Les ronds de la transition

800px-11._Éolienne_du_Parc_de_Derval-LusangerSi l’idée autant que la nécessité d’une transition énergétique est acquise, le chemin qui y mène semble pavé d’intentions plus ou moins bonnes.

Tout d’abord, il est un peu saugrenu de trouver des discussions sur les sacs plastiques et la vaisselle jetable dans ce débat. Non pas que cela soit sans importance et que oui, les océans se porteront mieux sans déchets plastiques, mais cela me semble d’une autre nature que l’avenir énergétique. Pour ce qui est de l’écotaxe, le débat étant devenu hystérique, cela n’a plus rien à voir avec une question de choix énergétique.

Ensuite, je reste plutôt agacé par des positions finalement très stéréotypées et par la faiblesse des principes généraux.

Pour les principes généraux, je défends avec force l’idée d’une énergie peu chère, abondante, entrant dans le cadre du développement durable. Je défends avec encore plus de force l’idée d’un accès universel et à un coût soutenable à l’énergie nécessaire pour assurer les besoins fondamentaux des citoyens. Cela doit entrer dans la définition même d’un service public de l’énergie et cela s’oppose à une conception rétrograde et malthusienne de l’énergie.

Quant à la technologie, le sujet est plus passionné que passionnant tant il n’est devenu qu’une répétition d’antiennes et de fantasmes.

Commençons par « l’obsolescence programmée ». Il me semble que garder le plus longtemps possible un objet pour diminuer son coût énergétique est un peu court. Ma grand-mère a son frigo depuis plus de 20 ans. Bel exemple à suivre me direz-vous ! En fait, un réfrigérateur dernier cri de classe A++ va consommer entre 25% et 37% que son homologue de classe A. Or un frigo ayant 20 ans a plus de chances de se rapprocher d’une classe Z que du A. Autrement dit, ce vieux frigo symbole de la lutte contre l’obsolescence programmée est une catastrophe énergétique à lui tout seul. Pire que cela, sans un remplacement motivé par l’innovation rapide, vous auriez toujours en poche un téléphone d’il y a 10 ans et certes pas un smartphone dont les possibilités ont transformé radicalement les usages (l’I-Phone est sorti en 2007).

Il apparaît clairement que l’utilisation du pétrole va diminuer dans notre vie quotidienne. La face la plus visible de cette évolution étant l’automobile qui non contente d’avoir des moteurs de plus en plus optimisés se voit adjoindre des sources complémentaires d’énergie. Là, cela se passe plutôt bien et en douceur.

Là où cela se passe plutôt mal et dans le bruit et la fureur, c’est pour la production d’électricité. Le débat s’est focalisé depuis des dizaines d’années sur le nucléaire. Oui la technologie de la fission nucléaire induit des risques aux conséquences désastreuses et oui elle a tué à plusieurs reprises. Mais pour être totalement objectif, elle a tué moins que le charbon. Si le nombre de morts passés et à venir ainsi que le risque sont les critères, il faut interdire d’abord le charbon. Or partout où l’on arrête le nucléaire, on le remplace en grande partie par le charbon.

Si le critère est l’impact climatique, alors le nucléaire est une solution présente et à venir, à ceci près qu’il faut le plus rapidement possible abandonner la fission au profit de la fusion (ITER) qui ne pose en particulier pas de problèmes insolubles de déchets. Le pétrole, le gaz, le charbon et la méthanisation sont néfastes en terme d’impact climatique. Quant aux énergies solaires, éoliennes & hydroliennes, elles sont bien sûr une voie à condition de maîtriser la partie « grise » (pollution indirecte), mais elles sont aussi probablement limitées à une utilisation domestique ou de très petite industrie. On ne sait actuellement pas produire l’énergie nécessaire à l’industrie avec ces technologies.

Enfin, même s’il faut continuer nos efforts pour diminuer la consommation des appareils, je ne crois pas un seul instant à la diminution volontaire de la consommation. À titre personnel je peux bien investir dans des lampes fluocompactes et autre diodes électroluminescente, je ne vois pas comment imposer à ma petite famille une restriction de consommation (j’essaie pourtant !).

La politique énergétique à long terme doit être guidée par un débat sur les principes. Pour ma part : énergie peu chère, abondante, entrant dans le cadre du développement durable, le tout devant avoir une dimension sociétale intégrant un accès minimal universel à l’énergie. Les choix techniques doivent ensuite en découler en intégrant les faits.

Le développement économique en Iroise II

Le bilan carbone comme outil de gestion du défi climatique.

La première tentative de taxe carbone a avorté, en grande partie parce qu’elle mettait des territoires comme le pays de Brest dans des difficultés largement liées au surcoût des transports : espace majoritairement rural, éloignement géographique des centres de productions, réseau de transport ne permettant pas de se substituer à la voiture… Or tôt ou tard, il faudra utiliser l’arme fiscale pour gérer nos rejets de CO2.

