Si l’idée autant que la nécessité d’une transition énergétique est acquise, le chemin qui y mène semble pavé d’intentions plus ou moins bonnes.
Tout d’abord, il est un peu saugrenu de trouver des discussions sur les sacs plastiques et la vaisselle jetable dans ce débat. Non pas que cela soit sans importance et que oui, les océans se porteront mieux sans déchets plastiques, mais cela me semble d’une autre nature que l’avenir énergétique. Pour ce qui est de l’écotaxe, le débat étant devenu hystérique, cela n’a plus rien à voir avec une question de choix énergétique.
Ensuite, je reste plutôt agacé par des positions finalement très stéréotypées et par la faiblesse des principes généraux.
Pour les principes généraux, je défends avec force l’idée d’une énergie peu chère, abondante, entrant dans le cadre du développement durable. Je défends avec encore plus de force l’idée d’un accès universel et à un coût soutenable à l’énergie nécessaire pour assurer les besoins fondamentaux des citoyens. Cela doit entrer dans la définition même d’un service public de l’énergie et cela s’oppose à une conception rétrograde et malthusienne de l’énergie.
Quant à la technologie, le sujet est plus passionné que passionnant tant il n’est devenu qu’une répétition d’antiennes et de fantasmes.
Commençons par « l’obsolescence programmée ». Il me semble que garder le plus longtemps possible un objet pour diminuer son coût énergétique est un peu court. Ma grand-mère a son frigo depuis plus de 20 ans. Bel exemple à suivre me direz-vous ! En fait, un réfrigérateur dernier cri de classe A++ va consommer entre 25% et 37% que son homologue de classe A. Or un frigo ayant 20 ans a plus de chances de se rapprocher d’une classe Z que du A. Autrement dit, ce vieux frigo symbole de la lutte contre l’obsolescence programmée est une catastrophe énergétique à lui tout seul. Pire que cela, sans un remplacement motivé par l’innovation rapide, vous auriez toujours en poche un téléphone d’il y a 10 ans et certes pas un smartphone dont les possibilités ont transformé radicalement les usages (l’I-Phone est sorti en 2007).
Il apparaît clairement que l’utilisation du pétrole va diminuer dans notre vie quotidienne. La face la plus visible de cette évolution étant l’automobile qui non contente d’avoir des moteurs de plus en plus optimisés se voit adjoindre des sources complémentaires d’énergie. Là, cela se passe plutôt bien et en douceur.
Là où cela se passe plutôt mal et dans le bruit et la fureur, c’est pour la production d’électricité. Le débat s’est focalisé depuis des dizaines d’années sur le nucléaire. Oui la technologie de la fission nucléaire induit des risques aux conséquences désastreuses et oui elle a tué à plusieurs reprises. Mais pour être totalement objectif, elle a tué moins que le charbon. Si le nombre de morts passés et à venir ainsi que le risque sont les critères, il faut interdire d’abord le charbon. Or partout où l’on arrête le nucléaire, on le remplace en grande partie par le charbon.
Si le critère est l’impact climatique, alors le nucléaire est une solution présente et à venir, à ceci près qu’il faut le plus rapidement possible abandonner la fission au profit de la fusion (ITER) qui ne pose en particulier pas de problèmes insolubles de déchets. Le pétrole, le gaz, le charbon et la méthanisation sont néfastes en terme d’impact climatique. Quant aux énergies solaires, éoliennes & hydroliennes, elles sont bien sûr une voie à condition de maîtriser la partie « grise » (pollution indirecte), mais elles sont aussi probablement limitées à une utilisation domestique ou de très petite industrie. On ne sait actuellement pas produire l’énergie nécessaire à l’industrie avec ces technologies.
Enfin, même s’il faut continuer nos efforts pour diminuer la consommation des appareils, je ne crois pas un seul instant à la diminution volontaire de la consommation. À titre personnel je peux bien investir dans des lampes fluocompactes et autre diodes électroluminescente, je ne vois pas comment imposer à ma petite famille une restriction de consommation (j’essaie pourtant !).
La politique énergétique à long terme doit être guidée par un débat sur les principes. Pour ma part : énergie peu chère, abondante, entrant dans le cadre du développement durable, le tout devant avoir une dimension sociétale intégrant un accès minimal universel à l’énergie. Les choix techniques doivent ensuite en découler en intégrant les faits.