Une vision social-démocrate pour la politique étrangère de la France


En attendant que nous nous choisissions un leader qui portera nos couleurs en 2012, et pour combler un tant soit peu le peu d’échos (pour ne pas dire la pauvreté) des propositions en la matière des candidats déclarés, je vais prendre ma plume de blogueur citoyen pour dessiner les contours d’une politique étrangère vue par un militant social-démocrate.

Le bilan

Commençons donc par tracer un bilan de bientôt 10 années de gouvernement UMP. Que reste-t-il de saillants dans nos mémoires ?

Napoléon III capitule devant Bismark

En matière militaire, la réintégration de la France au sein de l’OTAN, notre enlisement en Afghanistan, et comme allégorie de l’ensemble le périple grotesque du Clemenceau ancien vaisseau amiral, fierté de la marine française. J’ai beau chercher quelques éléments à décharge, et j’aurais aimé pouvoir citer une évolution positive de l’action de l’armée française en Afrique par exemple en retenant l’épisode Bgabo, mais le pas est difficile à franchir.
En matière européenne, c’est là catastrophique. L’Europe n’existe plus que par son administration et sa monnaie, elle a été vidée de son élan créateur et n’a jamais réussi à être régénérée par une vitalité démocratique et citoyenne. Quel gâchis ! Chirac autant que Sarkozy n’ont jamais été capables de retisser des liens comparables à ceux qui unissaient Helmut Kohl et François Mitterrand. Pire, la France est redevenue le pays dont on se méfie. Il y a dans l’époque comme un parallèle entre Bismark / Merkel et Napoléon III / Sarkozy. Est-il encore temps d’éviter Sedan ?

Mais à mon sens, les plus gros dégâts sont à porter au discrédit personnel de Nicolas Sarkozy. Il est l’homme qui a permis à Poutine de gagner sa guerre en Ossetie, il est l’homme qui a rendu les plus grands honneurs de la République à Kadhafi et Assad, aujourd’hui plus que jamais despotes totalitaires tortionnaires de leurs peuples, celui qui ne comprend ni la révolution Tunisienne, ni celle d’Égypte. C’est encore l’homme grossier qui snobe l’ouverture du G20 alors que la France en reçoit la présidence. C’est aussi l’homme qui a réussi à nous fâcher avec le Mexique (encore un goût de Napoléon III) pour une question juridique qu’il a voulu utiliser à son profit.

Qu’oppose Nicolas Sarkozy à ce bilan ? Le sauvetage culotté mené par Cécilia Sarkozy au début de son mandat, et la grossesse de Carla Bruni exhibée au G8 de Deauville. Voilà une source de méditation.

Et le PS ?

Aurions-nous fait mieux ? Que pourrons-nous faire d’autre que d’être ballotés comme un fétus de paille sur le torrent mondial ? En bon social-démocrate je crois qu’il est possible de répondre à ces questions en partant d’une idée déjà fort ancienne puisqu’on la retrouve dans « La flamme et la cendre ». Il s’agit de la politique euro-méditerranéenne. Cette idée a tentée d’être reprise par Nicolas Sarkozy, mais sous sa direction cela n’a abouti qu’à une espèce de curieux et inutile club.

Il y a deux éléments fondamentaux au cœur de ce projet : la Méditerranée a longtemps été le cœur de la culture et du commerce européen. La Méditerranée a réuni les peuples, elle a irrigué la gloire des peuples, elle a été la richesse des peuples. Le projet euro-méditerranéen a pour ambition de recréer au troisième millénaire les conditions d’une renaissance unissant le bassin de la péninsule ibérique à la mer noire. En pratique cela signifie favoriser les échanges commerciaux du bassin, retisser le lien culturel qui unit tous ces pays, et se donner les moyens militaires pour résoudre, au nom de l’intérêt de tous et sur des valeurs méditerranéennes communes des conflits comme ceux du Maghreb. Ceci inclut également une vraie implication dans le conflit israëlo-palestinien. La gauche a trop longtemps démissionné devant ce conflit, partagée entre le soutien aux palestiniens et la résolution du problème de territorialité d’Israël. Il me paraît faux autant que lâche de considérer que le temps finira à lui seul par arranger les choses. On peut le voir soit de façon mystique et citer les prophètes, soit de façon rationnelle en constatant que le temps augmente inexorablement les moyens de destruction, mais en l’état, si l’on continue ainsi, la seule issue est la mort symbolisée par les prophéties de destruction de Jérusalem. Il paraîtra sans doute facile de donner son avis du fond de la Bretagne sur un conflit plus que millénaire, mais la seule issue que je vois est de créer les conditions d’un seul état confédéral israëlo-palestinien. Ceci a peut-être une chance de marcher si c’est appuyé par la reconstruction d’une identité méditerranéenne partageant les mêmes valeurs, dont la démocratie appuyée par une force de police méditerranéenne.

Enfin je n’ignore pas que l’Europe ne se limite pas à sa mer du sud. Il me paraît important de construire le pendant au nord en renouant cette fois avec l’histoire de la Hanse, ce qui permet alors de faire le lien avec le voisin russe. Le projet Hanse-Méditerranée doit à mon sens soutenir la politique internationale Française en attendant d’avoir recouvré assez d’honneur et de crédit pour retrouver notre place sur la tribune mondiale.

Conclusion

Réflexions sans doutes trop courtes et trop rapides publiées sur le blog d’un citoyen anonyme. Il ne tient qu’aux candidats de 2012 de faire plus et mieux, de dépasser les cris de la cours de récréation et de projeter une vision d’avenir qui redonne à la France sa place dans le concert international. Commençons par l’Europe, et lorsque ce sera fait, le monde nous admirera et nous écoutera à nouveau.

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