Le choix qui se pose à nous est simple :

  • soit d’entrer en résistance pour sauver notre porte-monnaie à court terme, ce qui nous conduirait alors de façon certaine vers la catastrophe climatique
  • soit d’anticiper les mesures qui seront prises pour adopter très rapidement les bons comportements qui diminuent notre empreinte carbone.

Je défends pour ma part la seconde solution mais il faut rapidement mettre en œuvre un certain nombre d’actions :

  • promouvoir au plus près des citoyens une communication rationnelle et percutante sur nos rejets de CO2 et leur impact
  • se doter d’outils capables de donner un coût individuel en euros de nos rejets de CO2
  • favoriser les technologies et services qui permettent de faire des économies sur ces rejets

La bataille pour éviter à notre climat de ne pas avoir une température qui augmente de plus de 2°C est trop abstraite et improbable pour nos esprits : nous n’y croyons en fait tout simplement pas ou cela évoque au mieux une journée d’été ensoleillée. Or non seulement cette bataille est en passe d’être perdue mais en plus l’augmentation de température n’a rien d’idyllique et d’agréable. Il faut mettre en place des outils simples qui « parlent » à chacun, qui permettent de mettre en regard le CO2 que nous produisons ou que nous économisons avec quelque chose de simple et clair : un « livret carbone » valorisé en euros peut répondre à cet objectif. Ce livret serait crédité ou débité en fonction de notre comportement.

L’énergie, brique de base de l’économie

Même si son coût a nettement augmenté ces dernières années, nous sommes toujours dans une économie où l’énergie est abondante et bon marché. Et cela est excellent, je refuse le discours malthusien appelant au renchérissement de l’énergie pour gérer le problème du CO2.
Non seulement nous ne devons pas renchérir ce prix, mais nous devons au contraire faire tout ce qui est nécessaire pour diminuer ce prix pour idéalement l’amener à la gratuité pour la part qui est nécessaire à la satisfaction des « besoins vitaux » de chacun. Ceci est un idéal indispensable lorsque l’on prétend vouloir faire progresser notre société : l’action publique, à gauche au moins, doit viser à affranchir chaque citoyen des contraintes qui empêchent son émancipation et sa marche vers son développement personnel et citoyen.
En ce qui concerne les entreprises, l’objectif est différent mais l’impératif d’énergie à bas prix et abondante est le même. Chaque acte économique que nous faisons consomme de l’énergie. Chaque étape de fabrication ou de commercialisation cumule donc des surcoûts. On comprend alors que l’augmentation de l’énergie est un frein radical au développement économique, et que la pénurie « organisée » aboutit à l’impossibilité de croissance lorsque l’on a atteint le plafond énergétique autorisé. A contrario, une énergie abondante et peu chère est un argument concurrentiel majeur.
L’objectif est donc de développer les structures nécessaires pour disposer d’une énergie abondante et peu chère. Il n’en demeure pas moins que nous devons gérer différents les problèmes connexes déjà évoqués :

  • diminuer notre empreinte carbone (ce qui est vrai pour l’individu l’est bien sûr pour l’entreprise ou les collectivités)
  • ne pas mettre en péril nos écosystèmes en consommant plus de ressources qu’ils ne sont capables de produire.

Là aussi, l’Iroise dispose d’atouts non négligeables. Le pays est venté ce qui a permis de développer un réseau d’éoliennes terrestres. Il faut largement développer ce réseau énergétique offshore (éoliennes & hydroliennes, fermes cultivant les algues marines pour produire du bio-carburant, …). Mais il faut aussi trouver le moyen pour que la population tire un bénéfice direct de ce réseau, par des redevances payées par les exploitants par exemple. La population et les entreprises locales doivent bénéficier de la richesse climatique, ici la force des vents et des courants, c’est un bien commun dont on concède l’exploitation.
L’Iroise dispose également d’autres sources énergétiques pouvant être tirées du bois , de l’agriculture et de l’aquaculture. Ces secteurs ont l’avantage de capter du CO2. Il faut mieux organiser ces marchés.
Nous sommes clairement dans une zone géographique dont les atouts permettent d’arriver aux objectifs fixés, tant en matière de production, de coût, de réduction de l’empreinte carbone, d’abondance et de progrès pour toute la société.

Recherche sur une bio-ferme marine de production de carburant

La vidéo TED est en anglais, mais en synthèse :

  • Jonathan Trent présente un ensemble de recherches et de réflexions sur la production de bio-carburant à partir d’algues marines
  • Les algues ont la plus forte productivité en matière de bio-carburant
  • Une unité de production de bio-carburant marin consomme des rejets d’eau usée et du CO2, elle produit des algues et de l’oxygène
  • Une unité de production pourrait incorporer sa propre production d’électricité (solaire, éolien & hydrolien) et pourrait être couplé à d’autres éléments d’aquaculture.

Le développement économique en Iroise

J’entame ici le premier post d’une série de réflexions consacrées à l’économie en Iroise.

La pointe nord du Finistère est une zone économique tout à la fois caractérisée par un secteur primaire très présent, un pôle d’excellence technologique et scientifique avec des écoles et organismes de recherches visibles sur le territoire du Technopôle Brest Iroise, un tissu dynamique de TPE, PME, artisans et commerçants, sans oublier une attractivité touristique et résidentielle qui ne demande qu’à se développer.

