Fin juin, la candidate à la présidentielle Marie-Ségolène Royal s’est faite entartée (avec un fraisier). D’abord, je dois bien avouer avoir mesquinement souri en regardant les images de l’épique escarmouche rochelaise ; le spectateur se laisse facilement aller à rire de ces gamineries surtout lorsqu’elles touchent une icône, qui plus est, politique. Pour justifier son geste (non prémédité selon son auteur Jonathan Joly), ce dernier a déclaré :
Complexée, sourde, hypocrite et démagogue dans sa globalité, la gauche plurielle est portée par un électorat qui tend à sombrer dans la déprime et la désillusion . Et je suis de cet électorat désabusé qui prend aux mots le slogan de “démocratie participative”.
L’entartage est à ce titre une opération qui demande des comptes à la caste politicienne et la désacralise ou s’efforce d’être perçu comme tel.
Passé l’instant de rigolade facile, je me suis fait la réflexion que sans le oueb (je suis tombé par hasard sur la vidéo), je n’aurais peut-être jamais eu vent de l’histoire. Qui plus est, j’ai appris au passage que le ministre de l’intérieur avait subi également le même sort auparavant.
Non seulement ces deux icônes de la politique ont une énorme capacité à occuper le terrain médiatique, mais en plus, elles réussissent manifestement bien à censurer ce qui peut nuire à leur image. Ceci en dit définitivement long sur l’objectivité journalistique (alors que je me souviens avoir vu les entartages de BHL ou de Bill Gates à la télé…). Mais passons sur le triste théatre médiatico-politique.
Le plus important, c’est le fond, du fraisier, de l’affaire et du gouffre. Comment en est-on arrivé à ce point de délabrement pour que la politique ne soit plus qu’une bouffonnerie ? Comment des hommes et des femmes politiques peuvent-ils continuer à croire que faire de la politique c’est faire du marketing vide de contenu, c’est surfer sur l’air du temps sans porter de message, d’idée, de vision ? N’avoir à la télévision qu’une posture, une gestuelle, une image ? Que faut-il encore de plus pour que cela cesse ? Cet épisode a priori si anecdotique (sauf pour les intéressés), en ajout de toutes les dégradations de nos institutions, de notre respectabilité internationale, nous mène au pire des chaos, celui généré par le ridicule, la perte de considération pour notre propre identité. Imaginez-vous un président ou une présidente accueilli(e) à un sommet international et raillé(e) comme un tartuffe entartée ! On nous regardait comme malhonnêtes, incohérents, nous voici maintenant risibles et pathétiques.
A ma liste de critère pour l’élection de 2007, je vais ajouter que le président devra posséder une aura naturelle de respectabilité et d’autorité.