

« Je veux présenter aux socialistes d’abord, au pays ensuite, les grands problèmes que le président sera amené à traiter. Il y a des problèmes malheureusement traditionnels : l’emploi, le pouvoir d’achat, la solidarité. Mais il y a aussi de grands problèmes internationaux, parmi lesquels, les questions liées à l’après pétrole : l’épuisement de la ressource, son prix, ses conséquences environnementales, ainsi que ses conséquences géopolitiques notamment l’instabilité que crée la dépendance en hydrocarbures, et aussi le débat sur le nucléaire et les énergies renouvelables. La préparation de l’après pétrole me parait absolument décisive. Et cela relève du président de la République. »

Enfin, plus modestement vous trouverez d’autres références et un texte sur la place de l’écologie dans le renouveau social-démocrate créé écrit après notre échec de 2006.
En 2006, nous aurions pu être prêts, nous avions ce qu’il fallait pour gagner 2007. Souvenons-nous en pour préparer les mois qui viennent et l’élection de 2007.

Les droits de l’homme et du dictateur

Tous les hommes naissent libres et égaux mais il semble que nous ne sachions guère comment guider les dictateurs vers cet horizon de liberté et d’égalité. J’ai pris le temps de la réflexion pour considérer la révolution tunisienne (et j’espère qu’elle aboutira effectivement à mettre en place les conditions de la liberté et de l’égalité) et je ne voudrais pas m’arrêter à la condamnation trop rapide, définitive et hypocrite de Ben Ali.

Il est certes aisé de condamner l’homme et son régime après coup mais il me semble plus difficile, et pourtant plus utile, de nous interroger, non pas sur ce que nous n’avons pas fait, mais bien sur ce que nous allons faire dès à présent. Nous (les socialistes mais aussi j’ose l’espérer l’immense majorité des Français) déclamons à qui veut l’entendre notre attachement à nos idéaux. Hélas, nous n’avons pas une vision très claire de la conduite à adopter lorsque nous n’avons pas en face de nous une dictature à la noirceur absolue, une dictature avec qui nous ne partageons rien.

Dans la zone grise des dictatures présentables à nos consciences, il semble qu’il nous soit tout aussi bien impossible d’avoir une position intransigeante sur les principes (parce que tout simplement cela n’a aucun effet sur la dictature) qu’une position franchement amorale parée de la vertu d’une real politik économique nécessaire. Ni anges ni francs salauds, nous nous contentons au final d’une médiocrité de petites âmes aussi promptes à offrir son savoir-faire en matière de répression qu’à bloquer cette répression à la douane lorsque la mauvaise conscience frappe à la porte.
Dans une France attachée à ses valeurs et ses racines, Michèle Alliot-Marie aurait dû non seulement (être) démissionner après son odieuse offre de service mais également être définitivement mise en marge de tout mouvement républicain. Or dans un gouvernement où celui qui a été le plus réaliste sur la Tunisie (Eric Besson) est un traitre à ses premiers engagements politiques, il apparaît normal de ne voir ici qu’un écart mineur devant être traité sur le plan de la politique à court terme et non sur celui de l’honneur d’un pays. Et gageons que cela n’ira pas plus loin.

Mais même si nous n’avons pas été aussi odieux qu’Alliot-Marie, les socialistes n’ont pas été dans le passé très brillants, ni dans le présent comme on peut en juger avec l’histoire de l’internationale socialiste. Cela ne me gène pas en soit d’avoir un Ben Ali à cette internationale, à condition que sa place ne soit pas à l’égale des démocrates, à condition que sa présence s’accompagne d’une action en profondeur pour le mener vers un horizon plus juste, libre, égalitaire pour son peuple.
Refuser le contact des dictateurs est une position de « pureté » trop facile, se compromettre avec eux en cédant sur tout et n’avançant sur rien est une infamie.
Il n’y a pas de compromis à avoir sur le but à atteindre, mais l’on doit se mettre en position d’être assez fort pour tracer un chemin, pour s’impliquer de façon commune sur ce chemin, pour dessiner et atteindre des étapes intermédiaires.