L’Iroise est cependant desservie par son caractère péninsulaire à pointe de la Bretagne, ce qui a des conséquences tout à la fois économiques et démographiques : les habitants et les entreprises y naissent, y passent leur jeunesse, mais les grandes ambitions touchent rapidement les limites du territoire ce qui provoque trop souvent un départ des forces économiques vers des régions où la progression est plus facile. Peu de ces acteurs « oublient » leur terre d’origine, beaucoup auront à cœur d’y revenir ou d’y maintenir de l’emploi, mais il n’en demeure pas moins que le potentiel de richesse est souvent réalisé « ailleurs ». Ceci n’est d’ailleurs pas propre à l’Iroise, c’est vrai d’une grande partie de la Bretagne, mais le phénomène est clairement moins marqué au fur et à mesure où l’on se rapproche du centre de la France.

Les pouvoirs publics locaux et les entrepreneurs ont développé un certain nombre de stratégies pour amoindrir ce handicap en misant sur le militantisme économique local, en développant une expertise forte en matière de logistique, en développant des infrastructures de communication de qualité, etc… Tous ces efforts sont remarquables, ils sont très certainement un des éléments qui contribuent à avoir un tissu dense de TPE et PME, ils ont évité la désertification économique et démographique, mais ils ne sont pas arrivés à exploiter jusqu’au bout les atouts locaux.

Or, parmi les quatre défis qui se posent à nous (climat, énergie, démographie, numérique), il se trouve que trois d’entre eux au moins sont à même de bouleverser la donne économique :

  • le climat nous oblige à repenser la chaîne logistique de nos productions, de prendre en compte l’impact carbone de notre économie,

  • l’énergie qui pose problème à la fois parce qu’une trop grande proportion de ce que nous utilisons aggrave le bilan carbone, parce que le marché du pétrole (côté demande) risque fort de devenir de plus en plus imprédictible et soumis à de fortes tensions,

  • enfin le numérique qui change certaines règles économiques « classiques » en modifiant la géographie de chalandise et de production (territoire physique), en introduisant des mécanismes de gratuité des services, en modifiant les modèles économiques et sociaux des entreprises (on ne sait plus clairement définir où commence et où finit l’entreprise, qui est un acteur interne ou externe), en accélérant de façon incroyable les cycles de vie économique, en perturbant notre vision de la rareté et de l’abondance.

En économie, tout défi est à la fois un risque et une opportunité, l’Iroise peut éviter l’écueil des risques et tirer les bénéfices des opportunités. Les prochains articles explorerons quelques pistes pour cela.

La question du nucléaire

La déclaration d’Arnaud Montebourg à BFM TV me permet de revenir une fois encore sur la question nucléaire et d’exprimer un point de vue certes personnel mais que je sais assez largement partagé.

J’avais regretté pendant la présidentielle des points peu clairs, le temps du gouvernement semble nous obliger à entrer dans un processus plus ouvert et surtout plus affirmé quant à nos choix.

 Les trois nucléaires

Tout d’abord, il n’y  pas une question nucléaire, mais trois : le nucléaire militaire, le nucléaire médical et le nucléaire énergétique.

Concernant le nucléaire militaire, la position affirmée par le président Hollande est claire : nous maintiendrons notre puissance de dissuasion. Ce n’est pas que cela nous enchante, mais cela s’est objectivement montré efficace pour maintenir la paix en Europe depuis 60 ans et c’est un élément de rayonnement de notre pays.

Concernant le nucléaire médical, il est là aussi hors de question de se passer de moyens d’analyse et thérapeutiques efficaces. L’intérêt des hommes et des femmes à soigner prime sur les problèmes créés par les déchets.

Reste donc le nucléaire énergétique. Nous savons quel est le risque industriel induit par cette technologie. Nous savons que la gestion des déchets sur le très long terme est difficile et ne peut être absolument garantie. Nous savons également qu’économiquement, même si cette technologie n’est pas la pire, son intérêt est moins idyllique que ce qui a pu être longtemps vanté.

Gérer rationnellement le risque

Nous savons que l’opposition au nucléaire comporte des aspects totalement irrationnels voire pervers dans ses conclusions. On se souviendra de Fukushima pour le comprendre.

Cet accident qui illustre le pire de ce qui peut arriver à une centrale, a abouti à la fermeture de toutes les centrales nucléaires nippones et a accéléré la fin du programme nucléaire de certains pays. Des milliards ont été et vont être encore dépensés pour supprimer ce risque industriel et payer le surcoût de production. Était-ce rationnellement et objectivement la bonne solution ?

Le tsunami qui a provoqué l’accident de Fukushima a fait environ 20.000 morts, c’est une catastrophe naturelle qui peut se reproduire demain, et dont on peut en grande partie se préserver avec un urbanisme côtier plus adapté que ce qu’il n’était (les japonnais avaient pourtant fait beaucoup d’efforts).

