Octobre 2007. Le destin est décidément très facétieux en ce moment.
Il y a quelques semaines, je parlais de l’élection de DSK au FMI en relevant l’extraordinaire déphasage entre un DSK snobé par son camp au profit d’une candidature certes bien markettée mais au final totalement non crédible, puis plébiscité par les décideurs de ce monde. Aujourd’hui, par un prix Nobel de la paix décerné à Al Gore et aux membres du GIEC, nous assistons finalement à une retentissante rebelote dans cette partie de carte décidément peu rationnelle. Al Gore, c’est, comme il se présente lui-même, cet ex-futur président des Etats Unis qui s’est fait évincer de la présidence après un décompte de voix pour le moins “pittoresque”. Evincé par un personnage qui lui-aussi était fort bien marketté et lui aussi totalement vide, si ce n’est de fureur, de larmes et de sang inutilement versé.
Ces retournements de situation personnelle augurent-ils d’un espoir de retournemet général de situation ? Pas si évident si l’on en juge aux réactions qui ont suivi l’annonce du Nobel. On a vu fleurir un tas d’articles expliquant l’imposture, avançant le doute, postulant l’existence d’une autre vérité qui forcément est ailleurs.
Mais quelqu’un a-t-il démonté l’élément majeur qui est le cœur du combat de Gore, à savoir le lien direct et causal entre le taux de CO2 dans l’atmosphère et la courbe de températures ? Non, absolument aucun article scientifique ne réfute ce lien. Par contre ces commentaires ne se privent pas d’utiliser des déclarations frisant parfois le grotesque pour instiller le doute. Un juge anglais n’a-t-il pas décidé qu’en l’absence d’un nombre suffisant de cadavres d’ours polaires, on ne pouvait conclure à un impact du réchauffement sur ceux-ci (ah si les ours avaient la bonne idée de mourir noyé sur la terre ferme !). Et si les neiges éternelles du Kilimandjaro ont fondu, c’est assurément à cause d’un phénomène extérieur au réchauffement climatique (sans doute les ours polaires qui sont venus faire du camping…). Et puis, chacun sait bien qu’il s’agit d’un phénomène cyclique (même si le taux de CO2 actuel n’a aucun équivalent dans aucun cycle connu).
Pourquoi tant d’aveuglement, de déni ? Parce que la psychologie humaine est fondamentalement réticente au changement, voire terrorisée par un changement radical. Alors oui, notre société est au bout du rouleau et il nous faudra forcément choisir celui ou celle qui demain aura les capacités et le courage de la changer en profondeur, et oui, notre climat est en passe de subir un changement radical et il nous faudra forcément choisir celui ou celle qui demain aura les capacités et le courage d’affronter un changement aussi extraordinaire que périlleux.