Comment s’essuyer les pieds sur le paillasson de la misère tunisienne ?


Les troubles, pour ne pas dire plus, en Tunisie pourraient être l’occasion d’une réflexion sur bien des choses : notre approche géopolitique en Afrique du Nord, nos complaisances avec des pays certes amis mais peu ouverts aux idées démocratiques, notre empruntement à donner notre avis lorsqu’un problème touche une ancienne colonie, les modèles de développement du bassin méditerranéen, la misère générée par la crise mondiale actuelle, plein de choses qui interpellent et dont la réponse permettrait de faire avancer les choses et le monde.

Ca, ce serait dans un monde responsable, ouvert au questionnement et un minimum généreux.

Mais non, pour certains, il semble bien plus profitable de prendre une situation de crise économique, politique et social d’un pays voisin, pour la transformer en une bonne soupe pré-électorale franchouillarde !

Que dire de la désespérance des jeunes tunisiens ? Mais que tout cela est lié à l’ignoble DSK, l’imam sioniste affameur des peuples ! La preuve ? Fastoche, en 2008 il a fait un discours sur les espoirs qu’il fondait sur le modèle de développement tunisien et sa capacité d’aller de l’avant !



En plus, Ben Ali ayant mis une sardine sur la veste de DSK, nous avons là la preuve de l’odieux complot. CQFD.

Sur ce, nos voisins d’en face de la Méditerranée seront donc heureux de savoir que leur combat n’est pas vain puisqu’il permet d’orchestrer une belle campagne de buzz à visée franco-franchouille :
http://www.google.fr/search?q=strauss-kahn+tunisie&ie=utf-8&oe=utf-8&aq=t&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a

Vous ne manquerez pas de remarquer le copier / coller des titres : « la Tunisie est le bon exemple à suivre » (rien que 274 articles à ce jour reprenant ce titre et répétant inlassablement la même chose » http://www.google.fr/search?hl=fr&safe=off&client=firefox-a&hs=Te6&rls=org.mozilla%3Afr%3Aofficial&q=strauss-kahn+%22la+tunisie+est+un+bon+exemple+%C3%A0+suivre%22&aq=f&aqi=&aql=&oq=&gs_rfai= ).

Il vous suffira de cliquer sur les liens pour savoir qui est à l’initiative de cette gentille orchestration.

Qu’en conclure ?

Sans doute qu’en 2008 DSK avait mis un peu trop d’espoir ou de diplomatie dans ses propos. Dont acte, au moins cela confirme-t-il qu’il n’a pas toujours raison et qu’il a besoin d’une équipe avec lui.

Mais aussi, qu’hélas, un bon nombre de militants manquant substantiellement d’arguments sont prêts à surfer sur le malheur des autres pour alimenter leur tambouille locale.

Et qu’au final, le PS ferait mieux d’être un peu plus courageux en matière de relations étrangères, qu’après la Côte d’Ivoire c’est la Tunisie qui nous interpelle, et que la désespérance des peuples ou les égarements des gouvernants valent une meilleure réponse que celle qui est actuellement donnée.

Il y a du boulot, la refondation que j’appelle de mes vœux, c’est aussi cela.

2 réflexions sur « Comment s’essuyer les pieds sur le paillasson de la misère tunisienne ? »

  1. Pourquoi chercher à minimiser les propos de DSK ?

    Ils sont sans ambiguîté.

    On voit DSK vanter un régime dictatorial installé depuis plus de 30 ans et qui confisque à son profit l’économie d’un pays aux dépends du peuple.

    C’est DSK, « socialiste », qui parle. Ce n’est pas un autre.

    A son poste prestigieux de décideur au niveau mondial, et en tant que candidat potentiel du PS, être autant en décalage avec la réalité de ce que vit tout un peuple est très embêtant.

  2. En quoi je les minimise ?

    Il a donné il y a 2 ans une vision purement économique de la situation tunisienne lors d’une sauterie internationale.
    Ses propos résonnent effectivement à contre-sens 2 ans plus tard, preuve que l’économie ne fait pas tout.

    Par contre, ne vous en déplaise, il ne « vante » en aucun cas un régime dictatorial, il dit que le modèle de développement économique est pour lui un exemple à suivre.

    Ce que je dénonce par contre sans ambages, c’est la récupération de 2mn de déclaration et le replacement dans un contexte qui n’a rien à voir (Hamon a fait de même chez Bourdin et a défendu DSK sur ce même aspect). Je n’ai aucun doute sur le fait qu’aujourd’hui DSK ne dirait pas les choses ainsi, et qu’il mettrait en parallèle les choix de développement économiques certes, mais aussi les déséquilibres démographiques de la Tunisie, ses problèmes sociaux liés au chômage et la flambée des matières premières qui ont rendus l’alimentation hors de prix.
    Je ne suis pas sûr qu’en matière politique, vu son devoir de réserve en qualité de directeur du FMI, il pourrait dire beaucoup de choses sur les dirigeants du pays, mais je sais qu’il n’en pense pas moins.

    Je l’ai dit en introduction et en conclusion de ce post, c’est tout le PS (et au-delà) qui n’est pas très clair sur cette position politique. Prenez pour cible DSK si cela vous chante, cet épisode vous en offre l’opportunité, mais sur le fond, il serait bon d’être plus introspectif.

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