Parallèlement, l’accident nucléaire de Fukushima a lui fait quelques victimes dont très peu ont une relation directe avec une irradiation.

Même pour un pays aussi riche que le Japon, l’argent qui sera mis dans la dénucléarisation hâtive du pays ne le sera pas dans la protection civile contre un futur tsunami. Pire que cela, nombre d’énergies alternatives au nucléaire dégradant fortement le bilan carbone, on peut supposer sans trop se tromper que la phobie nucléaire contribue à l’échec de la maîtrise de l’effet de serre, ce qui induira d’autres catastrophes, climatiques cette fois, et donc d’autres morts.

L’abandon hâtif du nucléaire retarde également la sortie de l’ère du pétrole, ce que nous payons chaque jour en prenant notre voiture ou un bus.

Alors oui il faut mieux gérer le risque nucléaire, oui on peut envisager de sortir du nucléaire, mais pas n’importe comment !

Pour une politique nucléaire claire

Il y a bien longtemps déjà, j’avais co-écrit un texte qui me semble toujours d’actualité. Aujourd’hui, on peut envisager de tracer une ligne politique simple et claire sur le sujet :

  1. la politique énergétique doit répondre aux besoins de la société, cette politique est faite de production autant que d’optimisation
  2. la politique énergétique doit assurer la pérennité de notre société et des écosystèmes dans lesquels nous nous développons
  3. la production d’énergie à partir de la fission nucléaire est une solution importante, qui permet la concentration et l’optimisation industrielle, mais qui pose de réels problèmes de sécurité
  4. la fission nucléaire n’est pas une technologie d’avenir, à la fois à cause des problèmes induits et de la consommation de ressources non renouvelables. En conséquence, réfléchir à son arrêt progressif est légitime et rationnel, mais cela doit se faire de façon optimale, en commençant par les centrales les plus problématiques et en les remplaçant soit par des centrales nucléaires plus puissantes et plus sûres, soit par des centrales à énergie à moindre impact sur les écosystèmes.
  5. la sortie de la filière à fission ne doit pas remettre en cause la recherche sur la production d’énergie par la fusion nucléaire, au contraire cette dernière étant le moyen le plus puissant pour produire de l’énergie à moyen terme. En ce sens, l’énergie nucléaire (la fusion) est une solution d’avenir.
  6. Notre politique énergétique doit tendre à fournir à notre société une énergie abondante, la moins coûteuse possible, avec une production la plus sûre possible, avec une pression sur les écosystèmes la moins forte possible.

C’est cette dernière équation que la politique gouvernementale doit à mon sens résoudre, par la concertation et l’explication des faits, par le combat contre l’irrationalité, par le courage des choix et la clarté des propos.

Le refus du malthusianisme ambiant

Je sorts quelques instant de la torpeur estivale pour quelques réflexions sur un sujet  qui me trotte dans la tête depuis un bon petit bout de temps.

Je n’aime pas trop l’atmosphère actuelle, certes parce que les temps sont particulièrement durs et que notre nouveau gouvernement n’a fait qu’entamer son travail de réforme, mais surtout parce qu’elle est animée par un profond mouvement de recul et de repli sur des valeurs passéistes (« c’était mieux avant« ) lorsqu’elles ne sont pas carrément anti-progrès.

Cela prend mille et une formes, mais le débat sur l’économie en est une bonne synthèse. Il me semble que ce débat, qu’il prenne l’angle de la « démondialisation« , de la « décroissance« , ou de la sempiternelle invasion (dont on ne sait plus très bien d’où elle vient d’ailleurs), se nourrit à la fois d’éléments très objectifs (la crise, la perte d’emploi avec les sociétés qui ferment, …), d’éléments plus ou moins philosophiques (l’insatisfaction et le mal-être de la société de consommation) et d’erreurs de compréhension.

L’une des erreurs les plus graves pourrait être lié au constat du monde fini dans lequel les sociétés humaines évoluent. Le XXième siècle a été le siècle où les hommes ont effectivement compris que leurs frontières géographiques ne pouvaient plus être poussées plus loin et qu’en plus, les moyens mis à leur disposition pouvaient parfaitement aboutir à l’épuisement complet des ressources de leurs territoires. De là nait un raccourcis malthusien : si les ressources sont finies dans un espace fini, il faut arrêter de croître, en particulier de façon économique.

Raisonnement simple mais parfaitement faux puisqu’il postule sans le dire que la croissance n’est issue que des biens physiques (matières premières, production agricole, …) alors que la croissance peut aussi se nourrir de l’énergie (dont nous n’avons pas atteint les limites), des services (la « matière première » des sociétés humaines) et de la connaissance (on pourrait ajouter à cette liste la finance, mais malgré la capacité de croissance de ce secteur, les années que nous vivons montrent combien les risques de cette industrie sont mal maîtrisés !).

Chercher à opérer un recul économique malthusien est une position qu’un parti de progrès comme le PS ne peut en aucun cas défendre. Notre combat en la matière doit être d’optimiser et d’équilibrer l’économie liée aux secteurs qui consomment les ressources physiques des écosystèmes et de réorienter l’économie pour développer l’économie de l’énergie, des services et de la connaissance.

