Connaissez-vous cette théorie qui prédit qu’en cas d’emballement, un  réacteur nucléaire pourrait arriver à détruire le terrain sous lui et  traverser la planète ?
Et bien il semble qu’il en existe une équivalence sur un domaine très  peu scientifique et qui s’appelle politique. Le principe en est le  suivant :
– un réacteur, appelé homme ou femme politique, est l’élément de base
– ce réacteur génère habituellement une forme d’énergie qui s’appelle  idée, avec des variantes isotopiques appelées projet, vision, discours,  meeting
– ce réacteur, moyennement actif en phase normale, peut être catalysé  par une famille d’éléments appelés media, dont le plus redoutable  s’appelle micro.
Ceci étant posé, il existe des cas particuliers où réacteur et  catalyseur se lient par une force irrépressible, devenant “addicts” l’un  de l’autre, s’auto-alimentant en amplifiant progressivement et  irrésistiblement leur interaction.
Hélas, les isotopes produits par le réacteur (projet, idée, vision,  discours, meeting) deviennent alors très souvent de plus en plus  anormaux et finissent par quitter l’univers rationnel pour basculer dans  une sorte d’univers quantique où toute valeur de départ perd son sens  et où tout devient possible, en apparence.
Tout, et surtout le n’importe quoi.
Nous avions eu déjà un tel exemple en fin d’année dernière, lorsque  le ministre de l’intérieur, dans sa course contre lui-même, s’était  lancé dans une escalade médiatique qui l’avait obligé à hypertrophier  son discours par une suite de déclarations à la presse à chaque fois  plus retentissantes que la précédente.
Réacteur et catalyseur s’étaient tellement auto-intoxités qu’ils  n’avaient pas vu venir les émeutes qu’ils avaient fini par préparer, le  monde réel ne supportant plus d’entendre ce qu’il considérait comme des  provocations à répétition qui s’ajoutaient à une situation déjà bien  trop compliquée.
Ce réacteur là n’est pas arrivé au syndrome chinois, mais a généré pas mal de dégâts collatéraux lors de son explosion.
Or, une autre réaction en chaîne semble être en train de se  développer. Le catalyseur n’a pas changé, mais le réacteur appartient au  camp d’en face cette fois.
La réaction en chaîne semble être partie d’une anodine phase d’apathie  politico-médiatique, suite justement aux émeutes, le monde politique  étant sérieusement sonné par cet épisode lui apparaissant  incompréhensible.
Puis, passé l’effet de remplissage stérile pendant quelques mois, ce  réacteur a dû commencer à trouver des arguments originaux, différents,  pour continuer à intéresser le catalyseur média.
L’originalité ne s’est pas faite sur la nouveauté, mais sur le décalage  entre le positionnement politique attendu et celui présenté. Le réacteur  a donc commencé à générer des isotopes appartenant au camp d’en face,  ce qui ne suffit qu’un temps, et, le temps passant, l’union infernale  réacteur / catalyseur est obligée de générer de plus en plus de  particules appartenant de moins en moins au monde de la raison.
Ce réacteur là finira-t-il en syndrome chinois ? Ira-t-il au delà de  tout contrôle, de toute raison? J’espère que non, mais une chose me  navre : le spectacle plaît. Nous semblons avoir en ce moment une  fascination passive pour l’autodestruction, un besoin morbide de trouver  ce qui réussira à tout faire exploser.
En tout cas, en  ce qui me concerne, je continuerai à défendre la  raison, le débat raisonné et guidé par les principes et le respect de  tous.

