Le bilan carbone comme outil de gestion du défi climatique.
La première tentative de taxe carbone a avorté, en grande partie parce qu’elle mettait des territoires comme le pays de Brest dans des difficultés largement liées au surcoût des transports : espace majoritairement rural, éloignement géographique des centres de productions, réseau de transport ne permettant pas de se substituer à la voiture… Or tôt ou tard, il faudra utiliser l’arme fiscale pour gérer nos rejets de CO2.
Le choix qui se pose à nous est simple :
- soit d’entrer en résistance pour sauver notre porte-monnaie à court terme, ce qui nous conduirait alors de façon certaine vers la catastrophe climatique
- soit d’anticiper les mesures qui seront prises pour adopter très rapidement les bons comportements qui diminuent notre empreinte carbone.
Je défends pour ma part la seconde solution mais il faut rapidement mettre en œuvre un certain nombre d’actions :
- promouvoir au plus près des citoyens une communication rationnelle et percutante sur nos rejets de CO2 et leur impact
- se doter d’outils capables de donner un coût individuel en euros de nos rejets de CO2
- favoriser les technologies et services qui permettent de faire des économies sur ces rejets
La bataille pour éviter à notre climat de ne pas avoir une température qui augmente de plus de 2°C est trop abstraite et improbable pour nos esprits : nous n’y croyons en fait tout simplement pas ou cela évoque au mieux une journée d’été ensoleillée. Or non seulement cette bataille est en passe d’être perdue mais en plus l’augmentation de température n’a rien d’idyllique et d’agréable. Il faut mettre en place des outils simples qui « parlent » à chacun, qui permettent de mettre en regard le CO2 que nous produisons ou que nous économisons avec quelque chose de simple et clair : un « livret carbone » valorisé en euros peut répondre à cet objectif. Ce livret serait crédité ou débité en fonction de notre comportement.
L’énergie, brique de base de l’économie
Même si son coût a nettement augmenté ces dernières années, nous sommes toujours dans une économie où l’énergie est abondante et bon marché. Et cela est excellent, je refuse le discours malthusien appelant au renchérissement de l’énergie pour gérer le problème du CO2.
Non seulement nous ne devons pas renchérir ce prix, mais nous devons au contraire faire tout ce qui est nécessaire pour diminuer ce prix pour idéalement l’amener à la gratuité pour la part qui est nécessaire à la satisfaction des « besoins vitaux » de chacun. Ceci est un idéal indispensable lorsque l’on prétend vouloir faire progresser notre société : l’action publique, à gauche au moins, doit viser à affranchir chaque citoyen des contraintes qui empêchent son émancipation et sa marche vers son développement personnel et citoyen.
En ce qui concerne les entreprises, l’objectif est différent mais l’impératif d’énergie à bas prix et abondante est le même. Chaque acte économique que nous faisons consomme de l’énergie. Chaque étape de fabrication ou de commercialisation cumule donc des surcoûts. On comprend alors que l’augmentation de l’énergie est un frein radical au développement économique, et que la pénurie « organisée » aboutit à l’impossibilité de croissance lorsque l’on a atteint le plafond énergétique autorisé. A contrario, une énergie abondante et peu chère est un argument concurrentiel majeur.
L’objectif est donc de développer les structures nécessaires pour disposer d’une énergie abondante et peu chère. Il n’en demeure pas moins que nous devons gérer différents les problèmes connexes déjà évoqués :
- diminuer notre empreinte carbone (ce qui est vrai pour l’individu l’est bien sûr pour l’entreprise ou les collectivités)
- ne pas mettre en péril nos écosystèmes en consommant plus de ressources qu’ils ne sont capables de produire.
Là aussi, l’Iroise dispose d’atouts non négligeables. Le pays est venté ce qui a permis de développer un réseau d’éoliennes terrestres. Il faut largement développer ce réseau énergétique offshore (éoliennes & hydroliennes, fermes cultivant les algues marines pour produire du bio-carburant, …). Mais il faut aussi trouver le moyen pour que la population tire un bénéfice direct de ce réseau, par des redevances payées par les exploitants par exemple. La population et les entreprises locales doivent bénéficier de la richesse climatique, ici la force des vents et des courants, c’est un bien commun dont on concède l’exploitation.
L’Iroise dispose également d’autres sources énergétiques pouvant être tirées du bois , de l’agriculture et de l’aquaculture. Ces secteurs ont l’avantage de capter du CO2. Il faut mieux organiser ces marchés.
Nous sommes clairement dans une zone géographique dont les atouts permettent d’arriver aux objectifs fixés, tant en matière de production, de coût, de réduction de l’empreinte carbone, d’abondance et de progrès pour toute la société.