Nous devons favoriser tout ce qui permet d’avoir de l’énergie, des services et des connaissances abondants et bon marché. Nous devons le faire avec force, conviction et enthousiasme.

Un monde malthusien est un monde de rareté et de récession, un monde qui ne peut que s’éteindre. Nous n’avons aucune raison d’entrer dans ce monde là, et au contraire, nous devons repartir à la conquête des espaces qui restent infinis et inépuisables et baser nos économies là-dessus. Nous sommes aujourd’hui à un point d’inflexion puisque les modèles marxistes & capitalistes sont arrivés à leur terme, à nous de faire les bons choix pour construire le nouveau monde.

Politique énergétique en nord Finistère

Le ministère de l’industrie vient d’annoncer en présence du président de la région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, que le site de Landivisiau était retenu pour l’implantation de la future centrale électrique à cycle combiné au gaz dont le démarrage devrait être effectif en 2016. Cette annonce s’inscrit dans le pacte énergétique breton destiné à sécuriser l’approvisionnement en électricité et connu sous le nom Triskell Breton.

Un plan nécessaire et porté par les socialistes bretons

La région Bretagne ne produit qu’un peu plus de 8% de l’électricité qu’elle consomme, et l’on sait que la demande va être croissante dans le futur. Les habitants comme les entreprises demandent plus d’énergie, il faut donc répondre à cette demande par plusieurs moyens.

Produire pour sécuriser

D’abord à court-moyen terme, en augmentant les capacités de production par des moyens qui allient puissance et souplesse. Les centrales au gaz ne sont pas idéales du point de vue rejet de CO2, mais à court terme, elles répondent à l’exigence de notre société et de ses citoyens. C’est pourquoi les élus PS nord finistériens soutiennent le Triskell Breton alors que d’autres partis ou comités le combattent. Il serait bon d’ailleurs que la candidate EELV à la législative dans la troisième circonscription du Finistère (Brest-rural) clarifie sa position sur le sujet et donne sa position aux citoyens d’Iroise.

Produire avec un impact minimal sur les écosystèmes

Mais le programme de production ne se limite pas à cette décision. Le pacte énergétique donne pour objectif principal à terme, la production énergétique à partir de sources renouvelables, solaire, éolien et bien sûr hydrolien dont Brest pourrait devenir un des pôles majeurs pour peu que nos futurs députés puissent s’emparer de façon concertée du dossier pour parler d’une seule voix et défendre un projet stratégique pour le nord Finistère. Une énergie abondante et peu chère est un élément fondamental de compétitivité et de création de richesse.

On notera au passage l’échec de la politique UMP sur le sujet : concernant EDF, on a depuis quelques années longuement entendu parlé de la nomination rocambolesque de M. Proglio, de sa bataille avec la patronne d’Aréva, de l’augmentation des tarifs de l’électricité, des centrales nucléaires à l’arrêt ou mal protégées ou encore des actions EDF en chute libre. Par contre les annonces sur les succès de la compagnie nationale et de l’amélioration du service public de l’énergie ont été plus que rares pour ne pas dire absentes !

Économiser

Le triskell est basé sur trois piliers, sécuriser, produire renouvelable mais aussi économiser. Loin des polémiques autour d’une vision malthusienne du problème énergétique, d’une contestation systématique quelle que soit la proposition (contre le nucléaire, contre le gaz, contre l’éolien, contre l’hydrolien, …) qui reporte hypocritement la responsabilité de produire chez le voisin (le plus lointain possible ce qui est une aberration puisque plus le centre de production est loin et plus on gaspille de l’énergie pour le transport !). Les choix de la région Bretagne en général et des socialistes Bretons en particulier sont faits dans l’intérêt des citoyens, en prenant en compte toutes les contraintes pour aboutir au meilleur compromis possible, compromis qui ouvre les perspectives d’avenir tout en assumant ses responsabilités.

Avec le cas Breton, c’est toute la future politique énergétique du futur gouvernement socialiste qui est concrètement illustrée ici, une politique équilibrée et efficace qui renvoie dos à dos ceux qui soutiennent l’imprévoyance de la politique énergétique UMP et ceux qui soutiennent un replis sur soi égoïste et malthusien.

Il ne manque donc plus pour généraliser ce progrès, que d’élire un président qui défend cette orientation, et des députés qui la soutiennent et voteront les lois nécessaires.

Économie : s’indigner certes, mais agir surtout

Le texte ci-dessous est le résumé d’un texte plus long que vous trouverez en [ cliquant ici ].

Bonne lecture (et que ceux qui le souhaitent n’hésitent pas à venir discuter sur facebook).
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Sauve-qui-peut
L’idéologie communiste a touché son terme avec l’effondrement du mur de Berlin. L’idéologie purement libérale a touché le sien avec l’effondrement de Lehman Brothers. Depuis les décideurs politiques ou économiques s’agitent en tous sens à la recherche d’un nouveau phare capable de les guider dans leurs décisions. La tentation du replis sur soi est-elle la solution ? Comment se guérir du dysfonctionnement de l’outil financier sans entraîner un effondrement total du système ? Comment restaurer la justice en punissant sans vindicte ceux qui ont eu un comportement délibérément pathogène voire délictueux vis-à-vis des peuples ?

