Comment s’accorder sur la façon d’être d’accord (ou pas)

emploiL’accord sur la compétitivité emploi signé en janvier dernier arrive au parlement, ce qui génère des remous à gauche. L’objet de ce post n’est pas d’en discuter sur le fond, cela me semble un peu technique pour m’y aventurer dans un post internet, mais de prendre un peu de recul par rapport à ce que les réactions autour de cet accord révèlent.

Tout d’abord, il s’agit d’un compromis, ce qui signifie que les différentes parties concèdent des choses pour en obtenir d’autres. En soit c’est inhabituel dans un pays où la façon normale de « discuter » est de montrer ses muscles et ensuite de ne pas hésiter à s’en servir. C’est aussi en franche rupture par rapport aux dernières années où l’UMP considérait le dialogue social comme un show dont la conclusion était écrite par avance par le gouvernement. La vraie négociation et le compromis me semblent une bonne façon de faire, le chemin raisonnable entre le diktat et la révolution.

Le compromis est-il bon ? Équilibré ? Ceux qui le contestent ne le pensent pas mais les arguments qu’ils avancent sont au minimum excessifs (fin du CDI, machine à fabriquer du chômage, précarisation accrue des femmes, ..). Or ce qui est excessif a une furieuse tendance à être vain et à ôter toute crédibilité à une cause même lorsqu’elle pourrait être juste.

Le compromis est-il légitime ? C’est un point d’argumentation que j’ai entendu dernièrement : les signataires du compromis ne seraient pas représentatifs d’une majorité de salariés. La légitimité syndicale est un terrain glissant que mes camarades feraient bien de pratiquer avec prudence. Nous savons parfaitement que les organismes paritaires ont beaucoup de mal à trouver un mécanisme qui permet d’avoir des représentants effectivement représentatifs du monde du travail. Ceci vaut d’ailleurs aussi bien pour les salariés, les indépendants et les dirigeants. Bonnes ou mauvaises, les règles sont ce qu’elles sont, on peut discuter pour en changer, mais en attendant on les applique.

Un compromis entre organisations sociales & patronales peut-il avoir force de loi ? En effet, la question se pose car on demande aux parlementaires d’accepter l’accord en l’état et de ne pas le modifier. Voilà une vraie question de fond, une vraie réflexion à avoir sur le fonctionnement de notre République. Dans les discussions en cours sur l’acte III de la décentralisation, on se pose la question du rééquilibrage des pouvoirs, de la manière de prendre une décision au bon niveau de compétence et de connaissance. Mais n’est-ce pas ce qui est tenté ici ? Les députés ont-ils une compétence et une connaissance supérieure du monde du travail à celles des organisations syndicales & patronales ? Y-a-t-il un sens à demander à ces organisations de se mettre d’accord sur des textes si ces textes sont détricotés ensuite ? A contrario, la force du suffrage universelle qui soutient l’action des députés n’est-elle contrariée si les députés ne servent que de chambre d’enregistrement ? Il me semble qu’il manque un principe clair de fonctionnement dans cette histoire : le parlement doit fixer le cadre de la loi, et dans ce cadre, les acteurs sociaux doivent avoir la place pour trouver des compromis. Peut-être est-ce le cas, mais l’image renvoyée par les échanges autour de l’accord compétitivité emploi n’est pas la bonne.

La crise actuelle est la conséquence d’un dysfonctionnement profond de la finance, une perte de repères et de contrôle. Mais si la crise dure, c’est parce nous ne sommes pas structurellement prêts à rebondir, à relancer la machine, à recréer des emplois. Une évolution est nécessaire et elle ne peut pas être cosmétique. Cet accord a été établi pour aller dans ce sens. Je défends le chemin du compromis, de la négociation apaisée. Pour cela il faut changer à la fois les mœurs, les usages et peut-être améliorer le cadre législatif pour que chacun ait un cadre clair d’action. Même si tout n’est pas parfait actuellement, loin de là, le gouvernement Ayrault engage des moyens qui rompent avec le passé, qui ouvrent la discussion, qui donnent un autre horizon que « on n’y peut rien ». Ce sera long et difficile, mais en attendant je ne vois aucune raison de croire que cela échouera et qu’il faut faire chauffer les chaudrons de la révolution. La gauche doit savoir être vigilante, comme avec le mariage pour tous hier, ou encore avec le non-cumul des mandats aujourd’hui, mais elle doit aussi mettre toute son énergie pour faire avancer le pédalo…

Le chômage sera ton juge !

La seule chose que Nicolas Sarkozy accepte de dire sur son bilan c’est que la crise explique tout est que c’est pire ailleurs.

Les dernières statistiques du chômage nous donnent l’occasion de montrer quelle est la vérité.

Oui, il y a pire ailleurs, la Grèce, l’Espagne. Mais si nous nous comparons aux grands pays qui sont à notre rang économique, qui sont nos partenaires au sein de l’Europe, non, non, mille fois non, nous ne faisons pas mieux que les autres !

Depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la France compte 747.000 chômeurs sans activité de plus en métropole (+35%), 1 million en comptant ceux travaillant à temps partiel.