Affaire Dreyfus Strauss-Kahn : le temps d’une respiration


Si l’affaire judiciaire du Sofitel n’est pas close, la balance de la justice penche maintenant clairement en faveur de DSK. Quant au ludion médiatique, puisse-t-il éviter les excès des premiers jours de l’affaire : si N. Diallo a menti comme elle l’a avoué et comme le procureur l’a dit, qu’on laisse la justice faire son enquête et que l’on arrête de confondre enquête et lynchage. Ce temps particulier est celui de la respiration, pas l’heure du jugement, pas non plus l’heure des comptes.

Respiration pour Dominique Strauss-Kahn et sa famille pour qu’ils puissent sortir de cette parenthèse irréelle, retrouver calme et sérénité, et qu’ils puissent se projeter à nouveau vers le futur. Les grands hommes ont beau être fait des accidents extraordinaires de leur parcours, cette construction nécessite tout de même un minimum de « digestion ».

Respiration aussi pour la gauche Française. Quoi qu’il arrive, cette élection restera dans les annales, à la fois par l’innovation des primaires ouvertes voulue par le PS, mais aussi de l’extraordinaire trouble politique de l’époque. Un candidat UMP sortant plus que discrédité mais sans solution de rechange crédible pour la droite, un candidat PS triomphant avant même de se lancer, puis détruit et voué aux gémonies, puis arbitre de tout ce qui se décidera, faiseur de roi ou roi lui-même (si l’image a un sens dans un système politique qui hésite entre la République et la monarchie élective). Je suis pour ma part heureux que cette pause permette au courant socdem de se retrouver autour de son identité après avoir hésité à prendre des routes mal assurées. Comme quoi, j’avais plus que largement raison en écrivant « À ce jour, nous n’avons aucune raison de faire un choix si ce n’est le devoir d’en faire un d’ici l’automne« …

Par contre, il y en a qui doivent respirer nettement moins bien depuis ces derniers jours.

D’abord ceux qui ont cru pouvoir faire fi de la justice pour se servir de cette triste affaire comme d’un marche-pied pour leurs combats, et j’en suis profondément triste tant la noblesse des idées se retrouve salie par un comportement du plus pur style « la fin justifie les moyens ». Non, non et non, la cause des immigrés, la cause des minorités, la cause des salariés, la cause de l’égalité des sexes n’ont rien retiré de positif des prêches hystériques de l’avocat de N. Diallo, des manifestations syndicalistes autour d’une affaire de droit commun, des attaques insensées de certains groupes féministes. Je l’avais écrit, nous en voyons la triste réalité aujourd’hui. Si vous voulez vraiment défendre ces causes, alors rejoignez les sociaux-démocrates en vous fondant sur ce que nous avons écrit de façon réfléchie et non sur des paroles de circonstance aux motivations peu glorieuses.

Ensuite et enfin pour aujourd’hui, il y a aussi la question lancinante du piège ou du complot. Là aussi, depuis plusieurs années j’ai suffisamment bataillé contre les complotistes de tout poil pour avoir quelque crédibilité en la matière. J’ai lu ces dernières semaines des choses allant du délire habituel aux coïncidences qui interpellent. Je constate également qu’en matière de « crime », nous trouvons facilement des gens qui ont le mobile, l’arme et l’opportunité, voire que certains se sont fait remarquer avant et après le déclenchement de l’affaire (le tweet UMP et B. Debré par exemple). Nous ne devons pas retomber dans une affaire Clearstream et je suggère fortement à nos députés, de tous bords, de demander la constitution d’une mission d’enquête parlementaire qui aurait pour objectif d’éclaircir les participations potentielles et le niveau d’action de personnes liées à la République dans cette affaire. Cette enquête doit être menée par le parlement car si elle se révélait positive, le piège ou le complot aurait eu pour objet de biaiser la procédure démocratique destinée à élire le Président de la République Française en 2012.

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