Et in fine, quelles seront les bases d’une nouvelle économie au service des peuples, une économie à même de prendre en compte les défis climatiques, énergétiques, numériques et socio-démographiques ?

 

Protection ou protectionnisme ?

Personne ne peut construire quelque chose à long terme dans une anxiété et une peur constante du lendemain. Nous devons être rassurés sur la capacité de nous relever en cas d’erreur ou de chute. Aujourd’hui, les citoyens sont mis dans la situation de funambules accrochés à un fil usé dont la rupture ne fait guère de doute. Sous eux l’inconnu.

Il ne fait guère de doute non plus que nous ne pouvons pas à court terme garantir un niveau de protection au niveau de ce que nous avons pu avoir il y a dix ans.
Je crois que nous pouvons remplacer une partie de l’argent que nous n’avons plus par des systèmes de solidarité directe qui ont largement montré leur valeur en d’autres temps. C’est déjà ce que font nombre d’associations et, en attendant de recouvrer son autonomie, l’État doit acter de son indigence et utiliser les moyens qui lui restent pour faciliter et contrôler l’organisation locale de la protection de tous.

De manière plus globale, certains plaident pour la ghettoïsation de notre économie. Cette pensée est issue d’un ancrage dans un monde où la frontière était physique et tangible, où ce que l’on produisait était d’abord matériel. Mais aujourd’hui, les NTIC ont remplacé les frontières géographiques par des frontières linguistiques ou technologies. Ces mêmes moyens de communication apportent des services marchands et la possibilité d’acquérir où bon nous semble sur la planète les biens que l’ont veut. Monter des frontières douanières avait un sens dans l’ancien monde non connecté, pas dans le nôtre.

Les règles d’une nouvelle économie
Si une nouvelle économie devait nous sortir de notre situation, peut-on en tracer quelques contours qui permettent au moins de réfléchir de façon nouvelle (désolé, je n’ai pas la prétention de pouvoir donner la solution à nos problèmes).

Des briques de qualités à faible coût

La première idée est de chercher les briques de base qui servent à construire cette économie et de contrôler au maximum leur coût et leur qualité. A minima, ces briques me semblent être :

  • l’énergie
  • l’information
  • les moyens permettant d’échanger les biens et services (en simplifié l’argent).

L’état doit donc agir et être en mesure de garantir que ces éléments seront toujours abondants et libres d’accès au tarif le plus bas possible. Des nationalisations sont nécessaires. Hors de ces éléments, la production et le commerce de biens et de services doivent se développer au sein d’un marché libre mais aux règles clairement établies et équitables.

Une économie associant biens, services et numérique

La deuxième idée part d’un double constat.

Le prix des biens physiques a décru de façon fantastique grâce aux caractéristiques du commerce mondialisé.
Le deuxième constat est qu’en économie numérique ce processus de baisse des coûts s’accentue jusqu’à introduire une entrée de gamme totalement et réellement gratuite (modèle dit freemium).

Ce double constat état fait, il est possible de construire une deuxième règle : l’économie que nous devons construire doit être une économie qui associe un ou plusieurs biens matériels à un service, le tout étant fortement lié à des mécanismes d’économie numérique (dont le freemium). Ce modèle économique a été baptisé « économie quaternaire » par Michèle Debonneuil je l’étends un peu ici en y accrochant des mécanismes d’économie numérique.
Une telle économie présente de très gros avantages :

  • elle continue d’utiliser les bénéfices apportés par la mondialisation, à savoir produire des biens de consommation à bas coût
  • elle associe des éléments non délocalisables à valeur ajoutée, à savoir la production de services
  • si en plus on réussit à introduire une entrée gratuite avec un modèle freemium, alors c’est l’économie marchande elle-même qui gère directement le problème de la pauvreté d’une partie de la société.

Faisabilité
La réalisation de la première règle ne dépend que de la volonté politique. La réalisation de la seconde est plus complexe car elle nécessite la participation d’entrepreneurs dont la culture est pour la grande majorité très éloignée d’un tel univers. Il en est de-même d’ailleurs pour la majorité des politiques.
Nous devons entrer dans un nouveau monde avec de nouvelles règles qui ne sont pas celles de l’ancien monde. C’est une opération intellectuellement et opérationnellement complexe, ce n’est ni naturel ni inné, cela s’apprend et doit être accompagné.

 

Conclusion

Il faut acter de la mort des modèles économiques et sociaux qui ont prévalu jusqu’au début de ce troisième millénaire.

Il est nécessaire et impératif que les États répondent au besoin de sécurité et de protection économique et sociale des citoyens mais, au moins temporairement suite à la faillite de l’ancien système financier, il faut réorganiser le système actuel vers plus de solidarité et d’entre-aide directe et moins d’allocation financière. L’État doit jouer un rôle plein et entier dans ce nouveau système et ne pas se retrancher derrière la charité privée.