Il faut en finir avec les discours schizophrènes où la forme dit « j’exige liberté et égalité » et où le fond dit « j’accepte le compromis en contre-partie de ceci ou cela » car on perd alors sur les deux tableaux. Nous gagnons le mépris (justifié) de l’autre et n’avons que des miettes du marché que nous passons.

Alors soyons clairs camarades socialistes, qu’allons-nous proposer à Mohamed VI pour l’aider à progresser vers cet horizon que nous déclarons universel, qu’allons-nous proposer à Israël et aux palestiniens pour gagner cette terre de liberté, serons-nous assez forts pour proposer aux chinois un partenariat économique et de citoyenneté, serons-nous assez intègres pour juger inacceptable tout gouvernement salissant l’honneur, l’histoire et la grandeur des idéaux de la France ?

Gagner en 2012 !

En réponse à différents commentaires toujours aussi violents que peu constructifs, je vous renvoie à un texte diffusé entre autres sur le blog de Jean-Jacques Urvoas et qui traite de la campagne de 2012, de notre envie de la gagner (j’espère que cette envie dépasse au PS le seul courant social-démocrate !).

Ce texte est celui d’un courant du PS, courant qui aura quoi qu’il arrive son candidat, courant connu pour son attachement à la réflexion, à la modération, au dialogue, entre autres bonnes choses.

Bonne lecture et avec un peu d’avance, bonne, très bonne, excellente année 2011 (en attendant 2012) !

«Une nouvelle mondialisation pour un monde nouveau»

DSK, dominique strauss-kahn FMI

Le 8 octobre dernier, Dominique Strauss-Kahn a prononcé un discours devant une assemblée réunissant des gouverneurs de la Banque Mondiale et du FMI. Et comme il s’agit de son discours et de ses paroles (pas des supputations sur ce qu’il pense à partir de ce que d’autres écrivent), il est intéressant de prendre connaissance des idées forces de cette intervention.

Tout d’abord, DSK affirme que la crise est arrivée à un point d’inflexion avec un redémarrage de la croissance, mais de façon incertaine et fragile parce qu’inégale. Il relève quatre risques majeurs menaçant l’avenir.

D’abord le problème de la dette publique qui a augmenté de 35 points pendant la crise. DSK rappel au passage que cette dette n’est que marginalement liée aux mesures de relance (10%) et dit clairement que la réduction des déficits est une urgence à court terme. La priorité doit être donnée à la viabilité des finances publiques et les marges de manœuvres restantes doivent servir à soutenir la croissance.

Dominique Strauss-Kahn insiste ensuite encore une fois sur le fait que la croissance qui revient ne crée pas assez d’emplois et rappelle s’il en est besoin que “pour l’homme de la rue, une reprise sans emplois n’a guère de sens. Il faut miser sur une croissance durable mais aussi sur l’emploi.”

Concernant le secteur financier, DSK se félicite des avancée règlementaires comme Bale III mais répète que les règles ne sont rien sans les contrôles et que des mécanismes doivent être mis en place pour prévenir et résoudre les futures crises.

Enfin, il s’alarme de la disparition de la volonté de coopération des Etats, coopération qui a pourtant pu éviter jusqu’ici le scénario de la grande dépression. Il s’insurge contre la tentation d’une guerre monétaire et le nationalisme qui va avec. Il rappelle que le FMI a mis en place de nouveaux outils et évoque le G20 en matière de coopération. Réussir à gagner 2,5% de croissance, c’est éviter de perdre 30 millions d’emplois.

Ce discours se termine sur la perspective de la fin de la révolution industrielle, à un rééquilibrage du monde en fonction de la taille des pays, à la mise en place de nouvelles sources de croissances (durables, vertes, …), par un plus grand besoin de coopération et de gouvernance, ce qu’a commencé à faire le FMI sous l’impulsion de son directeur.

Si vous voulez rétablir la confiance dans un monde incertain — vous devez agir ensemble.
Si vous voulez créer des emplois — vous devez agir ensemble.
Si vous voulez construire un monde meilleur et plus sûr pour vos enfants et petits-enfants — vous devez agir ensemble.