Le recours au protectionnisme ou au malthusianisme économique n’a pas de sens.

Une nouvelle économie numérique peut être bâtie en alliant le volontarisme étatique et l’esprit entrepreneurial privé. Cette économie doit s’appuyer sur des briques fondamentales dont la qualité est garantie par le service public et le coût le plus faible possible : énergie, information et système financier.
Cette nouvelles économie numérique associe des biens à bas coût à des services à valeur ajoutée, le tout rendu cohérent et économiquement viable grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

Le passage à une telle économie doit être accéléré en déployant un plan d’alphabétisation numérique ambitieux.

Débat des primaires socialistes : éclairage sur le nucléaire

Le débat d’hier soir a traité la question du nucléaire de façon un peu plus saillante que le reste. Comme c’est une question qu’à titre personnel j’ai travaillé avec mes camarades sociaux-démocrates depuis plusieurs années, je donne ici quelques éléments de réflexion et de choix.

Sortir du nucléaire ? par LCP

Tout d’abord, il faut constater que le corpus idéologique du PS a fondamentalement évolué sur la question écologique, que ce n’est plus un sujet subalterne et aussi que notre vision des choses n’est pas celle des écologistes. Nous avons une approche propre, qui ne conçoit pas la nature d’un point de vue « romantique ». D’ailleurs, le terme même de « nature » est à mon sens inapproprié pour le débat politique.

Par rapport à ce problème, nous devons considérer d’un côté les écosystèmes et de l’autre la société des hommes. Ces deux éléments s’imbriquent, la société des hommes ne peut avoir d’avenir dans des écosystèmes dégradés, mais dans tous les cas, nous plaçons l’homme au cœur de notre idéologie, de nos réflexions, de nos décisions. Nous voulons engager la France dans une démarche de développement durable, ce terme impliquant à la fois une prise en compte des écosystèmes et des paramètres économiques, sociaux et sociétaux de nos sociétés.

A contrario, les écologistes prônant la décroissance mettent d’abord en avant la « nature » puis engage la société dans un processus malthusien. C’est très différent de notre approche puisque nous acceptons d’agir sur les écosystèmes, de les modifier, du moment que ces actions préservent l’avenir à la fois de ces écosystèmes et des sociétés humaines. Nous travaillons pour le bonheur d’hommes et de femmes libres, émancipés, maîtres de leur destin.

C’est à partir de cet éclairage qu’il faut comprendre notre orientation nucléaire. François Hollande fixe un cap de sortie du nucléaire car cette technologie pose des problèmes de sécurité et a potentiellement un impact très fort sur nos écosystèmes (ceux qui ont oublié Tchernobyl ont eu la mémoire rafraîchie avec Fukushima). Cependant, cette sortie du nucléaire doit être faite en gardant à l’esprit l’intérêt des citoyens qui est de façon immédiate d’avoir de l’énergie, puis de diminuer l’empreinte carbone de nos sociétés, puis de passer à des énergies plus satisfaisantes pour les écosystèmes. Ces différents aspects pouvant d’ailleurs être traités de façon complémentaire. Par ailleurs, nous sommes sociaux-démocrates et la négociation est notre outil de travail. Nous fixons donc un cap, nous mettons sur la table les besoins (le besoin énergétique augmente, le parc de production vieillit, certaines énergies deviennent obsolètes, certaines technologies changent la donne), et à chaque étape nous voulons engager une discussion, ferme mais ouverte, pour trouver la meilleure solution. Certains ont une vision plus dirigiste et étatiste, les sociaux-démocrates privilégient des choix plus concertés et consensuels.

Flamanville est un excellent exemple. Une nouvelle technologie arrive. Que vaut-elle ? C’est une technologie nucléaire et nous voulons en sortir : si on ajoute une centrale alors pour progresser sur la voie de sortie du nucléarie, il faut en fermer au moins deux (Fessenheim et Chinon sont de bons candidats pour cela). Est-ce que cela a un sens ? Comme on ne comblera pas le déficit de production d’énergie, par quoi complète-t-on ? Des éoliennes ? Des hydroliennes ? Du solaire ? Des économies d’énergie ? De l’intelligence dans la consommation ? Le débat est ouvert, menons-le sereinement et reprenons-le à chaque étape.

La voie est claire : on veut sortir d’une filière dangereuse et impactant trop les écosystèmes. Les outils sont clairs : on affiche les buts, les contraintes, et on négocie les choix en cherchant le consensus, ce qui n’empêche pas d’être ferme sur la nécessité d’atteindre les buts. A chacun de voir s’il est d’accord ou pas avec cette approche, c’est la notre, et François Hollande l’incarne très bien dans cette primaire.


Textes de réflexion :

 

Nucléaire, éolien et gaz, le défi énergétique : illustration en Iroise (Bretagne)

Dans mon texte des défis, j’avais mis en avant quatre obstacles majeurs à traiter pour les politiques d’avenir de la France  :

  • la rupture climatique et ses conséquences écologiques (dont j’ai traité un aspect concret avec mon post sur les algues vertes en Bretagne)
  • la bascule démographique
  • la dématérialisation numérique de nos sociétés(c) creative commons : Otourly
  • et enfin la rupture énergétique.

C’est une illustration concrète de ce dernier point que je voudrais aborder dans cet article, en prenant pour illustration l’Iroise (où j’habite). Pour ceux qui localisent mal ce pays breton, c’est le bout de la pointe nord du trident Breton (là où se trouve d’ailleurs la pointe la plus à l’ouest de la France continentale, qui n’est pas la pointe du Raz comme on le croit trop souvent, mais le cap Corsen).

La Bretagne dans son ensemble et l’Iroise en particulier, illustrent très bien les ambiguïtés et incohérences des choix énergétiques Français.

De part sa situation géographique, l’Iroise, comme la Bretagne, est déficitaire en énergie et sa situation en bout de ligne fragilise la distribution, à tel point qu’il n’est pas exceptionnel d’avoir une ou deux coupures de courant dans l’année. Et à chaque pointe de consommation réapparaît le spectre de la coupure de délestage. Comme les prévisions de consommation sont plutôt largement à la hausse (imaginez ce qui se passera lorsque chacun rentrant chez lui entre 18h et 19h avec sa voiture tout électrique et la branchera pour la recharger…), la question de construire des générateurs se posent avec force.

On le sait, l’énergie en France est d’abord nucléaire. La Bretagne a deux singularités concernant ce mode de production : Brennilis et Plogoff. Brennilis nous instruit sur la difficulté à démanteler une centrale nucléaire (le nucléaire ne pose que deux petits problèmes : on ne sait pas quoi faire lorsque cela explose, pas plus qu’on ne sait gérer correctement les déchets). Quant à Plogoff, cela montre le rejet et la peur, plus ou moins rationnels, que représente culturellement le nucléaire.

Pour les sociaux-démocrates, le nucléaire est tout à la fois la seule solution actuelle pour produire à grande échelle l’énergie qui nous est indispensable, et une solution technologique dont il est souhaitable de sortir, mais selon une démarche rationnelle qui prend en compte aussi bien les aspects de sécurité, économique, et sociaux. Fermer les centrales sans rien proposer qui soit au minimum équivalent est une tartufferie, continuer sur le tout nucléaire inacceptable. La démarche proposée est que pour chaque centrale que l’on serait amené à construire parce que c’est nécessaire, on en ferme au moins autant en fermant les plus dangereuses (Chinon, Fessenheim par exemple au démarrage de Flamanville), et que l’énergie supplémentaire manquante soit produite par des moyens complémentaires (éolien, hydrolien, …). Ouvrons à chaque étape une négociation : ce dont on a besoin et ce qui peut permettre de répondre à ces besoins. Ce processus aboutira plus ou moins rapidement à la disparition complète du nucléaire en fonction des meilleures solutions à une époque donnée et des efforts communs que chacun consentira à faire.

La notion d’effort commun n’est pas un vain mot et c’est peut-être la principale difficulté. En matière d’énergie, chacun est prompt à exiger de consommer sans restriction, et tout aussi prompt à refuser de produire près de chez lui de quelque façon que ce soit. On pourrait croire que la production d’énergie par éolienne est plébiscité dans une région qui a refusé avec tant de fougue le nucléaire. Hélas, le champ d’éoliennes que j’aperçois de ma fenêtre rencontre son lot d’opposants, avec des arguments qui tiennent parfois plus du fantasme que d’autre chose. Si les éoliennes dans les champs posent problèmes, alors construisons-les en mer. Mais là aussi, des collectifs contestent immédiatement les projets d’implantation. Soit, construisons alors une centrale classique au gaz. Patatras, un nouveau comité anti-centrale au gaz se met en place.

Non à une Centrale Gaz/Fuel à Guipavas

Reste donc les efforts d’économie et de production domestique. Hélas, si on peut espérer à terme équilibrer les besoins des foyers, cela n’est absolument pas suffisant pour les entreprises, même lorsque la plupart sont des TPE/PME comme en Iroise. Que dire alors des bassins industriels lourds ?
On sait produire toute l’énergie nécessaire, on sait même en produire une bonne partie d’une façon qui respecte les écosystèmes. Mais quel que soit le mode de production, l’obstacle principal est l’acceptation locale. Nous sommes dans un système où le citoyen se sent systématiquement agressé lorsqu’il s’agit de construire une centrale. Or on peut facilement deviner que cette opposition n’est pas forcément rationnellement fondée, et qu’il est possible que cette opposition soit plus le résultat d’une approche qui donne le sentiment que l’on imposera une solution coûte que coûte, fruit d’une erreur de méthode, fruit d’une incompréhension, peut-être aussi d’une administration d’État qui apparaît trop arrogante.

Je n’approuve pas cette opposition systématique, pas plus que je n’approuve les passages en force. Face à un problème objectif d’une consommation électrique qui n’est pas satisfaite par une production suffisante, il me semble possible de trouver des solutions sans déclencher à chaque fois une guerre picrocholine.